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 Aux origines de la « guerre révolutionnaire » par le colonel Lacheroy

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MessageSujet: Aux origines de la « guerre révolutionnaire » par le colonel Lacheroy   Aux origines de la « guerre révolutionnaire » par le colonel Lacheroy Icon_minitimeJeu Oct 23 2014, 12:49

Aux origines de la « guerre révolutionnaire »

Le colonel Lacheroy parle


Principal promoteur de la doctrine française de la « guerre révolutionnaire », le colonel Charles Lacheroy a fort peu écrit, notamment sur les conditions qui ont présidé à l’élaboration de sa pensée stratégique en ce domaine.

L’entretien qu’il a accordé au Service historique de la Défense en 1997 permet, à travers un certain nombre d’extraits choisis, de mieux comprendre le processus intellectuel qui l’a conduit à élaborer un discours qui trouve ses racines dans son expérience sur le terrain en Indochine entre 1951 et 1953.


La culture stratégique contre-insurrectionnelle française a fait l’objet, ces dernières années, de nombreuses études, notamment à la faveur des conflits irakien et afghan 1. Les spécialistes américains de ces questions ont fréquemment remis en pleine lumière les travaux du colonel Roger Trinquier 2 mais aussi ceux, plus méconnus en France, du colonel David Galula 3, auteur d’un ouvrage conceptuel publié en anglais dès 1964 et tiré pour une large part de son expérience de capitaine dans le djebel algérien 4. Pour autant, l’apport intellectuel du plus célèbre des théoriciens français de ce que l’on désigne à l’époque sous le vocable de « guerre révolutionnaire » demeure quelque peu délaissé. Le colonel Charles Lacheroy – puisqu’il s’agit de lui – a fort peu écrit et ses mémoires parus en 2003 5 n’évoquent que brièvement ses conceptions en la matière. Le témoignage qu’il a bien voulu accorder au Service historique de la Défense les 12 et 13 mai 1997 6 permet de nous replonger dans cette histoire originale, mais aussi de retracer la généalogie de la pensée stratégique française au début des années 1950.

Né le 22 août 1906 à Chalon-sur-Saône, Charles Lacheroy a derrière lui une solide carrière d’officier colonial lorsqu’il débarque en Indochine en février 1951. Saint-Cyrien de la promotion « Maroc et Syrie » (1925-1927), il sert entre 1928 et 1930 au 6e bataillon de tirailleurs sénégalais en Afrique occidentale française, puis au Levant, dans les rangs des méharistes, pendant toute la première moitié des années 1930. Il part, par la suite, au Maroc où, à la fin de 1940, il est arrêté pour avoir porté assistance à deux agents des Forces françaises libres. Transféré à Clermont-Ferrand, il partage un temps la cellule de Pierre Mendès-France puis obtient un non-lieu qui lui permet de réintégrer les troupes coloniales en Tunisie et en Mauritanie. En juin 1942, il devient chef du 4e bureau de l’état-major du général Salan à Dakar avant de rejoindre Alger et de débarquer en Italie en juillet 1944 au sein du 2e corps d’armée. Affecté à la 9e division d’infanterie coloniale, il prend part à tous les combats qui, du Rhône à la frontière autrichienne, jalonnent l’histoire de cette grande unité intégrée dans la 1re armée française du général de Lattre de Tassigny.

Placé à la tête du bataillon autonome de Côte d’Ivoire dans l’immédiat après-guerre, il assure le maintien de l’ordre lors des troubles qui surviennent en 1949 dans cette partie de l’Afrique occidentale française. Lacheroy rejoint enfin la métropole en janvier 1950 où il est nommé à Paris, à la Section d’études et d’information des troupes coloniales chargée de préparer les jeunes officiers à servir outre-mer. Il côtoie alors régulièrement Robert Montagne, ancien conseiller de Lyautey au Maroc et directeur du Centre des hautes études d’administration musulmane (CHEAM). Désireux de partir combattre en Extrême-Orient, Charles Lacheroy obtient satisfaction au début de 1951 même si, quelques jours avant son départ, son supérieur hiérarchique le met en garde : « Vous allez partir en Indochine, c’est bien ; vous allez faire votre devoir d’officier supérieur, mais retenez bien ce que je vais vous dire : à votre grade, à votre âge, avec votre formation antérieure, vous n’avez plus rien à apprendre là-bas. Rien à apprendre sur le plan stratégique car vous aurez affaire à une stratégie de fourmis qui est complètement dépassée dans les guerres modernes. Rien à apprendre sur le plan de la tactique car vous aurez affaire à une tactique périmée qui s’apparente davantage aux guerres de 70 et 14-18, qu’à celle de 39-45 pourtant déjà si périmée – rien même à apprendre sur le plan de l’emploi des armes car c’est un pays où on les emploie à contre-sens. » 7 Et pourtant… en un peu plus de deux années, il élabore une théorie nouvelle baptisée du nom de « guerre révolutionnaire », appelée à connaître un succès fulgurant au sein des cercles de pensée militaire.

