Opération "Jedburghs"
Pas besoin d'avoir 25 ans et une licence pour être utile à son Pays: à presque 69 ans, le Lord Churchill est l'un des promoteurs de la très secrète Opération Jedburghs.
L'infatigable "British Bulldog" a trouvé dans la guerre des Boers (où il fut acteur) quelque source d'inspiration: les commandos, d'après le nom des unités mobiles sud-africaines, et les Jeds, ou Jedburghs, du nom d'une opération d'infiltration anglaise lors du combat du même nom.
Les Jedburghs sont des équipes de 3 paras, officiers et sous-officiers, souvent membres de l'OSS américain et du SOE (Services secrets anglais); ils ont réussi les tests de sélection de la STS de Reading. L'un d'eux est originaire du pays à libérer, les deux autres sont anglais ou américain; ils devront optimiser les groupes locaux de Résistance afin de ralentir le mouvement des fortes divisions ennemies vers les théâtres de Débarquement choisis.
Le Team est dirigé par un capitaine, assisté d'un lieutenant ou s/lieutenant, le 3e homme est un sous-officier transmetteur très expérimenté chargé de maintenir le contact avec le Commandement Suprême Interallié (CSI) et les autres groupes de Résistance; il utilise le puissant Jed Set B2, émetteur-récepteur transportable à portée de 800 kms.
Les missions dont les Jeds sont responsables sont, outre la liaison radio, la collecte des renseignements, leur transmission, l'organisation et la réception des parachutages, la motivation et la coordination des groupes de résistants locaux, leur direction au combat; au final le harcèlement efficace des unités ennemies de contre-offensive.
Venant de l'OSS américain, du SOE anglais et du BCRA français, les Jeds seront formés par des équipes anglaises déjà très aguerries par de nombreuses opérations clandestines; le stage a lieu au ME 65 (Military Establishment) de Milton Hall (Cambs), en janvier et février 1944.
Il comporte un stage parachutiste de 3 jours au STS 51 (Special Training School) de Ringway, avec 3 sauts difficiles, l'un à 150 mètres depuis un ballon d'observation tracté sur camion (la chute initiale est impressionnante), et deux sauts de trappe ventrale, dont un de nuit, exigeant du sang-froid, car la vitesse de l'appareil peut provoquer de sacrées bosses au passage.
Au ME 65, le sport reste très présent: 2 heures de décrassage matinal entièrement faits en fractionné marché-couru, et les fameuses 50 pompes à tout prétexte dans la journée.
L'accent est bien sûr mis sur les côtés techniques: le sabotage avec les "booby traps" ou tours de cochon des piégeages les plus variés, la conduite de tous les véhicules, motos, tanks, le tir instinctif en parcours naturel, chaque tir étant toutefois noté, avec toutes armes possibles de la Sten au Schmeisser.
Les parcours du combattant et du risque sont réalisés avec un sac à dos chargé à 30 kg et l'arme individuelle, sous le feu à balles réelles.
Close-combat, silent-killing avec utilisation de mannequins, aménagement de DZ, cours de transmissions sont également au programme.
Les surprises nocturnes, marches commando, etc. sont évidemment au rendez-vous.
Fin Février 1944, les Jeds sont enfin informés en assemblée générale et sous la condition du secret, de leur destination finale, le prochain Débarquement, et de leur rôle réel de ralentir la contre-offensive allemande. Ils seront parachutés en uniforme, plus pour servir d'exemple de ralliement que pour être préservés par la Convention de Genève (la Wehrmacht est tenue sous peine de mort à exécuter tout commando).
Les Jeds savent bien que leur taux de perte sera très élevé, de l'ordre de 75%... la plupart ont 20 ans, ils sont volontaires, ils sont 300...
Grâce à ces 300, les renforts allemands n'arriveront pas à temps...