Les prix du gazole et du SP95-E10 battent des records. La reprise économique stimule la demande, ce qui fait monter les prix. Et les pays exportateurs limitent l’accroissement de la production.
Le prix du litre de gazole dépasse le niveau qu’il avait atteint en octobre 2018, au moment de la crise des Gilets jaunes. Comment l’expliquer ? Et que peut faire le gouvernement ? Voici des pistes de réponses.
Comment évoluent les prix des carburants ?
Le gazole, qui représente plus de 70 % des carburants routiers vendus en France, s’affiche en moyenne à 1,5354€ le litre dans les stations-service de France. Soit un nouveau record, après celui du 12 octobre 2018 (1,5331€), juste avant la crise des Gilets jaunes. Le SP95-E10, qui pèse 11 % des ventes, atteint, lui, aussi un nouveau sommet : 1,60€ contre 1,56€ en août 2013. Seul le sans-plomb 95 (6 % des ventes), qui grimpe à 1,63€, reste en deçà de son plus haut historique : 1,66€ en 2012.
Pourquoi ces hausses ?
Elles sont liées à l’augmentation des cours du pétrole brut », indique Francis Perrin, directeur de recherche à l’Institut de relations internationales. Le prix du baril (159 litres) de Brent de mer du Nord, qui avait dégringolé à 16 € en avril 2020, approche aujourd’hui les 73 €. La forte reprise économique mondiale stimule la demande d’énergie, ce qui fait monter les prix, poursuit le chercheur. Comme les prix du charbon et du gaz flambent aussi, certains opérateurs basculent vers le pétrole pour faire tourner les centrales électriques, ce qui augmente la demande d’or noir.
Qu’en est-il de l’offre ?
Elle ne suit pas la demande. L’Opep +, qui rassemble 23 pays exportateurs et leurs alliés (dont la Russie), avait réduit massivement sa production en mai 2020 pour faire remonter les prix. Depuis, l’organisation reste le pied sur le frein. Depuis août dernier, l’Opep + n’augmente sa production « que » de 400 000 barils par jour (sur une production mondiale quotidienne de 96 millions de barils). À ce rythme, il faudrait attendre septembre 2022 pour revenir à la production d’avril 2020. Si bien que la hausse se poursuit à la pompe, même si la matière première ne pèse que 30 % du prix du litre.
Et les taxes ?
Représentant 60 % du prix du litre, elles n’ont pas augmenté pour les particuliers depuis la crise des Gilets jaunes. La matière première est notamment frappée d’une TVA de 20 %. Autrement dit, quand le carburant augmente, l’État engrange davantage d’argent. De quoi dégager des marges de manœuvre pour aider les ménages les plus modestes à faire face aux hausses », argumente l’association Que choisir. Mais pour l’instant, les seules mesures annoncées par le gouvernement en matière d’énergie concernent le gaz et l’électricité.
Est-ce que ça va durer ?
Cela dépendra de l’Opep +. Comme la demande va rester soutenue, seule une hausse de l’offre pourra faire fléchir les prix.Les pays de l’Opep + se réunissent le 4 novembre,note Francis Perrin.S’ils décident d’augmenter la production au-delà de 400 000 barils en décembre, les prix pourraient baisser. Mais s’ils ne le font pas, la hausse devrait se poursuivre.
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