Paras, bérets bleus, verts et rouges, tous unis !
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Paras, bérets bleus, verts et rouges, tous unis !

Forum pour Parachutistes et Sympathisants de par le Monde
 
AccueilPortailDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le deal à ne pas rater :
Cartes Pokémon EV6.5 : où trouver le Bundle Lot 6 Boosters Fable ...
Voir le deal

 

 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"

Aller en bas 
3 participants
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5
AuteurMessage
Commandoair40
Admin
Admin
Commandoair40


Masculin
Nombre de messages : 28763
Age : 77
Emploi : Français Radicalisé .
Date d'inscription : 07/11/2014

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Empty
MessageSujet: Re: "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"   "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Icon_minitimeVen Mai 03 2024, 19:51

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Dien-b13

DIÊN BIÊN PHU : Journal de marche du 3 mai 1954

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Blesses-DBP

Nuit du 2 au 3 mai

20 h 00


Harcèlement intermittent de la position en contre batterie en particulier sur les positions de batteries.

Bilan provisoire des combats du 1er et 2 mai :

Diên Biên Phu : 420 hommes hors de combat.
   
ISABELLE : 9 tués, 42 blessés, 2 disparus.
   
Total : 473 hommes hors de combat.

20 h 30

Renfort de personnel pour la soirée : suite QGO météo sur le Delta une Cie seulement du 1er BPC reste suivra à partir de 23 h 00.

21 h 40

DCA semble se regrouper. Avons contre battu pendant le parachutage sur 8 pièces de 37 mm points moyens 912.664. 3 pièces en 908.681. 3 pièces en 912.

22 h 00

1 175 blessés à évacuer : 456 couchés, 719 assis.

L’artillerie Viet se déchaine de nouveau contre le PA WIÈME. Les rescapés et les sonnettes décrochent provisoirement ; ils reviennent aux environs de minuit.

Bilan ISABELLE :

Pertes amies : 9 tués, 42 blessés, 2 disparus.
   
15 cadavres VM dénombrés sur la position, 4 prisonniers, autres pertes très nombreuses. Armement capturé 1 57 mmm SR, 1 SKZ, 2 fusils mitrailleurs, 1 carabine, 10 PM, 10 fusils.

Installation d’un projecteur de DCA sur ANNE-MARIE pour tirer sur les Dakota.

Pression maintenue sur ELIANE 2.

Appui aérien : 87 sorties feu.

Le régiment 57 réussit à pénétrer sur le PA WIÈME, tenu par la 11e compagnie du 3/3 REI, des tirailleurs algériens et deux chars.

00 h 00

Harcèlement de la position par rafales irrégulières. Parachutages de personnel en cours. Réaction assez faible de la DCA.

Un B-26 attaque de nuit les convois de camion sur la RP 41.

01 h 15

Les Dakota arrivent… mission Banjo. Début du parachutage du 1er élément du 1er BPC, du capitaine DE BAZIN DE BESONS, la 2e  Cie du capitaine EDME à l’effectif de 122 hommes saute. Le capitaine EDME se foule la cheville à l’atterrissage. Le parachutage provoque une réaction un peu plus étoffée de la DCA.

53 tonnes sont également larguées dont 45 vont être récupérées par les équipes du camp retranché.

Pierre DUCHENOY, sergent navigateur au 2/63 Sénégal :

Mission Banjo : au décollage 21 h 00 Banjo 6 sur le C-47 n° 704 Novembre Roméo appelé « Négro Roméo » – Indicatif radio « Mamadou » ou « Négro » – (sous-lieutenant pilote ADIAS, adjudant-chef mécanicien navigant LLONG, sergent radio Paul PERRET, sergent navigateur Pierre DUCHENOY. Dans la nuit noire remontée vers l’Ouest en relatif silence radio, le Bavi se découpe dans la pénombre. Les avions se succèdent avec seulement les feux de formation.

1 heure de vol – arrivée sur Yankee, approximativement à cinq minutes de la cuvette cap au 350 vers la cuvette. En descente auto pauvre (afin de ne pas être repéré par les échappements). Le ventre est peint en noir mais les échappements laissent une trainée bleue qui trahit la présence des avions.

Contact Torri Rouge – météo peu favorable, certains avions ont déjà fait demi-tour.

Entrée dans la cuvette 3 500 pieds donc à portée de DCA.

Dans l’avion, les dispatchers ont déjà, dans le noir absolu, harnaché les futurs parachutés et ouvert la porte.

Dans le poste de pilotage, le pilote a pris ses points de repères ; le navigateur, la main sur la sonnette et le vert.

Deux projecteurs Viets cherchent dans le ciel à accrocher le Dakota en circuit.

Tirs intenses du sol extrêmement violents, cible des 37 et surtout des mitrailleuses 12.7. Il ne reste pratiquement rien de la DZ. Largage au plus près du PC.

Descente vers l’enfer, les volontaires accrochés à la static-line sans bruit ni lumière. Les autres Dakota ont fini leur mission.

Le temps de mettre au vert ne permet, au premier passage, de larguer qu’un seul officier.

Un projecteur éclaire le poste de pilotage furtivement ne permettant pas aux artilleurs Viets de régler les tirs. Mais les traçantes passent entre le fuselage et le moteur. 7 passages sont nécessaires. On peut voir le feu d’artifice dans la cuvette. Largage à 150 m sol pour larguer le maximum de personnel. À chaque passage seuls 4 paras peuvent sauter. Seul 3 refus de saut, 3 jeunes Vietnamiens.

Durée de la mission 45 minutes puis reprise de cap sur Hanoi.

02 h 00

DOMINIQUE 3 tombe, malgré la défense héroïque des partisans Thaï, d’une Cie du 6e BPC encadrant des tirailleurs Algériens, à court de munitions. En face, 2 Divisions — la 312 et la 316 dont le régiment 141. Le terrain est jonché de blessés et de mourants.

Il n’y a plus de munitions ni de réserves dans tout le camp.

Pression aggravée sur HUGUETTE 4.

02 h 30

Parachutage de personnel terminé. 8 Dakota n’ont pu venir en raison de la météo.

02 h 50

109 hommes du 1er BPC parachutés envoyés immédiatement sur ELIANE 2.

Reçut 100 hommes mais 420 perdus dans la journée du 3 mai.

Lundi 3 mai

06 h 00

Harcèlement VM par 120 court retard sur la zone PC.

Il pleut en grosses averses incessantes. Appui aérien néant. Activité aérienne nulle, cause météo.

HUGUETTE n’existe plus, Lily et CLAUDINE sont bien entamées, DOMINIQUE et ELIANE sont sous pression.

Hanoï :

Une conférence a lieu avec NAVARRE sur l’avenir de Diên Biên Phu. Le camp doit tenir encore en attendant la conférence de Genève. Un nouveau bataillon para est prévu mais prévision d’une sortie en force pour rompre l’encerclement. Des décision difficiles sont prises. L’abandon sur place des blessés assistés de cadres sanitaires volontaires. Sortie par le Sud, Sud-Est en direction de Muong Nha puis Muong Heup et Muong Ngoï. Des éléments de recueil seront mis en place sur l’itinéraire. L’opération est nommée Albatros.

08 h 00

Harcèlement sur l’ensemble de la position notamment au 120 mm court retard sur la zone PC.

Malgré nos harcèlements, l’ennemi a travaillé activement au cours de la journée d’hier à l’organisation des positions conquises. Aucune action notable d’infanterie au cours de la nuit dernière.

Nos harcèlements ont porté particulièrement sur ELIANE 1. Ceux du VM ont été répartis sur l’ensemble de la position.

Au cours de la journée d’hier, les unités qui avaient subi des pertes se sont réorganisées. L’estimation de nos pertes était hier exagérée. Des éléments séparés de leurs unités au cours de la nuit ont réussi à rejoindre. Des blessés ont regagné leur poste de combat. Les pertes non récupérables dépassent néanmoins la valeur d’un bataillon.

Sur ELIANE 4 tout le monde est occupé à creuser des fossés d’écoulement pour évacuer l’eau et empêcher d’être inondé et étayer les abris qui s’écroulent

Boyaux et trous d’obus noyés rappellent les souvenirs de Verdun et des poilus.

Sur ISABELLE : éléments repris pied sur ISABELLE 5 mais bloqués. La sortie réalisée par les légionnaires permet de tuer 8 soldats Vietminh, de capturer un 57 mm DKZ et 21 armes légères.

La météo défavorable n’a pas permis l’exécution correcte des parachutages. De très nombreux colis ont été perdus. Les parachutages de personnels ont dû être réduits.

L’effectif largué a été inférieur à celui d’une Cie. La DCA s’est déplacée et a repris son activité. Les pièces de 37 mm semblent maintenant dispersées par groupe de nombre variables. Elles ont pu être en partie neutralisées par notre artillerie à laquelle l’ennemi cherche à s’opposer par des tirs de contre batterie bien ajustés. Le personnel servant la DCA peut être atteint par nos obus, la destruction du matériel ne put être obtenu que par une action massive de l’aviation.

Nos approvisionnements deviennent très bas, en particulier en munitions d’infanterie. Le resserrement du VM autour du CR principal et ISABELLE a fortement réduit la surface des DZ. La proportion des colis non récupérables devient de plus en plus grande. Par météo défavorable, il faut compter de jour, a haute altitude, 50 % de pertes. La nuit, à l’altitude à laquelle le personnel est largué, des résultats excellents pourraient être obtenus.

10 h 00

Coup de main à l’Est d’ELIANE 2 permet de détruire un blockhaus VM.

Une patrouille amie stoppée au lever du jour à 350 mètres au Sud-Ouest de CLAUDINE 3.

Une partie des blessés de l’antenne chirurgicale retourne au combat : les éclopés, les borgnes.

ACP 6 de VIDAL sur ELIANE 3 en première ligne, à 300 m de l’ennemi, évacue sur ACM.

Plus de groupe électrogène, juste des bougies. Plus de pétrole pour les Primus.

50 blessés sans soins dans l’abri.

VIDAL revient. Il met une heure pour 100 m par les tranchées avec les blessés pouvant marcher.

Le médecin-lieutenant MADELAINE signale à LE DAMANY et aux chirurgiens que des morts singulières se sont produites au 2e BEP : des légionnaires effondrés dans la boue, sous leur charge, lors d’un ravitaillement. Comme emporté par l’inanition et un épuisement total. DE CARFORT, RONDY, d’autres praticiens encore, constatent des cas similaires dans ce qui reste des bataillons dont ils s’occupent.

La peau des victimes, fine et ridée, ressemble à celle des grands vieillards. Mous, flaccides, les muscles trahissent une profonde dégénérescence physiologique. Leur organisme n’a pas répondu aux analeptiques, aux médicaments percutants. Ils se sont éteints les yeux grands ouverts, inexpressifs ; tués par des anémies, des comas hypoglycémiques, des tarissements endocriniens massifs.

En réalité, c’est la garnison dans son ensemble qui est KO debout.    

Message général DE CASTRIES au général COGNY :

Demande instamment que parachutage personnel prévu ce soir comprenne reliquat Cie larguée hier, plus une Cie la CCB et Etat Major du bataillon. Ainsi deux Cies seulement resteraient à larguer au cours de la nuit suivante. Il est indispensable que le bataillon soit ici au complet dans délais les plus courts.

12 h 00

Prévision de parachutage de personnels du soir :

180 hommes soit une Cie du 1er BPC et reliquat de Cie déjà larguée. 9 C-47 effectuant chacun deux parachutages. Premier largage 23 h 30 – intervalle 20 minutes.

Harcèlement par violentes rafales de la position.

14 h 00

Harcèlement moins intense des positions.

Après-midi

Le Dakota Zoulou Tango en parachutage de munitions.

Parachutage réalisé :

Perte 7,4%. Les C-119 n° 155, 537, 532 larguent chacun un groupe électrogène lourd.

Les chars ETTLINGEN, MULHOUSE se portent sur la face Ouest du camp pour appuyer HUGUETTE 4. Le DOUAUMONT traite HUGUETTE 5, aux mains du Vietminh, depuis sa position.

16 h 00

Dernière sortie des chars de VERT sur ISABELLE pour traiter une tranchée qui menace ISABELLE 1.

Hanoï :

1 800 volontaires sont retenus pour sauter sur Diên Biên Phu dont 150 Vietnamiens et 400 Nord-Africains.

Accalmie de l’artillerie Viet sur la cuvette, mais ils installent un projecteur de DCA sur ANNE-MARIE, un mis en place vers ISABELLE, un troisième près du centre.

Activité relative de la DCA sur les C-47 en cours de largage. Opération d’aération sur la face Nord-Ouest d’ISABELLE se déroule dans de bonnes conditions et permet le comblement de quelques tranchées.

18 h 00

Reprise nette du harcèlement sur la position.

Bilan définitif de la nuit du 1er au 2 mai pour Diên Biên Phu :

Tués : 28 dont un officier.
   
Disparus : 303 dont 6 officiers.
   
Blessés : 168 dont un officier.
   
Total 499.

Pertes 8e BPC :

3 blessés dont un sergent.

1er BEP :

Pertes amies inconnues.

Source : https://theatrum-belli.com/

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 31%20(19)


___________________________________ ____________________________________

Sicut-Aquila

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Cocoye10 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120

« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

Michel et marienneau jean-michel aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas
Commandoair40
Admin
Admin
Commandoair40


Masculin
Nombre de messages : 28763
Age : 77
Emploi : Français Radicalisé .
Date d'inscription : 07/11/2014

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Empty
MessageSujet: Re: "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"   "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Icon_minitimeSam Mai 04 2024, 17:04

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Dien-b13

DIÊN BIÊN PHU : Journal de marche du 4 mai 1954

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 DBP-70

Nuit du 3 au 4 mai

20 h 00


Harcèlement sporadique. Quelques mouvements suspects à l’Ouest de HUGUETTE 3 et au Nord et à l’Est des ELIANE.

21 h 06

1 150 blessés à évacuer : 434 couchés, 716 assis.

22 h 00

Bilan de la journée :


ISABELLE : 5 tués, 1 disparu, 22 blessés.
   
Diên Biên Phu : 8 tués, 31 blessés.

Opération sur ISABELLE pour reboucher. Organisation VM au Nord-Ouest permet de boucher 100 mètres à l’aide de barbelés.

Pertes VM :

8 tués dénombrés ; autres pertes certaines. Armement récupéré : 19 PM, 2 fusils. Sur ISABELLE 5 : un canon de 57 SR récupéré. Mouvements suspects autour de HUGUETTE 4 et sur la face Est du CR principal.

Le brouillard envahit la cuvette et gène les parachutages. Les Packet 561 et 545 réussissent à larguer à la verticale estimée du « T » puis Torri Rouge ordonne plusieurs QRF.

ÉLIANE 2 : 1/13e DBLE progressivement relevé par le 1er BPC qui résiste encore.

34 C-119 et 16 C-47 disponibles livrent 57 tonnes (40 % de perdu).

23 h 00

Le capitaine POUGET saute avec sa 3e Cie du 1er BPC.

POUGET était l’aide de camp du général NAVARRE, fonction qu’il a quitté dès le mois de décembre pour reprendre le combat.

Il revient à Diên Biên Phu parce que son régiment y revient.

Dans la soirée, les bonnes conditions météorologiques permettent le largage de ravitaillement, en munitions et en sacs de riz.

Parachutage de 2 Cies du 1er BPC et de la Cie de commandement et 125 hommes de la 3e Cie avec le capitaine DE BAZIN DE BESONS et son PC.

La 3e Cie compte habituellement 100 à 110 hommes. Les autres étaient malades ou permissionnaires, stagiaires, etc.

Sur les rang sont présents 135 hommes. 25 ou 30 volontaires au moins s’étaient évadés de l’infirmerie, de l’hôpital ou de la prison pour être présents sur les rangs à l’heure du dernier saut. Même des rapatriables pour la France sont là. Trois hommes étaient en stage d’instruction à Haïphong, à l’autre bout du delta et sont présents au rassemblement à 17 h 00 ce dimanche. Même le PIM Dinh Van Sung, ordonnance du capitaine POUGET, est présent, sur les rangs de la section de commandement, habillé et casqué comme les autres.

— J’ai toujours eu envie de sauter en parachute. Et puis, pour avoir une fille à Hanoï, il faut être Vietminh ou parachutiste. Il pleut, des camions bâchés emmènent les hommes aux avions pour éviter qu’ils soient mouillés. Les largueurs ne nous parlaient pas, et les aviateurs ont évité de nous regarder.

Les Dakota embarquent plus de paras 18 ou 19 au lieu de 12.

Cinq Dakota du Franche-Comté, deux du Béarn et quatre du Sénégal vont larguer 194 hommes.

Une section de la 3e Cie et un élément PC du 1er BPC ne peut être larguée. Les avions font demi-tour.

Minuit

Le capitaine POUGET se présente au PC du GAP 2 qui l’envoie prendre le commandement de ELIANE 3 mais d’être prêt à contre attaquer sur ELIANE 2.

Parachutage en cours. DCA plus forte que la veille.

02 h 00

Le capitaine POUGET rencontre le général DE CASTRIES dans son PC lors de son arrivée. À la lumière crue de l’ampoule électrique du plafond, il porte 10 ans de plus qu’en mars. Les traits de son visage sont profondément marqués par le manque de sommeil et la tension nerveuse. Pour marcher, il s’aide d’une canne, la canne de turfiste qu’il maniait autrefois par snobisme.

Un des Dakota fait 7 passages pour larguer 17 hommes au milieu de la fournaise de la DCA.

La pluie tombe à torrent. Les pluies torrentielles de la mousson arrêtent les combats, elles font grossir le cours de la rivière qui traverse le camp retranché.

C’est dans la boue maintenant que les Viêts creusent, comme des taupes, leurs retranchements pour investir les bastions et se rapprocher à moins de 40 mètres des barbelés.

Organisation des positions défensives et construction de canaux d’évacuation d’eau.

02 h 20

HUGUETTE 4 soumise à une forte attaque depuis 2 heures (une des plus puissantes du camps). Renforts engagés : capitaine LUCIANI et une Cie de marche de 80 légionnaires et tirailleurs marocains. PA en partie occupé par VM. Situation très confuse. Élément d’attaque de la valeur de 4 bataillons. Situation très confuse.

En face, le régiment 36 de la division 308 ainsi que 3 bataillons des régiments 88 et 102 et un quatrième de la division 312 soutenus par les 105 du régiment d’artillerie 34, près de 3 000 hommes :

Soit à 37 contre 1.

ISABELLE a déclenché des tirs d’arrêts mais est matraqué en retour.

Les parachutages sont stoppés après 5 avions pour permettre le largage des lucioles au profit d’HUGUETTE 4. Les chars sont en état d’alerte.

03 h 00

HUGUETTE 4 tient toujours. Les pertes sont terribles mais aussi chez les Viets. En 35 minutes HUGUETTE 4 est submergé

Du côté vietminh, des chefs de bataillons — les chefs de groupement tactiques — sont relevés de leurs fonctions.

Début de l’assaut du 36e régiment sur Lily 3 après un bref bombardement. Les 3 pointes pénètrent dans le périmètre. Mais les soldats marocains ont pris leurs précautions. Pour éviter d’être surpris par les tunnels creusés jusque dans les positions et après l’expérience de 106 (HUGUETTE 6) 206 (HUGUETTE 1) et 311A (HUGUETTE 5), ils ont posés des mines et des chausses trappes dans tout l’intérieur du point d’appui, incluant autour des positions des armes lourdes et des bunkers. Ces protections infligent des pertes aux soldats Vietminh et empêchent les troupes d’avancer.

03 h 35

Un jeune lieutenant du 4e RTM annonce : Le  capitaine Luciani est blessé à la tête, nous restons une dizaine de défenseurs autour du PC. Nous attendons les renforts… Les viets attaquent, je les entends, ils viennent vers moi dans la tranchée. Ils sont là… Aaaah. Il meurt.

03 h 45

HUGUETTE 4 tombe.  VM occupent la totalité de HUGUETTE 4.

04 h 00

Le parachutage de personnels a repris et est terminé. 128 personnels largués.

Les chars ETTLINGEN et MULHOUSE rejoignent HUGUETTE 3 pour la contre-attaque.

05 h 00

Première bombe luciole pour lancer le débouché sur HUGUETTE 4.

Le capitaine Maurice GUIRAUD envoie un élément en contre-attaque.

Sous une pluie violent les hommes et les chars progressent difficilement en ordre dispersé dans un terrain complètement bouleversé par les obus.

Le terrain gorgé d’eau est impraticable aux chars. Les fantassins englués dans les trous boueux sous la pluie permanente sont incapables de coiffer l’objectif.,

la compagnie STABENRATH du 1er BEP, qui comprend aussi quelques hommes du 1/2e REI et du peloton d’élèves gradés de la « 13 », est anéantie sur HUGUETTE 3 en contre-attaquant sur HUGUETTE 4.

Fin de nuit

2 tentatives d’attaque de ELIANE 2 par l’Est repoussées par l’intervention des mortiers et de l’artillerie.

Mardi 4 mai

06 h 00

Une centaine de parachutistes et de tirailleurs marocains rameutés à la hâte des HUGUETTE commencent à contre attaquer appuyés par les chars.

Mais à 100 hommes contre 2 000 fantassins  Ils arrivent quand même à se frayer un chemin en combattant dans la tranchée entre HUGUETTE 3 vers HUGUETTE 4.

Ils arrivent à l’entrée de HUGUETTE 4 mais sont repoussés par un tir d’arrêt avec des pertes énormes. Ils ne peuvent rien faire sinon récupérer quelques blessés dans les barbelés.

Contre-attaque par une Cie sur HUGUETTE 4 retardée par manque de luciole ; raison parachutages.

Largage de C-119 interrompu par brume au sol après deux appareils. Reliquat renvoyé sur Hanoï. Léger harcèlement sur ISABELLE. Violent harcèlement sur Diên Biên Phu.

A l’aube

Décollage d’un RB 26 — capitaine Geslin — pour une mission de 2 h 55 pour réaliser des clichés verticaux et obliques.

1re Cie mixte de mortiers lourds de la Légion étrangère dépendant du 3e REI.

Sous-lieutenant PINAULT :

Les Viets occupent les pitons les uns après les autres, un 75 mm sans recul azimutait notre PC et notre observatoire à raison d’un coup toutes les demi-heures.

Ce jour là, il est prévu un repli sur le Laos, sortie en force de tous les éléments à l’exception du 5e BPVN, du 2/4e RAC et de la 1re CMMLE qui sont chargés d’assurer la protection du repli et de liquider le stock de munitions et ensuite de se débrouiller.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 4-mai
SHD Air : photographie aérienne du 4 mai.

08 h 00

Bilan des parachutages du 03 mai :

Sur Diên Biên Phu :
       
8 C-47 : Total fret largué 17,2 tonnes. Utilisable : 11,8 tonnes, soit 32 % de perte.
   
Sur ISABELLE :
       
13 C-47 : Total fret largué 28,6 tonnes. Utilisable 26 tonnes, soit 9 % de perte.

Total : sur 45,8 tonnes larguées, perte de 8 tonnes, soit 17,4 %.

La contre-attaque parvenue aux lisières de HUGUETTE 4, débouche sur le PA. Très difficile. VM installés sur la position et couvert par base de feu.

Sur ISABELLE la journée coûte 2 tués et 30 blessés dont 2 officiers.

Au lever du jour Pouget et sa 3e Cie du 1er RCP  rassemble ses hommes sur Epervier et gagne par des boyaux boueux ELIANE 3.  

Il lui faut près de 6 heures pour faire 1 500 mètres dans des boyaux étroits et boueux ou ils s’enfoncent parfois jusqu’à la taille. Ils reçoivent des salves d’artillerie qui tombent à cheval sur la tranchée commandées par un observateur qui les suit à la jumelle. Du Mont Chauve une rafale d’arme automatique les arrose.

ELIANE 3 est un hôpital. il y a 300 blessés dont un médecin qui vient de temps en temps changer les pansements qui sentent trop mauvais. Les moins atteints servent les armes automatiques.

Partout il n’y a que des corps que l’on inhume plus, que l’on ne déplace plus que l’on ne recouvre même plus d’une pelletée de terre que la pluie ou les déflagrations retourneraient dans quelques minutes. Alors les survivants trébuchent sur les cadavres pourrissant sous leurs pieds, les assaillants piétinent les corps abandonnés des adversaires comme ceux d’autres Bo-doïs tombés lors de l’assaut précédent. Les blessés tentent de rejoindre un poste de secours dont ils ne savent même plus s’il existe encore.

D’autres touchés la veille repartent vers les tranchées, là où ils pourront se battre. L’un, qui n’a plus qu’un bras alimentera le fusil mitrailleur dont le tireur parait avoir perdu une jambe.

