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 Mon Opération TIMIMOUN novembre/décembre 1957

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Mon Opération TIMIMOUN novembre/décembre 1957 Empty
MessageSujet: Mon Opération TIMIMOUN novembre/décembre 1957   Mon Opération TIMIMOUN novembre/décembre 1957 Icon_minitimeSam Mai 10 2014, 16:07

Opération TIMIMOUN






J'ai vécu cette opération comme 1er classe au sein du 4ème peloton de l'Escadron du capitaine Calès.



Le 8 novembre, profitant de l'absence de troupes occupées à la recherche de rebelles et de déserteurs, une embuscade contre un convoi de la Compagnie des Pétroles algériens a lieu, deux ingénieurs européens et cinq légionnaires de l'escorte sont prisonniers ou peut-être tués ainsi que des ouvriers musulmans dont quatre ont réussi à rejoindre Timimoun et donner l'alerte, les véhicules Land-Rover des pétroliers ont été incendiés.



La presse fait les gros titres, c'est l'affolement des compagnies pétrolières qui se sentent directement menacées par ce sale coup du FLN.



Bigeard apprend la désertion le 20 octobre, d'une compagnie (goum) de méharistes algériens du Touat de la région de Timimoun, belle oasis à plus de 500 km de Colomb Béchar. Ce goum passe à la rébellion et assassine 13 cadres européens, les 70 déserteurs disparaissent dans l'immensité des 350 000 kilomètres carrés du Grand Erg Occidental, connaissant parfaitement la région, les points d'eau et les caches permettant de stocker du ravitaillement et des armes.



Un télégramme émanant du général Salan, donne tout pouvoir à Bigeard pour retrouver les méharistes déserteurs qui se sont joints aux combattants du FLN, ils forment maintenant une katiba (compagnie), qui s'est permis d'attaquer le convoi de Land-Rover des pétroliers.



Autant chercher une aiguille dans une botte de foin dans l'immensité du Sahara, grand comme cinq fois la France, ce n'est pas une mince affaire, mais « Bruno » en a vue d'autres.



Tandis que le régiment ce refait une santé : lavage des vestes camouflées et du reste, je coupe les cheveux qui poussent drus, dû peut-être à la chaleur ? Pour tout le peloton, sport, tir, défilé en chantant, revue d'armes et complément de munitions. Bigeard réunit ses commandants de compagnies et son état-major pour faire le point sur cette nouvelle opération qui va se jouer.



Le 14 novembre 1957, nous sommes prêt pour le départ vers l'inconnu. Un très long convoi avec les compagnies dans les GMC, encadré par une protection de véhicules armés, part de Colomb-Béchar, les distances sont nécessaires sur cette piste sablonneuse d'où se dégage une poussière de sable pulvérulent, nous croisons des convois escortés de chars et d'EBR (engins blindés de reconnaissance), à chaque croisement d'engins, la visibilité devient nulle, nous frôlons de peu la bâche d'un camion, le sable rejeté par les roues sur les côtés forme de petites congères où les roues s'enfoncent et nous obligent à rester dans le sillon ainsi formé.



Les passages de "tôles ondulées "nous secouent comme des pruniers, je suis obligé de garder un grand écart avec le véhicule qui me précède, la poussière aidant. Nous passons les oasis de Tarhit, de Béni-Abbes, et de Kerzoz.



Le 15 novembre, nous dormons dans une petite oasis abandonnée à côté des véhicules. Très tôt le lendemain, nous reprenons la piste pour Ksabi, direction Charouine et enfin Timimoun.



Nous sommes dirigés dans la ville sur un emplacement entouré d'un mur construit en terre ocre rouge, d'ailleurs tout ici est rouge :; la terre, le sable, les maisons, la Citadelle ; à voir le style de construction on se croirait au Soudan avec les murs crènelés.



TIMIMOUN, surnommée « la perle du désert » avec son immense palmeraie aux palmes énormes d'un vert sombre plantée près d'un grand lac. A l'intérieur, de la culture de légumes arrosés par de petites rigoles passant à travers des jardins miniatures, un paradis terrestre d'une beauté saisissante.



Après 550 km de piste, nous sommes dans un état lamentable, recouverts d'une épaisse couche de poussière rouge, le nez, la bouche, les oreilles, les yeux larmoyants, nous descendons de nos véhicules fatigués. Une fois les jeeps rangées dans notre enclos, c'est la ruée vers le point d'eau pour se désaltérer et se passer la tête sous le robinet. Des tentes type marabouts sont dressées, nous y déposons notre matériel et après un décrassage apprécié, nous tombons dans nos lits picot.



La journée n'est pas finie, la révision des jeeps et 4X4 est faite dans les règles de l'art, je fais mon compte rendu de l'état du matériel, puis un rassemblement devant le capitaine Calès qui nous fait une mise au point de notre mission, nous restons en réserve au PC Bigeard.



