Représailles allemandes à Rome

Les protagonistes.

Le SS-Polizei-Regiment "Bozen" 
Ce régiment à 3 bataillons (2000 hommes) est composé d'Allemands vivant dans la région du Haut-Adige, dont la ville principale est Bolzano, Bosen en allemand, région annexée en 1918 avec une minorité germanique. A Rome, il y avait le 3eme bataillon à trois compagnies, commandé par le SS-Sturmbannführer Helmut Dobbrik. Dans le cadre de l'attentat, c'est la 11e compagnie.

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C'est une unité spécialisée dans la lutte antipartisane. 
Elle est sous les ordres du SS- Obersturmbannführer Herbert Kappler, responsable du maintien de l'ordre dans Rome.

Les GAP
Les Gruppi d'Azione Patriottica sont la résistance urbaine dont les membres sont appelés gappiste, communistes pour la plupart. Les GAP de Rome dépendent de Giorgio Amendola, fils de Giovanni, franc-maçon, journaliste et fondateur d'Il Mondo. Il est un des chefs de la Secession sur l'Aventin et se réfugiera à Cannes où il mourra des blessures d'une agression fasciste. Giorgio Amendola, est le commanditaire de l'attentat.

L'attentat
Le 23 mars 1944, la 11e compagnie rentre à on casernement comme d'habitude, une habitude qui n'avait pas échappé à l'étudiant en médecine  Rosario Bentivegna, mort récemment en avril 2012. C'est Amendola et  Mauro Scoccimarro qui donnent leur accord. C'est Bentivegna (Paolo dans la résistance)qui doit se charger d'allumer la mèche  de la bombe de 18 kg de trilotite caché dans un charriot de ramassage d'ordures, Bentivogno étant déguisé en éboueur.
 La date n'est pas choisie par hasard, c'est l’anniversaire de la création des fasci di combattimento, le 23 mars 1919.
Il attend le signal de Franco Calamandrei, dès qu'il aura ôté sa casquette, Paolo allumera la mèche lente, prévue pour exploser au bout de 50 secondes, dès que la troupe arrive à la hauteur du  Palazzo Tittone. A 15h52, la machine infernale explose, tuant 32 SS, un mourra plus tard et en blessant 110. Deux innocents périrent dont un enfant de 13 ans. Pour couvrir la fuite, les autres membres du commandos (ils sont 13 en tout) lancent des grenades. 9 autres SS mourront un peu plus tard de leurs blessures.
photo Bundesarchives : 

demain la suite : les Fosses Ardéatines

[attachment=0]Mälzer.jpg[/attachment]LES FOSSES ARDEATINES
L'attentat perpétré, le commandant de la place de Rome, le  Generalleutnant  Kurt Mälzer, officier de la Luftwaffe et aux ordres de Kesselring, annonce qu'il y aura des représailles. La quantité de prisonniers à fusiller a été "négociée", Hitler exigeant que 50 Italiens soient fusillés pour un Allemand. A l'encontre des toutes les conventions internationales, sans qu'une enquête ne soit menée ni même un ultimatum pour que le coupables se dénoncent, 335 Italiens seront fusillés dans les 24 heures.

La polémique.
Parmi tous les condamnés, il n'y a aucun communiste pour un attentat perpétré par des communistes :
-39 officiers et hommes de troupe de la résistance militaire, à obédience philo-monarchique ;
-52 membres de "Giustizia e Liberta" issu du Parti d'Action ;
-75 Juifs dont Aldo Finzi, ancien sous-secrétaire d'état à l'intérieur, impliqué dans l'affaire Matteoti ;
-68 membres de Bandiera Rossa, militants trotskistes, haïs des communiste et dont deux membres ont été attirés dans le guet-apens de la via Rasella et tués par l'explosion de la bombe (Antonio Chiaretti et Enrico Pascucci)
- des prisonniers de droit commun (marché noir) n'ayant rien à voir avec la politique.
Les communistes vont appeler cet attentat une action de guerre, sachant tout naturellement qu'il y aurait des représailles. C'est aussi l'occasion de se débarrasser de concurrents encombrants comme les officiers pro-monarchistes, ennemis naturels du PCI.

Tous ces prisonniers sont incarcérés à la prison Regina Coeli.

320 Italiens sont destinés à être fusillés, la mort d'un 33e SS implique que 10 autres doivent aussi expirer et dans la précipitation des listes, 5 autres ont été rajoutés.
C'est le  SS-Obersturmbannführer Herbert Kappler et Befehlshaber der SiPo und des SD de Rome, avec le SS-Hauptsturmführer Erich Priebke qui organisent l'exécution des otages dans les carrières de la via Ardeatina, proche de la via Appia antica. 
Helmut Dobbrik qui commandait la 11e compagnie victime de l'attentat refusa de participer ainsi que les survivants à la sinistre opération. Les otages furent exécutés d'une balle dans la nuque et les carrières dynamitées. Ce n'est que le 25 que fut communiquée l'annonce des représailles.


Alex

La Gestapo aux ordres de l' Obersturmbannführer Herbert Kappler, chef du SD également, avait à plusieurs reprises violé l'extraterritorialité d'églises ou de couvents du Vatican pour s'emparer de Juifs de la communauté romaine cachés par les ecclésiastiques.
A Rome opérait pour le compte de la Gestapo une sinistre équipe de tortionnaires appelée la Banda Koch, du nom de son chef Pietro Koch.
Pietro Koch et ses sbires obtinrent l'autorisation de Kappler de pénétrer dans la basilique de San Sebastiano fuori le mura. A l'intérieur se cachait le generale d'armata Mario Caracciolo di Feroleto. Il avait un des rares généraux italiens à s'opposer aux Allemands de la 3 Pz.Gr. Division lors des journées du 8 au 12 septembre 1943, après l'armistice italien. 
Caché dans Rome, il passe dans la clandestinité et tente avec le colonel Giuseppe Cordero Lanza di Montezemolo de former le Front Militaire Clandestin (j'y reviendrai dans un autre post, di Montezemolo aurait été trahi par les communistes qui voyaient d'un mauvais oeil la résistance monarchiste).
En décembre 1943, la bande Koch fait irruption dans la basilique et s'empare du général Caraciolo, habillé en moine et le livre Via Tasso siège de la GESTAPO à Kappler qui le transfert à Vérone puis à Brescia où il est jugé avec plusieurs par le Tribunal Spécial et condamné à mort, peine commuée à 15 ans de prison. Il sera libéré le 25 avril 1945.
SOURCE
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