La 2e Cie du lieutenant EDME avec la 3e de compagnie du 1er BPC de Pouget  arrivés sur ELIANE 3 sont envoyés sur ELIANE 2 pour relever les compagnies du 1/13e DBLE du commandant COUTANT. EDME et sa 2e Cie couvre toute la partie Est face au Mont Chauve, POUGET et sa 3e Cie face au Sud et aux Champs Elysées.

En bas et en retrait sur ELIANE 3, une position de fortune, reste le reliquat du I/13ème DBLE avec le commandant Coutant qui n’a pas voulu quitter la colline, en réserve d’une contre-attaque. Les légionnaires voisinent avec la section lourde du 6e BPC, l’infirmerie des parachutistes et les blessés légers qui ont rejoints leurs unités.

Les PIM imperturbables apportent les munitions et au besoin font le coup de feu.

Le général DE CASTRIES s’enfonce dans l’hôpital souterrain du docteur GRAUWIN.

Il vient visiter pour la première fois les blessés et leur remet une citation sous forme orale. Il visite toutes les alvéoles et les abris ou sont les blessés.

Il croise le caporal HEINZ du 2e BEP qui a perdu ses deux bras et une jambe avec sa 4e blessure.

09 h 00

Contre-attaque en vue de reprise de HUGUETTE 4 n’a pu être poursuivie en particulier en raison de l’état du terrain empêchant tout assaut. Fort bouchon mis en place à l’Ouest du cimetière. L’opération sur HUGUETTE 4 est démontée, la présence des deux chars l’ETTLINGEN et le MULHOUSE et les tirs du DOUAUMONT permettent aux marocains et aux légionnaires de ramener les blessés.

Les chars tirent de toutes leurs armes pour empêcher une réaction des Viets

HUGUETTE 4 pilonnée par l’artillerie.

Bilan : 14 tués dont 2 officiers, 48 blessés, 150 disparus dont un officier.

Les lignes ennemies sont à 500 mètres du PC.

Sous les tirs et la pluie les abris s’effondrent et prennent l’eau de partout.

J’ai demandé à plusieurs reprises hier que la CCB et EM du 1er BPC soient largués au cours de la nuit dernière. Cela n’a pas été fait. J’insiste une fois d eplus pour que tout ce qui reste du bataillon soit largué la nuit prochaine.

Nos approvisionnements en vivres de toutes natures sont au plus bas. Depuis 15 jours, nous nous appauvrissons peu à peu. Nous n’avons pas assez de munitions pour arrêter les attaques ennemies et pour les harcèlements qu’il faudrait pouvoir entretenir sans répit.

Aucun effort particulier ne semble fait pour remédier à cette situation.

On oppose les risques courus par les équipages alors que chaque homme ici court des risques infiniment plus grands.

Il ne peut y avoir deux poids deux mesures. Il faut que les largages commencent à 20 h 00 au lieu de 23 h 00. Les heures matinales sont perdues à cause du brouillard et le plan de nuit utilisé avec des intervalles considérables entre les avions ne permettent d’obtenir que des résultats dérisoires.

Il me faut absolument des approvisionnements en quantité massive. L’exiguïté actuelle du CR, le fait que nos éléments en bordure ne peuvent sortir de leurs abris sans subir le feu des snipers et des canons sans recul, font qu’une quantité de plus en plus grande des colis largués ne sont plus récupérables.

Le manque de véhicules, le manque de coolies, m’oblige à utiliser pour le ramassage, des unités déjà extrêmement fatiguées. Le rendement est détestable. Cela occasionne aussi des pertes. Je ne peux même pas compter récupérer la moitié de ce qui est largué. Or les quantités qui me sont envoyées ne représentent qu’une très faible partie de mes demandes. Cette situation ne peut se prolonger.

J’insiste encore une fois sur le crédit très large que j’ai demandé en matière de citations. Je ne dispose de rien pour soutenir le moral de mes hommes à qui sont demandés des efforts surhumains. Je n’ose plus aller les voir les mains vides.


10 h 00

ISABELLE harcelée au cours de la nuit par 105 et 75. Une opération est en cours sur le système de tranchées VM à l’Ouest du CR.

Tous les bataillons rendent compte que leurs abris s’effondre sous la pluie.

Les obus viets s’enfoncent dans la boue sans exploser. Tout mouvement pratiquement impossible.

Le 31e Génie étaye l’abri de l’ACP 5. Ils ont retiré la nuit les plaques PSP de la piste qui ne servent plus à rien.

10 h 15

Contre-attaque en vue de la reprise de HUGUETTE 4 n’a pu être poursuivie en particulier en raison de l’état du terrain empêchant tout assaut. Fort bouchon mis en place à l’Est du cimetière. Pilonnage de HUGUETTE 4 par artillerie. En fin de nuit 2 tentatives d’attaque de ELIANE 2 par l’Est repoussées par l’intervention des mortiers et de l’artillerie. Le harcèlement se poursuit sur l’ensemble de la position. Isabelle harcelée au cours de la nuit par des 105 et des 75 mm. Opération en cours sur le système de tranchées VM à l’Ouest du CR.

11 h 30

Je demande que le largage de matériel se fasse cette nuit avant le largage de personnel.

12 h 00

Poursuite du harcèlement sur l’ensemble de la position.

12 h 50

Renforts prévus le 04 mai soir :

260 hommes du 1er BPC dans l’ordre PC bataillon, CCB, reliquat des deux premières Cies, début de la 3e Cie. Le parachutage de personnel suivra le largage prévu par 10 C-119 de matériel. Horaire précis sera transmis par GATAC Nord pour les C-47 et BMT /FTNV pour C-119.

13 h 25

Décollage de Cat Bi : 3 B-26 Martini Bleu.

13 h 41

Décollage de Cat Bi : 4 B-26 Cinzano Gris.

13 h 58

Décollage de Cat Bi : 4 B-26 Martini Rose.

14 h 00

Le harcèlement se poursuit.

14 h 03

Décollage de Cat Bi : 3 B-26 Cinzano Vert.

14 h 13

Décollage de Cat Bi : 3 B-26 Martini Ambre.

En tout 17 B-26 pour protéger les parachutages des C-119.

15 h 15

Largage de bombes. Patrouille de 4 B-26 Cinzano Gris — commandant EMERY — dégagent à droite à cause des cumulus Le lieutenant LABAT — numéro 3 de la formation sur le B-26 n° 44-34496 — vire à gauche et est perdu de vue par la formation.

Il annonce à la radio :

Gris leader de 3, je suis atteint par la DCA. J’ai un trou dans le plan droit et je perds de l’altitude.

Le Leader répond :

Gris 3 de leader, si vous perdez de l’altitude cap au Sud. Si ça tient Hanoï.

30 secondes après, ordre de sauter diffusé à la radio au second-maitre mitrailleur DAIGNÉ, sergent navigateur-bombardier COUTURIER.

Plus de contact radio avec le B-26 (n°44-34496 – 19. IH) en mission sur le camp retranché de Diên Biên Phu est atteint par la DCA ennemie et s’écrase au sol. Le SM DAIGNÉ ainsi que ses deux camarades de l’armée de l’Air, le lieutenant LABAT et le sergent COUTURIER, sont tués. D’autres sources indiquent que DAIGNÉ aurait pu sauter en parachute pour être ensuite mortellement blessé par l’éclatement d’un obus de mortier après avoir atterri. Pendant la campagne d’Indochine, un certain nombre d’équipages de l’aéronautique navale ont été détachés dans des groupes de bombardement de l’armée de l’Air. Le SM1 mécanicien volant Marcel DAIGNÉ est ainsi affecté au GB 1/19 Gascogne.

Presque en même temps, le B-26 piloté par le sergent SAVORIN de Cinzano Vert du capitaine DESPOUY est sévèrement touché par la DCA l’empennage horizontal arrière droit. Indemne l’équipage arrive à rejoindre Cat Bi (Sous-lieutenant navigateur ROUBION et sergent mécanicien mitrailleur DELEURME).  

Le parachutage des C-119 est interrompu à cause du vent mais le C-119 n° 187 est touché au moment de la remise de gaz. Un obus arrache le gouvernail de direction de droite et un volet de capot, les autres volets sont bloqués et le moteur droit perd abondamment son huile. Il parvient de rallier Cat Bi. Le C-119 n° 545 largue un groupe électrogène lourd.

Les B-26 suivants poursuivrons les recherches jusqu’à 16 h 30.

16 h 40

4 C-119 se présentent sur Diên Biên Phu. Obéissance insuffisante aux ordres donnés par la gonio pour cap et GO de largage. Le 4e largue sans ordres et sur axe refusé par la GONIO. Largage effectué par charge entière et non par tiers de charge comme prévu pour les largages à haute altitude. 3 largage sur 4 hors du centre de résistance. Sur les 3 aucun n’est récupérable par nous. Ordre de QRF donné par la GONIO les parachutages étant impossibles dans de telles conditions de travail.

17 h 20

Harcèlement et contre-batterie. 3 à 4 coups simultanés. Renouveau activité vers 17 h 00 puis calme jusqu’à 02 h 00 du matin. Pendant l’attaque sur HUGUETTE 4 harcèlement et contre-batterie sur le CR et ISABELLE activité moyenne. Consommation : 600 coups de 105 mm et 200 coups de 120 mm. 81 mm très nombreux pendant les 24 dernières heures. DCA faible activité mais très précise. DCA activité moyenne pendant le parachutage de nuit.

Batteries ennemies actives dans région de a. Position ANNE-MARIE et UF probablement. Harcèlement de ISABELLE pendant l’attaque de Huguette 4 venant du Nord Est pratiquement YH et TV.

DCA 37 mm positions actives région 37/37. En 9/37 quatre pièces. 8/37. Région BÉATRICE nombre inconnu. Petit calibre DCA sur la face Est de la cuvette.

Région ANNE-MARIE et GABRIELLE. Fumée et lueurs observées région ANNE-MARIE et Nord vers UF.  BBG sur UF tombées sur GABRIELLE résultat inconnu.

18 h 00

Fin du parachutage des C-119 à haute altitude particulièrement mauvais — presque la totalité chez le Vietminh. Sur la journée 38 avions ont décollé, 15 ont fait demi-tour et 23 ont largué. La météo est extrêmement défavorable.

Bilan des parachutages de la nuit du 3 au 4 mai et journée du 4 mai : 69 tonnes larguées – pertes totales 25 tonnes.

Situation GONO

Vivres : 3 jours

Munitions  :

Artillerie

       
Diên Biên Phu : 105 HM2 : 3 UF / 155 HM1 : 1,8 UF / Mortier de 120 : 1,1 UF.
       
ISABELLE : 105 HM2 : 2,3 UF
   
Infanterie : situation dépôts inchangée.

8e BPC pertes : 4 tués 4, 1 blessé.

1er BEP – pertes amies : 1 homme de troupe autochtone tué.

Poursuite du harcèlement par salves de batteries.


Source : https://theatrum-belli.com/

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 31%20(19)


___________________________________ ____________________________________

Sicut-Aquila

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Cocoye10 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120

« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

Michel et marienneau jean-michel aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas
Commandoair40
Admin
Admin
Commandoair40


Masculin
Nombre de messages : 28763
Age : 77
Emploi : Français Radicalisé .
Date d'inscription : 07/11/2014

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Empty
MessageSujet: Re: "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"   "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Icon_minitimeDim Mai 05 2024, 19:13

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Dien-b13

DIÊN BIÊN PHU : Journal de marche du 5 mai 1954

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Soldat-2048x1703

Nuit du 4 au 5 mai

18 h 54


L’attaque sur HUGUETTE 4 semble avoir mis en feu 7 bataillons dont 5 en échelon d’attaque. Des écoutes radio donnent comme unités ayant participé à l’action 36/308 au complet, un groupement de 3 bataillons : 88 et 102 de la division 308 et 1 bataillon de la division 312. Appui feu par le 34 de la division 351.

Au début de matinée le VM semblait être désorganisé. Les pertes seraient très lourdes. Lorsque les pertes sont annoncées TINH commandant l’opération est remplacé par HA.

Pendant l’opération de très violents bombardements du camps retranché sur la zone des batteries et du PC puis harcèlement en cours de journée. Consommation 600 de 105 mm, 200 à 300 de 120 mm les 75 et 81 mm très nombreux les chiffres sont impossible à déterminer.

Prisonniers capturés le 2 mai à ISABELLE rapportent les mots du commissaire politique qui a annoncé que la bataille de Dien Bien Phu durera sans limitation de temps. Tactique employée est le grignotage du dispositif.

19 h 00

Quatre Privateer bombardent l’objectif 22/37 sur lequel ils larguent 44 bombes Lazy Dog et quatre bombes de 250 livres.

20 h 47

1269 blessés à évacuer : 485 couchés et 784 assis.

Le soir

Le général DE CASTRIES après sa visite à l’hôpital envoie un message :

La situation des blessés devient de plus en plus tragique. Ils sont empilés les uns sur les autres dans des trous complètements remplis de boue et manquant de toute hygiène. Leur martyre s’aggrave de jour en jour.

3 C-119 sur 8 partis arrivent à parachuter leurs six tonnes

La pluie continue les abris s’effondrent, les tranchées sont inondées.

Bilan des largages nuit du 3 au 4 mai et journée du 04 mai :

Diên Biên Phu : nuit du 3 au 4 mai : 2 C-119

Journée du 4 mai : 4 C119 dont 3 hors DZ et 6 C47.
       
Total fret largué : 46,7 t
       
Total fret utilisable : 25,9 t
       
Total fret inutilisable : 20,8 t soit 44% par 3 C-119 hors DZ – 16 torches et 27 ouvertures prématurées sur C-47.

Isabelle : 10 C-47
       
Total fret largué : 22 t
       
Total fret utilisable : 17,7 t
       
Total fret inutilisable : 4,3 t, soit 20 %

Conclusion :

Sur 68,7 tonnes larguées dont perte totale 25,1 tonnes, soit 36.5 %.

Une partie de la 4e compagnie du 1er BPC la CCH et le commandant d’unité sautent à son tour dans la nuit du 4 au 5 mai.

Ces derniers sont envoyés en renfort de la 2e compagnie du 2/1 RCP sur Eliane 4.

BAZIN DE BEZONS se présente à LANGLAIS et BIGEARD, il est mécontent :

— Qu’est-ce qu’on nous envoi foutre ici, c’est perdu et mes hommes sont fatigués !

— Ferme-la ! jette BIGEARD.

— On ne vous demande pas votre avis, on vous demande juste de vous faire casser la gueule avec nous ! conclut LANGLAIS.


Isabelle 5 – PA WIÈME :

Nuit de combat acharnés, assauts successifs lancés par les Viets une bonne partie de la nuit. Le colonel LALANDE demande de tenir jusqu’à l’arrivée des chars qu’il envoie. C’est grâce à leurs canons, leurs mitrailleuses et à l’artillerie que les Viets, cette nuit-là, ne peuvent prendre pied sur ISABELLE 5. La nuit a coûté cher les hommes sont complètement épuisés, crevés. Mais pas question de se reposer, il faut se réorganiser et se préparer aux nouveaux assauts.

22 h 00

Perte journée ISABELLE :

2 tués, 30 blessés dont capitaine PICARD et lieutenant JOURBIER.

Din Bien Phu : 14 tués dont capitaine CHAUNET et lieutenant DE PAILLERET, 58 blessés et environ 150 disparus dont lieutenant PERRIN.

ISABELLE :

Une opération d’aération vers l’Ouest permet de reboucher des tranchées VM.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Carte-Albatros-Condotr
Carte opération Albatros – Condor.

00 h 00

Poursuite du harcèlement.

La pluie tombe comme un déluge jusqu’à midi.

Les gros orages de la nuit ont gêné l’activité, mais 74 hommes du 1er BPC ont pu être largués.

Les pilotes de la CAT acceptent de reprendre les vols, mais larguent seulement sur ISABELLE ou la DCA est la moins forte. L’axe de largage Nord-Sud est plus compliqué et plus dangereux dans les évolutions.

Deux C-119 seulement arrivent à larguer correctement. 37 % des 78 tonnes livrées est perdu. Les C-119 n° 537 et 155 larguent chacun un groupe électrogène lourd.

02 h 00

Largage prévu de 6 C-119 de matériel et de 13 C-47 pour 260 hommes.

Le largage de personnel se déroule favorablement. 5 avions ont parachutés 74 hommes. 3 C-119 sont restés au sol pour raison mécanique 1 C-119 a fait demi-tour mécanique.

04 h 00

Poursuite du harcèlement. Mauvaise visibilité rend impossible continuation du largage de personnel.

06 h 00

Le harcèlement se poursuit.

Mercredi 5 mai

08 h 00


La pluie n’a pas cessé de tomber toute la nuit.

Le Génie agrandi l’hôpital et creuse de nouveaux dépôts souterrains.

La 21e Cie du 31e Génie continue et continuera jusqu’au bout de fournir de l’électricité à tous le camp retranché.

Jusqu’au dernier jour les transmissions fonctionneront à Diên Biên Phu.

Les harcèlements d’artillerie ont continué de part et d’autre à cadence réduite. Nos batteries sont maintenant harcelées par des armes automatiques.

Recrudescence de la DCA légère.

Les pluies continuelles occasionnent l’inondation des tranchées et l’éboulement des abris. La situation des blessés est en particulier de plus en plus tragique. Entassés pour la plupart, dans des trous boueux sans hygiène, ils voient chaque jour leur martyr augmenter.

10 h 00

De nombreux abris effondrés par la pluie. Tout mouvement pratiquement impossible.

Stocks de munitions :

2 600 coups de 105.  
   
40 de 155.  
   
1 180 de 120.

L’artillerie va bientôt manquer de munitions si les tirs continuent à ce régime.

Effectifs du GONO arrêtés au mercredi 5 Mai derniers chiffres valides

Valides et blessés légers :

288 officiers, 1 116 sous-officiers, 6 316 hommes de troupes, 438 supplétifs. Total : 8 158.
   
Blessés à évacuer :

1 444, dont 1 282 sur Diên Biên Phu et 162 sur ISABELLE et non triés : 531.

Total 10 138

Après le 5 mai les chiffres ne sont plus mis à jour : 1 412 Français, 2 607 Nord-Africains, 247 Africains, 2 969 légionnaires, 3 578 autochtones, Total : 15 104.

Renforts parachutistes largués :

1 169 Français, 527 Légionnaires, 1901 autochtones.

Renforts largués non parachutistes :

215 Français, 30 Nord-Africains, 435 légionnaires, Total : 680.

Tués :

1 142  dont 54 officiers, 176 sous-officiers et 912 hommes de troupe.

Disparus :  

1 606 dont 46 officiers, 158 sous-officiers et 1 402 hommes de troupe.

Déserteurs :  "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 159551

1 161 dont 907 supplétifs.

Valides et blessés légers :

288 officiers, 1 116 sous-officiers, 6 316 hommes de troupe et 438 supplétifs.

303 blessés ont pu être évacués par avions et hélicoptères.

1 444 blessés à évacuer répartis en 903 assis, 541 couchés plus 531 blessés non triés provenant des combats du 4 mai.

En tout : 1 975 hommes.

Mais 4 436 hommes ont été signalés blessés soit 44 % de l’effectif 117/520/3802 mais en plus un certain nombre ont simplement été pansés et ont rejoint leurs unités sans être enregistrés parmi ceux la certains ont été blessés plusieurs fois.

2 665 hommes sont entrés dans les antennes chirurgicales dont 934 ont été opérés.

Effectif total 10 133.

Les  combattants de 1re ligne sont moins d’un 1/3, soit environ 3 377.

Au total le 1er BPC saute à 287 hommes en plusieurs nuits avec 177 Français et 110 autochtones réguliers. 13/41/233.

Arrivée prévue Indochine prévue de 400 appelés volontaires pour servir, par avion par les forces américaines Globe master de la 322e US Air Force.

3e BEP  18/50-70/320 embarqués sur le Pasteur arrivée attendue le 22 mai en Indochine

Un bataillon de tirailleurs algériens en attente de départ en Algérie.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Situation-au-5-mai-54
SHD : photo aérienne de la situation au 5 mai 1954.

11 h 00

74 hommes du 1er BPC largués la nuit rejoignent ELIANE 3. Lieutenant JULIEN, capitaine PENDUFF, avec une partie de la section de commandement du bataillon. De leurs poches, ils sortent du courrier et des bouteilles plates de Cognac.

12 h 00

De nombreux abris continuent à s’écrouler. Reprise du harcèlement.

POUGET sur ELIANE 3 reçoit par agent de liaison l’ordre, en laissant ELIANE 3 aux rescapés du 4e RTM du capitaine NICOD, de prendre la direction d’ELIANE 2  pour relever le reste de la 1/13e DBLE.

— « Vous prenez le commandement du point d’appui avec la 2e et 3e Cie du 1er BPC. »

Montée du 1er BPC de POUGET vers ELIANE 2 dans la boue. Derniers mètres sous un tir de mortier.

POUGET :

« J’avançais lentement, la boue collait aux jambes et il fallait faire un effort à chaque pas. Dans la tranchée couverte avec des meurtrières les Viets étaient à 5 m nous échangions par nuit près de 5 000 grenades en haut de ELIANE 2. »


Relève du capitaine COUTANT, chef du service social de la Légion étrangère, devenu chef du 1er Bataillon depuis la chute de BÉATRICE, volontaire alors qu’il devait repartir après une mission de 48 heures. La Cie EDME du 1er BPC, qui a sauté le 2 mai, est face à l’Est et au Sud point le plus inconfortable avec les tranchées ennemies à 5 m.

Nécessité de 3 000 grenades à main par nuit.

Les légionnaires partent.

Neuf Dakota du Franche-Comté larguent sur Diên Biên Phu dont le Yankee Bravo qui largue des munitions sur ISABELLE.

POUGET atteint ELIANE 2 pour relever les légionnaires.

Une odeur permanente :

1 500 Viets sont enterrés sur la colline.

Le char BAZEILLE est toujours sur la colline immobilisé définitivement depuis le 1er avril et s’enfonce dans le sol. Il sert de blockhaus.

La 3e cie du 1er BPC relève les éléments du 1/13e DBLE où se trouve depuis la veille la compagnie Edme sur ELIANE 2. Pouget prend le commandement de ELIANE 2 avec 2e et 3e Cie du 1er BPC.

Le capitaine COUTANT de la 1/13 DBLE avait préparé son sac mais décide de rester avec POUGET la nuit pour passer les consignes.

Dans les racines du grand flamboyant un gros blockhaus protège le chemin de ravitaillement et de replis par ELIANE 3.

L’ennemi a creusé une longue tranchée au pied de la pente Ouest de ELIANE 2 vers le blockhaus du flamboyant et arrive à 10 m malgré les dix rebouchages des légionnaires.

3 volontaires de la mort (équipés d’une charge de 25 à 30 kilos de TNT, fixés sur la poitrine par des courroies. Un bouchon allumeur a pression fait saillie à l’avant, prêt à fonctionner, au premier contact avec un corps dur) gisent devant le blockhaus.

13 h 45

Quatre B-26 Martini Bleu du capitaine BEAUMONT décollent.

14 h 00

L’artillerie de ISABELLE prend à partie un gros assemblement de troupes VM à l’Est de ELIANE 1.

Les chars sont appelés à la rescousse avec l’ETTLINGEN et le POSEN et prennent position sur le flanc de ELIANE 4 pour tirer sur nos anciennes positions DOMNIQUE 3 et ELIANE 1 qui menacent les Thaïs du BT2 et les paras d’ELIANE 10 et 12.

15 h 00

Martini Bleu sur Diên Biên Phu bombarde malgré les nuages l’objectif 08/37. Au retour Bleu 4 mène une reconnaissance armée sur la RP 41.

15 h 30

Martini Rose :

4 B-26 du commandant DAGAIN largue une trainée de 42 bombes de 250 livres sur une batterie de DCA située à l’ouest de la piste.

17 h 00

Un Bearcat de l’EROM 80 (pilote lieutenant ROY) se présente à Gia Lam touché par la DCA au nord de Thaï Nguyen. L’aileron est arraché. Il tente de se poser mais l’avion s’abat sur la droite, l’aile touche le sol, l’avion se retourne et passe sur le dos. Le pilote est tué.

18 h 00

Harcèlement sur l’ensemble de la position à tous calibres. Largage des C119 commencent particulièrement mal en dépit de l’absence presque complète de DCA. 41 avions ont décollé sur la journée, 4 ont fait demi-tour, 37 ont largué.

Bilan des parachutages de la nuit du 4 au 5 mai et journée du 5 mai : 94 tonnes larguées – pertes totales 29 tonnes.

Pertes du 8e BPC :

Tués : un caporal, un 1ère classe, un 2e classe.
   
Blessés : Trois 2e classe, un 1re classe, un caporal.

Pertes du 1er BEP :

1 homme de troupe européen tué.
   
5 hommes de troupe européens blessés.

Le soir

ELIANE 2 :

Les légionnaires sont partis. Ce sont les 2e et 3e Cie du 1er BPC EDME et 2e Cie face Est et Sud ; POUGET avec la 3e au sommet.