Dès son arrivée le colonel Bigeard prend contact avec le commandant du fort (citadelle), mais constate que rien est fait au niveau des rapports, consignations sur les renseignements des activités et des actions rebelles dans la région de Timimoun. Il regroupe tout son monde et fait le compte des forces dont il dispose. Avec ses 1000 parachutistes comprenant les 4 compagnies de combat, l'Escadron et la compagnie d'Appui



Viennent s'ajouter : 100 commando de l'air et l'Escadrille Anjou commandé par le colonel Charpin, 200 hommes de la compagnie portée de la Légion Étrangère à la recherche des rebelles, 100 méharistes en protection des Land-Rover incendiées, 40 hommes du poste de Timimoun, 50 hommes du poste de Kerzaz, et 80 hommes qui tiennent le poste de Béni-Abbès. Il réussit à avoir satisfaction sur les demandes suivantes : trois piper d'observation, deux patrouilles de chasseurs T6 pour l'appui au sol, trois Nord 2501 pour le parachutage en cas de nécessité lors de bouclage ou le renfort au sol des autres unités engagées devient vital, trois JU 52, vieux appareils allemand, avions capables de se poser sur certaines parties de sable dur du désert, 6 hélicoptères Sikorsky de la flottille du colonel Brunet dit « Félix », (un fonceur), pour le transport très rapide des paras , et enfin un hélicoptère Bell pour les déplacements de Bigeard durant les phases de combats.



Malgré la beauté du paysage, notre unité ne perd pas de temps et déjà des directives pour un futur départ dans l'inconnue se précisent. Cela n'empêche pas le sport, l'entretien plus que jamais des armes qui vont souffrir avec le vent de sable très fréquent ici. Un petit moment de repos nous permet de visiter la ville, j'ai mon appareil et profite des méharistes Touareg devant la superbe Citadelle faite de torchis de boue rouge avec ces mur crénelés, pour faire plusieurs photos j'ai demandé au propriétaire de la bête de monter dessus, une fois grimpé sur le chameau l'effet est saisissant, un para à dos de coursier c'est pas banal. Une boucherie de viande de chameaux pour les amateurs étale les morceaux de couleur rouge sombre ou des myriades de mouches bourdonnent, mon camarade Belot ira acheter des steaks de chameaux d'un goût très personnel.



Le 20 novembre, nous restons en protection du PC Bigeard et de son PC léger de 40 paras, le commandant Lenoir dit « la vieille », son deuxième bureau, le sergent/chef Martial Chevalier (secrétaire), le sergent/chef Flament (photographe), le sergent Bourgevin (dessinateur) les radios etc....



Durant ce temps les trois premières compagnies sont à la recherche de renseignements dans les oasis alentours rayonnant de 60 km autour de celles-ci, la quatrième compagnie du lieutenant Douceur, bivouaque sur le terrain d'aviation en alerte permanente pour un parachutage d'assaut.



Les renseignements récupérés par le capitaine Pétot du deuxième bureau sont précis. Après avoir rassemblé tout les mâles de Timimoun sur la place, 96 suspects sont arrêtés et 32 armes saisies. Le personnel approchant de près les officiers sont tous des fells même l'infirmier qui est tout simplement le chef FLN de la région, l'arrivée de Bigeard a évité le pire, ils avaient prévu de tuer les cadres européens. Le serveur si stylé devait verser du poison dans le pastis des officiers. Il s'agit de l'organisation politico-militaire sur laquelle les bandes s'appuient, avec la nonchalance des responsables militaires, petit à petit le FLN s'est implanté dans toutes les palmeraies depuis un an,. Grâce à l'aide de la population les rebelles se sont constitués d'importants dépôts de vivres et de munitions dans les coins les plus inaccessibles et impénétrables de l'Erg, des abris de combat dans des endroits buissonneux et difficilement détectables.





Le 21 novembre 1957, il est minuit, nous faisons mouvement avec le PC Bigeard vers Zaouït-ed-Debahr petite palmeraie, il est 7 heures quand nous arrivons en GMC, aussitôt ordre de fouille et sécurisation peloton par peloton sur le périmètre du camp avancé. En short la nuit où la température frise le zéro, j'aurais supporté un pantalon, je suis gelé, le chèche autour du cou me protège un peu du froid saharien. Nous creusons des trous individuels en cas d'attaque nocturne.



Il est quatre heures du matin quand l'opération est lancée, la 3e compagnie de capitaine Llamby se trouvant avec nous, part à pied pour rejoindre Tabelkoza situé à 15 km de nous ou attendent les hélicoptères, l'aviation d'appui et d'observation. La 3 arrive à 7 heures à Tabelkoza et se prépare en vu d'un héliportage d'assaut avec les Sikorsky à 8 heures sur Hassi-Rhambou. Alors que la ''4'' du lieutenant Douceur trépigne aux pieds des Nord 2501 à Timimoun, pour un embarquement rapide. La difficulté du saut sur les rebelles oblige à avoir l'arme prête à tirer, de ce fait le lieutenant Douceur, décide de supprimer le ventral et avoir à la place l'arme dans le sac à la place du ventral pour un saut à 180 mètres d'altitude et les Nord Atlas serons aile dans aile pour avoir un regroupement maximum afin d'avoir le temps de sortir le PM et tirer aussitôt au sol. Au PC de Timimoun, le capitaine Porcher, ancien d'Indo, un fidèle de « Bruno »que j'ai connu à Bayonne, coordonne les liaisons aux autorités supérieures, reste à l'écoute des phases de l'opération en cours.



