Point de vue et déclaration de Mr Kader Arif sur un service citoyen ou militaire pour les jeunes!...
Tiens..Tiens.. On dirait que l'on regrette le S.M dans les sphères gouvernementales.. Comme c'est bizarre de revenir aux idées du Général Marcel Bigeard ou à celles de Monsieur Hélie de Saint Marc qui revoyaient l'armée telle nous l'avions connue et constituée de volontaires ou d'appelés et ce obligatoire pour tous ( garçons et filles) d"ou le changement!
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"Il faut réfléchir à un service civique obligatoire et mixte"Propos recueillis par F-X.G.Mercredi 17 septembre 2014
Kader Arif : "Ce que je ressens des Antilles que je connais bien, c'est la profondeur, la force de leur appartenance à la Nation."
Kader Arif, secrétaire d'Etat chargé des Anciens combattants et de la Mémoire arrive en Martinique ce mercredi pour deux jours avant de rejoindre la Guadeloupe, le 19 septembre. Entretien.Vous allez retrouver quelques anciens combattants que vous avez beaucoup vus ces derniers temps lors des grandes commémorations de la Libération en juillet et en août. Pourquoi avez-vous voulu un tel hommage aux dissidents antillais ?J'avais veillé, au début du cycle mémoriel tant du premier que du deuxième conflit mondial, à ce qu'il n'y ait pas de mémoire oubliée et la question des dissidents était une mémoire oubliée, un peu enfouie.
Le président de la République, qui a vu le film d'Euzhan Palcy avec des dissidents à l'Elysée, a remis la légion d'honneur à trois d'entre eux en juin. C'est important de rendre hommage à ces combattants, non seulement pour la mémoire antillaise, mais aussi pour notre mémoire nationale. C'est aussi pour cela que je les ai reçus aux commémorations du Débarquement de Provence...
Est-ce qu'il y aura désormais une plaque au mont Faron pour les dissidents ?Il existe un musée au mont Faron. Le président de la République, il l'a dit dans son discours du 15 août, m'a chargé du projet d'une muséographie modernisée. Et il a souhaité que l'histoire de la dissidence antillaise soit inscrite dans ce musée. L'histoire des Antilles est une composante de l'histoire nationale, comme le montre le film sur la vie du Martiniquais Raphaël Elizé, premier maire noir élu au suffrage universel à Sablé-sur-Sarthe. C'est une histoire singulière qui avait été oubliée. Cet homme a pourtant été un combattant de la Première guerre mondiale, un résistant de la Seconde guerre mondiale, élu à deux reprises, en 1929 et 1935. Il a été révoqué par Vichy en 1940 parce qu'il était noir. Et il a laissé le souvenir d'un visionnaire. Son histoire m'a profondément touché. Je suis mieux placé que tout autre pour comprendre ce qu'est de vivre loin de sa terre de naissance. La France est belle quand elle prend en compte tout ce qui fait la France.
Tactiquement, quelle est la place aujourd'hui des Antilles dans le dispositif de notre défense nationale ?Grâce à ses Outre-mer et en particulier aux Antilles, la France a la seconde façade maritime de la planète. Cette réalité est majeure en termes d'enjeux et de positionnement stratégiques. Par ailleurs, les Antilles sont dans une zone soumise au narcotrafic avec des impacts extrêmement négatifs. Il suffit d'observer les dégâts que cause ce trafic en Guadeloupe, en Martinique ou en Guyane. Les forces françaises sont mobilisées dans cette lutte.
Enfin, la zone est sujette aux phénomènes naturels, cycloniques par exemple, et là aussi les forces armées des Antilles sont très présentes, jusqu'en Haïti. Cette présence importante est en même temps un élément de dissuasion.
La Défense, c'est aussi aux Antilles le SMA, cette exception domienne...Une belle réussite de la Défense. Le service militaire adapté, le volontariat de ces jeunes connaît un taux de réussite et d'insertion professionnelle qui dépasse les 80%.
Le ministère de la Défense donne l'exemple en intégrant de nombreux jeunes. Beaucoup sont dans une situation d'illettrisme. Avec le SMA, ils retrouvent un parcours de vie et éventuellement un parcours professionnel.
Le service militaire adapté est-il le dernier lien entre la Défense nationale et la jeunesse ?Je pense qu'on a fait une erreur politique en suspendant le service national. Il était un marqueur qui signifiait son appartenance à la Nation française quelle que soit son origine sociale, sa couleur de peau, sa confession. C'était un formidable creuset républicain même s'il ne concernait que les garçons. Il faut réfléchir à un service civique obligatoire et mixte... Le service militaire adapté n'est pas le seul lien aux Antilles entre Armée et jeunesse : je vais signer la prolongation du protocole d'accord pour les cadets de la Défense. C'est aussi un lien particulier qui permet à des jeunes de rendre concrète la possibilité d'intégrer l'armée, s'ils le souhaitent. De plus, beaucoup de Français d'Outre-mer sont engagés parmi nos soldats en opérations extérieures. Il y a chez ces soldats une vraie envie de défendre la France. Ce que je ressens des Antilles que je connais bien, c'est la profondeur, la force de leur appartenance à la Nation. C'est un symbole, une valeur, un exemple.
Propos recueillis par F-X.G., à Paris