État de l’artillerie lors du CR journalier du soir :

Obusiers de 105 mm : 18
   
Obusiers de 155 mm : 1
   
Mortiers de 120 mm : 15

À la nuit – Cat Bi :

Des bombardiers décollent individuellement pour attaquer la RP41. En vol entre 5 000 et 8 000 pieds. Ils recherchent les phares des colonnes de véhicules sur les axes de circulation. Équipés en bombes de 250 ou 500 livres à fragmentation équipés de fusées VT (Variable Time) (radio altimètres alimentés en courant électrique par un moulinet à l’avant de la fusée et réglées pour éclater à quelques mètres du sol en projetant une gerbe d’éclats).

Bilan des parachutages nuit du 04 au 05 mai et journée 05 mai :

Diên Biên Phu :
       
Nuit du 04 au 05 mai : 2 C-119
       
Journée du 05 mai : 4 C-119 dont 2,5 hors DZ 6 C-47.
       
Total largué 46,2 t.
       
Total fret utilisable : 24,6 t.
       
Total fret inutilisable : 21,6 t, soit 47 %
   
Isabelle : 3 C-119, 14 C-47

Total fret largué : 47,3 t.
       
Total fret utilisable : 39,6 t.
       
Total fret inutilisable : 7,7 t, soit 19 %.

Conclusion :

Sur 93,5 t larguées, perte totale 29,3 t (31 %) – 47 torches et 32 ouvertures prématurées.

Source : https://theatrum-belli.com/

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 31%20(19)

___________________________________ ____________________________________

Sicut-Aquila

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Cocoye10 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120

« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

81/06, Michel et marienneau jean-michel aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas
Commandoair40
Admin
Admin
Commandoair40


Masculin
Nombre de messages : 28763
Age : 77
Emploi : Français Radicalisé .
Date d'inscription : 07/11/2014

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Empty
MessageSujet: Re: "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"   "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Icon_minitimeLun Mai 06 2024, 21:24

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Dien-b13

DIÊN BIÊN PHU : Journal de marche du 6 mai 1954

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Soldats-dans-la-boue

Nuit du 5 au 6 mai

Sur HUGUETTE 2 et 3, les Viets sont contrés par le Bataillon de Marche Etranger Parachutiste : 160 spectres se dressent pour un ultime baroud.

18 h 25

Mouvement signalé sur la face Est du CR pris à partie par l’artillerie.

Harcèlement de la position avec une consommation de 100 obus de 105 mm, 100 de 120 mm, 100 de 75 mm et de très nombreux 81 mm.

DCA :

Légère activité au cours de la nuit inactive au cours des parachutages de l’après-midi.

19 h 30

Décollage des C-119 pour le ravitaillement.

20 h 00

Activité moyenne batterie DCA 37 mm Ouest et en particulier 37/37. Activité moyenne 12.7 mm à l’Est. Neutralisation de notre artillerie par tirs directs de 57 mm et 75 mm SR. Origine DOMINIQUE 4 et Nord DOMINIQUE 3. Activité de batteries VM en YF et XF et une position au Nord Est non précisée.

21 h 30

Un B-26 du Tunisie s’envole pour bombarder différents points avec 12 bombes de 250 livres VT.

21 h 38

1 282 blessés à évacuer : 479 couchés, 803 assis.

22 h 00

Harcèlement nourri des positions. Largage de C-119 en cours.

Bilan de la journée :

ISABELLE : 7 blessés.
   
Diên Biên Phu : 14 tués, 48 blessés ; tous par harcèlement. 2 déserteurs au 1/4e RTM.

22 h 14

Le C-119 n° 184 du GT 2/64 Anjou piloté par le capitaine AUMONT, en sixième position est touché par la DCA, un obus arrache le gouvernail de direction droite et bloque la timonerie. Le moteur droit est atteint par un projectile qui enlève un volet de capot moteur, bloque les autres et déclenche une fuite d’huile. Il parvient à regagner Haiphong.

00 h 00

Mouvements suspects à l’Est d’ELIANE et vers HUGUETTE 4.

Les largages de six C-119 semblent corrects jusqu’ici.

01 h 00

De jeunes paras se préparent à Gia Lam et Bach Maï. 118 hommes embarquent dans six Dakota. Le NX du Sénégal – capitaine ROUGIER – en dernière position.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Situation-6-mai-54
SHD : photographie aérienne de la situation au 6 mai 1954.

02 h 00

Largage des C-119 terminé.

Le plus gros parachutage de ravitaillement depuis le 1er mai.

Les pilotes civils ont repris les missions (25 C-119 et 25 C-47). 196 tonnes larguées.

Le ravitaillement tombe en grande partie en dehors du périmètre.

8 C-119 : largages bons, 1 non observé. Largage de personnel en cours.

Poursuite du harcèlement.

Entre 02 h 43 et 03 h 50

Cat Bi : 5 C-119 décollent pour ravitaillement en munitions. 3 arrivent à parachuter correctement.

03 h 45

Le Dakota NX du capitaine ROUGIER en attente au nord d’ISABELLE. Le premier stick est prêt.

L’avion descend en spirale sans radio dans le noir vers les lumières de la DZ. Le largage débute sous les tirs et le vacarme.

Les missions Banjo parachutent le capitaine DE BAZIN DE BESONS, suivi de son PC, d’une partie de la CCB et de quelques éléments de la 4e compagnie du capitaine TREILLOU. LANGLAIS les envoie aussitôt sur ELIANE 4, en appui de la 2e compagnie du II/1er R.C.P.

04 h 00

Accalmie. POUGET fait un tour sur ELIANE 2 où il restait 35 hommes.

1 500 morts Viets pourrissent autour d’ELIANE 2. Le capitaine COUTANT est parti.

Capitaine ROUGIER :

Dernière mission de parachutage le 6 mai.

51e mission sur Diên Biên Phu. Largage de jeunes parachutistes.

DCA : violence considérable, équivalente à Stalingrad.

DZ de la taille d’un terrain de tennis ; max 40 à 50 m.

Sur 4 appareils, 2 font demi-tour avec leurs paras.

Plusieurs passages nécessaires car temps de largage de quelques secondes.

Reste 9 paras à larguer. L’avion est encadré par la DCA et reçoit l’ordre d’arrêter le largage. « Ne repassez pas, vous allez vous faire descendre », ordonne Torri Rouge à la radio.

L’avion reprend de l’altitude puis quitte la zone dangereuse. À l’aube, retour à Gia Lam.

04 h 12

Début du parachutage des hommes les C-47 tournent en rond puis piquent et larguent 4 ou 5 hommes et reprennent de l’altitude  des hommes de toutes les Cies du 1er BPC. 94 hommes du 1er BPC, la compagnie de commandement et une fraction de la 4e compagnie (capitaine TREILLOU) ont sauté avec le chef de bataillon.

Un seul blessé, le capitaine Guy BAZIN DE BESONS, commandant le bataillon. À peine au sol, un obus ennemi lui fracasse la cuisse. Le capitaine Jean POUGET le remplace.

Assez vive réaction de la DCA.

05 h 20

Fin du largage. 94 hommes ont été largués par 9 Dakota. Ce sont les derniers hommes largués. Les Dakota MS (6 sauts) et NX (9 sauts) sont les derniers à larguer des hommes.

Jeudi 6 mai

06 h 00

Poursuite du harcèlement. Météo Bonne.

La 1re Cie repart au complet. Le lever du jour ne permet plus de larguer.

En 4 nuits, 383 parachutistes ont été largués sur les 876 dont 155 Vietnamiens sur 383.

Effectif du 1er BPC largué :

402 dont 160 Vietnamiens.

Le Génie pose un nouveau plancher sur le pont Bailey et recouvre aussi le pont de bois.

Les C-119 prennent de l’altitude et larguent chez l’ennemi.

La 3e Cie du 1er BPC a été parachutée.

Les chars sont envoyés sur la face Est assurant la protection d’ELIANE 4, 10 et 12.

Tous les abris et blockhaus d’ELIANE 3 sont occupés par environ 300 blessés.

74 hommes du 1er BPC sont parachutés de nuit.

L’artillerie française n’a plus que deux heures de feu intensif.

Tentative Viet sur ELIANE 3 est repoussée par le 6e BPC.

Le Viet Minh aménage les positions conquises ELIANE 1 et DOMINIQUE 3.

Une attaque plus sérieuse contre HUGUETTE 3 et HUGUETTE 5 est contenue par le BEP. Deux contre-attaques pour nettoyer les tranchées sont nécessaires.

Le Viet Minh a tenté plusieurs coups de main contre les blockhaus d’ELIANE 2.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Avancees-ennemies
SHD : Photographie aérienne – avancées ennemies le 6 mai 1954.

Une grande offensive se prépare sur les photos des tranchées à partir de DOMINIQUE 3 vers les Eliane.

Des tranchées grignotent le sud de ELIANE 2 depuis le Mont Chauve.

Fin du perçage de la galerie de mine sous ELIANE 2 à 47 m de long.

Au matin essai des lance-roquettes H6.

Au matin

La sortie Albatros semble possible et la moins mauvaise solution. L’observation aérienne, les dernières photos de l’EROM 80, larguées sur le PC GONO, montrent une seule tranchée viet en travers de l’itinéraire sud.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 GIAP-et-son-etat-major
GIAP et son état-major.

10 h 00

Intensification du harcèlement en particulier sur ELIANE 4, 10, et 12.

Pouget sur ELIANE 1 finit le tour du point d’appui.

La position est forte mais il manque au moins une Cie pour la tenir solidement. Les 200 hommes du 1er BPC laissent entre eux des points faibles.

Bombardement d’avions sur DOMINIQUE 1 et 2 et tirs roquettes sur ELIANE 1.

La pluie s’est arrêtée.

Les chars reviennent sur leur position pour se préparer à la sortie.

Jamais autant d’avions sur Diên Biên Phu :

47 B-26,
   
18 Corsair,
   
26 Bearcat,
   
16 Helldiver,
   
5 Privateer, arrivent à museler la DCA.

Condor s’approche et l’on attend les discussion et le cessez-le-feu de Genève.

Prévision de la grande attaque connue par le Renseignement (2e Bureau).

Le capitaine HERVOUËT, les 2 bras cassés, demande à être déplâtré.

Renseignements :

Aucune opération d’infanterie dans la journée du 5 et la nuit du 5 au 6. Faute de munitions, nous avons dû restreindre l’activité de notre artillerie.

L’artillerie et les mortiers, mais surtout les canons de 75 SR de l’adversaire, nous ont causé des pertes augmentées du fait que les parois des tranchées et abris ont perdus toute solidité à la suite des pluies. L’ennemi a continué inlassablement à aménager le terrain, principalement sur DOMINIQUE 3 autour des ELIANE et au Sud de ELIANE 2.

9 C-47 se sont présentés ; 8 ont largué. 94 hommes seulement sont arrivés au sol ; chaque avion ayant dû faire 3 ou 4 passages. Il semble que le faible rendement soit dû à une sortie trop lente des parachutistes.

Ravitaillement :

La moyenne des largages a été bonnes au cours de la nuit dernière. Mais au cours de la journée d’hier, les largages à haute altitude ont profité en majorité aux VM. Les erreurs commises ont parfois dépassé le kilomètre. Les ouvertures retardées fonctionnent avec toujours autant d’irrégularité. Les colis sont donc très dispersés et il est rare qu’une cargaison touche terre en totalité sur le CR.

La DCA ne s’est pas manifestée au cours de la journée. Elle a été plus active que jamais au cours d’une partie de la nuit.

Conclusion :

Le resserrement du dispositif VM se poursuit rapidement. Il se manifeste surtout par la mise en place d’une DCA diminuant peu a peu le rendement de notre ravitaillement par air, et la mise en place d’armes à tir tendu, très bien protégées, sur les positions dominant le CR principal, a très courte distance.

Tout mouvement devient donc difficile, en particulier la récupération du ravitaillement largué, la liaison avec certains PA devient impossible de jour par temps clair.

Je demande l’intervention de la chasse à la bombe sur DOMINIQUE 1 et 2 et aux roquettes à charge creuses sur ELIANE 1.

LANGLAIS :

Je sors de l’abri accompagné de BIGEARD. Il fait exceptionnellement beau, l’artillerie Viet s’est tue Nous décidons d’un commun accord d’aller faire un tour chez le commandant BRÉCHIGNAC sur ELIANE 4. Je prends en passant à mon abri, dont le toit fond doucement en ruisselets de boue sur mes belles tentures tricolores de parachutes, une bouteille de cognac miraculeusement arrivée la veille ; et tous deux nous montons vers ELIANE 4 par les belles tranchées modèle 14-18, creusées quinze jours auparavant par le 6e BPC.


Les chars reviennent à leurs positions. Le DOUAUMONT, proche d’Epervier et à une dizaine de mètres des pièces d’artillerie, est régulièrement l’objet de tirs d’artilleries qui arrosent intensivement.

11 h 30 à 12 h 00

14 B-26 se relaient pour assurer la protection de 12 C-119 en parachutage de ravitaillement.

Une formation composée de 3 appareils du Gascogne mitraille une batterie de 37 mm (la 24/37) et la partie Ouest d’ISABELLE qui grouille de Vietminh. Suivi d’une formation de 3 B-26 Martini Rose qui largue 34 bombes de 250 livres VT à l’Ouest de la piste d’aviation sur l’objectif 37/37 et exécutent 15 passes de straffing pour couvrir les transports.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Langlais
LANGLAIS (1909-1986).

LANGLAIS :

Une formation de Packet arrive du Sud. Les avions volent hors de portée de la DCA et larguent leur cargaison de vivres et de munitions à 3 000 mètres avec des parachutes à ouverture retardée. Mais à cette altitude, il n’est pas facile de mettre au but dans une DZ réduite à un kilomètre carré. Nous nous arrêtons un moment pour les observer : le premier avion largue à la verticale du PC ; les colis s’éparpillent en une multitude de points noirs, tombent en chute libre durant trente secondes et c’est le crépitement semblable aux rafales de DCA du système pyrotechnique qui libère les voilures. Les deuxième et troisième avions larguent dans les mêmes conditions. Nous suivons des yeux, angoissés, la descente des parachutes ; les premiers et les deuxièmes largages sont bons ; le troisième chez l’ennemi C’est la proportion normale admise ; d’ailleurs le problème du ramassage qui ne peut se faire que de nuit et à dos par les combattants exténués, est aussi critique que celui de la précision des largages.

Dès la fin du dernier largage de 6 tonnes des C-119, deux Privateer (enseignes de vaisseau BOULIER et MONTGUILON) en provenance de Vientiane au Laos bombardent une batterie de DCA située au Nord-Ouest.

6,27 tonnes de munitions d’infanterie sont parachutées. 46,26 tonnes de projectiles d’artillerie (comprenant l’approvisionnement des mortiers de 120). Les munitions sont parachutées déjà armées pour des coups prêt à l’emploi.

5 C-119 font demi-tour sans avoir largué.

Le C-119 n° 155 largue hors de la DZ.

Au total, sur la journée du 6 mai, 60 avions ont décollé, 10 avions ont fait demi-tour et 50 ont largué.

11 h 35

Trois B-26 du Gascogne – indicatif « Cinzano Rouge » – bombardent DOMINIQUE 1 à la 500 livres puis sur ordre de Torri Rouge mitraillent l’Est de ELIANE 1.

Aussitôt 2 B-26 « Cinzano Blanc » enchaînent le bombardement de FRANÇOISE.

11 h 40

Renseignements – Document Vietminh :

Nos projets actuels consistent à laisser un élément continuer l’encerclement et le combat à Diên Biên Phu, et en même temps à préparer 2 à 3 régiments mobiles prêts à faire face à toutes circonstances.

12 h 00

Mission photo RB26 couleur noir – capitaine GESLIN – HV526 – 4 050 m – photos de la cuvette couverte de cratères de tranchées et de nombreuses corolles de parachutes.

Poursuite du harcèlement. Au cours de la nuit 50 pertes par harcèlement sur face Est du CR principal. Une attaque VM est possible depuis plusieurs jours. Les travaux VM se rapprochent de ELIANE 2 et 3. Parachutages C119 meilleurs que le 5 mai.

LANGLAIS :

Après vingt minutes de marche, nous arrivons au PC du commandant BRÉCHIGNAC. C’est une espèce de grotte creusée dans les pentes ouest de la colline ELIANE 4. BRÉCHIGNAC et BOTELLA dirigent la défense des ELIANE depuis une sape d’ELIANE 4.

Fin de matinée

La 4e Cie du 1er BPC du capitaine TREILLOU (qui avait été parachuté avec la cheville plâtrée) reçoit l’ordre de monter sur ELIANE 4.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Situation-des-unites-le-6-mai-54
Situation des unités le 6 mai 1954.

Extrême nord : le chef de bataillon TOURRET, avec les survivants du 8e choc Epervier, tient DOMINIQUE 4 et le PA sans nom du fossé d’écoulement.
   
Au nord-ouest : le chef de bataillon GUIRAUD avec 160 hommes du bataillon de marche parachutiste de la Légion ; les derniers lambeaux des HUGUETTE 2 et 3.
   
A l’Ouest : le chef de bataillon NICOLAS teint Lily 1 et 2 avec des légionnaires et ses tirailleurs marocains.
   
Au Sud-Ouest : le chef de bataillon CLÉMENÇON garde CLAUDINE.
   
Au Sud : le capitaine aviateur CHARNOD et le capitaine DULUAT tiennent  JUNON et le CR Hôpital avec la quadruple de 12.7 du lieutenant REDON qui arrose également le flanc sur des Champs Elysées d’ELIANE 2, avec le détachement de l’armée de l’Air de la petite Cie Thaïs Blancs de l’ancienne unité de DULUAT et du reste de la 1/13e DBLE du chef de bataillon COUTANT.

Mission de défense d’ELIANE en cas de catastrophe ainsi que 602 blessés dans les abris de Junon à proximité du cimetière.

Sur ELIANE :

ELIANE 4 : BRÉCHIGNAC et BOTELE des restes du 5e BPVN et du 2/1 RCP sont regroupés face à l’Est. Deux Cies du 1er BPC, la Cie de commandement la 4e sont face au Sud-Est, la section « mortiers » du Bawouan, installée au sommet d’ELIANE 4 et composée alors d’une dizaine de paras vietnamiens.
   
ELIANE 2 : Le 1er BPC du capitaine POUGET (la 3e Cie et la 2e Cie du capitaine EDME) tient le Sud.
   
ELIANE 3 : Les légionnaires du 1/13 DBLE et une section du I/4 RTM renforcé par le reste des légionnaires de JUNON.
   
Au total sur ELIANE Haut, 750 paras sans possibilité de renfort avec peu d’appuis feux et de munitions.
   
ELIANE Bas :  Entre collines et rivière, le point d’appui ELIANE 3 est tenu par deux grosses sections de parachutistes du 6e BPC. Les restes des 1re et 2e compagnies : LE PAGE s’accroche sur les rives de la Nam Youm, TRAPP le long de la RP41. Le point d’appui est aménagé comme un hérisson indépendant. Au centre, l’antenne chirurgicale secondaire où s’entassent quelques 300 blessés des unités parachutistes de la Légion ; autour, les mortiers de 81 des bataillons paras, regroupés aux ordres du lieutenant Jacques ALLAIRE. Et pour boucler la périphérie, des boyaux où s’entassent pêle-mêle légionnaires de la 13e DBLE, blessés en état de marcher, Thaïs, Algériens, voire des PIM qui ont pris une place au combat.
   
ELIANE 11 et 12 : Le chef de bataillon CHENEL a des éléments du Génie, des Thaïs du BT2 et à des tirailleurs algériens.

Le noyau central est réduit à 135 hectares contre 480 hectares avant la bataille.

Dans la partie sud du réduit central, le point d’appui JUNON entre le PC du général DE CASTRIES et la rivière, occupé par les Thaïs Blancs du capitaine DULUAT, qui enserrent les mitrailleuses quadruples du lieutenant Redon, qui ont pris de flanc les Champs Elysées.

Deux points d’appui assurent la couverture nord : à droite de la piste d’aviation, Epervier où s’accroche les parachutistes vietnamien du capitaine Alain BIZARD, renforcés par des demi-sections du 8e Choc, et à gauche, HUGUETTE 2 et 3, sous les ordres du commandant GUIRAUD, avec une vingtaine de légionnaires parachutistes, moins de 50 Marocains et moins de 50 légionnaires du I/2e REI.

13 h 57

Il reste 5 386 combattants valides.

CR Diên Biên Phu : 1 282 blessés dont 479 couchés.
   
ISABELLE : 162 blessés dont 62 couchés.
   
TOTAL : 1 444

Effectif valide + blessés à évacuer 9 888 (Combattants valables infanterie + ABC : 5 386).

4e batterie : il reste 4 canons en état sur 4.

III/10 RAC : il reste 1 canon en état de tir.

Dans l’après-midi les guetteurs d’ELIANE 2 signalent l’arrivée par les tranchées de l’Est, de forts effectifs ennemis.

Appui aérien :

108 missions feu.

Appui direct :

3 Privateer, 28 B-26, 30 chasseurs dont 10 de la Marine.

14 h 00

Poursuite du harcèlement sur l’ensemble du CR en particulier sur la face Est. Attaque VM possible depuis plusieurs jours. Les Travaux VM se sont rapprochés de ELIANE 2 et 3.

Aviation du 5 mai 14 h 00 au 6 mai 14 h 00.

58 sorties combat dont 7 lucioles.
   
21 sorties sur la RP41 (Tuan Giao).
   
4 sorties sur la RP 13.

15 h 00

L’ordre d’attaque pour le soir, transmis aux régiments vietminh, y soulève un enthousiasme extraordinaire.

Des lignes du corps expéditionnaire, on voit à la jumelle, les hommes harangués par les commissaires politiques lève leurs casques et danse. On les entendrait presque chanter.

Le capitaine TREILLOU avec le lieutenant DUPIRE sont au PC du capitaine BAZIN DE BESONS sur ELIANE 4 pour renforcer les éléments valides du 2/1 RCP. Mission : prendre en charge le PA le plus en avant sur la face Nord-Est. Forte agitation chez les Viets.

La position est défendable, mais il faudrait du temps pour remettre en état les blockhaus et déblayer les tranchées envahies par la boue. DUPIRE, à peine installé, signale être pris a partie par mortiers. Les départs des canons sans recul atteignent la section. Demande de tir d’artillerie mais contre-batterie Viet de 105, mortiers lourds « orgues de Staline ».

15 h 15

Décollage de Cat Bi du C-119 n° 149 piloté par deux Américains de la CAT (James Bernard McGOVERN Jr et Wallace Abbot BUFORD) avec 4 largueurs dont le sous-lieutenant ARLAUX dont c’est la première mission. Chargement de 6 tonnes de munitions. 200 coups complets de 105 mm sur une série de 6 C-119 de la CAT qui décollent à la même heure.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 McGOVERN
McGOVERN (1922-1954).

Ses restes ont été découverts dans une tombe anonyme dans le nord du Laos en 2002. Ils ont été identifiés en septembre 2006 par des experts en laboratoire du commandement POW/MIA de l’armée américaine. Il a été enterré au cimetière national d’Arlington le 24 mai 2007. Le 24 février 2005, l’ambassadeur de France Jean-David Levitte a décerné à titre posthume la Légion d’honneur à McGovern, Buford et aux pilotes survivants du CAT au nom de la France pour leurs actions à Diên Biên Phu.


James McGOVERN Jr, ancien de la 14e Air Force, dont l’imposant gabarit (117 kg) lui a valu le surnom de Earthquake McGoon.

Arrivant pour un ravitaillement sur ISABELLE est touché par un violent tir de DCA.

Passage en deuxième position. Deux obus de 37 mm l’atteigne simultanément. Les largueurs désanglent et balancent la charge. Le moteur gauche gravement endommagé ; le réservoir fuit et la poutre droite est déchirée. Ils arrivent à s’éloigner en prenant de l’altitude vers l’Est, vers le Delta.

C-119 n° 185 : largage accidentel de 192 coups complets de mortiers de 81 mm.

Le leader de la formation pilote Steve KUSAK et Al POPE les guident pendant 40 minutes pour tenter un atterrissage d’urgence sur une piste de secours près de Muong Het au Laos proche.

16 h 00

Premiers indices d’attaque décelés sur toute la face Est et sur les CLAUDINE à la suite de la chute de HUGUETTE 4 (Lily 3)

Début du bombardement sur ELIANE 2. Une batterie de mortiers de 120 mm tire de derrière le Mont Chauve.  

ISABELLE :

Violent bombardement sur les positions d’artillerie. Les tirs détruisent coup sur coup 3 pièces de 105 mm.

Poursuite du harcèlement sur l’ensemble de la position avec une particulière intensité sur ELIANE 2 et 3 et sur les positions de batteries.