De 9h 30 à 11 heures, la 3e compagnie du capitaine Llamby héliportée, est déposée à une vingtaine de kilomètres au sud du puits ou la bande serait dissimulée, il attend le regroupement de toute sa compagnie, plusieurs rotations d'hélicos sont nécessaire afin de démarrer sa progression dans les dunes où l'on enfonce à mi-mollet, dans la contre dune de sable fluide comme de la farine, la progression est pénible, le paras peine à se dégager de cet enlisement, alors que l'autre face de la dune reste dur. Le piper d'observation guide la marche des sections dans cet océan de sable ou tout se ressemble, la chasse est à l'affût prête à les appuyer.



En tête de progression avec le lieutenant Roher, le sergent/chef Sentenac, avant tout autre chose, fait nettoyer et dégraisser avec soins les MAT 49, engluées de sable qui a pénétré dans les moindres recoins du mécanisme et risque fort d'enrayer l'arme au moment décisif. La progression reprend en ligne quand à 9h 30 l'ennemie se dévoile, planqué à contre-pente ; ils attendent les premières silhouettes se détacher sur le haut de la dune, et déclenchent un feu précis mortel, les paras donnent l'assaut à la grenade et au lance grenade mais chaque creux de dune a son groupe de combattants FLN par trois ou quatre, ils tiennent en respect les paras, pendant que le reste de la bande cherche à fuir. Averti des évènements, Bigeard donne ordre de décoller à la 4e de Douceur qui après un straffing de l'aviation, saute un peu au Nord de Llamby, la bande est coincée, la bataille s'engage aussitôt dans un combat âpre et dur jusqu'au corps à corps contre des fells qui tirent juste et savent que pour eux, déserteurs et meurtriers de leurs chefs, rien ne les sauveras



A 13h 15, Bigeard se porte très près du combat pour mieux coordonner l'appui aérien et l'action des paras, le colonel Brunet avec son hélico armé de mitrailleuses décime les déserteurs en fuites.



Il est 14h 30, le deuxième peloton de l'Escadron du capitaine Calès est héliporté en renfort, les combats vont durer jusque vers 19 heures. La bataille de cette première phase du combat de Timimoun s'arrête là, avec un bilan éloquent de la bande anéantie : 52 fells sont tués dont 20 déserteurs, tout l'armement les postes radios sont récupérés.



Nous sommes portés aux nues et faisons la une des journaux : France-Soir, L'Echo d'Alger, La Dépêche, Le journal d'Alger, Le Figaro, Paris-Match qui intitule son numéro exclusif « Le contre-rézzou des paras de Bigeard ! » Que d'éloges sur nos combats considérés au départ comme timorés.

Je fais une parenthèse pour honorer nos camarades tombés ce jour là pour certains ce fut le bout de la piste.

Même la victoire en ce soir de bataille, ne nous fait pas oublier nos camarades tombés, comme le sergent/chef René Sentenac, une figure de héros, chef de section de la 3e compagnie, ancien de Diên Biên Phu un des rares à réussir son évasion du camp retranché, Bigeard dédiera un livre à ce combattant hors du commun « Aucune bête au monde ». Sentenac fauché en haut de la dune par un tir mortel, une balle dans le ventre, la blessure fatale, le photographe Marc Flament immortalisera ses derniers instants dans une série de portraits de l'homme à l'agonie.

Bigeard sera près de lui quelques instants avant son brancardage dans l'hélico. Il décède dans l'avion qui le ramène à Colomb-Béchar. Sentenac ce formidable combattant aux treize citations et croix de guerre, sept fois blessés, médaillé militaire, chevalier de la Légion d'Honneur, l'armée ne voulut pas faire de lui un officier de la Légion d'Honneur à titre posthume. Bigeard affecté par sa disparition, aura son portrait en première place dans son bureau et dans tous les PC qu'il commandera dans sa longue carrière.

Dans son livre « Pour une parcelle de gloire » il n'hésite pas de le citer en héros, il dit de lui: « De nous tous, il fut celui qui eut la plus grande chance, car il a réussi sa mort après avoir mené la vie tourmentée qu'il avait choisi. Il cite: « ...Puis ce fut Sentenac... Il dut encore fournir un dernier effort pour mourir. Il savait bien qu'il avait gagné, et c'est pour cela que son visage apaisé nous parut si beau. Ce qu'il cherchait de l'autre côté de la crête, ce n'est pas une poignée de Bédouins et leurs fusils, mais cette chose impossible qui le hantait depuis si longtemps et qui ne se trouve que dans le sacrifice et la mort. Seule elle permet de se confondre avec ce qu'il y a de plus grand, de plus inaccessible. C'était sa manière, à lui Sentenac, de comprendre Dieu. Et çà, aucune bête ne pourrait le faire... »


C'est en portant secours au lieutenant Roher ( mon premier chef de section en Algérie) que l'infirmier Fialon reçoit une balle mortelle, sans savoir que celui-ci est mort sur le coup, et puis ce jeune Schneidenbach qui, affecté aux cuisines, voulut faire sa première opération .

