L'odyssée de l'escadron de Gironde

Le 16e dragons a été engagé en 1914 très rapidement dans le cadre de la 5e division du cavalerie du général Cornulier-Lucinière qui réalisa une véritable épopée dans les lignes allemandes du 8 au 11 septembre 1914 et dont l'exploit est salué par un monument à Hartennes.

Le 2e escadron du 16e dragons commandé par le Lieutenant de Gironde participa à cettte épopée et s'y distingua tout particulièrement.
gironde Envoyé en reconnaissance dans les lignes allemandes où, après plusieurs jours de manoeuvres dans les bois pour harceler les itinéraires arrières des allemands, il se retouva le 9 septembre à la nuit tombante avec ses quatre vingt cavaliers sur le plateau de Mortefontaine. L'état de fatigue des hommes et des chevaux l'amena à faire une pause à la ferme de Vaubéron. Peu de temps après son arrivée dans la ferme, un agriculteur vint prévenir Gironde qu'une escadrille d'avions allemands et des véhicules assez nombreux s'étaient installés sur le plateau à deux kilomètres de la ferme.

Le lieutenant de Gironde, après en avoir discuté rapidement avec ses chefs de peloton, les lieutenants Villelume, de Kérillis, Rollin et Gaudin de Villaine décida d'attaquer les allemands afin de détruire le maximum d'appareils qui n'étaient pas très nombreux à cette époque. Le dommage ainsi causé pouvait être important dans le dispositif ennemi.

Malgré la fatigue des hommes et de leurs montures l'attaque fut lancée par les pelotons Villelume et Kérillis à pied et par surprise, le peloton Rollin est maintenu en réserve tandis que de lieutenant de Gironde effectuerait une charge à cheval avec le peloton Gaudin de Villaine pour poursuivre les fuyards et compléter la mission.
avion

Les pelotons à pied, repérés par une sentinelle, engagèrent le combat. Un véhicule prit feu éclairant la bataille; Gironde lança la charge avec le peloton à cheval mais une mitrailleuse allemande se dévoila et provoqua de lourdes pertes dans la charge dont le lieutenant de Gironde très grièvement blessé. Il parvint à rejoindre Kérillis à qui il confia le commandement de ce qui restait de l'escadron. Gironde sera évacué plus tard par les allemands au château de Vivières où il mourut très rapidement. Les combats s'achevèrent, les dragons rescapés s'éparpillèrent dans la nuit. Kérillis blessé mais sauvé par ses hommes fut soigné par un prêtre. Le reste de la troupe, emmené par Villelume, qui avait pris le commandement des éléments rescapés, se replia vers Hautefontaine, mais ce n'était pas fini.

Les dragons de Kérillis qui l'avaient accompagné parvinrent à échapper aux allemands et à rejoindre les avants-gardes françaises, permettant ainsi de fournir des renseignements sur la situation. Perdus au milieu des lignes allemandes les autres rescapés ne durent leur salut qu'en revêtant des habits civils. Les lieutenants de Villelume et Rollin, qui n'avaient pu se résoudre à quitter leur uniforme furent capturés par l'ennemi.

Ce combat de petite importance est néanmoins resté célèbre dans la cavalerie car il est le baroud d'honneur de l'arme appelée à disparaitre des champs de bataille, la cavalerie, contre l'aviation, fer de lance des armées modernes.
monument

Un monument commémorant le combat a été érigé à l'emplacement de la charge près de la route D 81. Il vient d'être reculé par le département de l'Aisne afin de permettre la tenue de cérémonie plus facilement.
L'amicale du 16e dragons y effectue régulièrement des dépots de gerbes avec la municipalité de Vivières très attachée à ce fait d'armes. Monsieur Hermand, propriétaire de la ferme de l'Epine, proche du monument, dont le grand-père était à la ferme de Vaubéron en même temps que l'escadron a raconté ces faits.
Quand le 16e dragons tenait garnison à Noyon de 1963 à 1977, une prise d'armes très importante avait lieu chaque année autour du monument. Des spectacles "Son et Lumière" ont été réalisés à plusieurs reprises au château de Vivières.

La tombe du lieutenant de Gironde est dans le cimetière de Vivières et est l'objet d'un hommage régulier de l'Amicale et de la Municipalité.
Né le 3 avril 1873 à Ferrensac (Lot et Garonne) dans une famille d'ancienne et haute noblesse, le comte Gaston de Gironde était issu de l'Ecole Spéciale de Saint-Cyr et a choisi la Cavalerie en sortant de l'Ecole.
La famille de Gironde a été longtemps fidèle aux cérémonies mais l'Amicale n'a plus de contact avec elle depuis le décès du dernier neveu du héros.