Militaire blessé au combat: «Je suis un "invictus man"!» Le caporal-chef Benjamin Itrac, 31 ans, blessé en Afghanistan en 2009, participe aux premiers Invictus games, à LondresBlessé en Afghanistan en 2009, le caporal-chef Benjamin Itrac, 31 ans, participe aux Invictus games, à Londres... C’est une idée du prince Harry. Lui qui s’était engagé en Afghanistan en 2007 a décidé d’organiser à Londres les premiers «Invictus games», sorte de Jeux olympiques pour les militaires et civils de la Défense blessés en mission.
Plus de 400 d’entre eux, en provenance de 14 pays, s’affrontent à partir de jeudi et jusqu’à dimanche dans neuf disciplines.
Parmi eux, il y a le Français Benjamin Itrac, 31 ans, caporal-chef. Il nous raconte son histoire.
Qu’attendez-vous de cet événement?Avant tout, des rencontres intéressantes.
Mardi, lors des éliminatoires de tir à l’arc, j’étais sur une cible avec un militaire allemand et un autre anglais, et l’après-midi a été riche en échanges et en fous rires.
Nous avons parlé de notre parcours, de nos blessures…
Ce sont des discussions qui rapprochent.
J’ai aussi envie de me donner à fond, pas forcément pour obtenir des médailles, mais parce que je suis très fier de représenter mon pays, comme je le faisais autrefois…
Là, j’ai l’impression de redevenir un soldat.
Comment avez-vous été blessé?Ca s’est passé le 3 août 2009.
Ce matin-là, nous partons en mission dans un petit village de la région du Kapisa, en Afghanistan, pour sécuriser un engin explosif improvisé.
Alors que nous nous mettons tout juste en place, des insurgés surgissent à l’arrière de notre position et commencent à nous tirer dessus.
Je suis immédiatement blessé.
Mes camarades me portent les premiers secours sur place, sous le feu, puis m’extraient de cette zone dangereuse.
Je suis opéré à deux reprises par les Américains à l’hôpital de Bagram, puis je suis transféré à l’hôpital militaire de Percy, à Clamart, où je subis trois nouvelles opérations.
J’ai passé quatre mois là-bas.
Au final, j’ai perdu une partie de la motricité de mon bras gauche et surtout, de ma main.
Comment vous êtes-vous reconstruit depuis? Grâce à ma famille et à mes camarades.
Ils m’ont beaucoup aidé par leur présence.
Le soutien des associations et de l’hôpital a également été déterminant.
Quand on est à l’hôpital, on a envie de le quitter le plus vite possible, mais quand on en part, on veut y retourner…
Car on se rend compte que c’est un vrai petit cocon qui nous protège.
Après, il y a eu le sport, qui m’a permis de me réapproprier mon corps.
Je me suis rendu compte que je n’étais pas devenu un «bon à rien», que je pouvais encore marcher, nager, courir…
Comment vivez-vous votre blessure aujourd’hui?C’était il y a cinq ans, j’ai eu le temps de prendre du recul.
Evidemment, je ne suis pas heureux d’avoir été blessé, mais cet événement m’a permis de faire le point sur la personne que je suis.
J’ai pu découvrir ma manière de réagir au stress, à l’adversité, ma capacité à rebondir…
Je pense qu’aujourd’hui, je suis plus fort qu’hier, je suis un «invictus man» (comprenez un homme invaincu)!
Comment voyez-vous l’avenir?Bien. De toute façon, ça ne sert à rien de broyer du noir.
J’ai pu retrouver mon régiment cet été et cela me rend très heureux.
Je travaille désormais au service communication pour le 3e RIMa, le 3e régiment d’infanterie de marine.
Pour l’instant, je suis inapte à partir en mission, mais je pourrai peut-être le faire à nouveau un jour…
Ce que j’aimais dans ma vie d’avant, c’était le fait d’être au cœur de l’actualité, de participer à l’Histoire et surtout, de le faire avec mes camarades, mes frères d’armes.
En attendant, je veux faire du sport et m’épanouir à travers des voyages commémoratifs.
Cet été, je suis allé au Vietnam pour découvrir la route coloniale 4 et Diên Biên Phu [deux lieux de bataille entre les forces françaises et celles du Việt Minh lors de la guerre d’Indochine].
Je voulais me souvenir des anciens.