Et moi qui suis resté l'arme aux pieds dans cette oasis, pas tout à fait car j'ai aidé au stockage des fûts d'essence et des caisses de pièces indispensable à la logistique, stocker les boites de ration et le pain, bref .. nous avons œuvré à notre façon, j'ai malgré tout envier le peloton parti au combat, la chaleur dans la journée atteint 40°, la nuit moins 1°. Mais cette pose va être de courte durée. La deuxième bande est réelle, cachée autour de puits inaccessibles aux véhicules.

24 novembre 1957. C'est notre tour de passer aux choses sérieuses. Nous sommes héliportés sur Hassi Rhambou dans un tourbillon de sable qui enveloppe le Siko, et en cas d'accrochage la compagnie d'appui du capitaine Chabanne se tient au-dessus de nous dans les Nord 2501 prêt à sauter en renfort. Notre progression dans le sable qui se dérobe sous les jungle-boot est pénible. Je suis armé d'une MAT 49, le doigt sur la détente, nous marchons de front et passons d'une dune à l'autre, des arbustes en touffe poussent dans le creux des dunes hautes de 30 à 40 mètres, sans savoir ce que cachent les arbustes, c'est stressant, Cadet mon pote voltigeur pour une fois comme moi trouve des traces de pas vers un gros paquet d'épineux, il s'y dirige avec prudence et me lance: « viens voir ce que j'ai trouvé ! »Je fonce et me trouve devant un fait bien visible : un fell a déféqué ici, se sont les traces qui intriguait Cadet.

Mais quelques dunes plus loin, un groupe tombe sur un dépôt très important de nourriture et de vêtements, j'en profite pour prendre du sucre, plusieurs tonne de marchandises détruites. Nous revenons à pied, à notre point de départ, la marche de toute une compagnie en ligne représente un front important, les rebelles sont en cavale. Les Nord Atlas retourne au terrain déposer les paras frustrés, les T6 ont fait un ou deux passages reste le piper qui nous guide en tournant autour de nos têtes. Retour à Hassi Rhambou ou nous reprenons un peu de force, manger et remplir les deux bidons, nous dormons autour du puits ou le sol est fait de cailloux (reg). Nous apprenons que les fells ont disparus du paysage ! De nouveau appelés pour sécuriser la zone de crach d'un hélicoptère qui n'a pu aller plus loin, en panne près d'un puits, nous devons le protéger en attendant que les mécaniciens et pièces de rechange arrivent sur les lieux (le moteur sera changé entièrement). Nous embarquons dans des GMC qui nous transportent jusqu'à la limite de leurs possibilités, après c'est à la boussole et grâce au piper d'observation que nous nous dirigeons vers la zone de l'hélico en panne, le capitaine Calès imbriqué dans notre colonne de marche va bon train.

Nous crapahutant sur un plateau rocheux mi -cailloux mi- sable, avec deux jours de vivre dans la musette TAP et deux bidons d'eau accrochés aux côté, 25 kilomètres nous sépare du premier objectif à atteindre. Une petite halte et à 14 heures nous repartons vers notre hélico en panne. Encore une vingtaine de bornes, l'allure est bonne et je suit l'allure sur ce plateau caillouteux (reg) ou le sable est omniprésent affleurant le sol, nous passons sur une aire délaissée par des nomades, j'aperçois des piquets encore enfoncés dans le sol rocheux et plusieurs tas de bois pelé par les vents de sable, des emplacements de tentes et de feux sont bien visibles.

Ont ne s'attardent pas, le temps imparti est rigoureux pour atteindre le puits avant la nuit, un piper nous survole et donne le point, il nous signale un vent de sable qui nous arrive de derrière et que notre allure de marche doit être forcée, nous sommes à une heure de notre objectif, quand je m'aperçois que le sable devient moue, inconsistant, le vent s'est levé, il est rasant et soulève doucement cette fine couche de sable fin, où nous pataugeons maintenant.

Les chefs de sections crient « marche commando »! le « simoun » (vent du désert) nous rattrape. Comme des dératés nous parcourons les derniers 1000 mètres afin de faire nos emplacements pour la nuit. En un rien de temps le puits est atteint, nous déballons nos toiles doublées de nylon et deux par deux dans un vent qui soulève des nuages de sable, nous raccordons nos toiles afin de mettre le matériel à l'abri, des bidons de carburant vides, me servent de contre-vents, la tempête est sur nous, c'est le sauve qui peut général, nous allons subir la furie du vent du désert, plus de visibilité à plus de 5 mètres, recroquevillés avec Pierrot Martignon, nous prenons nos dispositions inconfortables, malgré nos toiles étanches, le sable pénètre partout, nous mangeons un peu avec plein de sable qui croque sous les dents, je bois l'eau tiède de mon bidon. Dehors les bidons de 200 litres font du tintamarre, s'entrechoquant entre eux, j'ai peur qu'ils s'envolent, des congères se font contre les obstacles que nous faisons, la nuit s'annonce longue.

