Abbé Franz Stock

C'est dans le cadre d'une «visite privée et religieuse», qu'HelmutKohl s'est rendu hier à Chartres pour le cinquantenaire de la mort de l'abbé Franz Stock, surnommé l'«aumônier de l'enfer». Le chancelier allemand a assisté à une messe solennelle en la cathédrale de la ville, après avoir déposé une gerbe sur la tombe de ce curé allemand et francophile, qui a joué un rôle très particulier pendant la Seconde Guerre mondiale. Nommé après son ordination, en 1932, à la mission catholique allemande de Paris, l'abbé Stock avait très vite été amené à visiter les résistants détenus dans les prisons parisiennes, tentant de leur prêter assistance, toutes confessions confondues. Après avoir assisté plus d'un millier de condamnés à mort, de 1942 à 1944, au mont Valérien à Suresnes (Hauts-de-Seine), il était venu s'occuper, à la Libération, des jeunes séminaristes allemands retenus prisonniers dans un camp, dit le «séminaire des barbelés», près de Chartres. Pour Mgr Jean-Marie Lustiger, cardinal-archevêque de Paris, qui concélébrait la messe, l'abbé Stock était «l'un de ces hommes qui, dans les circonstances les plus difficiles, ont su agir avec le respect de l'autre, quel qu'il soit». «Sa force spirituelle et sa force d'esprit lui ont permis de surmonter les haines et les préjugés», a ajouté Mgr Lustiger, «elles l'ont aidé à refuser tout désir de revanche». Le chancelier Helmut Kohl a insisté de son côté sur la modernité du message de l'abbé Stock et sur la nécessité pour tous d'oeuvrer pour la paix à tous les niveaux, depuis son voisin de palier jusqu'aux voisins des autres villes ou pays.

De nombreuses personnalités avaient fait le déplacement, dont l'une des soeurs de l'abbé Stock, Theresia, Mme Rose de Beaufort, fille d'Honoré d'Estienne d'Orves, premier résistant français fusillé au mont Valérien, et René Monory, président du Sénat, qui représentait Jacques Chirac. Le président français, qui n'était pas présent à cette visite «privée et religieuse» du chancelier allemand, lui avait envoyé un message dans lequel il rappelait que la réconciliation est «une construction de chaque jour». «Plus que jamais, l'Europe, sa paix et son développement ont besoin de l'entente franco-allemande», avait-il ajouté. (D'après AFP)

http://www.liberation.fr/monde/1998/03/02/hommage-de-kohl-a-l-aumonier-de-l-enfer-de-1942-a-1944-l-allemand-franz-stock-assista-les-resistants_231919