Contre-batterie systématique de nos positions des camps retranchés Nord et ISABELLE par 105 et 120 et armes SR. Harcèlement général au 120 mm. Tir de destruction sur blockhaus par armes SR. Tirs précis, faible consommation positions actives de zone SF et YF. Pièces Nord-Est non précisées. Position XH, 2 pièces de 105 a découvert mise en place de contre batterie, résultat non apparent. DCA légère recrudescence d’activité. Positions des 37 mm : 35/37, 36/37, 37/37, 25/37, 21/37. Durant le parachutage 7/37, 8/37. Position 9/37 active lors d’attaque sur objectif a proximité de GABRIELLE. Positions de 12.7 mm au Nord Est du camp retranché au Nord et Ouest de GABRIELLE.

16 h 40

Prévision de largage dans la nuit 133 hommes par 7 C-47. Le parachutage suivra le largage du matériel.

16 h 45

Il pleut.

Les chars DOUAUMONT et SMOLENSK effectuent les réglages des mitrailleuses pour le combat de nuit sur Epervier et sur les collines.

Le DOUAUMONT, dont le canon est très difficile à utiliser, ne garde que 10 coups de 75. Les autres sont transférés sur les autres chars.

17 h 00

Énorme salve d’artillerie qui souffle tout et d’un seul coup le hurlement des lance-roquettes chinois de 6 tubes ravagent le camp.

Les tirs de préparation s’abattent sur ELIANE 2.

Les canons sans recul ennemis réussissent un grand nombre de coups d’embrasure sur les créneaux de la face Sud-Ouest.

Les dépôts flambent les caisses de munitions abandonnées explosent.

La pluie qui s’était interrompue durant la journée recommence à noyer la vallée, elle s’insinue dans les tranchées diluant la boue noirâtre en traînées claires.

Sur CLAUDINE 5 les trois quarts des abris sont éboulés ou retournés.

17 h 30

Violents tirs de préparations sur ELIANE 4 et 2 avant l’assaut.

Source : https://theatrum-belli.com/

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 31%20(19)


___________________________________ ____________________________________

Sicut-Aquila

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Cocoye10 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120

« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

81/06, Michel et marienneau jean-michel aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas
Commandoair40
Admin
Admin
Commandoair40


Masculin
Nombre de messages : 28763
Age : 77
Emploi : Français Radicalisé .
Date d'inscription : 07/11/2014

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Empty
MessageSujet: Re: "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"   "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Icon_minitimeLun Mai 06 2024, 21:41

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Dien-b13

Le dernier vol de McGOVERN et BUFORD

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Buford
Wallace BUFORD (1925-1954).

Wallace « Wally » Buford d’Ogden, Utah, avait un record de vol remarquable, ayant piloté des bombardiers B-24 Liberator pendant la Seconde Guerre mondiale et des C-119 pendant la guerre de Corée.

Buford a reçu deux Distinguished Flying Cross et la Purple Heart.

Alors qu’il étudiait pour obtenir un diplôme d’ingénieur en 1953, il a vu un avis d’emploi indiquant que le gouvernement US recherchait des pilotes de C-119 expérimentés.

Un an plus tard, il rejoint une vingtaine d’autres pilotes américains du CAT, assurant le soutien aérien des forces françaises en Indochine.


"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 McGOVERN
McGOVERN (1922-1954).

Ses restes ont été découverts dans une tombe anonyme dans le nord du Laos en 2002.

Ils ont été identifiés en septembre 2006 par des experts en laboratoire du commandement POW/MIA de l’armée américaine.

Il a été enterré au cimetière national d’Arlington le 24 mai 2007.

Le 24 février 2005, l’ambassadeur de France Jean-David Levitte a décerné à titre posthume la Légion d’honneur à McGovern, Buford et aux pilotes survivants du CAT au nom de la France pour leurs actions à Diên Biên Phu.


Dans l’après-midi du 6 mai 1954, six CAT C-119 ont quitté la base aérienne de Cat Bi pour Diên Biên Phu.

L’un d’eux piloté par McGOVERN et BUFORD transportait des munitions dont les parachutistes avaient désespérément besoin dans un campement nommé Isabelle, la dernière des cinq bases de tir de la vallée encore aux mains des Français.

Le premier avion du convoi CAT (Civil Air Transport) a largué sa charge en toute sécurité, mais alors que McGOVERN s’approchait de la zone de largage, le moteur bâbord a été endommagé par un obus antiaérien de 37 mm.

Peu de temps après, un deuxième impact a endommagé le stabilisateur horizontal, compromettant gravement sa capacité à maintenir son vol.

Guidés par les pilotes de l’avion de tête, McGOVERN et BUFORD ont lutté pendant 40 minutes pour maintenir leur avion en l’air sur un seul moteur, suffisamment longtemps pour tenter un atterrissage d’urgence sur une piste d’atterrissage isolée à 75 milles au sud-ouest du Laos.

Cependant, à quelques centaines de mètres de la piste d’atterrissage, le bout d’une aile a heurté un arbre.

Le chariot de l’avion a roulé, s’est brisé en deux et a brûlé.

McGOVERN et BUFORD sont morts dans l’accident avec deux parachutistes français.

Un parachutiste malais et un officier français, le sous-lieutenant Jean ARLAUX, ont été blessés et capturés par des soldats laotiens.

Le parachutiste malais est décédé des suites de ses blessures, laissant ARLAUX comme seul survivant.

Les vols CAT, connus sous le nom d’Opération Squaw I et d’Opération Squaw II, impliquaient une douzaine d’avions cargo Fairchild C-119 repeints aux couleurs de l’armée de l’Air française.

Pendant le siège de Diên Biên Phu, 37 pilotes du CAT ont effectué 682 missions depuis la base aérienne de Cat Bi près de Haiphong entre le 13 mars et le 6 mai 1954.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 1996631456  "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 1996631456

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 3031951924  "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 1201430414  "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 2196632332  "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 2997794832

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 1503206914

Source : CIA

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 31%20(19)


___________________________________ ____________________________________

Sicut-Aquila

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Cocoye10 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120

« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

Alexderome, 81/06, Michel et marienneau jean-michel aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas
Alexderome
Admin
Admin
Alexderome


Masculin
Nombre de messages : 8578
Age : 58
Emploi : A la recherche du temps perdu
Date d'inscription : 22/10/2010

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Empty
MessageSujet: Re: "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"   "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Icon_minitimeMar Mai 07 2024, 13:31

  "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"  


"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120  "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"  "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Dien-b13

CHUTE DU CAMP RETRANCHÉ DE DIÊN BIÊN PHU 
7 MAI 1954
17H30
NOUS NE LES OUBLIERONS JAMAIS
"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Tomb-211
"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Dien-b10

A 17h30, les combats cessent. Les soldats français détruisent leurs armes et radio. Il n’y aura pas de drapeaux blancs.
La garnison du camp retranché déplore 1 571 morts au combat et plus de 4 000 blessés
- 1 161 hommes sont portés disparus, déserteurs, dont 907 supplétifs locaux ; 
- 12 137 hommes partent en captivitét seulement 3290 reviendront très diminués par les privations et les tortures psychologiques des commissaires  politiques. Georges Boudarel a pu continuer à vivre tranquillement sans être inquiété.  Environ 9 000 hommes ne sont pas revenus des camps de la mort viets.


On ne connaît pas le sort réservé aux combattants vietnamiens du 5e Bawouan,  ni des supplétifs Thaïs et des prostituées du BMC.
"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Dien-b11

Tous ces héroïques soldats tombés à Diên-Biên-Phu s’en sont allés en pleine jeunesse, qu’ils ont fait don à la France. 
Leur sacrifice mérite admiration, fierté et reconnaissance de la France.

___________________________________ ____________________________________

« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier

81/06, Michel et marienneau jean-michel aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas
Michel
Admin
Admin
Michel


Masculin
Nombre de messages : 4053
Age : 65
Emploi : Retraité
Date d'inscription : 09/10/2021

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Empty
MessageSujet: Re: "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"   "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Icon_minitimeMar Mai 07 2024, 16:06

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 1996631456  "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 1996631456


                                                             "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 3031951924  "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 1201430414  "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 2196632332  "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 2997794832       




     Leur sacrifice mérite admiration, fierté et reconnaissance de la France.    


"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Salut_18

___________________________________ ____________________________________

                                   

                                                                                                                                                                                                                                                                          

81/06 et marienneau jean-michel aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas
Commandoair40
Admin
Admin
Commandoair40


Masculin
Nombre de messages : 28763
Age : 77
Emploi : Français Radicalisé .
Date d'inscription : 07/11/2014

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Empty
MessageSujet: Re: "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"   "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Icon_minitimeMar Mai 07 2024, 16:54

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Dien-b13

DIÊN BIÊN PHU : Journal de marche du 7 mai 1954 (fin de la bataille)

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Vietminh-GONO

Nuit du 6 au 7 mai

18 h 00


Fin du tir des lance-roquettes multiples.

Le C-119 n° 149 touché au-dessus d’ISABELLE par la DCA perd de l’altitude et devient difficile à piloter. Il est accompagné de deux autres C-119 pilotés par des Américains.

Le C-119 de McGOVERN tente de se poser dans la nature. Ils repèrent une petite vallée sur la rivière Nam Het affluent de la Song Ma Terrain relativement plat et au bout le village de Muong Het mais s’écrase en tentant de se poser dans la nature.

À quelques centaines de yards de la piste l’aile heurte un arbre. C’était la 45e mission de Mc GOVERN sur Diên Biên Phu. La partie avant explose ; la partie arrière se désolidarise. Le sous-lieutenant ARLAUX est gravement blessé (fracture de 4 vertèbres lombaires) et fait prisonnier. Moussa, autre largueur, blessé à la jambe, ne survivra pas en captivité.

Les deux autres largueurs sont morts avec les pilotes BATAILLE et RESCORIO.

Le sous-lieutenant ARLAUX sera libéré le 13 octobre 1954. Il pèsera 38 kg.

BILAN Santé du 1er au 06 mai :

ACM 29/44 : 47 entrants, 14 opérés, 5 décédés.
   
ACP 3 : 43 entrants, 21 opérés, 7 décédés.
   
ACP 6 : 15 entrants, 4 opérés, 2 décédés.
   
ACP 5 : 56 entrants, 42 opérés, 12 décédés.

Pourcentages de décès par rapport au nombre d’entrants : 16,1 %.

Pourcentages de décès par rapport au nombre d’opérés : 32 %.

Bilan général du 13 mars au 6 mai :

Mars : 1 153 entrants, 188 opérés, 316 évacués dont 19 PIM, 120 décédés.
   
Avril : 1 351 entrants, 665 opérés, 173 décédés.
   
Mai : 161 entrants, 81 opérés, 26 décédés.
   
TOTAL : 2 665 entrants, 934 opérés, 3 165 évacués, 319 décédés.

Des concentrations d’obus sur ELIANE 4, ELIANE 2, DOMINIQUE 3 et sur CLAUDINE 5. Harcèlement intense sur l’ensemble de la position.

Durée du bombardement 3/4 d’heure puis les Viets attaquent.

Le char POSEN est envoyé sur ELIANE 4.

La colonne CRÈVECŒUR serait à 50 km de la cuvette.

18 h 30

Poursuite des travaux d’organisation du terrain. Mouvements signalés en fin de journée sur la face Est.

Harcèlement intense de la position avec consommation 1 250 coups de 105 mm, 250 coups de 120 mm, 300 coups de 75 mm, de très nombreux coups de 81 mm.

18 h 45

ELIANE 2 : le premier assaut Viêt a été lancé sur la face Sud-Ouest pour prendre à revers les défenseurs.

Le DLO d’ELIANE 2, ROBIN, prépare les tirs d’arrêt. Il fait encore jour quand un millier de Viets sortent de terre et se lancent vers les barbelés. Toute l’artillerie au profit d’ELIANE 2. Quand les premiers rangs ennemis atteignent les barbelés, le décompte du DLO annonce zéro et les obus explosent sur le bataillon Viet à découvert.

Après la fumée, il y a 200 corps sur le terrain et les autres se replient.

La valeur d’un bataillon ennemi (BAT 98) a été décimée devant les barbelés par deux sections. En face, 2 compagnies du 1er BPC.

19 h 00

Il fait nuit mais les lucioles se mettent en place.

Les vagues d’assaut sur ELIANE 2 se succèdent à une demi-heure les unes des autres, elles portent maintenant sur les 4 faces du point d’appui, dans les intervalles, le bombardement est intense.

Les dernières forces de l’artillerie sont pour ELIANE 2.

Sans appuis d’artillerie CLAUDINE 5 se désagrège. La 3e section de la 2e Cie du I/2 REI se replie vers CLAUDINE 2.

Harcèlement général de la position en particulier au 75 SR. Indice d’attaque en direction d’ELIANE 10 et 12 et d’ELIANE 2 et 4.

19 h 30

2 salves de lance-roquettes H6 sur les positions d’artillerie qui continuent à riposter ; tir de 4 salves supplémentaires l’artillerie se tait.

3 pièces de 105 touchées.

Tous les commandants de compagnie, seuls sur leurs pitons assiégés, réclament des renforts, des munitions.

Mais le « Gars Pierre » n’a plus rien à leur offrir.

20 h 00

Poursuite du harcèlement à la même cadence. Nombreux mouvements suspects au Nord de DOMINIQUE 3 et à l’Est d’ELIANE. Concentration d’artillerie VM sur CLAUDINE 5 cause de très lourds dégâts.

Pilonnage des ELIANE. Les premières lignes sont au contact. Les 105 d’ISABELLE essaient d’encager ELIANE 4. Contre-batterie Viet sur ISABELLE.

ELIANE 4  : Le sous-lieutenant LATANNE est avec ses mortiers.

À la nuit tombée la position s’embrase. Les sol est labouré autour des alvéoles de ses mortiers. Les mortiers sont renversés et déréglés. Les servants orientent leurs tubes en leur donnant une inclinaison approximative.

ELIANE 2 : les obus arrosent les flancs de la colline. L’assaut est attendu sur les Champs Elysées et par un cheminement naturel situé au fond de la dépression Sud-Ouest où coule « un petit oued ». Le DLO sur ELIANE 2 – le sous-lieutenant JUTEAU – reçoit les demandes de POUGET pour détruire les pièces camouflées sur le Mont Chauve.

POUGET demande à son adjudant d’unité, le sergent-chef SERGEANT, de monter des munitions et surtout des grenades pour le corps à corps. L’itinéraire est difficile entre ELIANE 2 et le dépôt central. Les 50 m de tranchée ne sont plus qu’une dépression écrasée par les bombardements. Sur les 20 hommes de corvée (paras et coolies) un seul est indemne et arrive à amener une caisse de grenade au PC. Les autres sont blessés ou tués. Le sergent-chef SERGEANT est blessé 4 fois ! Une fois au dos, une fois à l’abdomen. Il remonte sur ELIANE 4 pose son arme et descend ELIANE 2. Le pont sur la Nam Youm étant sous le feu Viet, il traverse à la nage et atteint l’ACP de Vidal.  

21 h 00

1ère CMMLE – sous-lieutenant PINAULT : Nous avons encore 4 000 coups de mortiers en prévision du repli.

21 h 30

L’assaut est lancé par le régiment 102 de la Division 308 le meilleur de l’armée Vietminh.  Des tirs d’arrêt précis et le tir des mitrailleuses sont mis en place par le DLO. Tous les canons et les mortiers de Diên Biên Phu tirent sur les pentes d’ELIANE 2. L’attaque est stoppée ; de grosses pertes vietminh à la jumelle : estimation de 200 morts pris sous un tir de barrage stoppés net.

Reflux vers le Sud.

Salve de lance-roquettes H6 sur le PC GONO « pour effrayer ».

22 h 00

Reprise de la préparations sur la position centrale par toute l’artillerie Vietminh par 105 et 75 et tous calibres de mortiers. Harcèlement intense sur ISABELLE. 3 pièces de 105 détruites avec leurs servants sur le centre.

L’attaque est lancée sur ELIANE 4 et 10 par 2 régiments neufs des divisions 312 et 316.

Demande pour le matin de ravitaillement en munitions d’artillerie mortiers et infanterie le plus tôt possible.

Le secteur Nord-Est d’ELIANE 4 est tenu par la 2e Cie du 5e BPVN ne comportant plus que 30 hommes encaisse le 1er choc.

La 3e Cie vient en appui. Les parachutistes repoussent l’attaque avec les mortiers de 81mm des paras. Le char POSEN intervient en appui.

LANGLAIS dégarni la face Nord du camp qui n’est pas en danger et envoie 2 sections du BEP qui traversent le camp et le pont sous le feu.

Sur ELIANE 10, le 6e BPC s’effondre. Le capitaine TRAPP dispose encore de 60 parachutistes mais les reconnaissances viets s’infiltrent, de plus en plus nombreuses.

Les combats ont lieux dans le noir dans une confusion extrême.

Il ne reste que 150 hommes. Les mortiers d’ALLAIRE n’ont plus de munitions ; les servants se battent comme des fantassins.

Les Dakota tournent au-dessus du camp pour larguer la 1re Cie du 1er BPC.

La décision est prise de maintenir les lucioles plutôt que l’obscurité pour le largage afin de permettre les combats sur ELIANE 10.

Tous les renforts sont rameutés de Epervier pour aider Eliane 10.

2 Cies réduites à 40 hommes (8e BPC).

Les trous dans les HUGUETTE sont comblés par ce qu’il reste des artilleurs.

22 h 15

Message du GONO à Hanoï :

Violent matraquage sur l’ensemble de la position et en particulier sur les ELIANE et la zone d’artillerie PC par 105 et 75 mm et tous calibres de mortiers Harcèlement intense sur ISABELLE. 3 pièces de 105 hors service. Vietminh au contact sur toute la face Est. Demande pour matin ravitaillement munitions d’artillerie mortiers et infanterie le plus tôt possible.

22 h 30

Reprise de CLAUDINE 5 avec les dernières réserves du REI dont les sapeurs du bataillon.

23 h 00

8 des 9 obusiers de 105 mm d’ISABELLE sont détruits.

Sur le Camp, il reste 7 pièces de 105 et 600 coups. Sur ISABELLE, il reste une pièce et 2 000 coups.

Le reste du 6e BPC est acculé sur ELIANE10 par le régiment 165. Le lieutenant SAMALENS est tué en pleine contre-attaque.

Chef de section à la Cie TRAPP, le chef MÉNAGE, 22 ans est un ancien du bataillon. Il a 15 hommes avec lui et deux mitrailleuses de flanquement qui jouent leur rôle.

Percée Viet sur le secteur de SAMALENS qui vient d’être tué.

Le chef MÉNAGE pris à revers avec ses hommes, arrive à se dégager avec 7 à 8 hommes.

ELIANE 12 est tenue par quelques sections du 31e Génie.

Sur ELIANE 2, 3 heures de répits ont permis de creuser plus profond les tranchées.

Le char BAZEILLES, sur ELIANE 2, hors service par une roquette continue de tirer à la 12.7 mm. Il tirera les dernières cartouches d’ELIANE 2.

La compagnie spéciale 83 du régiment 151 (génie) de la division 351  du 20 avril au 6 mai a creusé une galerie de 40 m sous la colline. Sape pas assez profonde.

Une erreur de 20 m. Les Cies de 1er échelon doivent profiter de l’état d’hébétude dans lequel se trouvent les rescapés du 1er BPC.

ELIANE 2 : Un large frisson parcourt la croupe de la colline, la terre tremble, un énorme geyser de terre et de fumée. La sape creusée par le Viet Minh sous la position depuis le 3 mai saute, 1 tonne d’explosif : la 2e Cie du 1er BPC est ensevelie, disparue enfouie sous les décombres, déchiquetée par l’explosion.

Le Vietminh se lance à l’assaut Régiment 174 mais englué dans la boue il glisse sur la pente. Les Viets envahissent le point d’appui par l’Est. Ils occupent les lèvres de l’entonnoir. Les viets relancent un matraquage au canons de 105, l’explosion n’ayant pas réalisée tous les objectifs.

Seule la 2e section est aspirée par l’explosion.

Les rescapés de la 2e Cie, 5 hommes dont des blessés, lancent toutes leurs armes automatiques et fauchent la vague d’assaut.

Contre-attaque du capitaine POUGET depuis le haut qui reprend de blockhaus en blockhaus.

Au 1er BPC, le capitaine EDME est dans son abri PC avec le lieutenant FESSELET. Ils sont secoués, le sol tremble et une masse de terre, de roche et de débris retombe sur les hommes.

Une contre-attaque de la 3e compagnie a réoccupé le sommet jusqu’au bord du cratère, un cratère de 50 mètres de diamètre.

CLAUDINE 5, à la pointe Sud-Ouest du camp, est en danger, matraqué depuis deux heures. Attaque du régiment 102.

1 310 blessés : 490 couchés, 820 assis.

23 h 15

Privateer 28 F7 traite un objectif sur demande de TORRI Rouge à 2,5 km au nord-est du « T » lumineux. Un autre Privateer et 4 B-26 larguent les bombes de 250 livres.

Bombardement de la RP41 par 4 B-26 du Tunisie. Grosse explosion rouge sur un convoi de camions

Les équipages des C-119 réalisent 2 rotations dans la nuit. En 6 jours, 950 tonnes ont été larguées.

Minuit

Situation critique : munitions de 120 pratiquement épuisées, reste moins de 500 coups. Situation ELIANE 2 très confuse. ELIANE 10 enfoncée. CLAUDINE 5 attaquée. JUNON tâtée sérieusement. 1 pièce de 105 en état à ISABELLE, 7 à Diên Biên Phu.

Artillerie :

Diên Biên Phu : 7 pièces de 105 en état
   
Isabelle : 1 pièce de 105 en état.

1ère CMMLE du sous-lieutenant PINAULT (annonce au téléphone) :

Nous cessons le feu. Plus de munitions ». A 21 h 00 nous avions encore 4 000 coups de mortiers. Nous allons nous coucher après 4 jours sans sommeil et la nourriture manquant depuis 2 jours.

CLAUDINE 5 matraquée depuis 2 heures.

Les légionnaires de la 2e Cie du 1er REI résistent difficilement à l’assaut du régiment 102. Rapport de force 1 contre 10.

ETTLINGEN envoyé en renfort (adjudant TOFFOLO) Rouge  avec une unité de légionnaires de la 2e Cie 1er REI.

Traversée de CLAUDINE 4. Mise en poste à 100 m de CLAUDINE 5 pour appui des légionnaires, une section en recueil et en protection.

Les Viets occupent la partie Ouest de la position.

ELIANE 10 : le chef MÉNAGE est blessé à la jambe gauche par une grenade. Son tireur FM est tué. Pas d’évacuation, pas de soins, juste le pansement individuel.

02 h 00

CLAUDINE 5 tombe au milieu de la nuit.

Situation critique ; il reste 100 obus de 120. Quelques éléments tiennent toujours sur ELIANE 2 et dans la partie Sud ELIANE 10. CLAUDINE 5 a dû être évacuée. Un bouchon tient la tranchée au plus près des barbelés. Neutralisation par artillerie d’ISABELLE et Diên Biên Phu. Colmatage en cours sur ELIANE 10.

Pression très forte sur CLAUDINE 5.

Sur ordre du commandant CLÉMENÇON, repli avec les survivants et abandon de CLAUDINE 5.

Devant la pression repli des défenseurs vers le char ETTLINGEN.

Retour de l’ETTLINGEN à sa position, ravitaillé en urgence.

Mission de ravitaillement de l’affut quadruple du pont Bailey en calibre 50.

Retour par le PC du GAP.

Le Dakota Zoulou Delta en Luciole sur Diên Biên Phu.

Le stock de munitions a baissé. Il reste 100 coups de mortiers de 120 ; les 7 obusiers de  105 disposent au total de 300 coups, le 105 qui débouche à 300 m sur DOMINIQUE n’a plus que 11 obus.

ISABELLE subit toute la nuit un très violent harcèlement de mortier de 120 à effet de souffle.

Sur ELIANE 4, les mortiers du sous-lieutenant LATANNE sont touchés par des coups au but. Des pièces détruites, des servants blessés, évacués vers le poste de secours.

Entre 02 h 43 et 03 h 50


Cinq C-119 décollent de Cat Bi pour ravitailler d’urgence en munitions. Trois parviennent à parachuter correctement dont le 537 du capitaine VANNIER qui reçoit par radio les félicitations du général DE CASTRIES.

03 h 00

Il reste 20 hommes sur ELIANE 10 autour de l’abri des transmissions.

La Cie du 8e Choc arrive sur ELIANE 10. Il a fallu 4 heures pour faire 600 mètres. Des contre-attaques permanentes pour dégager l’entrée du pont Bailey. Une des compagnie en renfort a été anéantie en traversant la Nam Youn. 2 petites sections de légionnaires blessés d’ELIANE 2 descendent pour renforcer ELIANE 10.