La tempête s'arrête aussi soudainement qu'elle est venue, le froid du petit matin nous fait grelotter malgré le chèche que je me suis entortillé sur la tête est le corps, je boute le nez dehors. Le paysage a changé, les paras sortent de leur butte de sable, les visages à peine reconnaissables, recouverts d'une fine couche de poussière, les yeux larmoyants, la bouche et les narines desséchées, les gars ont soif, les premiers sont déjà au puits à tirer de l'eau à la peau de bouc, mais l'eau est d'une sale couleur brune et dégage une odeur suspect, certains ont goûté cette flotte dégueulasse, une lampe torche éclaire le fond du puits permettant de voir un cadavre coincé dans le fond, le capitaine alerté, ce voit contraint de demander par radio un secours en priorité à autorité. Un JU 52, chargé de bidon d'eau va venir nous approvisionner.

29 novembre 1957: Le ciel est redevenu bleu, à part les congères de sable sur les bidons et l'hélico, tout paraît normal comme si rien n'était survenu. Nous mettons les panneaux de signalisation au sol pour le largage car le Ju52 ne peut atterrir dans notre zone, le voilà qui se positionne en s'approchant du sol, le largueur est à la porte, et à 15 mètres de haut le largueur lâche ses colis, même à 90 km heure, les bidon tombent très vite, j'entends un « plouf » à chaque bidon quand il touche le sol, ils éclatent comme un fruit mûre, du pain et des boites de rations suivent le même chemin sans dégâts, nous courons au résultat.

Les bidons ont explosés et l'eau finie de s'écouler, il ne reste à l'intérieur la valeur d'un bidon, presque rien. Une liaison radio rend compte du largage d'eau loupé, nous sommes pris au piège, plus de 40 kilomètres nous séparent du convoi parti à notre rencontre avec de l'eau, ceux qui on une petite réserve d'eau font le partage avec ceux qui n'en possèdent plus, certains n'ont plus d'eau depuis hier soir, c'est la marche de la soif.

Le soleil darde de ses rayons sur le sable la réverbération accentue la déshydratation des paras, j'ai la langue et les lèvres parcheminées, plus de salive et pourtant il faut marcher, je prends mon cachet de sel avec une goutte d'eau. Nous avançons dans les dunes sans fin . « c'est marche ou crève! » me dit mon caporal/chef Thevenon, c'est le mental qui nous tient sans cela.... Le contact radio est régulier et le piper nous suit à la trace. Ce qui est désespérant ce sont les dunes qui se succèdent sans voir l'horizon. Les premiers cas de déshydratation sont visibles, il faut soulager le gars de son sac, 10 heures de marche avec un dé à coudre d'eau toutes les heures, devient un supplice, si je m'écoutais je boirais mon bidon d'une seul traite, mais les copains qui louchent vers l'objet de la convoitise me font respecter les règles de la soif, je pense aux camarades, il faut continuer à souffrir.

Des cris à l'avant de la colonne « les camions ! Les camions sont là ! » comme un coup de fouet, l'allure s'est accélérée, il est 18 heures quand nous les atteignons, mais il n'y a pas de place pour tous, par contre nous avons de l'eau. Les plus atteints sont transportés par les GMC. Nous prenons trente minutes de repos pour avaler la pâte de fruit avec de l'eau, se qui nous fait transpirer aussitôt, mais c'est bon comme stimulant.

Le bidon plein, nous repartons pour une marche de 10 kilomètres avant d'arriver à la base provisoire de Zaouït-ed-Debhar, d'où les camions nous transportent sur Timimoun, il fait grand noir. Comme des gars bourrés, nous sommes montés, poussés dans les bahuts sans un mot, nous commençons à récupérer dans un sommeil sans rêve, épuisé par une marche de 50 kilomètres dans le sable de dunes infinies.

30 novembre 1957 : Après six heures de camion, nous arrivons à 5 heures du matin, abrutis par les secousses et le sommeil, nous prenons possession de nos lits et sans un lavage tout le monde s'écroule les bras en croix sur sa couche, bientôt un concert de ronflements, mais rien ne gène. Il est midi quand je sors de ma torpeur, le premier geste c'est de boire l'eau à la citerne et de me passer la tête sous le robinet, avec plusieurs copains nous allons nous laver à l'oued et régénérer notre peau dans un bain salutaire, ma peau est devenue noire et le contraste des jambes et de l'emplacement du short font sourire, rasage de rigueur. Un bon repas me redonne vigueur. Les mal en point sont revenus et ont l'air de ce porter comme un charme. Notre premier travail : nettoyage des armes et des munitions, vider les musettes TAP remplies de sable, secouer et laver les affaires, se changer pour avoir l'allure d'un para Bigeard. J'ai récupéré mon FM 24/29, çà promet !

