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 La mort d'un légionnaire .

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MessageSujet: La mort d'un légionnaire .   La mort d'un légionnaire . Icon_minitimeMar 4 Fév - 11:46

La mort d'un légionnaire en Indochine

Nous étions en poste à Câm-Lô sur la R.C.9, route qui traversait la chaîne Annamitique et qui menait au Laos jusqu'à Tchépone et Savannakhet. Côté nord du poste, il y avait le village : Câm-Lô à environ trois kilomètres que traversait un arroyo malsain. Au sud, un plateau avec une végétation assez abondante, qui permettait aux Viêts de s'approcher jusqu'aux limites du poste, sans êtres vus même du mirador. D'ailleurs c'est de ce côté que les harcèlements étaient les plus fréquents. Et puis à la limite de ce plateau à six ou sept kilomètres, on pouvait voir les premiers contreforts de la chaîne annamitique, petites montagnes de six ou sept cents mètres d'altitude, et au-delà, la fameuse cuvette de Maî-Loc (nous l'appelions aussi la cuvette à l'époque). Repaire Viêt-Minh, Donc de temps en temps nous allions en patrouille renforcée, faire un petit nettoyage. Même l'artillerie venait assez souvent se mettre en batterie aux alentours du poste, pour faire des tirs d'intimidations au canon de 88. Mais cela ne donnait rien, car les harcèlements devenaient de plus en plus fréquents. Surtout la nuit, il fallait redoubler de vigilance. Ils n'hésitaient pas à s'approcher du poste pour nous tenir en éveil et ainsi nous fatiguer moralement et physiquement. Les derniers temps nous avions reçu une volée d'obus de lance grenade ou de mortier. Heureusement sans trop faire de dégâts, à part un projectile qui était tombé à côté de l'endroit, où nous faisions la cuisine et qui avait endommagé les feux et quelques gamelles.

Le Commandement avait décidé de mener une opération un peu plus importante. Deux Compagnies de Tirailleurs de soixante hommes environ (effectif réduit, car il fallait assurer la défense des postes), plus un détachement de la Légion de la 13e D.B.L E. basé à Dong-Hâ, de quarante hommes environ en tous cent soixante Tirailleurs et Légionnaires.  
 
Nous avons embarqué au petit matin dans des G.M.C. afin de se rapprocher au maximum du pied de la montagne et pour aussi nous éviter un surcroît de fatigue. Ensuite nous nous sommes déployés en deux groupes pour prendre "en tenaille " (fameux mot très souvent employé, qui nous faisait sourire) les Viêts dans la cuvette. En fin d'après-midi, nous nous sommes approchés, mais la fatigue a commencé à se faire sentir. La nuit commençait à tomber, plus question de progresser de nuit. Alors, nous avons bivouaqué sur place, en silence jusqu'au petit matin. C'est au lever du jour que nous avons repris la progression.

Nous étions à un moment en terrain découvert, et nous commencions à apercevoir les Viêts aux jumelles. Alors nous nous sommes approchés au maximum, mais nous avons été vite repérés par une "sonnette" (guetteur avancé) qui nous a tiré dessus, et pour donner l'alarme. Il n’était plus question d'attendre, nous avons donné l'assaut. Ça tirait de partout, les Viêts ont été surpris nous avons continué la progression, en tirant, ils ont laissé des cadavres sur le terrain. Nous avons récupéré de l'armement et des munitions. Mais de notre côté nous avons eu quelques pertes : un Tirailleur tué dans l'autre Compagnie (je ne sais pas s’il a été ramené ou s’il a été enterré sur place), un légionnaire blessé gravement atteint au ventre. Dans l'autre groupe un gars de la légion blessé plus légèrement. Par contre, pour le légionnaire le plus gravement atteint, il doit être ramené au plus vite, vers les G.M.C, pour l'évacuation sur l'hôpital, pendant que le reste du groupement va continuer à investir le secteur, notre section avec l'Adjt-Chef Ripolès, a été chargée de faire demi-tour pour l'évacuation du blessé. Nous avons été désignés car nous connaissions bien le secteur pour y avoir fréquemment patrouillé et emprunté les pistes qui mènent jusqu'à Maî-Loc, nous connaissions même quelques raccourcis scabreux, mais raccourcis quand même. En 1948, il n'y avait pas encore d'hélicoptère permettant le transport des blessés en Indochine. Cela avait impliqué la mobilisation de quatre Tirailleurs en permanence, qui brancardaient le blessé en relais. (Ripolès m’avait confié la responsabilité du transport du brancard.) En plus, il fallait porter son sac, son arme et ses munitions. Alors pour soulager un peu les Tirailleurs épuisés, il m'arrivait de brancarder aussi. Le blessé souffrait beaucoup et perdait son sang, à tour de rôle nous lui passions une pochette pansement pour étancher l'hémorragie. Avant de partir, l'infirmier de la légion lui avait fait une piqûre de morphine, certainement, qui commençait à faire son effet et le faisait moins souffrir.  