Sur ELIANE 10 comme sur ELANE 4 : Assauts après assauts, devant une marée Viet qui grouille, c’est un combat au corps à corps jusqu’à la dernière cartouche, la dernière grenade et emporté par le combat… l’engagement se termine au couteau.  

Sur ELIANE 4, la 1re vague Viet est hachée par les mortiers qui tire leurs derniers obus.

Le char ETTLINGEN est envoyé pour renforcer le POSEN sur ELIANE 4 tenu par le 2/1er RCP et le 5e Bawouan.

Marchant sur ses cadavres, l’ennemi atteint le sommet et s’infiltre à travers les poches de résistance en utilisant notre réseau de tranchées.

Les lieutenants POTIER, CORDIER et BELPOIX, avec une trentaine d’hommes, contre-attaquent.

Le sommet change de main trois fois en 3 heures.

Les Viets s’infiltrent à travers les poches de résistance en utilisant le réseau des tranchées.

Les colonnes d’assaut qui convergent vers ELIANE 4 offrent des cibles aux chars.

Malgré les tirs incessants de toutes les armes des chars et les nombreuses cibles, les vagues sont trop puissantes et ne sont pas arrêtables.

Une contre-attaque sur ELIANE 4 réussie. À l’aube ELIANE 4 est entièrement sous emprise française.

De la Cie à 60 hommes venue des HUGUETTE, arrivée sur ELIANE 4, il ne reste que l’opérateur radio, 2 parachutistes, 1 Vietnamien et 1 légionnaire.

Une contre-attaque de la 3e Cie récupère le sommet ; pendant qu’ELIANE 4 (2/1er RCP et 5e  BPVN) tombe.

04 h 00

Combats au corps à corps continuent à l’intérieur d’ELIANE 2 et 10. Harcèlement se poursuit sur ISABELLE et sur Diên Biên Phu.

ELIANE 2 tombe ; dernier élément à bout de munitions. Contre-attaque en préparation sur ELIANE 2.

Sur ELIANE 2, il ne reste que 35 hommes en état de combattre, quelques chargeurs FM et une grenade. POUGET ne peut plus joindre le PC.

Demande du capitaine POUGET de renforts d’une Cie pour ELIANE 2 ou d’autorisation de percée pour rejoindre ELIANE 3 sur un poste radio légion laissé par le capitaine COUTANT. Réponse du commandant VADOT : Vous devez rester sur place Vous êtes Parachutiste et vous devez résister jusqu’à la mort… au moins jusqu’au jour.

Pouget : Bien compris, Terminé pour moi. Si vous n’avez rien à ajouter, je détruis mon poste.  

Intrusion Vietminh sur le Réseau : Le Président Ho Chi Minh vous offre l’audition d’un disque « le Chant des partisans ». « Demain l’ennemi connaitra le prix du sang et des larmes. Ohé ! Compagnons dans la nuit la liberté nous écoute… »

Pouget écoute jusqu’au couplet et tire 3 balles dans le poste.

Au dehors un étrange silence sur ELIANE 2 les petits groupes de survivants succombent.

Il tombe un ou deux obus par minute au hasard. Dans les trous, les survivants des deux compagnies du 1er BPC sont groupés par trois ou quatre. L’excitation de la bataille est tombé ils ont l’air abattus épuisés vidés.

Assis par terre Pouget voit sortir du sol des vagues trop nombreuses les hommes côte à côte sur toute la longueur des tranchées commencent à crier Di vé Mao len Mao Mao.  (En avant vite vite). Pouget donne l’ordre de se replier vers le centre au lieutenant FESSELET avec ceux qui pouvaient marcher.

POUGET et le lieutenant JULIEN se replient dans le fond d’une tranchée une grenade à la main avec quelques hommes qui se barricadent et jette sa grenade sur les Viets. Il est assommé par l’explosion et fait prisonnier.

04 h 40

Un bataillon Viet Minh envahit ELIANE 2 où les derniers défenseurs sont sans munitions Le char BAZEILLES tire les dernières cartouches.

05 h 00

Le Dakota MS du Sénégal a largué 6 hommes. Le Dakota NX du Sénégal a largué 9 hommes. Le ZD du Franche-Comté 19 hommes. Le ZQ du Franche-Comté 17 hommes. Le 666 du Béarn 19 hommes et le 593 du Béarn 21 hommes. Au total de 91 hommes qui sont les derniers à avoir sauté sur Diên Biên Phu.

Les Dakota portant la 1ère Cie du 1er BPC, FAUSSURIER, ont reçu l’ordre du colonel LANGLAIS de rentrer à Hanoï. Le choix a été déchirant entre le parachutage des renforts et l’éclairage du champ de bataille. Si les ELIANE ne sont plus éclairés, les Viets vont s’infiltrer. La décision est prise par BIGEARD après demande au capitaine LE PAGE sur ELIANE 10. D’un côté, une Cie fraiche en renfort, de l’autre le risque d’une rupture des défenses d’ELIANE 10.

Réponse de LE PAGE : « BRUNO » de LE PAGE. Continuez à larguer les lucioles. Terminé pour moi.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Position-du-7-mai-1954-au-matin
SHD : Photographie oblique – position au 07 mai 1954 matin.

Les dernières lucioles tombent du ZD  se sont succédé toute la nuit le YD, le YA du Franche- Comté en début de nuit relayé par le ZB, le ZQ et en dernier le ZD

ELIANE 2 tombe. Le char MULHOUSE se rend au Pagodon pour protéger à la mitrailleuse ELIANE 3 des tirs venant des flancs d’ELIANE 2.

Le char SMOLENSK, avec sa mitrailleuse de 50, arrose les collines. Au bout de quelques minutes une salve de roquettes tombe autour. Le sergent NEY qui sert l’arme est légèrement blessé mais reprend le tir.

Le CONTI arrose à la mitrailleuse les abords d’ELIANE 12 de l’autre côté de la Nam Youm.

Le DOUAUMONT réagit à chaque attaque sur Epervier.

Tous les chars, ou ce qui l’en reste, sont engagés.

Vendredi 7 mai

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Situation-7-mai-1954
SHD : photographie aérienne – situation le 7 mai 1954 avant l’assaut final.

Pendant la nuit le général DE CASTRIES a demandé le parachutage immédiat d’obus de mortiers tous calibres. 42 tonnes de munitions ont été larguées mais n’ont pu être ramassées.

État de l’artillerie au matin :

Obusiers de 105 mm : 8 (pertes importantes sur ISABELLE où il reste 2 pièces).
   
Obusiers de 155 mm : 1 (mais tellement usé qu’il ne peut tirer à distance).
   
Mortiers de 120 mm : 6.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 ISABELLE-7-mai
SHD : situation d’ISABELLE.

Journée de mauvais temps et d’averse.

Aucun des 16 C-119 ne peut venir ravitailler (1 a tenté mais a fait demi tour météo). 22 Dakota viendront ravitailler jusqu’à 17 h 00.

28 Dakota ont décollé de Hanoï – 6 ont fait demi-tour:

1 cause de la météo,
   
2 pour cause mécanique,
   
3 pour raison tactique.

Sur la journée du 7 mai 70 tonnes sont larguées par les 22 Dakota.

16 chasseurs bombardiers, 1 Privateer et 25 B-26 se relaieront sur la journée pour crever le plafond et venir bombarder.

05 h 30

Sur ELIANE 4 une attaque est repoussée du Régiment 98 sur la face Est les hommes tiennent bon sur le Nord et le Sud mais sont à court de munitions

Il y a les blessés sur ELIANE 4 qui abrite l’ACP 6 et les postes de secours du 2/1 RCP et du 5e BPVN. Le sous-lieutenant LATANNE du 2/1 RCP, lors de la descente sur le flanc d’ELIANE 4 après perte de contact radio, est blessé au genou. Il rejoint le médecin ROUAULT.

Le calvaire des blessés allongés dans les alvéoles et des trous sur la contre pente de la colline est encore plus effroyable.

Le char ETTLINGEN  sur la plateforme du PC de BRÉCHIGNAC sur ELIANE 4, surplombe ELIANE 10 où les combats sont violents.

Le POSEN, déplacé au carrefour de la RP41, de sa position, protège le repli des combattants d’ELIANE 4 et de l’ETTLINGEN. Alerté du début de chute d’ELIANE 10, l’ETTLINGEN descend la pente de ELIANE 4. Le POSEN bat de ses feux les lisières Est de ELIANE 10.

La pression s’intensifie sur ELIANE 4 qui commence à s’effondrer.

06 h 00

Les combats continuent dans ELIANE 10. Contre-attaque en préparation sur ELIANE 2.

06 h 30

Un bataillon Viet frais se regroupe sur ELIANE 1 pour monter à l’assaut d’ELIANE 4.

C’est la fin.

CLAUDINE est en train de craquer sous les assauts d’un régiment de la 308 vers CLAUDINE 5. Un dernier bouchon entre Lily tenu par les derniers tirailleurs marocains et CLAUDINE 4. Tous les hommes valides rassemblés.

Toute sortie devra passer nécessairement par CLAUDINE et JUNON.

07 h 17

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 SOMOW-Copie-1600x2048
DE SOMOW.

Une patrouille de 4 Bearcat du Saintonge décolle de Bach-Maï – sergent-chef DE SOMOW.

Équipés de 2 bombes de 500 livres et de quatre roquettes alourdis par un Belly Tank. Ciel Bleu sans nuage, c’est la 65e mission sur Diên Biên Phu du chef de patrouille.

Contacté Torri Rouge assigne pour objectif ELIANE 1 et DOMINIQUE 2 et ensuite la protection d’un parachutage par des Dakota.

10 000 pied cible de la DCA lors de l’attente avant l’attaque.

Le chef de patrouille ajuste un tir de roquettes sur une pièce de DCA qui prend à parties les transports, un obus vient percuter son aile gauche le caisson à munition qui explose et arrache une partie de l’extrados de l’aile et les volets.

Il arrive à mettre le cap sur Hanoï.

Escorté par un ailier et un flight de 3 B-26 Martini Bleu en retour après un bombardement de DOMINIQUE 1 ayant décollé à 6 h 26 de Cat Bi.

Il arrive à rejoindre Hanoï et, après des tests de vol, parvient à se poser.

Le longeron principal fortement endommagé a tenu.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 SOMOW-2-Copie-scaled

07 h 30

Message réservé au général COGNY :


Le fait le plus grave est notre manque de munitions. J’ai depuis longtemps attiré votre attention sur le mauvais rendement des parachutages. Ce matin, après une nuit de combat, il ne reste que quelques coups de 105 alors que 5 canons sont encore disponibles. Mais je n’ai a peu près plus de munitions d’infanterie. Pour étaler, il me faut 2 milliers de coups de 120 et de 81 mm en première urgence. Rien que pour ces 2 catégories de munitions le chargement de 20 C-119 y suffirait à peine, en admettant que rien ne soit perdu. Il faut larguer à basse altitude avec une protection de chasse et larguer uniquement les munitions. Nous ne pouvons passer ce cap qu’à l’aide d’un effort exceptionnel de l’aviation.

08 h 00

Le 6 mai a été largué 185 tonnes de munitions puis 42 tonnes la nuit du 6 au 7. Le ramassage n’a pas pu être effectué ou que très partiellement.

La contre-attaque sur ELIANE 2 est interrompue par la nouvelle action VM sur ELIANE 4 et ELIANE 10. Combats corps à corps en cours. Situation en munitions tragique.

08 h 05

L’assaut final est lancé contre ELIANE 4 et 10.

08 h 15

Quatre Bearcat du Saintonge indicatif Black et Blue décollent. Avant d’attaquer DOMINIQUE 1, ils doivent attendre que 3 B-26 Martini Rose larguent leurs 18 bombes de 500 livres sur le Mont Chauve.

08 h 30

4 Bearcat du Languedoc, Ripaton Azur et Ripaton Tango se sont envolés de la Plaine des Jarres au Laos mission bombarder DOMINIQUE 1 dès la fin du bombardement de Black. Modification d’objectif pour un bombardement sur Dominique 6 : Ripaton doit larguer manuellement ses bombes.

08 h 35

Les Corsair de la 14F vont effectuer 16 sorties au profit de Diên Biên Phu. Une première patrouille Gayal Rouge décolle. Un des appareils fait demi-tour technique.

09 h 00

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 DBP-2-7-mai
Chute de Diên Biên Phu, 2-7 mai 1954.

La face nord de ELIANE 4 tombe sous la poussée des hordes hurlantes de troupes vietminh fraiches. Les soldats Vietminh sont vêtus de tenues para camouflées de para et coiffé du casque américain venant des colis largués à l’extérieur du camp.

Une poignée de parachutistes continuent de résister autour du PC.

Les Viets sont maîtres d’ELIANE 10. Le 6e BPC a disparu. Depuis son arrivée, il a perdu 337 tués dont 126 autochtones, soit 55 % de son effectif.

La situation est très compromise sur ELIANE 10. Les survivants se replient sur ELIANE 12 recueillis par les Thaïs au Sud.

Les chars ETTLINGEN et POSEN appuient le repli avec la mission d’aider le maximum d’hommes à repasser la Nam Youm.

Les deux chars se mettent en place à hauteur des blockhaus d’ELIANE 12.

Coincés entre 2 haies de barbelés les deux chars subissent une concentration de mortiers.

Les chars apprennent la chute d’ISABELLE 4.

Quand la brume se disperse totalement nous voyons, depuis les postes d’observation, un bataillon traverser le pont Bailey en courant. Nous lançons deux salves de H6. La fumée couvre le pont. Quand elle se dissipe plus personne ne bouge sur le pont.

09 h 05

Ripaton Tango arrive vertical et doit patienter un quart d’heure le temps que Black et les deux Ripaton Azur achèvent leurs attaques.

Le PCIA l’informe qu’il doit bombarder le flanc oriental d’un monticule ou un assaut est en cours. Le bombardement étant hors des limites de sécurité il demande des précisions sur la position des troupes.

La réponse est laconique : On s’en fout de ta ligne de sécurité, ils sont tout près de l’autre côté c’est eux ou nous. De toute façon on est foutu ! Alors vas-y !

Avec son ailier peu expérimenté la patrouille serrée des deux Bearcat posent leurs bombes juste derrière la crête du monticule puis expédient leurs 4 roquettes sur DOMINIQUE 3.

09 h 30

Sur zone Gayal Rouge bombarde la partie nord de ELIANE 12 puis traitent ELIANE 4 au canon de 20 mm. Durant leurs ressources, sont tirés par des DCA de 37 mm et de 12.7 mm venant de DOMINIQUE 5 et d’ELIANE 1 et 4.

Le second-maître SARTORI (Corsair 14F-21), après avoir largué ses bombes, est touché. De la fumée dans le cockpit. Il met plein gaz pour remonter s’attendant à un arrêt moteur. Blessé à la main mais le moteur tournant normalement avec le tableau de bord hors d’usage et sans radio, il poursuit la mission en suivant son leader. Posé à 10 h 45 à Hanoï, après 2 h 10 de vol. Une balle de 12.7 mm est passée au travers des pales sans les toucher, a longé le capot moteur puis a terminé sa course dans le tableau de bord.

BRÉCHIGNAC sur ELIANE 4 appelle LANGLAIS et BIGEARD : « Bruno de Brèche, c’est la fin. Ils sont au PC. Adieu. Dis au Gars Pierre qu’on l’aimait bien. » Je fais sauter le poste. Hip Hip Hip » (cri de guerre des parachutistes français). Puis c’est le silence.

L’épuisement absolu est devenu si fréquent que le Dr GRAUWIN signale le cas de soldats mourant à leur poste sans la moindre blessure.

Ils ont succombé à 56 jours sans sommeil sans bonne nourriture, sans repos. Sad

Le lieutenant POTTIER arrive à s’échapper d’ELIANE 4 et à rejoindre le pont Bailey où se trouvent 2 chars endommagés et les quadruplés d’Epervier qui tiennent une tête de pont. Le capitaine LE PAGE et 2 paras arrivent à rejoindre le PC de BIGEARD.

Le POSEN est envoyé au ravitaillement. L’ETTLINGEN reste sur place au bord d’ELIANE 12. Quelques groupes d’hommes se dirigent vers les chars pour traverser le gué sur la rivière sous leur protection.

Le dernier à traverser est un petit vietnamien portant une mitrailleuse qui traverse fataliste le pont Bailey.

L’ETTLINGEN franchit la rivière et s’installe au bord du pont avec l’arrière de son char à la direction de l’ennemi mais avec de meilleures positions de tir.

Le moteur du char le protège des tirs de charge creuses.

09 h 45

Conversation téléphonique entre le général COGNY et le général DE CASTRIES.

Nous avons perdu ELIANE 2, ELIANE 4, ELIANE 10 et CLAUDINE 5.
Sont pratiquement anéanties : 1er BPC, 5e BPVN, 6e BPC, II/1er RCP, III/3e RTA.
Restent : 2 Cies à 70 des 1er et 2e BEP, 2 Cies du 8e BPC, 2 Cies du I/2e REI, 2 Cies de I/13e DBLE, 3 Cies du I/4e RTM, 3 Cies du BT2.

Les Viets ont mis tout le paquet sur la face Est y compris les régiments 102 et 88 de la 308.

L’intention du général DE CASTRIES est de tenir la Nam Youm face à l’Est en gardant quelque chose de l’autre côté pour avoir de l’eau.

Le général demande l’autorisation de décrocher cette nuit vers le Sud avec l’aide des éléments valides. Le général COGNY (qui avait la délégation du général NAVARRE depuis le 5 mai) lui a donné cette autorisation.

Les VM ont mis des forces très importantes à l’attaque de la face Est, y compris les régiments 102 et 88 de la Division 308.

10 h 00

Réunion Hanoï. COGNY, BODET, LAUZUN. Étude des mesures à prendre pour le décrochage.

Le général BODET a pris la décision de continuer les parachutages aujourd’hui pour ne pas changer la physionomie du champ de bataille et ne pas donner aux VM d’indices de repli.

ELIANE 4 et ELIANE 10 tombés. L’attaque continue très violente sans marquer de pose. Tirs de neutralisation continuent sur l’ensemble de la position par salves très nourries.

C’est le tour de ELIANE 3 tenu par la 1/13 DBLE de tomber.

Baisse de résistance sur ELIANE 11 et 12.

Le général DE CASTRIES s’entretient par radio avec le général COGNY.

COGNY sait que les ELIANE et CLAUDINE sont tombés avec de nombreuses pertes.

COGNY donne l’ordre d’exécuter Albatros. Mais la programmation a changé avec la perte de 4 bataillons paras dans la nuit. Il ne reste plus que de rares Cies au BEP de GUIRAUD et au 8e Choc de TOURRET. Le 8 dispose encore de la 4e Cie sur Epervier et de la 1re à DOMINIQUE 4.

1er message radio

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Dialogue-Cogny-De-Castries

Autorisation de lancer Albatros. LANGLAIS lance les ordres.

Les quadruplés sont les dernières bases de feu de la garnison et taillent en pièce les troupes Vietminh qui se massent sur la rive gauche de la Nam Youm

Mais la ligne des ELIANE n’existe plus, les Viets sont au bord de la Nam Youm.

ELIANE 3 : la Cie du capitaine NICOD reçoit l’ordre de rejoindre le 4e Marocain sur Lily.

Le franchissement de la Nam Youm est difficile ; le pont est impraticable, pris sous le feu. La rivière a grossi avec les pluies le franchissement s’effectue par un câble de va-et-vient tendu par le génie. Certains tirailleurs trop chargés lâchent prise et se noient dans le courant.

10 h 15

3 B-26 du Tunisie (Martini Ambre) larguent 12 bombes de 1 000 livres entre DOMINIQUE 1 et DOMINIQUE 5.

10 h 30

Mission photo RB26 HV 529 – 4 050 m.

Une dernière poussée vietminh submerge ELIANE 4 défendue par une douzaine de Bawouan.

Les conditions dantesques des derniers jours : abrutis par le manque de sommeil, on ne savait même plus si c’était le jour ou la nuit tant la fumée des explosions obscurcissait le ciel, constamment tenaillés par la faim et la soif car la corvée des PIM n’arrivait presque plus, le nombre des copains qui s’amenuisait, l’odeur pestilentielle des centaines de cadavres.

Le char ETTLINGEN est touché deux fois par des roquettes de bazooka tirées sous des incidences différentes le moteur est touché sans prendre feu.

En urgence le char POSEN vient accrocher le char pour le ramener devant la position du peloton.

Au nord sur Epervier les troupes qui tiennent le PA sans nom doivent se replier sur une nouvelle ligne de résistance au Nord du PC du GONO.

La nouvelle d’une sortie se répand troupes en meilleur état sans les blessés regroupement sur JUNON.

Les hommes se mettent à pleurer de honte à l’idée de se rendre. Sad  Sad

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Isabelle-7-mai-1954-10h30
SHD : Isabelle le 7 mai à 10 h 30 avec les points blancs des parachutes.

10 h 38

Décollage de Bach Maï deux patrouilles de Bearcat du Saintonge Green et Gold. Bombardement entre ELIANE 10 et DOMINIQUE 3 et tir de roquettes.

Le lieutenant GARIEL pose ses 2 bombes de 500 livres court retard sur ELIANE 10 à quelques dizaines de mètres du PC GONO menacé par l’ennemi.

Le chef de patrouille a un dernier contact radio avec Torri Rouge.

10 h 55 à 11 h 10

4 Corsair Gayal Bleu larguent 14 bombes de 500 livres sur la RP 41 à 300 m au nord d’ELIANE 10 sous un ciel bleu sans nuage.

11 h 00

Martini Emeraude intervient au nord-est de DOMINIQUE 6.

Toutes les positions à l’Est de la rivière sont tombées.

Sur ISABELLE, il reste une seule pièce d’artillerie et 2 000 obus.

11 h 15

Message COGNY pour ISABELLE :

Il doit être entendu que je laisse à votre initiative le soin de décider l’exécution d’Albatros. Me tenir au courant des intentions. M’adresser toute demande que vous jugerez utile. Si vous êtes sans liaison avec GONO vous passez directement sous mes ordres.

11 h 26

Trois B-26 Cinzano Rouge venant de Vientiane au Laos bombardent sur ordre de Torri Rouge la RP41 entre ELIANE 10 et DOMINIQUE 3.

11 h 56

Deux B-26 Cinzano Gris puis 2 autre de la même escadrille sur le même objectif.

Dans la matinée

Un Criquet n° 792 a fait un dernier vol de reconnaissance en provenance Muong Saï 1h30 de vol depuis Muong Saï une heure sur place assez haut pour la DCA et retour des missions de 4 h environ qui sont tributaires de la météo.

Le lieutenant-colonel DE SEGUIN PAZZIS en contact radiophonique avec le colonel LALANDE l’informe à mots couverts du déclenchement proche de l’opération Albatros d’évacuation.

12 h 00

1re CMMLE sous-lieutenant PINAULT : repas avec portion réduite jusqu’à la découverte d’une caisse de « Singe » de Madagascar qui est accommodée avec du riz récupéré par un autre légionnaire au 5e BPVN.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Situation-au-7-mai
SHD : photographie aérienne – situation du 7 mai.

Réunion des chefs de bataillon devant réaliser la sortie sous les ordres du lieutenants-colonels BIGEARD et LEMEUNIER chez le colonel LANGLAIS. Les dernières photos aériennes larguées par un Corsair indique que toute retraite est impossible ; trop de tranchées. Les dernières photos aériennes larguées montrent que trois lignes de tranchées successives coupent la zone jusqu’ici accessible entre le CR principal et ISABELLE. Les chefs de bataillons déclarent que l’état d’épuisement de leurs hommes ne leurs permettent pas de forcer les positions VM.

ELIANE 3, 11 et 12 tiennent toujours, les combats continuent.

Le MULHOUSE remplace l’ETTLINGEN sur la position du pont.

Le POSEN est touché deux fois avant de pouvoir rejoindre le MULHOUSE.

12 h 10

Le régiment 142 s’empare d’ELIANE 12 et poursuit sur ordre sa progression. ELIANE 12 est submergée.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Situation-Isabelle-7-mai-54
SHD : situation Isabelle le 7 mai 1954.

12 h 30

Trois B-26 Cinzano Vert sur DOMINIQUE 2 pour 36 bombes de 250 livres court retard.

13 h 00

Un premier Privateer 28F5 matraque DOMINIQUE 1 et 2.

Une patrouille de 2 Bearcat, armée en 500 livres et roquettes, ayant décollé à 12 h 05, bombardent à courte distance des troupes infiltrées à proximité du PC puis mitraillent au canon de 20 mm des fantassins ennemis.

Réunion chez DE CASTRIES pour discuter des solutions.

L’estimation des troupes pouvant évacuer est de 8 compagnies à 70 ou 80 hommes chacune, soit un total de 650 hommes avec 200 à 300 hommes restant sur la position pour ralentir les Viets (général DE CASTRIES). La décision des chefs de bataillon (LANGLAIS, BIGEARD, LEMEUNIER) de ne pas tenter la sortie est entérinée.