La deuxième bataille de Timimoun

Tous les documents affirme qu'une deuxième bande de rebelles se cache dans la zone des puits. Estimée à une soixantaine de combattants elle n'est pas encore localisée, pourtant au 2 décembre, elle est située dans une zone de 2000 kilomètres carrés à 160 km de Timimoun dans la région des puits de Gaouni, Mansour, Taourdassa, Belguezza, Ali, et Fokra, sur une ligne allant de Beni-Abbès à Bou-Krelala.
Pour que cette bande ne puisse plus se ravitailler, les dépôts de vivres et de munitions sont détruits, la bande isolée va se retrancher dans la région des puits cités. Le capitaine de Llamby est installé à Beni-Abbès et neutralise l'axe jusqu'à Ksabi, propice aux fells. Bigeard apprend par les pétroliers qu'au puits de Bou-Krelala, il existe une partie de Reg assez dure, où les Junker 52 peuvent se poser, excellent appareil seul capable d'utiliser ce terrain et d'approvisionner cette base au plus près des repaires rebelles, afin de préparer avec minutie la logistique de cette nouvelle opération.

Un convoi de camions d'essence escorté par des paras va faire un parcours de 1000 km par des pistes impossibles pour rejoindre Bou-Krelala, les Junkers feront également du transport de fûts d'essence et de matériel sur cette base improvisée.

Le 3 décembre nous sommes en alerte maximum à Timimoun, alors qu'à 8h 35 la 1er du lieutenant Subregis et à 10h 10, la 2e du lieutenant Douceur et Grillot dit « Georges » sautent à Bou-Krelala avec des blessés au sol dont le lieutenant Douceur qui se fait une talonnade. Notre chef de peloton le lieutenant Swekoltine nous donne des nouvelles de l'opération en cours. 9H 25, Bigeard et son PC se posent en JU 52, puis à partir de 11 heures, arrivent les 6 Siko de Brunet et les 3 Piper. Les tentes se dressent autour du PC, les JU52 remportent les parachutes.

15 heures un Piper cherche des traces de rebelles et repère des Bédouins avec des chameaux quelques uns seront héliportés, escortés par un groupe de la 4e au PC pour renseignements

18 heures, les Ju52 feront la navette et transporteront 18 tonnes de matériel dont 15 tonnes de carburant pour les hélicoptères de Brunet.

La compagnie portée de la Légion Étrangère à 200 km au sud piège quelques rebelles dans une embuscade et récupère le corps d'un des pétroliers assassinés.

4 décembre 1957 : 7h 50 l'arrivée des T6 en protection du Piper à la recherche de traces aux environs du puits d'Hassi-Mansour. 8H35, Piper signal des traces au puits de Mansour à 50 kilomètres de ma base. Je suis au terrain avec l'Escadron, les faisceaux sont formés, nous allons aux parachutes et retournons à nos emplacements après une pose pipi de la peur, nous mangeons sur place, ordre de faire le complément des bidons et de ne pas y toucher, vérification du matériel dans les moindres détails.

Un dernier briefing des chefs de sections avec le capitaine Calès. Cet après-midi nous sautons sur Hassi-Mansour, le temps passe et les nerfs sont mis à rude épreuve, pleins de questions viennent alimenter la conversation du groupe.

14 heures: nous sommes équipés et montons dans le Nord 2501, les moteurs tournent à plein régime dans un nuage de poussière. C'est parti, nous décollons, à 14h 25, je suis à la verticale de Hassi-Mansour, les avions tournent au-dessus et attendent l'ordre de largage de Bigeard.
15H 45, je saute avec le FM dans sa gaine de jambe, altitude 400 mètres à 10 kilomètres du puits, sur un terrain sablonneux mais ferme.

J'arrive sur une portion de sable mou assez balloté par un petit courant d'air dans un roulé-boulé parfait, la gaine larguée à 50 mètres avant le sol, j'ai le temps de bien admirer l'étendue du Sahara à perte de vue avec des arbustes dans les creux de dunes, toutes ces coupoles de parachutes qui se balancent donnent une impression irréelle de planer, par-contre il y a des cassés au sol, des courant d'air font tanguer les paras dangereusement.

Mon camarade Daniel Belot devenu voltigeur, se trouve pris dans un mouvement d'oscillation tel qu'il ne peut maîtriser sa voilure, il se retrouve au sol dans un mouvement pendulaire terrible, il arrive sur le dos avec le bras droit retourné et se pète le poignet. Il se retrouve manchot et son chef de section décide de le rapatrier avec les éclopés, il fait la gueule, son chef aussi. Il sera évacué par hélico et de là, via l'hôpital d'Alger. Pour lui Timimoun est terminé

Nous laissons nos parachutes sur place, regroupés, nous commençons notre progression pour parfaire le bouclage d'un repère rebelle signalé par le Piper. La 1ère de Subrégis est héliportée, le bouclage se précise. Nous avançons en ligne et faisons jonction avec la 1er compagnie de Subrégis. Les dunes succèdent aux dunes, un gros effort pour la remonter est se demander en se disant qu'un fell caché au pied d'un arbuste peut me flinguer sans problème.

