L'histoire de cette dague est immanquablement liée à celle des commandos britanniques.
En 1940, l'idée de former des unités d'hommes spécialement formées pour attaquer les ennemis de manière plus ou moins conventionnelle vit le jour dans l'armée anglaise.
En effet après la défaite de la France, la Grande-Bretagne se retrouva seule face à l'Allemagne et l'Italie.
Non seulement elle était isolée mais en plus son armée était dans un état déplorable (les meilleurs unités faisait parti du BEF et furent détruite en France en 1940).
Mais pour les anglais et notamment Churchill il était impensable de rester sagement à attendre que l'ennemi frappe. C'est pour cela que furent créer les commandos, pour pouvoir lancer des raids sur les côtes tenues par les allemands et instaurer un climat d'insécurité dans les troupes stationnées sur les côtes.
Mais ce fût loin d'être simple. La première difficulté et pas des moindres fût le manque d'équipement et d'arme spécialisés pour ce genre d'opérations. Notamment l'absence d'un poignard réglementaire était problématique.
La décision d'en produire un fût prise. Pour ce faire on fit appel à deux hommes, William Ewart FAIRBAIRN et Eric Anthony SYKES. Tous les deux avaient servi dans la police de Shanghai, ville dont on disait à l'époque quelle était la plus dangereuse du monde.
Dans les nombreuses escarmouches de rue qu'ils vécurent ils purent mettre au point des techniques de combats au corps a corps, notamment au poignard. En mai 1940 ils rejoignirent le centre de formation des commandos en Ecosse où ils commencèrent à donner des cours sur le corps à corps. Devant leur grande expérience en la matière ce fût à eux que l'on confia la lourde tâche de concevoir une dague pour les commandos.
Ainsi naquit la dague Fairrbairn-Sykes (qui porte le nom de ses deux concepteurs).
Elle disposait d'une lame de 7 pouces (17,78 cm). Celle-ci était à double tranchant, ce qui permettait indifféremment de donner des coups de taille ou d'estoc.
Pour les premiers modèles la lame était très brillante car l'on pensait que l'ennemi verrait le soleil se refléter sur la lame et qu'ainsi il pourrait perdre confiance et même se rendre. Par la suite la lame serait noirci pour éviter les reflets lors d'opérations de nuit. L'acier de la lame était coulé jusqu'au pommeau du manche avec lequel on pouvait aussi frapper.
Cette arme était utilisée pour la "mort silencieuse" ou dans une situation de corps à corps, quand il était impossible de se servir d'une arme à feu. Il était très pratique pour éliminer une sentinelle.
Elle était d'une forme qui permettait de la porter sur la jambe ou l'épaule et de la dégainer rapidement.
Bien que parfaitement équilibrée elle n'a jamais été employée comme une arme de jet.
Cette arme fût unanimement appréciée par la troupe, d'autant plus que l'avoir montrait l'appartenance aux commandos. De même sa maîtrise donnait au soldat un certain sentiment de supériorité sur son adversaire ce qui, au corps à corps, est un bon point.
Trois modèles furent produit:
Le premier de janvier 1941 à avril 1941.
Le second modèle, simplifié pour une production plus simple, fût produit jusqu'en février 1943.
Le troisième fût produit à partir de février 1943: il était d'une fabrication encore simplifiée.
Cette dague fut utilisée la première fois par les Commandos N°3 et N°4 lors de la première opération Commando importante aux îles Lofoten en Norvège.
L'opération la plus célèbre de cette dague est probablement la prise du pont pégasus bridge dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 où les paras anglais s'en servirent pour éliminer une partie de la garnison allemande dans leur dortoir.
Cette dague fut utilisée au combat par des unités de beaucoup de nations parmi lesquelles :
- l'Armée anglaise
- les Commandos de Marines
- le 10e Commando Interallié l
- les parachutistes anglais et canadiens
- le Spécial Opérations Exécutive
- le Bureau des Services Stratégiques
- les unités auxiliaires de la Home Guard
- les S.A.S.
- le Long Range Désert Patrol
- les Chindits
- les Rangers américains
- les Maraudeurs
- quelques unités de Gurkhas.