Mais DE CASTRIES veut encore gagner un peu de temps.

Le temps s’est éclairci.

Des troupes fraiches se massent sur la rive gauche.

Une troupe Viet tente de passer la Nam Youm au sud d’ELIANE 3 où les blessés de JUNON défendent la position. Le servant d’un fusil mitrailleur tire à bout portant sur la vague d’assaut ennemie. Le tireur porte autour de la taille un énorme bandage ensanglanté et laisse une empreinte sanglante sur le sol chaque fois qu’il change de position. Le chargeur est manchot et porte, lui, un pansement autour de la poitrine. Sad

Le Régiment 209 de la Division 312 lance une attaque vers ELIANE 10.

ELIANE 10 et 11 qui couvrent le pont Bailey tiennent toujours ELIANE 3 qui couvre JUNON et le pont de bois aussi.

13 h 40

Deux B-26 du GB 1/25 bombardent un objectif à l’Est de la cuvette, en retour une reconnaissance armée sur la RP41. Passant Na San sont pris à partie par la DCA à 800 m sol. (Pilote : capitaine DEPARDON). Un obus tue le mécanicien (Adjudant MAURY). Le pilote, l’observateur et le navigateur sont indemnes. Un autre arrache le saumon du plan gauche. Le pilote parvient à ramener difficilement l’avion à Cat Bi. Au posé le B-26 n° 109 a été touché par de 2 obus de 37 mm et 32 impacts de 12.7 mm.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Tranchees-autour-de-DBP
SHD : réseau de tranchées vietminh entourant Diên Biên Phu.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Piste-bombardements-parachutes-1920x3899
SHD Air : Photographie de la piste, des bombardements, des tranchées, des parachutes abandonnés.

13 h 45

Deux Bearcat du Languedoc venus de Xieng Khouang au Laos attaquent le Mont fictif suivant l’axe Nord-Sud.

14 h 00

L’amélioration du temps permet un appui aérien assez soutenu.

Message du général DE CASTRIES au colonel LALANDE l’informant de la poursuite des combats du centre le samedi 8 mai jusqu’à 7 heure du matin pour couvrir la sortie de la garnison d’ISABELLE en direction du Sud selon les dernières consignes et informations reçues. Problème : la cartographie de la zone Sud est pratiquement inexistante ou mal renseignée, compliquant la mission d’ISABELLE. Il est impossible de trouver des guides locaux connaissant la région.

Début des ordres d’évacuation d’Isabelle avec distribution des rations, des munitions, l’allègement des hommes et le début des destructions.

Sur ordre le régiment 141 (Hongaï) de la division 312 (Bentré) poursuit sa progression pour s’emparer d’ELIANE 11 (référencé 507 par le Vietminh) et atteindre le pont sur la Nam Youm.

14 h 39

Pourrons-nous oui ou non, avoir aujourd’hui un parachutage de munitions à basse altitude. Réponse urgente. Stop et Fin.

14 h 45

Trois B-26 Martini Rose larguent leur chargement à 600 m au Sud-Ouest de ELIANE 2.

15 h 00

Récit Vietminh :

L’action est facilitée et accentuée par la reddition d’un nombre important de « rats de la Nam Youm » qui étaient installés, dans des caches, dans les berges, le long de la Nam Youm. Le fortin 507 est attaqué (ELIANE 11) Une courte préparation d’artillerie et l’assaut des fantassins. À l’Est du torrent, les troupes des derniers points d’appui en profitent pour s’enfuir vers Muong Thanh (le réduit central). Un groupe de soldat du points 507 (ELIANE 11) les rejoignent. Deux de nos sections déferlent déjà dans la position quand un timide drapeau blanc apparait. La garnison entière jette les armes et lève les mains.

Le drapeau blanc et la reddition sont constatés depuis ELIANE 12 par le capitaine FAZENTIEUX du Génie.

1re CMMLE – sous-lieutenant PINAULT : recevons l’ordre de faire sauter les pièces et les postes radio.

Les légionnaires survivants du I/13e DBLE d’ELIANE 3 sont relevés pour participer à la percée Albatros. Devant le départ des légionnaires, les tirailleurs marocains sont pris de panique et sortent des tranchées, mais la résistance continue sur ELIANE 3.

Le général THANH, en l’absence du général GIAP responsable des opérations, donne l’ordre de poursuivre l’assaut sur la face Est et Ouest. La division 312 franchissant la Nam Youm et marchant vers l’Ouest, la division 308 s’avançant à sa rencontre.

15 h 05

2 Corsair d’une patrouille de 4, dont deux ont fait demi-tour pour problème mécanique, larguent 5 bombes et 12 roquettes sur le nord du Mont Chauve ; le reste au Sud d’ELIANE 2 dans une boucle de la rivière et terminent par un straffing. En repartant ils constatent des explosions autour du PC GONO.

15 h 10

3 Helldiver de la 3F bombardent HUGUETTE 5 avec des bombes de 1 000 livres dont 4 vont au but.

Avant 16 h 00

2 Bearcat venant de Xieng Khouang avec 2 bombes de 500 livres chacun, contactent Torri Rouge qui répond : « Larguez votre chargement sur nous. Ils sont dans nos barbelés. Au revoir les gars. »

Les pilotes bombardent le sud d’ELIANE 3.

Au total, sur la journée, 90 sorties feu ont été réalisées en appui direct de Diên Biên Phu.

Du 1er au 7 mai, 1 Morane 500, 1 B-26, 1 F8F et 1 Beaver ont été abattus : 2 tués, 3 disparus, 2 blessés de l’armée de l’Air. 1 blessé et 2 disparus de l’armée de Terre.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Torri-Rouge
A gauche, le commandant GUÉRIN (Torri Rouge) avec le capitaine DEFENDINI.

16 h 00

ELIANE 3 est tombé, les combats continuent au corps à corps autour d’ELIANE 11 et 12. Infiltration massive VM sur l’ensemble du front Ouest de la position centrale.

Dernier message envoyé par Diên Biên Phu en télétype :

Eliane 3, 2, 12 : Harcèlements se poursuivent, infiltrations massives sur face ouest.
   
Dès cet instant le général DE CASTRIES donnait l’ordre de procéder à des destructions.

Situation ELIANE 3 est tombé. Infiltration massive VM sur la face Ouest.

« Cessez le feu à 17 h 30. Ne tirez plus. Pas de drapeau blanc. À tout à l’heure. BRUNO, Pauvre 6 ! pauvres paras ! »

L’heure de la fin est fixée à 17 h 30 lors de la réunion avec DE CASTRIES.

Décision d’arrêter l’appui aérien à 17 h 00, demande de livraison munitions annulée remplacée par livraison vivres.

La rive Est de la Nam Youm est entre les mains des Viets.

Médecin commandant GRAUWIN :


Dans les tranchées qui mènent à l’hôpital au GAP et au 8e Choc, dans le boyau qui conduit au PC, dans toutes les tranchées qui aboutissent au réduit central, les blessés sont entassés en une file interminable, assis ou couchés, à même la boue, et cette file ne s’arrête qu’au contact des Viets ?

Le lieutenant-colonel DE SEGUIN PAZZIS contacte, en phonie, le colonel LALANDE pour l’informer que le réduit central n’est pas en mesure de réaliser Albatros, l’évacuation du camp (ils s’expriment en anglais pour éviter les écoutes). Il ne l’informe pas de leur cessez-le-feu à 17 h 30.

Il laisse au colonel le choix entre deux solutions : prolonger la défense et faire un baroud d’honneur ou bien tenter seul Albatros.

Les destructions sont déjà en cours sur ISABELLE. Il ne reste que la solution de la sortie. Après quelques minutes de réflexion le colonel Lalande annonce par message sa décision de tenter la sortie.

ELIANE 11 et 12 tombent.

Sur Epervier les derniers mortiers de BERGOT n’ont plus de munitions.

Le dernier char en état de tir, le DOUAUMONT envoie un dernier obus sur HUGUETTE 3 en plein sur un groupe de gradés  en train d’inspecter le PA. Sans organe de visée, le tir se fait à vue, à travers le tube.

Le sort est scellé, les combattants de Diên Biên Phu plantent leurs armes dans les parois des tranchées et appuient sur les détentes. Les fusils ont un dernier hoquet, les mitraillettes un ultime aboiement et les culasses frappent le vide, les canons éclatent.

Au milieu du camp, les équipages de chars vidangent l’huile des moteurs qu’ils emballent pour les détruire. Tous les chars sont détruits entre 16 h 00 et 17 h 00. L’optique, l’armement collectif, la radio, ont été ou cassés ou jeté à l’eau, les culasses des canons démontées et enterrées, l’âme des tubes détériorée avec des grenades incendiaires. Au point de vue organe moteur, les tableaux de bord, delcos, carburateurs, filtres ont été brisés à coup de masses. En outre, plusieurs grenades explosent dans les compartiments moteurs. Seuls les trains de roulements des chars sont laissés intacts. Les artilleurs font glisser dans les tubes des grenades au phosphore pour souder les culasses. C’est FINI ! les Viets n’auront rien.

Au PC GONO, les hommes brûlent les documents ; soldats et cadres attisent des foyers où sont jetés des brassées de documents secrets.

Au PC du GAP on brûle des lots de photographies aériennes.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Situation-7-mai
SHD : Isabelle le 7 mai 1954.

16 h 30

2 conversation avec Hanoï.

La première intention du général DE CASTRIES est d’entrer en contact avec les Viets par radio pour annoncer l’envoi de parlementaires, lors de la première conversation avec le général BODET.

Projet : 17 h 30 envoyer des parlementaires. Il faut soigner les blessés. Il y en a partout. On ne peut même plus les ramasser. Et puis alors, je vais prévenir que demain, il y aura des avions à Croix rouge. J’espère qu’ils laisseront faire.

Le général DE CASTRIES a déjà donné des instructions pour détruire le maximum de matériels et de munitions. Dans sa conversation avec Hanoï DE CASTRIES informe de la décision du colonel LALANDE à ISABELLE de tenter la sortie.

Le 31e bataillon du génie a reçu l’ordre de se tenir prêt à remettre la piste en état.

(message du 31e génie à Hanoï à 16 h 15)

L’état-major du GONO a demandé à Hanoï le parachutage de médicaments et de rations alimentaires pour distribuer aux hommes lors de la reddition. Les avions qui sont déjà chargés sont déchargés et la cargaison remplacée.

Le général COGNY reprend la conversation :

— Dites-moi, mon vieux, il faut finir maintenant, bien sûr, mais pas sous forme de capitulation. Cela nous est interdit. Il ne faut pas lever le drapeau blanc, il faut laisser le feu mourir de lui-même, mais ne capitulez pas, Cela abimerait tout ce que vous avez fait de magnifique jusqu’à présent.

— Bien, mon général, seulement je voulais préserver les blessés.

— Oui, seulement j’ai un papier moi (instruction du général NAVARRE avant de quitter Hanoï interdisant que soit hissé le drapeau blanc.) Je n’ai pas le droit de vous autoriser à faire cette capitulation. Alors faites ça au mieux. Mais il ne faut pas que cela finisse par un drapeau blanc. Ce que vous avez fait est trop beau pour que l’on fasse cela. Vous comprenez mon vieux ?

— Bien mon général.

— Allez, au revoir mon vieux.


"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 1715017925677

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 1715017925902
Version non coupée, annotée du général Navarre et provenant de son fonds privé conservé au Service historique de la Défense.

Feu de toutes les armes sur les positions ennemies (Commandant LE GURUN : feux d’artifice final), jusqu’à épuisement des munitions, destruction des pièces d’artillerie, des appareils de transmission, des deux chars, et arrêt de toute activité à 17 h 30.

Les archives des PC sont brulées.

Attendre dans la dignité l’arrivée des Vietminh.

Hanoï envoie trois messages à ISABELLE pour l’organisation de la sortie et le recueil.

Le lieutenant-colonel DE SEGUIN PAZZIS téléphone à toutes les unités du camp retranché.

Par ordre du général, le cessez le feu sera effectif à partir de 17 heures. Tous les matériels et les approvisionnements seront détruits.

1ère CMMLE – sous-lieutenant PINAULT : Je casse ma carabine et mon pistolet. Avec POIRIER nous liquidons la dernière boite de Vinogel sans la diluer. Nous sortons à l’extérieur et attendons les Viets.

Effectif initial de la Cie : 90 hommes. Effectifs restant : 47, dont 38 blessés (légers pour la plupart).

17 h 00

DE CASTRIES téléphone pour la dernière fois au général COGNY tandis que les combats se poursuivent avec acharnement sur l’ensemble des positions. Jusqu’à 17 h 30 les communications téléphoniques reçues à Hanoï ont été le calme extraordinaire qui règne jusqu’au dernier moment dans le PC souterrain. Les ordres sont donnés comme à la manœuvre.

Le général BODET reçoit le dernier coup de téléphone du général DE CASTRIES.

— Nous sommes submergés. Les 3 PA de l’Est de la Nam Youm sont tombés. Je ne sais plus où sont mes blessés. Mes commandants d’unités affluent vers moi en me demandant que faire. Nous sommes soumis depuis cette nuit au tir des orgues de Staline. Mes hommes ne sont plus que des automates crevés de fatigue.

Le général BODET lui a donné l’ordre de laisser mourir le combat et de laisser LALANDE jouer Albatros.

Il l’a remercié de la très belle défense qui a été faite jusqu’ici, lui a dit qu’on ne les laisserait pas tomber.

Le général DE CASTRIES a dit que de chez les VM on s’évadait aussi.

Dakota Zoulou Charlie largue des médicaments sur ISABELLE. Son chargement a remplacé les munitions déjà chargées dans l’avion.

Sur ISABELLE, réunion des commandants d’unité. Destruction de l’armement lourd et du matériel à entreprendre sur le champ. Immédiatement, on entreprend la destruction : les chars restant du peloton PRÉAUD, le dernier 105 de l’adjudant FOUCHEREAU, les canons sans recul, les mitrailleuses lourdes ; les munitions sont jetées dans la rivière. Tout est détruit, cassé. La marche en brousse sur de longue distance ne permet que l’emport de charges légères et de l’armement individuel.  

17 h 30

ELIANE 11 et 12 tenus par des restes des Thaïs et des sapeurs marocains tombent.

De partout, surgissent les bo-doïs. On dirait une horde de gamins en liesse.  Di, di ! Mau Lên.

On a l’impression que les soldats vietminh sortent de terre leurs pas résonnent sur les plaques métalliques de la piste.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Carte-des-tranchees-1920x2597
Carte des tranchées Vietminh au 7 mai 1954.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 ELIANE-au-7-mai-1954-scaled
SHD : état d’Eliane, 2 au 7 mai 1954.

Dernière conversation entre COGNY et DE CASTRIES.

— Je fais sauter toutes les installations. Les dépôts de munitions explosent déjà. Au revoir

— Allez au revoir mon vieux.


Médecin capitaine VERDAGUER : Après 56 jours d’un vacarme étourdissant, un silence irréel, un immense silence pesant et triste.

Sergent-chef Louis LEGRAIN du 8e BPC :

Je sort de mon abri. C’est le calme, un calme étrange, poignant après 56 jours d’enfer. Partout sur les points d’appui, le feu consume les dépôts de munitions et de matériels, les lourdes pièces d’artillerie sont renversées, criblées d’éclats parfois même déchiquetées… Les mitrailleuses lourdes sont déformées, calcinées, en pièces. Partout des cratères encore sanglants, un fantastique paysage d’Apocalypse a remplacé l’ensemble bien ordonné de la place de Diên Biên Phu, un drapeau blanc à croix rouge flotte mollement sur l’antenne chirurgicale.

Les opérateurs détruisent sur ordre leurs téléphones et leurs postes radio. Fin de porteurs.

17 h 40

9DMO, l’opérateur radio de Diên Biên Phu prend congé :

On fait tout sauter. Adieu !

Section 1 Cie 360 Bataillon 130 régiment 209 Division 312.

Les supérieurs ordonnent de capturer vivant DE CASTRIES et ses officiers.

À trois nous entrons dans le PC. Quand on arrive, il y a une vingtaine d’officiers. Ils se lèvent Le camarade LUÄT dit en français : Cessez-le-feu !

Le fantassins plantent leurs armes dans la terre et appuient sur la détente ; ce qui fait exploser le canon.

Les artilleurs détruisent les pièces avec les grenades incendiaires et cassent les optiques.

Les émetteurs radios détruits, il règne un silence dans le PC.

LANGLAIS détruit son béret para, BIGEARD le garde par bravade.

Ils refusent tous les deux de sortir les bras levés.

Sur ISABELLE on se bat encore. Les liaisons radio ne se font plus qu’en graphie.

Le Viet arrive. Le petit vietnamien, une ombre de 1 m 50 qui parait avoir 15 ans même quand il en a le double, se présente à l’entrée de la tranchée, brandit son arme russe et lance Di di mau-len (allez vite) ou un Sortez.

L’abri PC est pris.

Le général DE CASTRIES est dans son bureau en uniforme avec médailles.

Les 23 officiers, sous-officiers et hommes de troupe du PC sont rassemblés.

17 h 55

Message de COGNY à ISABELLE :

Me faire connaître vos intentions pour nuit du 7 au 8.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Ordre-du-jour-n%C2%B09

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Images?q=tbn:ANd9GcRFJkxiksIUtJvkZBKzLms4OrMfVZvkbyWNn316zi0vBZtULXm0PMPHfqIUVuAAYBoxAQI&usqp=CAU

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Drapeau-berne

Source : https://theatrum-belli.com/


___________________________________ ____________________________________

Sicut-Aquila

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Cocoye10 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120

« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

Michel et marienneau jean-michel aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas
Commandoair40
Admin
Admin
Commandoair40


Masculin
Nombre de messages : 28763
Age : 77
Emploi : Français Radicalisé .
Date d'inscription : 07/11/2014

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Empty
MessageSujet: Re: "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"   "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Icon_minitimeMar Mai 07 2024, 17:12

Voici la fin de la Bataille de Dien Bien Phu .

"Une victoire Honteuse pour les Viets , un Défaite Glorieuse pour nos Enfants de France"

Je vous conseille de revenir a Dien Bien Phu au jour le jour :
"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 221046395
https://paras.forumsactifs.net/t9260-dien-bien-phu-au-jour-le-jour

Certains détails et écrits , sont complémentaires a ce Magnifique Journal de Marche , que nous devons a THEATRUM BELLI et a Monsieur

Pascal PECCAVET .

Ancien pilote d'hélicoptère sur Gazelle au sein de l’aviation Légère de l’armée de Terre (ALAT) pendant 18 ans cumulant 2 500 heures de vol.

Ancien combattant de la guerre du Golfe et de la Somalie.

Attaché Principal d’Administration d’État dans l’Éducation nationale.

Adjoint gestionnaire d’un établissement scolaire.

Commissaire aux Armées de Réserve (en attente d'affectation).

Membre de l’Union Nationale des Combattants de Saint-Paul-lès-Dax (Landes).

Historien chercheur pour l'ECPAD.

Historien "War Studies".

Spécialiste de la guerre d’Indochine.

A rejoint l'équipe rédactionnelle de THEATRUM BELLI en janvier 2024.

Merci a eux .

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 1996631456  "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 1996631456

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 3031951924  "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 1201430414  "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 2196632332  "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 2997794832


___________________________________ ____________________________________

Sicut-Aquila

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Cocoye10 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120

« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

Alexderome, Michel et marienneau jean-michel aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas
Alexderome
Admin
Admin
Alexderome


Masculin
Nombre de messages : 8578
Age : 58
Emploi : A la recherche du temps perdu
Date d'inscription : 22/10/2010

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Empty
MessageSujet: Re: "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"   "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Icon_minitimeJeu Mai 09 2024, 13:06

LES BLESSÉS FRANÇAIS DE DIÊN BIÊN PHU ET LEUR EVACUATION

Avant de nous intéresser au sort des prisonniers de guerre évacués vers les camps de la mort viets,  il reste dans le camp retranché des blessés intransportables. 
On va suivre leur évacuation grâce à Theatrum belli.

Quand l’ordre de cessez-le-feu est donné, 2 156 blessés ont été traités et 1 154 interventions chirurgicales pratiquées, avec un taux de mortalité global de 2,9 %.

Ce sont 22 médecins qui ont soignés et opéré pendant toute la bataille.

Les blessés de Diên Biên Phu sont principalement des polyblessés ou des polytraumatisés qui représentent 60 % de l’ensemble des patients. Ces lésions sont engendrées par l’usage intensif d’un armement lourd (artillerie, mortier, mines, grenades). Les blessés par balles représentent 20 % des pertes, et ceux par projectiles d’artillerie 65 %. Ces statistiques rappellent celles notées au cours de la campagne de France en 1944-45

Si l’on reprend les chiffres généralement admis pour la bataille de Verdun et ceux donnés par les rapports du GONO et des FTNV, les blessés de Verdun représente environ 1,5 % de l’effectif engagé ; ceux de Diên Biên Phu représentent un peu plus de 29 % de l’effectif total engagé.

Il y aura deux parachutagesde médicaments avant que ke premier hélicoptère sanitaire puisse se poser le 13 mai.

___________________________________ ____________________________________

« Je ne veux pas me faire ficher, estampiller, enregistrer, ni me faire classer puis déclasser ou numéroter. Ma vie m’appartient ». N°6 Le Prisonnier

81/06, Michel et marienneau jean-michel aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas
Commandoair40
Admin
Admin
Commandoair40


Masculin
Nombre de messages : 28763
Age : 77
Emploi : Français Radicalisé .
Date d'inscription : 07/11/2014

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Empty
MessageSujet: Re: "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"   "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Icon_minitimeJeu Mai 09 2024, 16:05

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Dien-b13

DIÊN BIÊN PHU : Journal de marche du 8 mai 1954

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 DBP-7-mai-1954

Nuit du 7 au 8 mai

18 h 00


Médecin lieutenant RÉSILLOT : L’artillerie Viet s’est à nouveau déchainée (sur ISABELLE), mais cette fois ce n’est plus par 4 que les obus arrivent mais par 8 ou 12. L’antenne paraissait être le point de mire de leurs canons. Heureusement elle était solide.

18 h 20

Les dernières positions de CLAUDINE sont occupées.

La dernière est Lily.

18 h 30

ISABELLE a confirmation par message crypté de la chute du réduit central. Un radio vietminh sur la fréquence du commandement GONO annonce la chute de Diên Biên Phu et somme ISABELLE de se rendre.

19 h 00

Dakota signale des tirs violents et explosions sur Diên Biên Phu et sur ISABELLE.

Dakota PC : Aucun contact avec GONO ni ISABELLE.

L’artillerie Viet reprend des tirs sur ISABELLE et s’intensifie, de nouveaux morts et de nouveaux blessés. Il y a déjà 160 morts dans le cimetière d’ISABELLE seulement ceux que l’on a pu enterré dans la journée et 250 blessés.

LALANDE suppose qu’une partie de l’artillerie Viet a été redirigée sur ISABELLE.

Il semble difficile de faire une brèche dans le dispositif Viet et de fausser compagnie au régiment 57.

L’adjudant DECORSE, sur ordre, quitte le PA WIÈME et rejoint le CR ISABELLE.

3 bataillons supplémentaires de la division 308 ont été envoyés par GIAP pour confirmer le blocus d’ISABELLE.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Defile-des-prisonniers
SHD : Vietminh, défilé des prisonniers sur le pont Bailey,(reconstitution propagande).

19 h 00

ISABELLE détruit ce qui reste de matériel lourd, la dernière pièce de 105 et le char RATISBONNE du lieutenant PRÉAUD. L’artillerie Viet poursuit la destruction des blockhaus, des lignes téléphoniques, des tranchées, des dépôts de munitions dans la nuit noire sans lune impénétrable. Difficulté pour trouver les chicanes désactiver les champs de mines pour préparer les sorties. Un obus explose à l’entrée de l’antenne chirurgicale de RÉSILLOT. Les planches les poutres et les parachutes aux abords de l’antenne prennent feu. Les blessés sont dans les abris au bord de l’incendie.

Les infirmiers tentent d’éteindre les flammes au milieu des explosions. La fumée envahie la salle de soins. Le lieutenant LEGOUBÉ, sur le billard, est emporté sur son dos par le sergent-major CHAUMETTE vers une alvéole de véhicules avec une trentaine d’autres blessés. Blessé depuis le 17 avril, le chef DORAS est oublié dans une salle avec la poitrine et la jambe plâtrée, totalement paralysé. Ceux qui pouvaient marcher sont sortis. Des légionnaires aident l’évacuation des blessés. Un moment plus tard il entend le père GUIDON chercher les derniers hommes. Se signalant, DORAS est évacué par le père et par un légionnaire qui le dépose dans une tranchée avec d’autres blessés.

Désigné par le commandant JEANCENELLE, le lieutenant DU JOURDAIN, avec ses Algériens, renforcé d’une section Thaï, sort en reconnaissance mais se heurte à une embuscade, mais il peut regagner ses lignes et son poste.