Le Fusil-Mitrailleur est lourd, le frottement de l'arme sur le tissu avec le sable collé à la sueur, fait abrasif sur l'épaule, heureusement j'ai presque de la corne sur le cou à force d'avoir l'arme en contact avec la peau. Vers 17 heures un important dépôt de ravitaillement, d'eau et d'habits est découvert, on y met le feu.. Nous marchons jusqu'au soir en liaison avec la 1er compagnie, nous bivouaquons à l'abri des dunes, embuscade générale.

5 décembre 1957: Le réveil est glacial, j'ai mis de l'eau à refroidir dans le casque elle est gelée, une couche de glace brille à la surface, quelques pas pour me dégourdir les membres, un oiseau posé à côté de moi a des difficultés pour s'envoler, j'aurai pu l'attraper. Un café froid avec une pâte de fruit, nous repartons pour le même travail, le Piper nous survole. Le capitaine Chabanne n'a pas eu la chance de faire sauter sa compagnie, il quitte l'alerte aéroportée de Timimoun.

Toute la journée sera faite de fouilles en marchant en parallèle de l'autre compagnie, j'enlève régulièrement mes pataugeas afin de secouer le sable qui s'accumule au bout de la chaussure. Décor invariable avec le soleil qui plombe les paras, la température avoisine les 40° dans les creux de dunes, toute l'équipe tient le choc.

Le capitaine Pétot du 2ème bureau se rend en hélico à Ouskir pour ramener et interroger des prisonniers. C'est la 2ème compagnie du capitaine Planet qui prend le relais de Chabanne ce dernier rejoint le poste de Kerzaz.

Mon 4ème peloton marche comme un seul homme, nous sommes tous aguerris et blindés contre la chaleur et la soif, le soir arrive sans rien de nouveau. Nous avons marché en direction de Hassi-Mansour et dormons dans les dunes sans pouvoir faire du feu, la boite de ration se termine et demain reste un mystère pour l'eau et le ravitaillement.

6 décembre 1957 : La 1er compagnie du lieutenant Subrégis continue sa progression vers le nord, Un groupe de la 4e compagnie est héliporté sur une importante caravane. Encore un hélico en panne dans la nature et des paras envoyés pour la protection.

Le convoi d'essence protégé par une surveillance aérienne plusieurs fois par jour, arrive à Bou-Krélala.

7 décembre : Nous avons des coups de barre, le séjour prolongé en marche incessante commence à agir sur l'organisme, même les aviateurs ont triplé les heures de vol, les hélicos paumés dans le désert et ce sable omniprésent détériorant les mécanismes. A Bou-Krélala une chanson faite pour la circonstance ce fredonne « siko siko par-ci, siko siko par-là! » sur l'air de Tico-Tico chanté à l'époque.

5 heures du matin, nous faisons route vers le puits de Belguezza, le capitaine Calès en tête, cela fait 6h 30 que nous marchons la chaleur est omniprésente en ce mois de décembre.
Un Piper signal une silhouette caché sous un arbuste au sommet d'une dune pas loin du puits de Hassi-Ali, à 100 km de Bigeard, c'est un « chouf » (guetteur). La conclusion est faite sachant que les arbustes ne pousse pas en haut des dunes : c'est la faille !.
La grosse erreur commise par les fells va leur coûter cher !... D'un coup d'hélico « BRUNO » avec un PC léger nous rejoint au puits de Belguezza.

13 h 45: Bigeard fait venir des hélicos bourrés de fûts d'essence de 200 litres, pour notre héliportage sur la zone suspecte.
14H30 : la compagnie de Planet, décolle de Timimoun et se met à la vertical de Hassi-Belguezza attendant l'ordre de « Bruno » pour sauter
15 heures : après un briefing minutieux, nous grimpons dans les Sikorsky, nous sommes gonflés à fond, l'adrénaline se répand dans le corps, les armes sont prêtes. Notre groupe saute en urgence. Les fells sont là, ils nous tirent dessus, les balles passent en sifflant leurs chanson de mort, je galope comme un dingue en tirant au fusil-mitrailleur, les rafales de mon arme me stoppent dans mon élan, d'autres hélicos arrivent. « Bruno 4 à Bruno, les fells me tirent dessus j'ai un tué et deux blessés ! » « OK Bruno 4, je fais parachuter Planet un peu à votre nord ! ».

Écrasé au sol, je laisse passer la voltige qui balance des grenades à fusil sur les rebelles retardateurs pendant que le reste de la bande se sauve, nous les neutralisons.

Planet a sauté en plein sur la bande, accrochage d'emblée, Bruno se fait héliporter à côté du capitaine Planet, la bataille fait rage, les grenades à fusil font merveille, la chasse straffe sans arrêt, les balles sifflent de partout, les paras s'offrent un combat digne de ce nom !.