« C’était la première fois que j’allais en Indochine »

« C’est de Lattre, par l’intermédiaire du général Allard 8 son chef d’état-major, qui m’a fait venir en Indochine. Je suis d’abord resté deux mois avec le colonel Rousson, commandant le centre de la Cochinchine, qui était un vieux colonial ancien prisonnier des Japonais. Il était dans le bain, connaissait la région par cœur et j’ai fait mon apprentissage avec lui. Je ne savais rien, c’était la première fois que j’allais en Indochine. Par la suite, le général de Lattre m’a convoqué et m’a confié le commandement du secteur de Bien Hôa, à l’Est de la Cochinchine, là où se trouvaient les grandes plantations d’hévéas… Dès mon arrivée, je me suis dit : "Qu’est-ce que j’ai comme terrain, comme effectifs ? Où est l’ennemi ?" J’ai regardé la carte et surtout consulté mon officier du 2e bureau, le lieutenant Imbert, qui possédait toutes les informations dont j’avais besoin. Incroyable comme ces gens-là travaillaient bien ! Il m’a également indiqué ce que j’avais comme moyens, y compris les supplétifs car les effectifs réguliers étaient très faibles. J’étais commandant du 22e régiment d’infanterie coloniale – mon régiment de sous-lieutenant à la sortie de Saint-Cyr – qui constituait l’ossature de mes forces et je disposais par ailleurs de groupes armés très disparates : les unités mobiles de défense des chrétientés 9, les Binh Xuyen 10, les Caodaïstes 11 et les Hoa Hao 12. J’avais également les gardiens de plantations d’hévéas qui valaient ce que valaient les patrons qui les payaient… Enfin, il y avait un train qui partait de Saigon et qui allait à Dalat. Il fallait absolument qu’il continue à fonctionner car c’était le seul moyen vraiment régulier qui permettait de faire descendre ce qui manquait à Saigon et de faire monter de Saigon jusqu’aux hauts plateaux tout ce qui est nécessaire à la vie moderne. Quand j’ai fait le compte de tout, je me suis aperçu que je disposais d’environ 5 000 à 7 000 hommes. Par la suite, j’ai pris le commandement du secteur de Thu Duc, tout en gardant la responsabilité de Bien Hôa, et j’avais alors sous la main 20 000 hommes, parmi lesquels une énorme majorité de supplétifs. Dans mon régiment, il y avait également beaucoup d’indigènes mais des indigènes "dressés à la Coloniale", c’est-à-dire qu’ils étaient de bons soldats. Pour l’essentiel, il s’agissait de Vietnamiens mais certains venaient de la haute forêt centrale, les Radés 13, des gens très primitifs. Quand on savait les commander, ça marchait très bien, mais il ne fallait pas leur donner de missions défensives car ils n’étaient pas doués pour tenir derrière un mur. »

« J’ai compris que toute la population était engagée dans la lutte »

« La grande question que je me pose, dès ma prise de commandement, est celle-ci : "Pourquoi n’a-t-on pas déjà gagné ?" Je trouvais une situation où nous n’étions pas battus bien sûr mais, si nous étions assez efficaces le jour, nous n’étions plus les maîtres du territoire la nuit. Or, je connaissais bien un certain nombre de mes prédécesseurs, tous de très brillants officiers, pour lesquels j’avais une très haute estime, dont Vanuxem 14. Pour autant, ils ont été incapables de gagner et je m’interroge : à quoi cela tient et pourquoi ? Dès ce moment-là, je me penche sur la question avec mon chef du 2e bureau. Celui-ci m’explique que nous sommes en mesure d’évaluer avec peu de marge d’erreur les effectifs des troupes régulières de premier rang du Viêt-Minh mais qu’en réalité ce chiffre ne signifie rien car toute la population jusqu’aux enfants est engagée dans l’affaire. Les troupes de deuxième rang sont en effet formées de tous ces gens qui vous environnent, qui travaillent et qui sont mobilisés quand il le faut. Ce sont eux qui coupent les voies ferrées, les réseaux téléphoniques et montent les embuscades. Le Viêt-Minh les emploie de plus en plus fréquemment afin d’économiser ses troupes régulières. Il se moque que ces éléments de deuxième rang aient des pertes de près de 50 %, ce qui serait insupportable s’il s’agissait de soldats de premier rang. C’est là que j’ai compris que toute la population était engagée dans la lutte. »

« Il y a donc deux hiérarchies complètes qui se superposent… »

« Tout cela tient par le biais d’un système de prise en main des populations auquel nul ne peut échapper. C’est le système communiste à l’état pur. Dans ce système, on ne peut être que militaire ou civil. Si on est un civil, on vit dans une société où il y a des vieux, des adultes, des jeunes et on est cultivateur, fonctionnaire, etc. Le Viêt-Minh impose comme cela son contrôle à tous les moments de la vie, comme il impose aussi sa main mise sur le plan territorial : comme chez nous, toute personne vit dans un canton, une commune, un groupe de maisons. À chaque fois, l’individu est repéré car à chaque niveau il y a un responsable du Viêt-Minh. Il y a donc deux hiérarchies complètes qui se superposent. C’est comme le système de la comptabilité double que l’on pratiquait autrefois. Tout individu est comptabilisé ainsi deux fois, au sein de ces deux hiérarchies qui montent de manière parallèle et qui théoriquement sont indépendantes l’une de l’autre 15. En réalité, elles s’espionnent mutuellement. Enfin, il existe une troisième hiérarchie, la hiérarchie communiste, peu nombreuse dans la mesure où elle ne représente jamais plus de 10 % de la population, mais est présente partout. Pour celui qui est communiste, il sait que ne plus l’être, c’est signer son arrêt de mort. Voilà quel était cet enchaînement des êtres humains qui finissent par être convaincus que ce système est quelque chose de tout à fait naturel et sur lequel ils ne s’interrogent même pas. Dès cet instant, je me suis dit que je venais de trouver la raison qui expliquait pourquoi nous n’avions pas gagné et je me suis demandé ce que nous pouvions faire. »