La mort d'un légionnaire . Evacua10
Le transport par hélicoptère, n’existait pas encore en Indochine en 1948.
Cette photo image le genre de brancardage que nous avions à effectuer sur des pistes caillouteuses ou boueuses, pour ramener les blessés vers les accès carrossables.


Cela faisait plus d'une heure que nous marchions , sous la pluie qui tombait fine et drue, nous étions en pleine zone Viêt, isolés, une petite section de vingt-deux hommes. Je pensais que si les Viêts nous accrochaient, nous aurions du mal à nous en sortir, surtout avec le blessé que nous avions mission de ramener à l'hôpital. Nous étions très vigilants et nous restions en dispositif de progression en milieu hostile. C'est-à-dire deux éclaireurs de pointe de part et d'autre de la piste (quand le terrain s'y prêtait), à trente ou quarante mètres environ suivaient quatre voltigeurs prêts à ouvrir le feu pour couvrir les éclaireurs, et puis la première, pièce de F.M. et ses servants, le brancard, et à trente mètres, le deuxième F.M. et pour finir deux Tirailleurs en arrière-garde.

Par moments au cours de la marche, le blessé m'interpellait avec un fort accent allemand, et en me prenant la main il m'interrogeait: "camarade !... je vais mourir ?". Alors je demandais que l'on arrêtât un peu, pour poser le brancard pour faire souffler les porteurs et surtout rassurer le blessé. Je lui disais que sa blessure n’était pas grave qu'il allait s’en sortir, que les G.M.C. n’étaient plus bien loin, et que bientôt il serait à l'hôpital. Je lui mentais, je savais bien qu'il restait encore une heure ou deux de marche. Surtout que la piste caillouteuse, et étroite par endroits, provoquait des manipulations de brancard. La fatigue se faisait sentir et l'allure ralentissait. Le blessé avait soif, il gémissait, pauvre gars, et pas moyen de le soulager sinon de le rafraîchir avec un pansement humide (nous avions la consigne de ne pas lui donner à boire, à cause de sa blessure au ventre).

C'est en milieu d'après-midi que nous avons aperçu les véhicules de transports, nous commencions à être moins tendus nerveusement et un peu soulagés d’être arrivés comme si nous rentrions au bercail, l'allure s'est accélérée. Nous sommes arrivés aux G.M.C. Alors les tirailleurs ont posé le brancard, et je me suis accroupi pour rassurer le blessé, et lui dire que nous étions arrivés, et que dans peu de temps, il serait à l'hôpital. Je l’ai secoué doucement... Je pensais qu’il s’était assoupi, mais non, le pauvre gars avait cessé de vivre, quelle tristesse.

La mort d'un légionnaire . 25303_16

Souvenirs de Claude Corniquet

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MessageSujet: Re: La mort d'un légionnaire .   La mort d'un légionnaire . Icon_minitimeMar 4 Fév - 12:59

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MessageSujet: Re: La mort d'un légionnaire .   La mort d'un légionnaire . Icon_minitimeMar 4 Fév - 17:34



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merci pour ce récit JP
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MessageSujet: Re: La mort d'un légionnaire .   La mort d'un légionnaire . Icon_minitime

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