Mes chicanes avec les pandores..........
Préambule
je n'ai rien contre les gendarmes, il y en a dans la famille (cousins, neveux etc....)
1er contact
Le 6 juin 1957, je roule sur la route Villedieu-Vire avec ma mobylette, je rentre à la maison, je viens de passer les épreuves du C.A.P à Granville.
Vers 17 h, j'arrive à un carrefour, il y a un panneau STOP, il n'y a personne, je ralentis sans vraiment marquer un arrêt.
Soudain 2 gendarmes surgissent du fossé..... « vos papiers SVP » je donne ma carte d'identité...... « vous êtes né le 6 juin 39 ! » « Oui ».
« Eh bien bon anniversaire ! On vous donne un cadeau.. » 2500 francs d'amende ¼ de ma paie, ah ! les enfoirés.......
2ème contact
Le 6 mai 1958, je débarque du « Sidi_Mabrouk » à Alger, comme déjà dit dans « La Petite Histoire Philatélique de l'Algérie française « je ne m'attendais pas à voir une si belle ville française.
Nous avons fait le voyage avec une cargaison de cercueils.....embarquement dans les GMC et direction, la base aérienne de La Reghaïa à 40 km à l'Est d'Alger.
Nous sommes tombés en pleine euphorie, avec la création des Comités de Salut Public le 13 mai. Je n'y comprends rien, en attendant nous débutons notre entraînement de commandos. Les généraux Salan et Massu lancent un appel au Général de Gaulle, le gouvernement Pfimlin envoie des renforts en Algérie, pour mieux contrôler la situation.
Aéroport de Maison-Blanche 1958, photo personnelle
Sans explications on nous distribue, armes et munitions, embarquement dans les GMC et direction aéroport de Maison-Blanche.
Avec d'autres unités bérets rouges, nous nous mettons en position sur le tarmac.
Et là on nous apprend, que des escadrons de gardes-mobiles vont arriver, il y a plusieurs avions de transport, paraît-il.
En tout cas le 1er à atterrir, est un Bréguet-2 ponts, on assigne celui-ci au commando 10/541; dès l'arrêt de l'avion , nous encerclons ce dernier et mettons les F.M en position. Les bras m'en tombent, moi qui ai toujours eu peur des gendarmes, on va coffrer des pandores....dans une caserne à Hussein-Dey. Il n'y a pas eu de problèmes, car ils n'ont pas essayé de résister. Souvenir mémorable !
3ème contact
Libéré début mai 1960, je trouve du travail à Maison-Carrée, d'abord à la Sté Heulin qui construit la future usine de montage RENAULT au lieu-dit « Les Eucalyptus ».
Comme tout le monde, j'ai écouté le discours de C2G du 4 novembre, qui évoque la future République algérienne, moins de 6 mois après avoir quitté l'armée, je commence à réaliser, que mon pays de cocagne, C'EST FOUTU !
Le 9 décembre 1960, C2G visite l'Oranie, arrivé en hélicoptère à Aïn-Témouchent, l'accueil est houleux. A Alger, le Monoprix rue d'Isly est attaqué et mis à feu, des voitures brûlent, une voiture conduite par des musulmans, mitraille les passants, des magasins
sont dévastés, des européens molestés, lynchés.
Le 10 décembre une manifestation du FAF (Front de l'Algérie Française) a lieu rue Michelet, sous la pression des gendarmes mobiles, qui ont reçu une dotation en grenades offensives, les manifestants refluent. Avec des copains, nous sommes attablés à la terrasse d'un café, en train de boire l'anisette, un G.M lance 2 grenades off et j'en reçois une entre les jambes..
Une fois pansé, on me ramène au Champ de Manoeuvres (quartier entre Alger et Belcourt), j'y retrouve ma vieille Aronde, il est 19h environ. Les musulmans encadrés par le FLN, sont descendus des hauteurs, armés de haches, de bâtons, de couteaux et ont tout saccagé......magasins défoncés, autos incendiées, un vrai spectacle de désolation.
Mon auto fait tellement pitié, que les arabes ont dû penser qu'elle appartenait à un coreligionnaire....
Je rentre à Maison-Carrée dans ma pension de famille, rue Zévaco, quand la propriétaire, Mme Lopez, me voit avec mon pantalon (bleu-roi) déchiqueté, elle pousse un cri d'effroi et m'emmène chez son médecin.
Avec sa secrétaire, ils travailleront jusqu'à minuit, pour extraire 44 éclats d'aluminium, il n'a pas voulu me faire payer et je ne les ai jamais oubliés.
Le calme ne sera rétabli, que le 13 décembre, de nombreux meneurs FLN seront arrêtés.
Bilan : 118morts dont 6 européens et 2 commissaires de police, 600 européens et 250 musulmans internés.
Alger, le 10 décembre 1960
4éme contact
Je travaille pour la SPIE (Société Parisienne pour l'Industrie Electrique) au Sahara à El-Oued « la ville aux mille coupoles »
El-Oued en 1960 (photo guy)
Dans le cadre du plan de Constantine, nous installons des lignes basse et moyenne tension, dans tout le Souf. Une fois par mois environ, on part au frais quelques jours au Nord (Alger).
Place de l'hôtel de ville à Maison-Carrée, 1960
Le 29 avril 1961, j'arrive à l'aéroport de Maison-Blanche, un copain de travail vient me chercher, Didier Escalona (son vrai prénom est Eusèbe, on l'appelle Didier, pour éviter la confusion en langue arabe), il me ramène a la pension de famille à Maison-Carrée et me dit « il y a eu un putsch à Alger qui a avorté, alors fais gaffe les forces de l'ordre sont à cran, fais pas le con !»
Je sors avec ma Dauphine neuve en ville, arrivé sur la place devant l'hôtel de ville, je klaxonne « Algérie française » devant un poste de contrôle tenu par des gendarmes mobiles, le crime ! Extrait de ma voiture, je suis emmené dans une caserne située sur les hauteurs, en face de l'école d'Agriculture.
Interrogatoire pendant des heures et en plus, je suis un ancien commando de l'air dont le régiment a participé au putsch. Je suis mis au cachot et libéré le lendemain matin sur intervention de mon chef d'atelier à la SPIE, Monsieur Bouillet (pn) qui pourra prouver que j 'étais au Sahara, pendant le putsch du 21 au 25 avril 1961.
5ème et dernier contact
Le 13 mai 2007, à Putanges, a lieu la cérémonie de remise de la médaille militaire.
J'ai tenu à ce que mes petits enfants, portent le coussin des décorations.
Il pleut à seaux, tout le monde est trempé, on est en Normandie !
La cérémonie terminée, tout le monde aux abris !
Là, dans la salle de la Mairie, le président départemental de l'association des médaillés militaires, un ancien adjudant-chef de la gendarmerie mobile, (ayant fait l'Algérie) remet à l'autre décoré (ancien d'Indo), le diplôme de la médaille délivré par la Chancellerie de la Légion d'Honneur avec un livre.
Arrivé devant moi, il me donne mon diplôme et me dit « je ne vous donne pas le livre, car vous n'avez pas payé la cotisation à l 'association des médaillés militaires » …....?!
Sur cette dernière photo avec Josette et Pierre-Guy, je pense aux camarades tombés pour des « peanuts » .
Guy, le 12 janvier 2011