« Mes prédécesseurs m’avaient formellement déconseillé de sortir la nuit »

« Dans un premier temps, j’ai regardé mes forces et mes faiblesses et j’ai essayé très vite d’apprendre à mes hommes à sortir la nuit, de façon à ce que peu à peu l’adversaire sache que la nuit ne lui appartenait plus, qu’il n’en est plus le maître et que lui aussi doit se sentir traqué. Je savais que c’était la seule chose à faire mais ce fut dur, très dur… Je vais vous donner un exemple, celui du poste de Trang Bom. Quand j’ai pris mon commandement, je disposais de nombreux petits fortins 16 dont certains étaient tenus par des Vietnamiens. On m’avait dit que le poste de Trang Bom était un des plus solides et un des plus fiables. C’était le dernier grand poste avant que l’on aborde la zone de Saigon. Je m’y suis rendu et je vois un poste magnifique, très bien construit, avec des murs en ciment, des barbelés, des angles de tir bien calculés, une tour au centre comme une sorte de blockhaus, des créneaux, bref une construction imprenable. Quant à la garnison, elle était composée d’une majorité d’hommes du 22e RIC avec quelques supplétifs, tout était parfait. Quinze jours plus tard, on me réveille en pleine nuit, dans mon petit PC à Bien Hôa, avec un télégramme venant de Trang Bom et composé de petites phrases courtes : "Venez vite, ils sont dans la cour !" Immédiatement, je prends un élément de contre-attaque et nous sommes partis dans la nuit. On a mis un temps fou pour arriver parce que tout le long du trajet, le Viêt-Minh avait monté des embuscades, creusé des trous, etc. et que je ne voulais pas perdre tout mon matériel avant d’être sur place, d’autant que mes prédécesseurs m’avaient formellement déconseillé de sortir la nuit. Mais je ne pouvais pas laisser les hommes du poste de Trang Bom dont les derniers mots avaient été un appel au secours. Finalement, on est arrivé lorsque le jour allait se lever et les hommes du Viêt-Minh avaient eu le temps de se replier et de prendre tout ce dont ils avaient besoin. J’ai envoyé immédiatement un élément de poursuite. Nous n’avons pas pu les rattraper mais, se sentant traqués, ils ont lâché tout ce qu’ils avaient pris, même les munitions. À l’intérieur du fort, c’était épouvantable ; je n’imaginais pas qu’on pouvait être cruel à ce point : des cadavres avec des ventres perforés, et je passe sur des détails encore plus atroces. J’ai voulu savoir comment tout cela s’était passé. Avec mon chef du 2e bureau, on a réussi à connaître la vérité. Il y avait une route qui partait de Saigon, qui allait vers l’Est et qui traversait Trang Bom. Cette route avait été complètement détériorée récemment par une petite rivière et les autorités civiles avaient demandé à la garnison un élément de protection pour assurer la sécurité des hommes sur le chantier. Tous les matins, un détachement de Trang Bom accompagnait ainsi les ouvriers qui partaient de là en camions et rentraient avec les soldats le soir. Ce soir là, tout s’était passé comme d’habitude mais tout était faux. Je m’explique : les hommes du Viêt-Minh avaient monté un stratagème sur le chantier. Ils ont pris par surprise l’élément de protection, ont tué quelques ouvriers pour dissuader les autres de réagir et ont changé de tenue en revêtant celles des ouvriers. Ils sont partis dans le camion à l’heure prévue et sont ainsi entrés dans le poste. Le beau ciment n’avait servi à rien. Les "Viêts" en ont tiré une action psychologique immédiate puisque dès le lendemain, tout le monde savait que le poste de Trang Bom était tombé, jusque dans les rangs du plus petit poste, le plus isolé du secteur. Cette histoire a eu une répercussion imprévue. Un mois plus tard, j’apprends que dans un autre de mes petits fortins isolés, qui était près d’une zone rebelle, le moral des hommes était très mauvais. Je décide de m’y rendre. Je rencontre l’adjudant et sa garnison, dont une moitié de supplétifs. Je n’ai pas une mauvaise impression mais je décide d’y passer la nuit. Je m’installe et, une fois la nuit tombée, le cirque commence. Des voix venant de l’extérieur disaient : "ah ! Vous recevez le colonel ! Dites-lui la vérité, on entre chez vous comme dans un moulin." Je demande ce qui se passe. On m’explique que tous les soirs depuis plusieurs semaines, c’est le même scénario. J’ordonne alors à ce que l’on tire au mortier en direction des voix. Mais comme tout est camouflé, les voix reprennent. Je fais doubler les sentinelles, utiliser des fusées éclairantes mais rien n’y fait. La voix reprend et dit : "Vous ne nous croyez pas ? Demandez au chef de poste où est passée sa théière…" Je me tourne vers le chef de poste qui pâlit et me confirme que sa théière a bien disparu depuis quarante-huit heures. Heureusement, j’avais à mes côtés mon officier de 2e bureau qui immédiatement m’assure : "Il y a un mouchard dans le poste et il faut le débusquer !" Pendant que je discute avec le chef de poste à qui je conseille de prendre une permission de longue durée, Imbert s’occupe des hommes. Au petit jour, il me désigne quatre hommes en m’assurant que le traitre se trouvait parmi eux. Nous décidons de les sortir du poste et de les ramener à Bien Hôa pour les interroger. Le lendemain, tout était terminé. Voilà ce qui se passait la nuit, avec cette part de cruauté qui faisait dire aux hommes du Viêt-Minh autour de nous dans le petit poste, avec leur porte-voix : "Vous savez ce qui s’est passé à Trang Bom, voilà ce qui va vous arriver et maintenant vous savez comment vous allez mourir." »