Le capitaine MICHOT de la 12 du 3e REI prépare sa colonne pour la sortie. Il est le premier à sortir. Les consignes sont données. Un seul FM par section, des PM et des grenades, plusieurs jours de vivres pour une longue marche à la rencontre de la colonne du lieutenant-colonel GODART. Les blessés graves restent avec le médecin, les blessés légers et tous ceux qui ne sont pas en état de suivre restent. MICHOT accepte tous ceux qui sont volontaires pour partir mais, avec l’information que s’il ne sont plus capables de marcher, ils ne seront pas portés et abandonnés sur la piste.

19 h 30

Le général NAVARRE est informé par Hanoï de la perte de la liaison radio à 17 h 30 avec Diên Biên Phu.

Le bilan de la journée :

97 sorties feu sur Diên Biên Phu.
   
80 tonnes de vivres larguées sur Diên Biên Phu et ISABELLE.

Du 1er au 07 mai :

1 Morane 500, 1 B-26, 1 F8F et 1 Beaver ont été abattus ; 2 tués, 3 disparus, 2 blessés, de l’armée de l’Air ; 1 blessé, 2 disparus de l’armée de Terre (dispatcheurs du CRA).

20 h 00

Albatros : sortie d’une partie de la garnison d’ISABELLE. Objectif sortie Sud où les lignes ennemies sont les plus faibles puis progression vers Ban Loï.

Avion PC – C-47 n° 545 YA mission PC1 – Lieutenant-colonel DUSSOL : Arrive sur la DZ. Des tirs d’armes automatiques et d’artillerie sont observées autour d’ISABELLE. Aucun contact radio. Sur Diên Biên Phu, calme apparent, de nombreuses lumières ainsi que dans les villages entre les deux positions.

20 h 50

Un B-26, en bombardement sur la RP 41, s’approche de Diên Biên Phu en reconnaissance Il constate que le ciel n’est plus strié de traçantes.

Aucune activité sur le centre.

De nombreuses explosions sur ISABELLE.

Sans information de la colonne à l’Est de la Nam Youm, le colonel LALANDE tente une sortie dans cette direction pour le gros du détachement.

Sortie très difficile dans la nuit noire dans les tranchées boueuses en cheminant dans les réseaux de barbelés pour atterrir de l’autre côté de la Nam Youm dans les rizières. Des échos d’accrochages au sud.

Cat Bi : 4 C-119 chargés de rations et des médicaments sont maintenus en alerte.

21 h 00

Sortie de la 1re colonne aux ordres du capitaine MICHOT avec comme second le lieutenant Michel LEVY. Le lieutenant WIÈME sort en tête avec ses Thaïs. La sortie est encombrée.

Ils sortent vers l’Est en franchissant la rivière et progressent sur la rive gauche de la Nam Youm. À 4 km, ils franchissent un village incendié puis un deuxième. La piste est encadré de cratères dus aux bombardements. La liaison radio avec ISABELLE s’estompe.  

De GM6 à Forces Terrestres Nord Vietnam : Demande si itinéraire Sud impératif. Ban Loi semble plus favorable.

Dakota PC signale artillerie d’ISABELLE en activité.

21 h 40

L’avion PC n°545 YA constate une série d’explosion sur ISABELLE. Se succédant de façon continue. Explosions ne ressemblant nullement à des coups de départ ou d’arrivée de projectiles mais à des dépôts que l’on fait sauter. Ces explosions étaient suivies d’incendie et ont duré jusqu’à minuit, heure à laquelle j’ai quitté la cuvette.

On entend les Viets sur les fréquences infanterie. Reprise du contact radio avec ISABELLE.

Sur Diên Biên Phu, quelques tirs assez rares d’armes automatiques, une explosion de couleur verte vers 22 h 00 locale.

Sur la route qui mène à la cuvette et au Nord de GABRIELLE de nombreux phares de véhicules se dirigeant vers Diên Biên Phu.

À signaler également quelques tirs d’armes de DCA assez rares mais bien dirigés.

Sortie d’ISABELLE :

En tête, les petits Thaïs 431 et 432 CSM du lieutenant WIÈME.
 
Les 12e et 11e Cie du 3/3 REI.
   
Les équipages de chars du lieutenant PRÉAUD.
   
L’unité de commandement d’ISABELLE.
   
Les restes du BT3 le 2/1 RTA en 3 vagues successives.

Contact FTNV avec ISABELLE. Message départ en cours de transmission. N’ont rien pour vous.

22 h 00

ISABELLE – deuxième sortie :

La 11e Cie de légionnaires du III/3e REI, une partie du 2/1 RTA et le lieutenant PRÉAUD avec ses équipages, débouchent sur la rive Ouest.

Ils parcourent 3 km dans la nuit noire. Très vite les troupes de la rive Ouest sont bloquées par une embuscade. Des Thaïs s’enfuient. Le lieutenant PRÉAUD est coupé des légionnaires du lieutenant AMET et se dirige dans la brousse. Le lieutenant SURBIER de la 9e Cie est coupé également de la colonne. Le commandant JEANCENELLE, qui suit avec le PC du 2/1er RTA, craint les méprises entre les troupes ou un massacre. Il donne l’ordre de cesser le feu et attend l’arrivée des Viets…. qui arrivent immédiatement sur les flancs en criant « Mao-len ».  

Les officiers sont séparés de la troupe. Les Viets ordonnent à JEANCENELLE de désigner un officier qui accompagnera des parlementaires jusqu’à ISABELLE. Le lieutenant Jean-Pascal TYMEN est désigné.

Cat Bi :

Le GATAC Nord demande le chargement des 4 C-119 en alerte avec des obus de 81, de 120 et de 12.7 en urgence pour parachutage sur ISABELLE.

Parachutage très compliqué non réalisé de nuit.

22 h 15

Contact perdu sans avoir donné d’aperçu.

Explosions observées par le Dakota PC.

23 h 00

La queue de colonne quitte ISABELLE. Le colonel LALANDE, par la radio, a appris la fin de la colonne de l’Ouest. Il donne l’ordre de faire rentrer les éléments encore présents en espérant pouvoir réaliser un dernier nid de résistance. Mais déjà les Viets du régiment 57 sont là et se mélangent à la troupe. Les différents éléments du détachement sont tronçonnés, isolés, capturés, au cri de « Ne tirez pas ».

Les hommes près des réseaux tentent de faire demi-tour pour regagner leurs positions initiales.

Minuit

ISABELLE toujours pas revenue sur le réseau.

Du point de vue radio aucun contact n’a été pris avec ISABELLE. Un détachement de transmissions désigné par l’appui aérien a entendu un SCR 300 de nombreuses conversations en Vietnamien. À un de nos appels sur SCR 300 pour contacter ISABELLE une voix vietnamienne a répondu « Que voulez-vous monsieur ? ».

N’ayant pas eu de contact radio avec la DZ je n’ai déclenché aucune luciole estimant qu’un éclairage aurait été plus nuisible qu’utile à nos unités qui auraient tenté une sortie.

Le colonel LALANDE envisage de reconstituer un dispositif défensif sans l’armement lourd qui a été détruit. Mais il est trop tard, les fantassins Viets sont déjà dans les points d’appui, les liaisons et les commandements sont perdus, les blessés attendent des soins.

Samedi 8 mai

00 h 15

Le C-119 n° 143 décolle pour ISABELLE avec son chargement.

Mais la liaison est perdue avec ISABELLE.

L’avion survole une dernière fois le Sud de la cuvette.

01 h 00

LALANDE voit arriver vers le réseau un officier français entouré de Viets qui agitent des drapeaux blancs. Le lieutenant TYMEN avance : Pris entre les PM des Viets et le risque de me faire tirer dessus par les éléments amis d’ISABELLE, je n’en menais pas large. Les deux kilomètres du parcours m’ont semblé longs. J’ai finalement réussi a me faire reconnaître par un légionnaire et l’occupation d’ISABELLE par les Viets a commencé.  

Après une courte discussion le colonel LALANDE ordonne le cessez-le-feu. Juste avant de détruire sa radio, il prévient sobrement Hanoï.

01 h 50

L’avion de commandement capte le tout dernier message d’ISABELLE :

« Sortie manquée – stop – ne puis plus communiquer avec vous – stop et fin. »

LALANDE et ses proches ont sur le champ les bras liés dans le dos et sont poussés en dehors du réseau.

02 h 00

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Michel-LEVY
Lieutenant Michel LEVY durant l’opération Mouette.

La première vague parcourt 9 km le long de la rivière et tombe sur un bouchon à Pom Lot dans le sud de la cuvette, là où la piste quitte la plaine pour s’enfoncer dans les collines boisées la nuit devient opaque. Les guetteurs Viets les détectent. Accélérant le pas, ils atteignent une rivière qu’ils traversent mais se trouvent bloqués devant une falaise. Les Viets tirent à l’aveuglette. Une partie de la colonne est détruite mais 13 hommes arrivent à se sauver dont le lieutenant WIÈME et le capitaine MICHOT avec une quinzaine de légionnaires. Suivi de ses légionnaires, le lieutenant Michel LEVY échappe à trois accrochages ; le quatrième lui est fatal.

Personnels présents du 3e REI présents sur ISABELLE :

CCR 9/12/67,
   
3e Bataillon 12/47/418
   
CEML 1/4/51

Jusqu’à l’aube 5 B-26 décolleront de Haiphong pour bombarder la RP41 avec des bombes de 500 livres Butterfly.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 DBP-7-mai-54-1920x2563

02 h 30

Posé du C-119 n° 143 ayant décollé pour ISABELLE avec son chargement à 00 h 15.

Les pilotes de l’USAF et de la CAT à Cat Bi sont informés que les parachutages du lendemain sont annulés. Diên Biên Phu est perdu.

04 h 40

Un B-26 décolle pour une mission d’appui sur ISABELLE.

L’avion PC l’informe de la perte de contact avec ISABELLE et détourne la mission pour un bombardement avec ses Butterfly de 250 livres sur le point Brantôme.

Lever du soleil

Après avoir bu un quart de café avec les médecins et Geneviève DE GALARD, le père HEINRICH et le médecin-lieutenant RIVIER montent (avec l’autorisation vietminh) avec des infirmiers sur les ELIANE. Ils ramènent les capitaines TRAPP et BAILLY ainsi que le lieutenant DATIN. Le père TRINQUANT, de la 13e DBLE avec le père GUÉRY, font les mêmes recherches sur les CLAUDINE, en particulier dans le réseau de CLAUDINE 5.

Sur les ELIANE les Viets font basculer les morts des deux camps dans les tranchées et referment. Ils indiquent aux au Père HEINRICH et aux secours français où ils ont aperçu des blessés dans des trous d’obus, des abris démolis ou des boyaux. Sur des brancards, avec nos bras, nous en  ramenons à l’antenne et nous repartons. Mlle DE GALARD donne à boire à ces malheureux. Indifférent, les Viets laissent faire.

Remarquant la croix pectorale des aumôniers, des bo-doïs leur donnent des cigarettes. Ce sont des catholiques mobilisés par les Viets.

Des coolies trient les armes par catégories, des fusils, des mitrailleuses, des mortiers, des lots d’uniformes, des outils. Les blessés Viets ont totalement disparu, emmenés vers la montagne.

09 h 00

L’avion PC survolant Diên Biên Phu signale n’avoir eu aucun contact radio avec le sol.

09 h 07

Le RB26 n° 307 décolle pour une couverture de Diên Biên Phu.

L’équipage est désemparé par la solitude et le contraste avec le trafic des jours précédents.

Il observe les alvéoles des batteries d’artilleries Viet ouvertes et les canons déjà retirés.

11 h 00

Le lieutenant WIÈME et une demi-douzaine d’hommes sont capturés. Mais le capitaine MICHOT poursuit son évasion après 3 semaines de marche. Il sera fait prisonnier. Épuisé, il rejoindra Diên Biên Phu .

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Privateer-28F-scaled

Le Privateer 28F6 indicatif césar 6 est abattu par la DCA lors d’un bombardement sur le point Melchior du coté de Son La. Sept membres d’équipage trouvent la mort, deux rescapés sont fait prisonniers puis libérés.

Décédés :

Enseigne de vaisseau de première classe MONGUILLON, commandant d’aéronef
   
Second maître pilote ROYSSAT
   
Second maître navigateur LE COZ
   
Maître mécanicien BOUISSOU
   
Second maître mécanicien STEPHAN
   
Second maître radio HOOG
   
Second maître radio LACROSSE

Rescapés :

Second maître armurier CARPENTIER
   
Second maître armurier KEROMNES (son témoignage)

Mais les 7 bombardiers Privateer restant ont fait 48 missions en 7 jours et les 37 avions de chasse de l’aéronavale sont intervenus 207 fois sur les 10 premiers jours de mai. Les bombardiers B-26 sont intervenus 255 fois en 7 jours ainsi que 71 missions de chasseurs de l’armée de l’Air.

12 h 30

Un parachutage de vivres et de médicaments a lieu su Diên Biên Phu et ISABELLE : 13 tonnes de médicaments et 1 jour de vivres.

L’avion PC qui survole Diên Biên Phu signale « aucune activité au sol, aucune DCA ».

13 h 00

Aucun colis n’est ramassé du parachutage de 09 h 00.

Un Beaver signale avoir observé de petites colonnes d’environ 50 hommes marchant vers le Nord.

14 mars au 9 mai :

Heures de vols du groupe de chasse 1/22 Saintonge :
       
Appui direct : 631,20 heures
       
Coupure de route : 249 heures
   
État des heures de vols pour l’ELA 53 du 1er au 10 mai 1954 sur Diên Biên Phu :
       
35 heures pour 17 missions.
   
Appui aérien sur Diên Biên Phu du 06 mai 15 h 00 au 07 mai 15 h 00 :
       
93 sorties de combat, 13 lucioles et 6 sorties de nuit

Journée du 08 mai – Action aérienne :

Coupures sur RP41,
   
Reco Zone Sud Diên Biên Phu.
   
Un Privateer abattu région de Tuan Giao (28F6 Cesar 6)

Journée

La mission photo HV 539 20 – clichés 1/8 000 – mission bonne – recherche crash Packet. Débris de l’avion trouvé en VJ 031 044.

HV 540 197 clichés split 1/6 000 – bonne mais nuageuse – contrôle activités Diên Biên Phu. Les positions de 37 mm et artillerie VM paraissent vides.  

10 h 30 à Paris

Le drapeau Viet flotte sur Diên Biên Phu.

15 h 00

Le personnel médical et les aumôniers ont un premier contact avec un commissaire politique qui leur fait part « de sa joie de les voir libérés du joug capitaliste ».

Suit un monologue, extrait du catéchisme communiste : « Grâce à la politique de clémence du président Ho Chi Minh vous serez bientôt libérés, mais, avant il faut vous rééduquer puisque votre formation première était fausse et mensongère. »

17 h 00

Des véhicules sont aperçus entre ISABELLE et Diên Biên Phu ainsi que du personnel ramassant les colis parachutés le matin.

12 h 00 à Paris

Le gouvernement est informé.

À 12 000 kilomètres des lieux du désastre, à Sidi Bel Abbès, les jeunes légionnaires du 1er Etranger ont été rassemblés sur la place d’armes, de part et d’autre de la voie sacrée dominée par le monument aux morts. D’une voix qu’il veut ferme, mais qui trahit son émotion, le colonel Gardy lit un communiqué d’une brièveté tragique.

Diên Biên Phu vient de tomber. Nous sommes réunis pour rendre hommage au sacrifice de ceux qui sont tombés au cours de cette lutte épique. Nous allons présenter les armes aux drapeaux qui ont disparu dans la bataille.

Un silence. Puis, plus forte, la voix s’élève, appelant comme au rapport : Les 1er et 3e bataillons de la 13e DBLE ; le 3e bataillon du 3e REI, le 1er bataillon du 2e REI, les 1er et 2e bataillons étrangers de parachutistes…

Un silence encore.

16 h 45 à Paris


L’Assemblée nationale est informée par Joseph LANIEL.

Deux heures après l’annonce de la chute de Diên Biên Phu à Genève, MOLOTOV fait savoir à nos diplomates que plus rien ne s’oppose à l’ouverture de la conférence sur l’Indochine.

Au soir du 8 mai 1954, quand l’annonce de la défaite se fait officielle, le chef du gouvernement Joseph LANIEL et le ministre de la Défense René PLEVEN se rendent sur la place de l’Étoile où ils sont bousculés par des manifestants venus protester contre la politique de renoncement menée en Indochine. Un homme se présente alors devant le ministre de la défense et lui assène une claque, constat amer s’il en est de la défaite politique que représente Diên Biên Phu.

8 mai

Le 6e BPC est immédiatement dissous et ses éléments en base arrière à Hanoï sont versés au 1er BPC et à la BAPN.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 DBP-7-mai-1954

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Figaro

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Le-Parisien

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Est-republicain

Source : https://theatrum-belli.com/

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 31%20(19)


___________________________________ ____________________________________

Sicut-Aquila

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Cocoye10 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120

« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

81/06 et marienneau jean-michel aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas
Commandoair40
Admin
Admin
Commandoair40


Masculin
Nombre de messages : 28763
Age : 77
Emploi : Français Radicalisé .
Date d'inscription : 07/11/2014

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Empty
MessageSujet: Re: "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"   "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Icon_minitimeJeu Mai 09 2024, 19:48

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Dien-b13

DIÊN BIÊN PHU : les prisonniers et les blessés

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Prisonniers-2

Les prisonniers

Plus de combats, plus de bruit.

Le champ de bataille est dévasté, les soldats survivants également.

En se regardant les uns les autres, sortant de terre peu à peu par petits groupes, puis rassemblés par les vainqueurs et acheminés vers le centre de Diên Biên Phu, ils se rendent compte des changements, dans leur aspect physique d’abord : épuisés, amaigris, visages émaciés, la difficulté des combats et la dégradation des conditions de vie se voient sur eux.

La tension nerveuse des combats fait place à l’attente de savoir quel sort leur est réservé.

Les captifs faits pendant les combats ont détruit leurs armes ou les ont rendues inutilisables lorsqu’ils en ont eu le temps.

Ils sont ensuite rapidement éloignés des lieux de combats et de capture par des tranchées de communication vietminh, puis acheminés à environ une heure de marche du Camp retranché.

Ils peuvent alors avoir subi des interrogatoires, puis ils ont été triés, de manière à séparer les soldats en fonction de leurs grades puis de leur ethnie.

Ce n’est souvent qu’après environ deux jours qu’ils sont, par colonnes ainsi organisées, mis sur la route des camps.

20 médecins et un dentiste sont fait prisonniers ainsi que 41 sous-officiers et hommes de troupes du Service de Santé.

10 542 prisonniers partirent sur les pistes en direction des camps vers la frontière chinoise pour 700 km à pied.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Prisonniers

Les conditions de vie durant ces trente à quarante jours de marche ont été similaires d’un groupe à l’autre.

Marcher, en montagne, souvent sous la pluie, qu’ils soient blessés, malades, ou valides épuisés, faire cuire la ration quotidienne de riz, survivre, prendre soin des camarades en difficultés, les brancarder parfois, mais aussi les abandonner sur le bord de la route. Puis tout répéter chaque jour, ou plutôt chaque nuit ; tel a été le quotidien de ces longues marches, qui ont été épuisantes, au physique comme au moral.

En une cinquantaine de jours en abandonnant sur la piste ceux qui sont incapables de suivre.

Un peu plus de 10 000 hommes furent faits prisonniers à Dien Bien Phu.

Après de très durs combats, le commandement vietminh organisa pour eux une “marche de la mort” pour regagner les camps. En quatre mois de captivité, le taux de mortalité fut de plus de 70%.

Mais il faut pondérer ce chiffre 94 % des officiers sont revenus 82% des sous-officiers ont été libérés, les pertes maximales ont été observées chez les militaires du rang.

Mais dans les pertes, il a été rentré les disparus dont les 3 300 prisonniers indochinois qui semblent avoir été intégrés de gré ou de force dans les rangs de l’armée populaire du Vietnam.

Un certain nombre sont maintenu à proximité de Dien Bien Phu pour nettoyer les champs de mines ce qui causa encore un certain nombre de morts.

D’autres servirent de figurants dans les différents films de propagande reconstitution filmés par Roman Karmen cinéaste soviétique sur la bataille de Dien Bien.

Les cas de légionnaires originaires d’Europe orientale qui ont été considérés par les autorités françaises comme « non rendus », mais qui ont, en réalité, été renvoyés dans leurs pays d’origine, en particulier vers l’Allemagne de l’Est pour les légionnaires Allemands.

Les vaincus sont alors séparés en différents groupes.

Les traditions militaires, les sociabilités créées par la bataille sont brisées ; d’autres sont reformées, plus ou moins artificiellement, en tous les cas arbitrairement selon les critères vietminh.

Les officiers sont tous mis à part du reste des combattants, ainsi que les aumôniers.

Ces derniers ont-ils été considérés comme dangereux, même s’il est vrai qu’ils sont officiers eux aussi ?

Leur influence morale a indubitablement été considérée comme suffisamment importante pour les séparer de leurs ouailles.

Les hommes de la garnison de Diên Biên Phu ne sont plus, quant à eux, sous-officiers et hommes de troupe d’une unité, mais « Nord-Africains », « Africains », « Légionnaires » et enfin, « Français ».

Peu importe l’unité d’origine, dans les principes vietminh l’important est l’origine ethnique.

Leur premier classement reprend finalement celui des tableaux d’effectifs des autorités militaires.

Il faut cependant mettre à l’écart de ce classement les « Indochinois » réguliers des unités ou partisans thaïs séparés du reste de la garnison, qui ont vite disparu et dont le sort n’est pas vraiment connu mais facilement imaginable par les autres ; ils sont soit exécutés ou deviennent bagnards en attendant une rééducation adéquate qui leur permit peut être de sortir des camps et d’être intégrés dans les unités Vietnamiennes.

La distinction faite entre les officiers et les autres est destinée, non pas à reproduire la hiérarchie par grade, mais pour parfaitement dissocier les soldats de leurs chefs.

Il s’agit de faire en sorte que les contacts ne soient plus possibles entre eux et que les soldats se détournent de leurs donneurs d’ordre.

Ainsi reformés en de nouveaux petits groupes, plus ou moins représentatifs de ces « classes », ils sont partis sur le chemin des camps de prisonniers vietminh.

Une trentaine d’hommes réussirent à s’évader dès le départ de la cuvette et à rejoindre les lignes françaises après plus de 30 jours de marches dans des conditions terribles.

Les blessés

Les effectifs du 5 mai font état de 4 436 soldats signalés blessés, dont 1 444 considérés comme étant à évacuer (903 assis et 541 couchés), effectif qui a plus que doublé en à peine un mois de combats supplémentaires ; or l’hôpital souterrain de Diên Biên Phu avait été aménagé avec 40 lits.

Sans compter les effectifs blessée entre le 05 et le 07 mai.

7 mai 1954

Quand l’ordre de cessez-le-feu est donné, 2 156 blessés ont été traités et 1 154 interventions chirurgicales pratiquées, avec un taux de mortalité global de 2,9 %.

Ce sont 22 médecins qui ont soignés et opéré pendant toute la bataille.

Les blessés de Diên Biên Phu sont principalement des polyblessés ou des polytraumatisés qui représentent 60 % de l’ensemble des patients.

Ces lésions sont engendrées par l’usage intensif d’un armement lourd (artillerie, mortier, mines, grenades). Les blessés par balles représentent 20 % des pertes, et ceux par projectiles d’artillerie 65 %.

Ces statistiques rappellent celles notées au cours de la campagne de France en 1944-45

Si l’on reprend les chiffres généralement admis pour la bataille de Verdun et ceux donnés par les rapports du GONO et des FTNV, les blessés de Verdun représente environ 1,5 % de l’effectif engagé ; ceux de Diên Biên Phu représentent un peu plus de 29 % de l’effectif total engagé.

8 mai

Parachutage de médicaments sur le GONO.

Les aviateurs voient le VM ramasser les colis.

9 mai

Parachutage des médicaments. Rations d’entretien pour 2 000 blessés.

10 mai

Intervient à Genève un accord de principe au sujet de l’évacuation des blessés graves de Diên Biên Phu.

Cet accord prévoie que les commandants en chef des deux partis seraient chargés de prendre contact dans les plus brefs délais, afin d’étudier sur place les modalités d’évacuations des blessés de la garnison de l’ancien camp retranché.

13 mai

Après des tractations réalisées par l’intermédiaire des radios « Radio Hirondelles » pour l’armée française et « La voix du Vietnam » pour le Vietminh en s’échangeant les propositions et les réponses par la voix des ondes.

Un message français en réponse à une transmission du 11 mai informe que si la météo le permet un hélicoptère à croix rouge se posera au Nord de la piste.