En fin de journée le deuxième peloton du lieutenant Pacaud est héliporté au nord de l'Escadron pour prêter main forte au nettoyage des felouzes encore planqués, blessés ou simulant la mort. Les équipes de voltige du 2e peloton recherche les armes.
Francis Decker fouille le creux d'une dune où les arbustes sont autant de cache, et soudain se dresse devant lui à 5 mètres, un déserteur armé d'un fusil, Francis avec sa MAT 49 fait face. Les armes sont prêtent à tuer, ils se mesure du regard, pas un ne baisse les yeux, Francis appuie sur la détente...rien !... sa MAT s'est enrayée, il pense à la dernière seconde de sa vie, le déserteur tout jeune lui aussi, a un moment d'hésitation, puis laisse tomber son fusil et lève les mains. Il ne s'était pas aperçu que l'arme qui le menaçait était hors service. On appelle ça la « baraqua » !.

Sur un flanc de dune le deuxième peloton du lieutenant Lefevre dit le grand « Bill », est rassemblé. Au fond d'un creux de dune caché dans une touffe d'arbuste, un felouze déserteur, blessé qui a dû faire le mort, pointe son fusil armé sur les silhouettes qui apparaissent dans le déclin du jour. Il tire en direction des paras dont les contours s'estompent dans le couché du soleil.. le projectile frappe Antrowiac, traverse son épaule et touche en plein cœur Rougier, qui meurt sur le coup.

Pour lui la piste s'arrête là.

La nuit tombe sur ce dernier corps à corps, cet ultime combat dont tous paras ayant à confronter son courage devant l'ennemi, y a pensé un jour. Le soir tombe sur le désert dans un silence impressionnant. Champ de bataille historique des paras du 3e R.P.C.!.... 45 rebelles anéantis, 6 prisonniers, 2 fusils-mitrailleurs, 60 armes de guerre, 13 tonnes de vivres, 70 chameaux, ceux de la compagnie de méharistes déserteurs et assassins de leurs cadres, 800 kg de munitions et des documents. Malheureusement nous comptons nos pertes: 4 paras dont deux de notre Escadron et 6 blessés dont trois de notre compagnie.

De notre assaut, 8 fells sacrifiés, ont permis à la bande de déserteurs de courir sur la compagnie Planet et de finir de la mort inéluctable dont ils connaissaient l'issue fatale.

Les chameaux seront abattus faute de pouvoir les ramener, les prisonniers déserteurs après interrogatoire seront fusillés.

Le 8 décembre :après une nuit dans les dune du Grand Erg, nous continuons la fouille en rejoignant le reste de la compagnie, les cadavres sont rassemblés pour le décompte. Une épopée se termine. Le Grand Erg Occidental n'a plus de secret pour moi.



Dans son livre, « Aucune bête au monde » dédié au sergent/chef Sentenac, "Bruno" écrit en légende sous de belles photos:

Un jour, on nous donna le désert pour combattre...

Sous les palmes, dans ce paysage d'Évangile, il nous fallut nettoyer nos armes que le sable enrayait et se préparer encore une fois à combattre et à tuer...

Il nous sembla alors que nous avions trouvé dans ce dépouillement et cette solitude, dans la soif et dans la faim, cet ennemi que nous poursuivions depuis longtemps : nous-mêmes, notre peur et ce corps qui se rappelait soudain à nous pour exiger des fruits juteux, des filles accueillantes, des lits profonds et une vie confortable...

Il nous fallut mesurer l'eau... et compter nos cigarettes...Ainsi, nous avons connu le prix d'une gorgée de boue tiède, la saveur d'une bouffée de « gris »... et la force de notre amitié, car nous avons tout partagé, la dernière goutte d'eau et la dernière cigarette.

Nous avons considéré nos ombres dérisoires...

Accroupis sur la crête des dunes, nous avons écouté siffler le vent, siffler les balles...

Nous avons cru souvent tirer sur des mirages, nés des reflets aveuglants du désert...

Pour croire qu'ils étaient des hommes comme nous, rongés par le même soleil, dévorés par la même soif, il fallut nous pencher sur leurs cadavres...

Le grand vent du Sahara effacera demain les traces de nos pas. Il déplacera les dunes, ensevelissant pêle-mêle les douilles vides, les boites rouillées et les armes perdues, et jusqu'au souvenir de ce combat...
Bruno.


Bigeard reçoit les compliments des généraux Massu et Salan qui rendent hommage à ses remarquables talents de commandant. De lieutenant-colonel, il est promu colonel à 41 ans, ce qui fait de lui le plus jeune colonel de l'armée de terre.

Gustave PRIGENT


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MessageSujet: Re: Mon Opération TIMIMOUN novembre/décembre 1957   Mon Opération TIMIMOUN novembre/décembre 1957 Icon_minitimeSam Mai 10 2014, 19:52

Merci mon Ami Gus

Prenant , surtout venant de toi , qui y étais .
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