« Il faut être capable d’inventer des stratagèmes et de les exploiter »

« Il fallait tout le temps se creuser la cervelle pour trouver une solution, une innovation, sans que l’adversaire puisse en prendre connaissance. C’est ce que savait très bien faire Suacot 17, un des mes capitaines. Il était très malin et jouait au guérisseur et au devin. Ça marchait très bien dans le village où il était. Il apprend un jour d’un informateur que quatre commissaires politiques devaient se réunir de nuit dans une immense forêt d’hévéas, à l’intérieur d’une cabane où l’on range les outils. Comment faire pour arrêter les commissaires sans que notre informateur ne soit démasqué alors que cette réunion très secrète n’était connue que d’un tout petit nombre de personnes ? Laisser se tenir la réunion sans intervenir aurait été une erreur. Voici la solution trouvée par Suacot. Il attend la nuit de la réunion et fait réveiller tous ses chefs de section, même les Vietnamiens. Là, dans la pénombre de son petit bureau, il leur dit : "Je viens d’avoir un rêve." Tout le monde savait qu’il avait des rêves prémonitoires. Il continue : "Il est question de commissaires politiques. Je les vois, ils sont dans une forêt, dans une petite cabane, mais je n’arrive pas voir où c’est." Tous les hommes sont là, tendus. Il reprend : "Il y a un petit ruisseau et un pont de bambou mais je n’arrive toujours pas à voir où c’est." À ce moment-là, un Vietnamien s’écrit : "Mais, mon capitaine, c’est le pont de Binh Tho !" J’étais présent, je le regarde. Suacot s’exclame : "Mais oui, c’est bien ça !" On était évidemment au courant tous les deux depuis le début. Il part immédiatement avec quelques hommes et réussit à attraper trois des quatre commissaires politiques. Bien entendu, dès le lendemain, tout le monde raconte que "le capitaine, il voit la nuit…" Vous voyez, tout ceci n’est pas simple mais c’est efficace. Il faut être capable d’inventer des stratagèmes et de les exploiter. Notre informateur n’a pas été découvert mais il a été tué plus tard car il ne prenait plus assez de précaution lorsqu’il revenait à son village depuis Bien Hôa. »

« Il y avait deux guerres d’Indochine bien différentes »

« Peu de chefs de secteur partageaient mes idées sur la conquête de la nuit. Le général Chanson 18, avec lequel j’en avais parlé, est celui qui avait le mieux compris la situation. Chanson n’était pas obnubilé par les problèmes de matériel ou par les chiffres. Malheureusement pour lui, le pire est arrivé et ce qui me laisse une amertume au cœur c’est qu’on a su qu’il allait mourir. Il recevait des menaces de mort mais ça tout le monde en recevait. Toutefois, un jour, l’Indochine apprend stupéfaite que l’aumônier général Janson, qui était apprécié de tous, avait été tué par le Viêt-Minh. On n’en comprenait pas la raison. Une fois de plus, c’est mon officier de 2e bureau qui m’a dit : "Mais, c’est presque un homonyme du général Chanson !" Et il avait raison, les assassins avaient crû tuer Chanson. Moins d’un mois plus tard, celui-ci était effectivement assassiné en pleine foule par un volontaire de la mort qui le guettait avec une grenade qui les a tués tous les deux. Voilà quels étaient nos adversaires. Il faut bien comprendre ce qu’était la guerre d’Indochine. Il y avait deux grandes régions et deux guerres d’Indochine bien différentes. Au Nord, le long de la frontière avec la Chine, tout de suite après la défaite de Cao Bang, les "Viêts" ont récupéré de quoi armer une division complète qui s’ajoutait à celle mise sur pied grâce aux Chinois. Dès cet instant, ils ont disposé d’une armée régulière à la frontière de la Chine. Au fur et à mesure que l’on descendait vers le Sud et vers le delta tonkinois commençait la guerre révolutionnaire, celle où l’on ne sait jamais quand, comment et par qui on va être tué. Moi, j’ai eu une chance inouïe car je m’en suis rendu compte de manière d’abord instinctive. Ce n’est que plus tard que tout s’est mis en place dans ma tête. Je ne suis pas un génie, je faisais ce que je pouvais. Un jour, j’ai dit à Imbert : "Amenez-moi un commissaire politique pour que je puisse l’interroger !" Huit jours plus tard, il me dit : "On en a un, je vous l’amène." Une heure après, il revient la tête basse et me dit : "Foutu, il est passé à côté d’un puits, s’est jeté dedans et s’est tué." C’était ça nos adversaires ; une fois qu’ils étaient intoxiqués, c’est incroyable ce qu’ils pouvaient faire. Il y en a même un qui s’est coupé la langue avec les dents pour ne pas parler. »

« Je me suis plus ou moins fait une conférence dans ma tête »

« Imbert finit par m’amener un autre commissaire politique qui avait dans une poche un petit livre de couleur rouge que personne n’avait jamais vu, ni dans l’armée ni en France, et même le chef de la province, qui était un homme très sûr et qui connaissait le chinois, n’était pas au courant. On prend le livre, qui était en vietnamien, et on le fait traduire en français. Ce petit livre commençait de mémoire par ces phrases : "Il serait stupide de croire qu’une guerre peut être gagnée par un général qui ne connaît pas les principes de la guerre ; pour la guerre révolutionnaire, c’est la même chose, il faut en connaître les principes et les lois." C’est à ce moment-là, et au vu de mon expérience, que je me suis dit : c’est bien ça, maintenant il faut s’y mettre ! Dès cet instant, j’ai tout décortiqué et je me suis plus ou moins fait une conférence dans ma tête. C’est tout cet ensemble qui m’a permis d’y voir clair dans la guerre révolutionnaire et de tenir le bon bout. Le plus dur, c’était de faire comprendre cette idée au niveau des grands patrons qui eux ne pouvaient pas voir les choses ainsi. En pratique, le premier objectif à atteindre était la mise en place d’un quadrillage du territoire afin que chaque petit chef, chaque capitaine soit maître de son territoire partout où il se trouve, qu’on lui enseigne les moyens pour y parvenir, en particulier en sortant la nuit, ce que les chefs n’aimaient pas tellement, tout comme le quadrillage. Je pense que de Lattre l’avait compris parce que son fils Bernard avait dû le lui dire et c’est la raison pour laquelle lors de son arrivée, le général a déclaré : "Je suis venu pour les capitaines et les lieutenants." Quand il a pris sa succession, Salan a mené une guerre régulière car il n’avait pas le choix ; si on la perdait, tout était fini. Le drame de cette aventure indochinoise, c’est que Mao ait gagné un beau jour de 1949 en imposant le communisme en Chine dont les frontières bordaient l’Indochine sur 1 200 kilomètres. Auparavant, la Chine n’était pas un voisin toujours très agréable, mais il n’appuyait pas systématiquement le Viêt-Minh. »

« J’ai décidé tout seul de former mes officiers à la guerre révolutionnaire »

« En janvier 1953, quand ont été créés les premiers bureaux de guerre psychologique en Indochine 19, je n’avais aucun contact avec eux, même si j’avais convaincu le général Bondis 20 de l’importance de la guerre révolutionnaire, ainsi que le général Allard. En revanche, j’ai décidé tout seul de former mes officiers à la guerre révolutionnaire en leur expliquant tout ce qu’il fallait faire comme par exemple ouvrir les routes sans avoir recours aux blindés, ce qui est une solution de paresse. Ainsi, un matin en ouvrant la route de Dalat, mes patrouilles découvrent trois hommes du Viêt-Minh en train de miner des tuyaux d’eau. Que faire ? Vous pouvez prendre les hommes que vous venez d’arrêter, les faire déminer et leur dire "Nous savons que vous avez placé d’autres mines. Ou vous les enlevez vous-même, ou bien vous dîtes que vous n’êtes pas au courant et vous restez sur place. Je vous avertis, si une seule bombe éclate au passage, comme vous n’êtes pas encore prisonniers vous serez exécutés. S’il ne se passe rien dans l’heure qui suit, je vous déclare prisonniers de guerre et l’on ne touchera plus jamais à vous." Et bien, croyez-moi, ces procédés marchaient. J’ai donc essayé de convaincre les chefs de mon secteur à travailler autrement et je crois que quand je suis parti d’Indochine, ils étaient convaincus. En réalité, je n’ai jamais cherché ailleurs que dans mon expérience et dans ma tête tout ce qui concernait la guerre révolutionnaire. Tout ce qui m’est arrivé par la suite est venu un peu comme ça par hasard, même si, à cette époque, partout où je suis passé à mon retour en métropole, je racontais mon histoire. »

À son départ d’Indochine à l’été 1953, Charles Lacheroy dispose d’un outillage conceptuel complet sur la guerre révolutionnaire, qui a pour originalité de reposer quasi exclusivement sur son expérience personnelle. En outre, il est persuadé de disposer d’une méthodologie susceptible de mettre en échec l’adversaire insurrectionnel, qu’il a lui-même appliquée sur le terrain et dont il a pu vérifier le bien-fondé. Par la suite, l’homme de terrain qu’il a toujours été se glissera sans difficulté dans le rôle du pédagogue 21 jusqu’à devenir le maître à penser d’une génération de jeunes officiers dont il n’hésitera pas à promouvoir les écrits et les travaux, notamment par le biais de la Revue militaire d’information. Pour l’anecdote, le colonel Lacheroy n’a revu l’Indochine qu’une seule fois, en marge d’un déplacement à Manille, en 1955, dans le cadre d’une conférence sur la contre-subversion au cours de laquelle il fait la connaissance du spécialiste américain de la contre-subversion, le général Edward Lansdale 22, ainsi que d’un certain David Galula 23.

Notes

1  On peut consulter à ce propos le très intéressant ouvrage collectif de Georges-Henri Bricet Des Vallons (dir.), Faut-il brûler la contre-insurrection ?, Paris, 2010, Choiseul, 307 pages.

2  Trinquier (colonel Roger), La guerre moderne, Paris, 1961, La Table Ronde, 196 pages. (rééd. Économica, 2008) est traduit en anglais dès 1964 : Modern Warfare, a French View of Counterinsurgency (trans. Daniel Lee), New York, 1964, Praeger, réédité en 2005.

3  Galula (David), Pacification in Algeria, 1956-1958, New York, 1963, Praeger, (reed. Rand, 2006) qui n’a jamais été traduit en français et Counterinusrgency Warfare, Theory and Practice, Greenwood Press, 1964 (rééd. Hailer Publishing, 2005). La traduction française date de 2008 : Contre-insurrection. Théorie et pratique, Paris, 2008, Économica.

4  Sur l’expérience de David Galula en Algérie, voir : Mathias (Grégor), David Galula : combattant, espion, maître à penser de la guerre contre-révolutionnaire, Paris, 2012, Économica, 205 pages ; ainsi que l’étude à paraître à l’été 2012 : Cohen (Alain), Galula : The Life and Writings of the French Officer Who Defined the Art of Counterinsurgency, Praeger.

5  Lacheroy (colonel Charles), De Saint-Cyr à l’action psychologique. Mémoires d’un siècle, Panazol, 2003, Lavauzelle, 203 pages.

6  SHD/GR, histoire orale, 3 K 18, interview du colonel Lacheroy, 12 et 13 mai 1997. Certaines parties du témoignage retranscrit ici proviennent également de l’entretien accordé par le colonel Lacheroy aux auteurs le 16 novembre 2001.

7  SHD/GR, 12 T 65, Guerre révolutionnaire et arme psychologique, conférence prononcée sans texte (le texte ne fut établi qu’ultérieurement à l’aide de l’enregistrement magnétique réalisé au cours de la séance) par le colonel Lacheroy le 2 juillet 1957, devant 2 000 officiers de réserve de la 1re région militaire réunis dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne, ministère de la Défense nationale, Service d’action psychologique et d’information.

8  Le général Jacques Allard (1903-1995), saint-cyrien de la promotion « Chevalier Bayard » (1923-1925), est une vieille connaissance du colonel Lacheroy qui l’a côtoyé au Maroc puis au sein de la 1re armée française. Voir : Lacheroy (C.), op.cit., p. 57.

9  Constituées dès le mois d’août 1947, sur l’initiative du général Boyer de Latour, commandant des forces terrestres en Cochinchine, les « Unités mobiles de défense des chrétientés » (UMDC) sont placées sous l’autorité d’un officier français eurasien, Jean Leroy. Ce dernier, né dans l’île d’An Hoa, en face de Mytho, est nommé en 1950 commandant de secteur et chef de la province de Ben Tré où il dispose de près de 80 brigades et de 3 240 combattants bien encadrés, assurant la sécurité des villages sous la surveillance des prêtres. Convaincu de la nécessité d’armer les populations pour les libérer de l’emprise rebelle, le général Chanson, successeur de Boyer de Latour, encourage l’expérience qui fait cependant l’objet de nombreuses critiques qui émanent tout autant des autorités ecclésiastiques que des notables de son secteur. Il est ainsi reproché à Leroy de se comporter en seigneur de la guerre, en féodal et d’utiliser des méthodes de terreur indignes d’un militaire, calquées sur celles du Viêt-Minh. La mort du général Chanson en 1951 le prive d’un appui fidèle. En 1952, le jeune colonel est envoyé en stage à l’École de guerre, tandis que les UMDC sont supprimées le 1er mai 1953 et intégrées dans l’armée régulière vietnamienne.

10  Les Binh Xuyen sont l’un des nombreux groupes politico-religieux vietnamiens souvent constitués en fiefs et désignés sous le terme de « sectes ». Ils tirent leur nom d’un village de la province de Cholon et ont vu le jour pendant la période de troubles engendrés par l’occupation japonaise et l’avènement du Viêt-Minh. Leur chef, Bay Vien, est un ancien pirate au passé tumultueux, tandis que nombre d’adeptes sont d’anciens condamnés de droit commun. Leur ralliement date de juin 1948, Bay Vien parvenant à réunir un millier de combattants, puis 2 500 en 1952 et enfin 3 000 au moment de la signature des accords de Genève. Grâce à cette force, soutenue par près de 30 000 complices, le commandement français se trouve rapidement déchargé de l’assainissement de Saigon et de sa banlieue.

11  Le caodaïsme est apparu en Cochinchine dès 1926 et repose sur l’enseignement du grand empereur de Jade prêché par un esprit divin, Cao Daï (ou « trône élevé »). Ce dernier, troisième apparition de Dieu sur terre après Bouddha et Jésus, est entouré de missionnaires divins, parmi lesquels Sun Yat Sen, Jeanne d’Arc et Victor Hugo (sic). Son organisation est en partie calquée sur celle de l’Église : les caodaïstes disposent d’un « Saint-Siège » à Taï Ninh et ont un « pape » en la personne de Pham Công Tac, ancien fonctionnaire des Douanes et Régies. Les caodaïstes décident de conclure un accord, le 8 janvier 1947, avec les autorités militaires du Sud Viêt-nam aux termes duquel Pham Công Tac reconnaît le gouvernement de la République autonome de Cochinchine. Les caodaïstes s’engagent ainsi à mettre sur pied des formations armées de 1 500 hommes, constituées en brigades de contre-guérilla recevant des Français une solde de partisans.

12  La secte Hoa Hao connaît un certain essor à la fin des années 1930 sous l’impulsion de son maître, Huynh Phu Sô, promoteur d’un bouddhisme « rénové » fondé sur des pratiques magiques et l’hypnotisme. Après avoir fait alliance avec les communistes en 1945, Sô est exécuté deux ans plus tard pour trahison. Son successeur, Tran Van Soai, dit Nam Lua, à la tête de 3 000 combattants, décide de se rallier aux Français, le 18 mai 1947, à Cantho. En 1954, les Hoa Hao contrôlent efficacement l’ouest de la Cochinchine et disposent de 20 000 combattants, dont 11 000 sous le contrôle direct de Tran Van Soai, nommé général de division le 1er janvier 1953.

13  Il s’agit de peuplades Moïs du Darlac (Laos).

14  Le général Paul Vanuxem (1904-1979) se distingue pendant la Seconde Guerre mondiale dans des opérations en arrière des lignes ennemies. En mai 1947, il prend le commandement du bataillon de marche du 6e régiment de tirailleurs marocains en Indochine avant d’être placé à la tête du secteur de Son Tay en décembre 1948. Après un retour en métropole, il accomplit un deuxième séjour en Extrême-Orient en dirigeant le secteur de Bien Hôa de juin 1950 à janvier 1951.

15  Les propos de Lacheroy font directement référence au concept de « hiérarchies parallèles », clé de voute de son analyse de la guerre révolutionnaire, qu’il développe dans Une arme du Viêt-Minh : les hiérarchies parallèles, conférence faite à Bien Hôa en novembre 1952, remaniée en novembre 1953, SDMUF (SHD, GR, 12 T 65). Il reprendra par la suite ce concept dans « La stratégie révolutionnaire du Viêt-Minh », Le Monde, 3 et 4 août 1954 et Action Viêt-Minh et communiste en Indochine ou une leçon de "guerre révolutionnaire", conférence prononcée par le colonel Lacheroy le 25 avril 1955 à l’IHEDN et le 12 mai 1955 devant les officiers de l’EMFA, SDMUF (SHD/ AI, E 2990).

16  Ce système des postes voit le jour à la fin des 1940 au Sud Viêt-nam et au Centre Annam mais évolue au début des années 1950 alors que les premiers postes en bambou sont remplacés par des postes triangulaires pourvus de blockhaus de maçonnerie noyés dans un massif de terre, protégés par un double ou triple réseau de fils de fer barbelés. Ce système est destiné à protéger les points sensibles des itinéraires, le contrôle des détachements chargés d’ouvrir les routes et enfin l’engagement si besoin de réserves stationnées dans certains postes. L’expérience prouve qu’il est nécessaire de dégager tout axe routier par le débroussaillage et l’abattage des arbres sur une profondeur de 100 à 200 mètres et en interdisant toute culture de plantes à hautes tiges avant de procéder au goudronnage de la route afin de réduire le plus possible le camouflage de mines. Les villages situés à moins de 500 mètres de l’axe sont évacués pour éviter tout risque d’embuscade. Pour aussi rationnel qu’il puisse paraître en théorie, le système général de contrôle du territoire par les postes se révèle rapidement déficient face à un adversaire léger, fluide et mobile sur tous les terrains qui profite de la nuit pour se glisser entre les mailles du dispositif, couper les axes de communication et attaquer un ou plusieurs postes par surprise. Pour plus de détail, voir : Villatoux (Marie-Catherine), La défense en surface (1945-1962). Le contrôle territorial dans la pensée stratégique française d’après-guerre, Vincennes, 2009, SHD, p. 35-40.

17  Né à La Réunion en 1919, Joseph Suacot est un ancien instituteur engagé volontaire en juin 1939 au 21e RIC. Après de brillants états services lors de la Seconde Guerre mondiale qui lui valent de passer sous-lieutenant en décembre 1944, il est affecté en Indochine au début de 1946, comme lieutenant au 22e RIC. Il se signale alors par son audace et son sens inné de la contre-guérilla, multipliant les coups de main et les actions de nuit. Revenu à La Réunion en 1949, il repart pour un deuxième séjour en Indochine l’année suivante. Il prend alors le commandement du quartier de Long Thanh, dans le sous-secteur de Bien Hôa. Promu capitaine à titre exceptionnel, Suacot est surnommé par le Viêt-Minh « la panthère noire » en raison de sa témérité et de l’habitude qu’il avait de faire revêtir à ses hommes une tenue noire. Il trouve la mort le 11 mai 1954 lors d’un raid dans la zone de Hat-Dich, dans le Sud Viêt-nam.

18  Le général Charles Chanson (1902-1951) est un ancien polytechnicien qui a servi comme artilleur en Algérie et au Maroc pendant l’entre-deux-guerres. Il arrive en Indochine en février 1946 où, promu colonel, il commande le secteur de Saigon-Cholon. Il se distingue en adaptant les techniques de l’artillerie à la contre-guérilla. En septembre 1948, il commande les forces du Tonkin avant de partir pour la métropole au début de 1949. Il revient en Indochine pour un second séjour en octobre de la même année pour y prendre le commandement des forces françaises au Sud Viêt-nam avant d’être nommé, un mois plus tard, commissaire de la République. L’efficacité de son action lui vaut de devenir la cible prioritaire du Viêt-Minh à qui il fait subir de nombreux revers. Il est ainsi assassiné le 31 juillet 1951 à Sadec aux côtés du gouverneur Thai Lap Than par un « volontaire de la mort », Trinh Van Minh. Voir à ce propos : général Guillet, « Élaboration et mise en œuvre d’une stratégie dans le cadre d’une guerre révolutionnaire », Guerres mondiales et conflits contemporains, no 176, octobre 1994, p. 9-20.

19  C’est le 1er janvier 1953 que le général Salan crée un Bureau de la guerre psychologique dirigé par le chef de bataillon Fossey-François. Dans le même temps, les états-majors de territoires sont dotés de structures analogues. Ils ont pour missions d’étudier et d’organiser les moyens susceptibles de porter atteinte aux forces morales de l’adversaire, de diriger et coordonner les actions de soutien et de renforcement du moral ami ainsi que d’assurer une liaison entre les organismes civils et militaires chargés de la guerre psychologique. Voir notre article : « La guerre psychologique en Indochine », Revue historique des armées, no 4/1998, p. 104-115.

20  Le général Paul-Louis Bondis (1895-1986) est responsable des forces terrestres au Sud Viêt-nam entre 1951 et 1953.

21  Voir notre article, « Le colonel Lacheroy, théoricien de la guerre révolutionnaire et de l’action psychologique », Guerre d’Algérie magazine, no 1, janvier-février 2002, p. 38-43 ainsi que notre ouvrage : La République et son armée face au « péril subversif ». Guerre et actions psychologiques en France (1945-1960), Paris, 2005, Les Indes Savantes, 694 pages.

22  Le général Edward Lansdale (1908-1987), officier l’OSS puis de la CIA, est un expert de la guerre psychologique et du renseignement qui a notamment œuvré aux Philippines de 1945 à 1951. Envoyé au Viêt-nam par la CIA en 1953, il y mène entre 1954 et 1956 de nombreuses opérations clandestines et de contre-guérilla.

23  Voir à ce propos l’ouvrage à paraître de Alain Cohen, op.cit.

Référence papier

Marie-Catherine et Paul Villatoux, « Aux origines de la « guerre révolutionnaire » : le colonel Lacheroy parle », Revue historique des armées, 268 | 2012, 45-53.

Référence électronique

Marie-Catherine et Paul Villatoux, « Aux origines de la « guerre révolutionnaire » : le colonel Lacheroy parle », Revue historique des armées [En ligne], 268 | 2012, mis en ligne le 16 septembre 2012, consulté le 23 octobre 2014. URL : http://rha.revues.org/7512

[Auteur

Marie-Catherine et Paul Villatoux

Marie-Catherine Villatoux : docteur en histoire, qualifiée aux fonctions de maître de conférence des universités, elle est chef du bureau « Air » de division études et enseignement au Service historique de la Défense et professeur associée aux écoles de Saint-Cyr Coëtquidan. Elle a publié de nombreux articles, études et communications ainsi que plusieurs ouvrages, parmi lesquels Guerre et action psychologiques en Algérie (SHD, 2007), La défense en surface (1945-1962). Le contrôle territorial dans la pensée stratégique française d’après-guerre (SHD, 2009) et 6 juin 1944. Le Jour J (L’esprit du livre, 2009). Paul Villatoux : docteur en histoire, il est auteur, réalisateur et éditeur. Il a publié de nombreuses études sur l’histoire militaire et le monde contemporain ainsi qu’une dizaine d’ouvrages, dont La guerre psychologique des origines à nos jours (L’esprit du livre, 2008) et 6 août 1945. Hiroshima (L’esprit du livre, 2009).  


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MessageSujet: Re: Aux origines de la « guerre révolutionnaire » par le colonel Lacheroy   Aux origines de la « guerre révolutionnaire » par le colonel Lacheroy Icon_minitimeLun Oct 27 2014, 17:56


Passionnant ! Merci patron, vrai que l'Indo fut un théâtre de prédilection pour l'apprentissage de la guérilla Aux origines de la « guerre révolutionnaire » par le colonel Lacheroy 373769
L'Armée ne détenait pas toute la technologie du 21ème siècle, mais les qualités des Militaires et Paras compensaient largement Aux origines de la « guerre révolutionnaire » par le colonel Lacheroy 926774 Aux origines de la « guerre révolutionnaire » par le colonel Lacheroy 926774
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