11 h 00 :

Un hélicoptère est autorisé à se poser au Nord de la piste avec un pilote et un co-pilote, le professeur HUARD (délégué du Commandement), deux médecins militaires, un officier de transport chargé d’évaluer les possibilités de la piste et un mécanicien d’hélicoptère.

La délégation VM se présente en tenue de treillis très simple, mais très propre – sans insignes ni galons.

Elle ne demande à voir ni papiers, ni le contenu d’un gros colis qui est remis directement aux blessés, ni visiter l’appareil.

La tente de réunion est aménagée avec du mobilier provenant du PC GONO dont deux fauteuils réservés aux Français.

Il est servi du thé et offert des cigarettes à plusieurs reprises au cours des entretiens.

Aucune sentinelle n’a été placée à proximité de l’appareil ou des tentes.

Au terme des tractations très compliquées qui durèrent plusieurs jours, seuls 858 blessés de Diên Biên Phu ont été rapatriés sur Hanoï sur les 1 444 jugés suffisamment graves par les autorités françaises pour être estampillés dans les tableaux d’effectif « à évacuer ».

Situation par ailleurs dénoncée par les médecins prisonniers de Diên Biên Phu, d’autant plus qu’il restait sur place des soldats encore très mal en point et qui auraient dû faire partie de ce contingent rapatrié.

Faute de soins, leur devenir était déjà compromis.

Parmi ces 858 évacués sanitaires, figure une majorité de légionnaires et de Nord-Africains, et seuls 8 « Sénégalais » sont entrés dans les formations sanitaires de Saigon.

Un accord est passé sur la libération de 858 blessés.

Par Note de service N°12.389/FTNV/I/EC du 10 mai tous les militaires faisant partie du Camp Retranché de Diên Biên Phu à la date du 07 mai 1954 sont considérés comme PRISONNIERS à compter du 08 mai.

14 mai

11 blessés arrivent à Hanoï dans la soirée. La délégation française n’a pas pu rejoindre Hanoï par suite du mauvais temps.

Le Beaver 156 est accidenté sur la piste de Diên Biên Phu.

Pas d’évacuation.

15 mai

Pas d’évacuation.

16 mai

Fiche de renseignement réalisée par du personnel demeuré 48 heures à Diên Biên Phu :

Personnel installé sous tente à l’extrémité Nord de la piste d’aviation et à proximité des tentes abritant les cent blessés en attente de transport.

Tous les blessés ont été sortis des abris et placés sous des parachutes déployés.

Cent d’entre eux, pour la plupart anciennement blessés, sont installés en bordure du terrain d’aviation.

Le personnel sanitaire français a été entièrement isolé des blessés.

Seule Mademoiselle DE GALARD avait accès auprès d’eux.

Sont soignés uniquement par des infirmières VM sous les ordres d’un infirmier chef, à l’exclusion de tout personnel français.

Les soins sont assez sommaires ceux qui sont vus ne semblent pas souffrir mais sont dans un état de misère physiologique très accusée.

Il n’y a aucun officier mais des sous-officiers et hommes de troupe français légionnaires et Nord-Africains.

Très forte proportion de Nord-Africains ; uniquement Algériens.

Aucun Marocains.

Odeur épouvantable malgré une complète aération.

Les cent blessés de l’aérodrome sont soumis continuellement à une intense propagande.

Toutes les deux heures les blessés sont soumis à des conférences avec lecture et discussions dirigées.

Le thème habituel est l’inaction complète du commandement à leur égard.

Aspect du Camp :

Vu d’avion le camp se présente sous forme d’une multitude de tentes du genre Marabout confectionnées avec les parachutes. (ISABELLE et CR Diên Biên Phu).

L’activité semble néanmoins très réduite et limitée à quelques isolés.

Nos Jeep circulent sous leurs anciens numéros et littéralement matelassées de jerrycans.

BÉATRICE et GABRIELLE semblent inoccupés et nivelés.

Par contre, certains abris, qui de CLAUDINE commandent le terrain, sont certainement occupés et armés.

La piste d’envol dans la moitié Sud est très fortement endommagée (90 %) tandis que dans sa partie Nord, elle le semble moins (20 % à 30 %).

Un lieu d’inhumation est repéré au Nord du camp retranché près du PA GABRIELLE.

Un silence absolu règne sur le camp.

Pas d’évacuation.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 CR

17 mai

Pas d’évacuations.

18 mai

Bombardement à 20 h 00 dans les environs de Him Lon malgré le cessez-le-feu.

19 blessés évacués sur Lanessan.

19 mai

78 blessés évacués dont 1 Thaï blanc.

1er BEP arrivant à Lanessan : 1 sergent-chef, 2 légionnaires.

Mise a dispositions de 200 lits picots, de 14 tentes, 200 moustiquaires, 2 jeux de cuisine muletières si besoin pour mise en place Diên Biên Phu.

Par message du Colonel Commandant les Troupes Aéroportées en Indochine, l’ordre est donné de reformer le 1er BEP par les volontaires des REI et des Forces Terrestres en Extrême Orient.

20 mai

48 évacuations.

1er BEP arrivant à l’hôpital Lanessan : 2 sergents, 1 caporal-chef, 3 caporaux, 8 légionnaires.

Création d’une formation sanitaire de campagne ayant éventuellement pour mission de se déployer sur Diên Biên Phu, de traiter les malades et blessés FTEO et FAVM de l’ancien camp retranché, pour les évacuer secondairement si les accords entre les commandements et VM sont favorables.

1 chirurgien, 1 médecin, 23 sous-officiers et hommes de troupes.

1 tente bloc de triage, 1 tente bloc chirurgical, 1 tente bloc radio, 10 tentes d’hospitalisation.

21 mai

Message du général NAVARRE au Haut commandement de l’Armée Populaire Vietnamienne.

Ouverture de conversations, à Genève au sujet de l’évaluation des blessés de Diên Biên Phu. L’évacuation des blessés de Dien Bien Phu continuera avec tous les moyens. Proposition de possibilité d’atterrissage d’avions Dakota à Dien Bien Phu.

Message :

Le gouvernement n’est informé du sort de Mademoiselle DE GALARD que par la presse. Il demande tous renseignements à son sujet ainsi que sur le sort de nos prisonniers.

17 évacuations.

1er BEP arrivant à Lanessan : 1 sergent-chef, 1 sergent, 3 légionnaires.

21 h 30 : Professeur HUARD de retour de Diên Biên Phu se pose à Hanoï.

17 blessés rapatriés dans la journée. Les évacuations n’ont pas été plus nombreuses en raison des conditions météorologiques.

La délégation Viet Minh a remis au professeur HUARD une lettre de Mademoiselle DE GALARD pour sa mère. Elle est en bonne santé à Diên Biên Phu et prodigue des soins dévoués aux blessés.

La délégation Vietminh a dit au professeur HUARD que les travaux étaient entrepris pour remettre la piste de Diên Biên Phu en état.

Le Professeur HUARD a demandé si échange de correspondance pouvait être envisagé avec prisonniers. Délégation Vietminh a répondu qu’elle était favorable, mais attendait décision du Haut Commandement de l’Armée Populaire Vietminh.

22 mai

Les évacuations sanitaires se poursuivent. 108 blessés sont évacués sur Luang Prabang.

Les moyens aériens mis en place pour l’évacuation des blessés.

Beaver :

ELA 52 : 3 appareils le 152 / 156 / 159.
   
ELA 53 : 2 appareils le 149 / 151.
   
ELA 54 : 1 appareil le 154.

Total 6 appareils dont le 156 accidenté le 14 mai + le 157 qui rejoint quand météo favorable et le 154 de l’ELA 54 qui rejoindra 4 jours plus tard (sortie parc Bien Hoa).

Il ne reste aucun autre Beaver en Indochine sauf 3 réservés au commandement.

Eléphants :

ELA 52 : 3 appareils le 592 VD / 594 / 596 VB.
   
ELA 53 : 1 appareil le 600 VO.
   
Le 596 VB accidenté à Diên Biên Phu a pu rejoindre Luang Prabang pour réparation.
   
Le 597 rejoindra dès que la météo sera favorable.
   
Les 599 VA et 598 VF de l’ELA 52 rejoindront le 17 et 18 mai.
   
Le 232 VK.  

1er BEP arrivent à Lanessan : 2 sergents, 3 caporaux-chefs, 2 caporaux, 7 légionnaires.

23 mai

Réponse Vietminh à proposition française du 16 mai : demande envoi personnel de déminage de la piste Dakota Diên Biên Phu. Envoi du personnel dès que le professeur HUARD aura arrêté avec la délégation Vietminh les modalités d’exécutions.

135 évacuations.

1er BEP : 1 sergent-chef, 3 légionnaires, 1 caporal ; tous Européens.

Nuit du 23 au 24 mai

Incident de mitraillage par un B-26 à 7 Km de Diên Biên Phu.

Interdiction d’intervention aérienne dans un rayon de 10 km autour de Diên Biên Phu au cours de 48 heures qui suivront la fin des évacuations des blessés autorisés par le Haut commandement de l’armée populaire vietnamienne.

24 mai

20 h 30 :

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Galard

Geneviève de GALARD, convoyeuse, héroïne de Diên Biên Phu. Cette dernière sera libérée le 24 mai avec 140 blessés dont 3 officiers.

Ce jour 558 blessés évacués.





25 mai

Parmi les évacués du 25 mai se trouvent 12 Vietnamiens très gravement blessés. Dans la journée, 151 blessés évacués dont 4 officiers.

Dont 1er BEP : 5 légionnaires européens, 3 sergents-chefs, 1 sergent, 2 caporaux-chefs, 1 Volontaire autochtone.

26 mai

149 blessés de Diên Biên Phu évacués. Parmi se trouvent 2 officiers et 74 Vietnamiens.

Dont 1er BEP : 1 caporal-chef européen, 4 volontaires et 1 caporal autochtones.

Ces 858 blessés, selon certains documents, ont été évacués par avions légers et hélicoptères.

Tous les avions légers d’Indochine ont été réquisitionnés pour réaliser la navette entre Diên Biên Phu et Muong Saï ou Luang Prabang et de là, par Dakota, vers les hôpitaux de Hanoï ou une grande partie ont été réopéré en urgence pour certain.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 EVACUATION-1

27 mai

Etat numérique des militaires blessés évacués de Diên Biên Phu :

11 officiers, 183 sous-officiers, 664 hommes de troupe. Total de 858. (858 blessés + Mademoiselle DE GALARD soit 624 Européens dont 11 officiers, 150 Nord-Africains, 84 Vietnamiens).

275 Français : 10 Officiers subalternes, 85 sous-officiers, 180 hommes de troupe (Total 275).
   
347 légionnaires : 69 sous-officiers, 278 hommes de troupe.
   
109 Algériens : 5 sous-officiers, 104 hommes de troupe.
   
36 Marocains : 3 sous-officiers, 33 hommes de troupe.
   
8 Africains : 8 hommes de troupe.
   
77 Vietnamiens réguliers et armée vietnamienne et supplétifs : 2 sous-officiers 75 hommes de troupe.

Samedi 29 mai

Obsèques à l’hôpital Lanessan du volontaire Than Van Noi (évacué de Diên Biên Phu) mort des suites de ses blessures. Un piquet rend les honneurs.

Dimanche 30 mai

Le commandement vietminh, par message radio diffusé le 30 mai, nous fait connaître qu’il était prêt à libérer 27 personnels sanitaires précédemment laissés à Diên Biên Phu à la garde de nos blessés. Après préavis donné par Radio Hirondelle, le Médecin Colonel DELORME s’est rendu à Diên Biên Phu dans la journée du 31 mai.

31 mai

Evacuation du personnel sanitaire 27 dont un médecin commandant par 4 hélicoptères :


Médecin commandant Paul GRAUWIN,
   
Médecin capitaine Pierre LE DAMANY.
   
Médecin Lieutenant Emile PONS.
   
24 sous-officiers et soldats.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 GRAUWIN-LE-DAMANY
GRAUWIN et LE DAMANY.

15 juin

Dissolution du IIe Groupe du 4e régiment d’artillerie coloniale.

21 juin

Des militaires rapatriés sanitaires embarquent au départ de Saigon sur le navire-hôpital américain « Oregon » à destination de la France :
5 du 1er RCP,
   
5 du 8e BPC,
   
5 du 6e BPC,
   
2 du 1er BPC,
   
1 de la 13e DBLE,
   
2 du ¼ RTM
   
2 du 3e RTA,
   
1 du 4e RAC,
   
1 du 10e RAC.

Des militaires rapatriés sanitaires embarquent au départ de Saigon sur le navire-hôpital américain « Oregon » à destination de l’Afrique du nord.

75 Légionnaires,
   
15 RTA,
   
3 RTM,
   
1 Génie,
   
1 RAC.

24 juin

Organisation des évacuations sanitaires vers la France par avions Globemaster américains des blessés de Diên Biên Phu. Plus de 500 blessés sont à évacuer sur la France.

5 vols de prévus : le 26 juin, le 30 juin, le 3 juillet, le 7 juillet et le 10 juillet.

2 médecins lieutenants français parlant anglais assureront le convoyage avec 2 infirmières et 2 infirmiers. Les Américains fournissent un personnel identique.

Durée maximale du transport 10 jours. 100 par appareils sur Globemaster jusqu’à Tokyo puis 50 par appareils sur Stratoliner jusqu’en France.

Les stationnements aux escales seront en fonction de l’état des malades :

Saigon – Philippines – Tokyo – Hawaï – Etats Unis – Les Acores – Orly ou Oran.

26 juin

Premier vol d’un Globemaster vers Paris-Orly : Décollage 12 h 30, embarquement à partir de 11 h 00.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Nego

La libération

Entre Aout et septembre 1954, 3 290  hommes prisonniers de Diên Biên Phu sont libérés des camps vietminh dans un état de dénuement extrême sur les 10 542 qui sont partis de la plaine, soit environ 68 % de disparus.

Aucune liste réelle des disparus n’a pu être réalisée avec les « déserteurs actifs » n’étant pas comptabilisés.

Un certain nombre de légionnaires allemands ont été directement rapatriés par l’URSS vers l’Allemagne de l’Est.

D’autres déserteurs ont continué la formation commencée dans les camps afin de repartir dans leur pays avec un bagage révolutionnaire consistant.

Les groupes de prisonniers arrivent accompagnés de jeunes orchestre vietminh

Habillés d’uniformes vietminh neufs et du casque de latanier.

Ils sont surveillés de loin par les commissaires politiques afin qu’ils évitent des « effusions avec les colonialistes ».

Ils ont été pourvus de tracts que leur état de démocrates et combattants de la paix entraîne l’obligation de diffusion de façon ostensible.

Tous les prisonniers n’ont qu’une crainte : ne pas être libérés.

Les commissaires politiques les ont abreuvés de menaces depuis des semaines. Il a même fallu voter entre prisonniers qui serait libéré.

La peur est là, si près du but.

Appelés par leur nom par les commissaires politiques, ils franchissent la ligne qui les séparent de la liberté.

Ils n’osent rien faire… ils montent sur les LCT qui les attendent.

Le LCT quitte le bord du fleuve…

Les prisonniers comprennent qu’ils sont libres et s’effondrent.

Ils jettent leur casque à l’eau.

Pendant toute la guerre d’Indochine, la Croix-Rouge ne reçut jamais l’autorisation de visiter les camps et les médecins prisonniers furent, sauf de très rares exceptions, interdits de pratique, et regroupés au camp des officiers.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Prisonnier-3

Les prisonniers libérés revenaient épuisés, dans un état squelettique.

La plupart durent être hospitalisés et leur vision évoquait celle des retours des camps de concentration.

Sur le total de 10 754 hommes prisonniers de toute l’Indochine libérés.

6 132 décharnés atteints de dysenterie amibienne ou de paludisme durent être hospitalisés pour des périodes plus ou moins longues.

Un certain nombre d’hommes ressemblent aux survivants des camps de la mort allemands de la deuxième guerre.

Comparaison entre les caps de prisonniers de guerre de la Deuxième Guerre mondiale :

Français prisonniers de guerre dans les camps Allemands : 2 %
   
Allemands prisonniers de guerre dans les camps soviétiques : 37 %
   
Soviétiques prisonniers de guerre dans les camps allemands : 57,5 %
   
Américains prisonniers de guerre dans les camps Japonais : 40,4 %
   
Britanniques prisonniers de guerre dans les camps Japonais : 24,8%
   
Français prisonniers de guerre de Diên Biên Phu dans les camps Vietminh : 72 %… à relativiser. Comptabilise comme décédés les disparus, en particulier les soldats vietnamiens des unités qui ont étés séparés des unités et convoyés vers d’autres camps de rééducation.


Des données précises manquent mais les estimations permettent d’avancer avec grande réserve les nombres de :

1 800 libérés à VIETRI, 2 700 libérés à SAMSON.

Les prisonniers sont rassemblés à proximité des lieux d’embarquement, les évacuations se faisant par voies fluviales et maritimes avec les moyens de la marine nationale.

Dans le cas particulier de SAMSON, les prisonniers ont fait parfois l’objet de transbordements sur des navires civils attendant au large dont le Skogum, le Skubrin et le liberty-ship Le Brest, qui avaient ramenés des prisonniers Viêts libérés en provenance d’HAÏPHONG.

La commission de contrôle est constituée par des Polonais, des Hindous et des Canadiens.

Ils font preuve d’indifférence si ce n’est de mépris pour les Français.

Aucun des membres de ces commissions n’a été vu visitant un lieu de rapatriement.

Les Polonais, en bons communistes, se doivent de considérer les Français comme des colonialistes affectés de tous les défauts et les Hindous ont une attitude pleine d’antipathie pour le corps expéditionnaire.

Les sympathies de la commission vont au Viêt-minh.


Avant la montée à bord des bâtiments de la marine des prisonniers des représentants de l’armée avec des membres du personnel de santé sont autorisés à voir les futurs embarqués pour un inventaire et un constat d’état sanitaire afin de définir des priorités pour les soins.

Ce personnel montre beaucoup de froideur dans ses rapports avec les libérables et l’accueil chaleureux des marins sur les bateaux efface le malaise causé par l’inspection à terre.

Il n’existe évidemment aucune cellule de soutien psychologique.

Ce soutien psychologique était de lui-même apporté par le plaisir de quitter l’enfer démocratique populaire et de penser aux bienfaits de la liberté.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 LCT

Le LCT ou le LSM beaché devait attendre une bonne heure, au moins, que les pourparlers officiels soient terminés.

Ce temps était mis à profit pour préparer des lits picots dans la cuve, ainsi que des médicaments, pour recevoir ces hommes souvent à bout de force et dont l’état de santé contrastait outrageusement avec celui des prisonniers Viets libérés précédemment.

Après quoi, on voyait déboucher de la paillote de droite une vingtaine d’hommes.

C’était un premier groupe de Français.

Avant d’embarquer, ils devaient remplir un certain nombre de formalités.

Puis enfin, c’était pour eux la liberté.

Après encore une vingtaine de minutes, arrivait un second groupe.

Et lorsque les Viets avaient libéré entre cent et cent cinquante prisonniers de l’Union Française (chiffre très rarement atteint), ils estimaient que cela suffisait pour la journée, alors que nous avions libéré de notre côté plus de 2 000 Viets…

1er septembre : 9 prisonniers libérés sont évacués par le GATAC Nord vers Vietri soit Trung Ha en WJ 37-48 soit à l’hôpital Lanessan.

H19 MM et MO.
   
2 septembre :
18 prisonniers évacués.
   
3 septembre : 62 prisonniers.
   
4 septembre : 59 prisonniers évacués par H19 MM, VF et VC le H19 MO en visite 50 heures.
   
5 septembre : 46 prisonniers.
   
6 septembre : 91 prisonniers.
   
7 septembre : 55 prisonniers par 9 rotations des H19 VK et VB.
   
340 évacués au total par le GATAC Nord.

11 septembre : 200 prisonniers sont attendus à Sam Son pour être évacués par les hélicoptères du GATAC Nord.

En 1954, à leur arrivée dans le port de débarquement (par exemple HANOÏ et HAÏPHONG pour les prisonniers du Tonkin, Than-Hoa et Nord Laos), un détachement rend les honneurs et de multiples autorités de grades parfois élevés, assure un accueil vite abrégé par le transport en véhicules sanitaires vers les hôpitaux où est effectué le tri des gens et leur envoi en hospitalisation ou en centre d’accueil ou de repos.  

Il convient de citer que sur la totalité des prisonniers libérés (10 754), 6 132 durent être hospitalisés pour des durées de quelques jours, quelques semaines souvent et quelques mois parfois.

Parmi les hospitalisés, dans les premiers jours, 61 ne survécurent pas.

A l’hôpital CIAIS d’HAÏPHONG les malades ont droit le lendemain ou surlendemain de l’arrivée à un passage de dames bénévoles de la Croix rouge qui se chargent de faire parvenir un message à la famille et apportent des articles de toilette.

Il se peut que la sécurité militaire procède à quelques interrogatoires mais l’état-major délègue des enquêteurs de rang hiérarchique supérieur à celui qui doit être interrogé pour connaître des détails sur les conditions de capture avec parfois une indifférence choquante devant l’évocation des pertes au combat et en captivité et devant les conditions vécues dans les camps.

Il y a un fossé d’incompréhension entre les anciens prisonniers et  de militaires, en particulier ceux qui ont peu connu les affrontements avec les Viets.

Les libérés subissent une visite médicale et les plus valides qui ont besoins de petits soins courants et surtout d’une bonne nourriture vont vers des centres de repos comme VATCHAÏ au Tonkin ou DALAT au nord de la Cochinchine.

Ceux qui n’ont que quelques jours d’hôpital ont le même sort.

Les hospitalisés, sauf évidemment ceux dont l’état nécessite des soins de longue durée se retrouvent à DALAT qui devient le point de passage obligé de tous les futurs rapatriés sauf cas exceptionnels.

L’hôpital installé à côté de l’Ecole d’Enfants de Troupe reçoit des malades ayant quitté les hôpitaux du nord sans être guéris.

C’est à DALAT que beaucoup réapprennent à vivre.

Petites vexation :

L’intendance décompte du pécule remis aux prisonniers et de leurs arriérés de solde, le nombre de prime de repas durant leur internement dans les camps viets considérant qu’ils étaient nourris gratuitement.

Pour les volontaires qui ont effectué leur premier saut sur Diên Biên Phu, il a fallu plusieurs mois de bataille pour que leur soit accordé le droit de porter le brevet de parachutistes.

Le général DE CASTRIES s’est battu pour que ces hommes soient reconnus.

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 BIGEARD-HEINRICH-LANGLAIS
De gauche à droite : Bigeard, l’aumônier Heinrich et Langlais.

Source : https://theatrum-belli.com/

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 31%20(19)


___________________________________ ____________________________________

Sicut-Aquila

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Cocoye10 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120

« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

81/06 et marienneau jean-michel aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas
Commandoair40
Admin
Admin
Commandoair40


Masculin
Nombre de messages : 28763
Age : 77
Emploi : Français Radicalisé .
Date d'inscription : 07/11/2014

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Empty
MessageSujet: Re: "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"   "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Icon_minitimeJeu Mai 09 2024, 20:07

Comment Pardonner a tous ces Salopards :

- Cette racaille Vietnamienne , ces Putain de Communistes .

- Ces Salopards de non combattants de l'Armée Française en Indo .

Comme disait mon Papa , ils avaient autant de décorations que lui qui était au taquet .

- Ces Salopards de la Croix Rouge .

- Ces Salopards de Polonais , sans reconnaissance pour la France qui avait tout fait pour elle , même aller a la guerre en 39 .

-Ces Salopards de Canadiens , nos cousins , nos alliés ...... "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 133142

- Ces Salopards de Politiques , de Français et tout le reste .

Si certains ont pardonné , pas moi , jamais , jamais , jamais .

Et ces pauvres garçons , vont de nouveau perdre leur Honneur en Algérie .

C'est encore une autre histoire , qu'une fois encore je ne pardonne pas .

Voila , tout est presque dit , mais ce n'est pas glorieux pour notre pays .

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 73951 Commandoair40 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 73951

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Cpa_lo24

___________________________________ ____________________________________

Sicut-Aquila

"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Cocoye10 "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 908920120

« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

81/06 et marienneau jean-michel aiment ce message

Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Empty
MessageSujet: Re: "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"   "70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU" - Page 5 Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
"70e ANNIVERSAIRE DE DIÊN BIÊN PHU"
Revenir en haut 
Page 5 sur 5Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5
 Sujets similaires
-
» "60eme Anniversaire de DIEN BIEN PHU" : les COMMEMOS .
» Deux ouvrages sans doute intéressants sortaient en 2015 pour l'anniversaire de la bataille de Diên Biên Phu.
» Dien Bien Phu
» Dien Bien Phu
» Les prostituées de Dien Bien Phu

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Paras, bérets bleus, verts et rouges, tous unis ! :: HISTOIRE DE NOTRE PATRIE :: La petite et la grande histoire :: Indochine-
Sauter vers: