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 Si la France avait gardé la Louisiane ........

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Si la France avait gardé la Louisiane ........ Empty
MessageSujet: Si la France avait gardé la Louisiane ........   Si la France avait gardé la Louisiane ........ Icon_minitimeJeu Déc 20 2018, 19:13

«Si la France avait gardé la Louisiane...»

Par Dominique Simonnet



L'avait-on oublié" Il fut un temps où l'Amérique était française:


cette possession baptisée «Louisiane» ne se limitait pas, loin de là, au petit Etat que l'on connaît aujourd'hui.

Elle s'étendait du Canada au golfe du Mexique, des Rocheuses au Mississippi, soit l'équivalent d'un tiers des actuels Etats-Unis!


Un beau jour, pour une poignée de dollars, Bonaparte a vendu cet immense territoire aux Américains, leur permettant de commencer à concrétiser leur rêve d'une seule nation sur tout un continent.


 C'était il y a deux cents ans, très exactement. Pourquoi" Comment" En prémices aux cérémonies du bicentenaire, qui se dérouleront en décembre à La Nouvelle-Orléans, l'écrivain Maurice Denuzière raconte cette surprenante histoire


Il était grand reporter, envoyé spécial dans les bayous, en compagnie du photographe Raymond Depardon, avec mission de rapporter de l'exotisme.


Une croisière sur un vieux bateau du Mississippi, où dansaient neuf veuves déchaînées, leur a fait découvrir une maison de 1752, délabrée mais vivante.
Le parfum de la Louisiane coloniale a ensorcelé Maurice Denuzière.


Son article (intitulé «Ce que le vent n'a pas emporté»!) séduit un éditeur.


Voilà le journaliste devenu romancier d'une saga familiale: ce sera Louisiane, série en six tomes, des millions de lecteurs et autant de touristes pour cet Etat qui le décorera de toutes les médailles.


Depuis, l'écrivain a appliqué la recette à la Suisse et aux Bahamas.


Il n'a pas délaissé la Louisiane, à laquelle il consacre une histoire, une vraie (Au pays des bayous, Fayard), toujours fidèle à son amour de jeunesse.


Il y a deux cents ans, la France de Bonaparte vendait à la toute jeune république américaine un gigantesque morceau du continent, lui permettant ainsi de commencer à former un ensemble d'un océan à l'autre.


C'était une belle affaire! 


Pour les Etats-Unis, qui venaient de proclamer leur indépendance, ce fut en effet une affaire exceptionnelle
En acquérant la Louisiane en décembre 1803, ils ont doublé leur territoire pour la modique somme de 9,5 cents par hectare!


Il faut bien rappeler que ce que l'on appelait «Louisiane» s'étendait sur une superficie équivalant à 18 Etats américains d'aujourd'hui!


Comment la France était-elle devenue propriétaire de cet immense territoire?


Les Espagnols furent les premiers, au XVIe siècle, à s'aventurer dans les régions centrales du continent, espérant y trouver de l'or.
L'un d'eux, Hernando de Soto, a longtemps torturé en vain les Indiens: il n'a récolté que la fièvre jaune, dont il est mort en 1542.
Son cadavre, déposé dans un tronc d'arbre creusé, fut abandonné au Mississippi et dériva vers le golfe du Mexique.


Belle fin pour un conquistador... Après lui, les missionnaires jésuites connurent un sort comparable.
Mais un Français de Rouen, Robert Cavelier de La Salle, aura davantage de succès.
Parti au Canada, il cherche le fameux passage vers le Pacifique. A l'époque, on croit que le Mississippi se jette à l'Ouest, en Californie.


Cavelier entreprend alors la descente du fleuve.


Le Sud n'est pas encore très exploré à l'époque.


On n'y rencontre que des aventuriers anglais, espagnols, français, des chasseurs de castors, des déserteurs, qui se croisent dans les forts, où ils font du troc.
La région n'est pas des plus accueillantes: dans le garde-manger de l'une des tribus, Cavelier de La Salle découvre des membres humains mis à sécher.
Avec une trentaine de personnes, il parvient pourtant à descendre le Mississippi en pirogue sur plus de 3 000 kilomètres.


Un jour, l'eau du fleuve se révèle salée: ils sont arrivés dans le delta, au golfe du Mexique.
Alors, sur le bord de l'océan, Cavelier fait découper dans une marmite de cuivre les armes de Louis XIV, les encloue sur un chêne et déclare: «Je te nomme Louisiane!»


En hommage à son roi.


D'une phrase, il s'arroge ainsi une bonne partie de l'Amérique du Nord? 


Oui.
Le notaire qui l'accompagne décrit la terre concernée, grande comme trois fois la France. Cavelier informe Versailles.


Surprise: le roi ne s'y intéresse pas.


L'aventurier devra beaucoup insister pour monter une nouvelle expédition.


Le voilà reparti avec une centaine de volontaires sur deux navires. Mais il rate l'embouchure du Mississippi de près de 600 kilomètres (aujourd'hui encore, le bon chenal est très difficile à repérer).
Ses gens meurent en nombre. Découragés, les survivants se rebellent et l'assassinent en 1687.


Fin de l'aventure française?


La Louisiane est en effet oubliée.


Les Anglais se promènent de temps en temps dans le golfe, mais n'osent pas s'aventurer sur le Mississippi.
En 1699 arrive toutefois une nouvelle expédition française, conduite par Pierre d'Iberville.
Il retrouve le chenal, remonte le Mississippi et, dans une belle courbe du fleuve, fonde l'établissement de La Nouvelle-Orléans (en hommage au régent, le duc d'Orléans).
En 1718, l'architecte Adrien de Pauger en dessine le plan avec des rues à angle droit, ce qu'on appelle aujourd'hui le «Vieux Carré».


Que veulent faire les Français de cette colonie du bout du monde?


Ils espèrent découvrir des richesses minières. Au lieu de cela, ils ne trouvent que des marécages infestés d'alligators et de moustiques, et la fièvre jaune.


Par chance, les Indiens locaux, les Choctaw, sont très doux et leur apprennent à cultiver le maïs (le «blé indien»).
Mais la colonie ne rapporte rien, elle coûte cher: il faut sans cesse envoyer de France du matériel, des hommes, de la nourriture.


Lassé, Louis XV donne le monopole d'exploitation du territoire à un financier écossais, John Law: les bénéfices que celui-ci en tirera seront à lui.


C'est une véritable privatisation!
Pour attirer les colons, John Law crée la Compagnie du Mississippi, dont il propose les actions à grand renfort de publicité: la Louisiane est un paradis, au climat merveilleux, au sous-sol regorgeant de minerais...


A Paris, les spéculateurs signent leurs achats sur le dos d'un Indien bossu, censé leur porter bonheur.


Cela n'attire pas des colons pour autant.


Il y a peu de candidats. Pour peupler un pays, il faut des femmes.
On envoie à La Nouvelle-Orléans des jeunes orphelines françaises de bonnes familles désargentées, à qui le royaume donne un trousseau et un petit viatique (on les appellera les «filles à la cassette»).


Imaginez ces oies blanches face à ces aventuriers rustauds habitués aux jolies Choctaw... Le résultat ne sera que désespoirs et, dit-on, suicides...
Il va falloir trouver d'autres dames.


Cette fois, on les prend, de force, dans les prisons: les fausses saunières, qui se livraient au trafic du sel, et des prostituées sont emmenées en charrette à La Rochelle et embarquées pour le Nouveau Monde.


C'est l'histoire de Manon Lescaut.


Sauf que les vraies Manon n'ont pas pu mourir de soif dans le désert: il y a de l'eau partout en Louisiane!
Ces filles-là sont les ancêtres des familles qu'on appelle aujourd'hui «créoles», qui se réclament d'une ascendance française (sans rappeler leur origine un peu particulière).
Petit à petit, La Nouvelle-Orléans se peuple.


Vers 1730, on inaugure les premières plantations de coton. La Louisiane découvre l' «or blanc».


Au prix de l'esclavage... Car, contrairement à ce que l'on croit généralement, les Français eux aussi se sont faits négriers.


Les premiers esclaves étaient arrivés d'Afrique via les colonies anglaises.


Mais c'est vrai, les Français, surtout les Nantais, en importent eux aussi en Louisiane, car les Indiens ne se laissent pas asservir.
Alors que Louis XIV s'était opposé à la traite, Louis XV se montre plus laxiste... Le coton ne suffit pourtant pas, la Louisiane coûte toujours très cher au royaume.


Le roi décide d'en faire cadeau à son cousin d'Espagne.
Le 3 novembre 1762, les Louisianais s'endorment français. Le lendemain, ils se réveillent espagnols.
Mais ils ne le sauront que bien plus tard... Le nouveau gouverneur n'arrive qu'en 1766, avec 30 vieux soldats portant barbichette.
Pour les Louisianais, cela ne change pas grand-chose.


Les navires arborent toujours le pavillon à fleurs de lis, et les deux communautés cohabitent dans une forme de gouvernement mixte.
Jusqu'au jour où le gouverneur a la fâcheuse idée de remplacer l'importation des vins de Bordeaux (dont les Louisianais font une forte consommation) par celle du vin d'Espagne.


C'est un vrai sacrilège!


C'est une révolution! Le bordeaux devient le symbole du patriotisme.
Les Français mettent le gouverneur espagnol sur un bateau avec femme et enfants.


Destination Cuba. Adieu l'Espagne!


Et, une nouvelle fois, les Louisianais demandent à réintégrer le giron français... Le roi ne les recevra même pas.
Il ne veut plus entendre parler de cette insupportable colonie!
Dépités, une poignée de Louisianais décident de fonder une... république indépendante.
 
Une république! Dix ans avant la Révolution américaine, treize ans avant la Révolution française?


Mais oui! Ce devait être la première république des temps modernes.
Certains insurgés avaient lu Jean-Jacques Rousseau, d'autres s'inspirent du modèle des cantons suisses...
Ils prennent possession de l'administration, rédigent un brouillon de Constitution, décident de créer un Parlement.
Mais le roi d'Espagne envoie 23 vaisseaux à La Nouvelle-Orléans pour rétablir ses prérogatives.


Les six principaux insurgés sont condamnés à mort.
Comme on ne trouve personne pour les pendre, même pas les esclaves, ils sont fusillés. La France ne bronche pas.
 
Pendant ce temps, au Nord, c'est la révolution, la vraie: la guerre d'Indépendance, la fondation des Etats-Unis d'Amérique.
-
Suit, en Europe, la Révolution française...


L'écho de ces événements soulève peu de vagues en Louisiane.
L'arrivée au pouvoir de Bonaparte va tout changer.


Il ne comprend pas pourquoi on a offert aux Espagnols ce territoire qui ferait une bonne base française, et il sait que, en 1796, un traité signé entre la France et l'Espagne comportait une clause secrète évoquant la restitution de la Louisiane... à la France.


En 1800, par un second traité, lui aussi secret, Bonaparte confirme cette cession (en échange de Parme). La Louisiane est redevenue française, mais personne ne le sait!


Cela devient une habitude...


Ce n'est qu'en mars 1803 que La Nouvelle-Orléans voit arriver son... préfet, le baron de Laussat. Celui-ci découvre avec stupéfaction que la moitié des 50 000 Louisianais sont... noirs (mais leur sort est déjà réglé: le Consulat a édicté que l'esclavage serait maintenu dans la colonie). Les planteurs réservent aux Français un accueil chaleureux.


Et les Américains, dans cette histoire?


Ils ne sont pas restés inactifs. Pour Thomas Jefferson, président des Etats-Unis, si les Français reprennent la haute main sur les bouches du Mississippi, ils risquent de fermer l'accès au fleuve et de contrôler le commerce. Informé de l'accord secret, Jefferson a pris les devants: pendant que le préfet français faisait route vers l'Amérique, un envoyé des Etats-Unis naviguait vers la France. Sa mission: négocier avec Bonaparte le rachat de l'île d'Orléans, le petit territoire dans le delta qui garantit l'accès au Mississippi. James Monroe, l'émissaire, et Robert Livingstone, ambassadeur des Etats-Unis à Paris, proposent une grosse somme pour cette acquisition. La réponse de Bonaparte les stupéfie: pour le même prix, il offre la Louisiane tout entière!


Un million six cent mille kilomètres carrés pour 15 millions de dollars (environ 300 millions de dollars d'aujourd'hui). Les Etats-Unis doublent d'un coup leur superficie! Les deux envoyés signent sans même avoir le temps de prévenir Jefferson.


On les comprend.




Pourtant, il se trouvera au Congrès américain des esprits pour juger inutile l'achat de cet immense désert. Jefferson saura plaider sa cause. Quant au préfet Laussat, il prend possession de la Louisiane pour... la remettre aux Américains.
Le 30 novembre 1803, le pavillon espagnol est remplacé par le drapeau français. Le 20 décembre, c'est la bannière étoilée qui flotte sur La Nouvelle-Orléans. La Louisiane est américaine.
 
Français, puis espagnols, puis français sans le savoir, et maintenant américains.
Comment les Louisianais prennent-ils ce nouveau revirement?


La plupart acceptent la citoyenneté américaine. Finalement, la cession s'est bien passée, le commerce fluvial a augmenté, la culture du coton s'est d'autant plus développée que le Nord en avait besoin pour ses filatures. La Louisiane est devenue officiellement le 18e Etat de l'Union en 1812.



Jefferson poursuivra sa vision d'une Amérique allant de l'Atlantique au Pacifique, qui sera achevée dans les décennies suivantes, avec la conquête de l'Ouest. Pourquoi Bonaparte a-t-il soudain renoncé?


Jamais il n'aurait pu garder un tel territoire. Il lui aurait fallu mobiliser beaucoup de troupes, ce qui lui était alors impossible. Si la France avait gardé la Louisiane, l'Histoire aurait tourné autrement: peut-être aurions-nous ensuite acheté le Texas et aurions-nous aujourd'hui du pétrole. Dans ses notes personnelles, Jefferson indique d'ailleurs qu'il faut très vite envoyer des Anglo-Saxons en Louisiane afin d'éviter que celle-ci ne reste française.
 
Elle le restera toujours un peu malgré tout...


Française et sudiste.


Pendant la guerre de Sécession, le général qui gagne la dernière bataille contre les nordistes est d'origine française. Plus tard, nombre de Louisianais, des Blancs et des Noirs, seront tués en France pendant les deux guerres mondiales.
Et le premier Américain qui entrera dans Paris en1944, avec son ordonnance - un Noir, bien sûr - au volant de sa Jeep, sera un Louisianais, nommé Sam Broussard...


En Louisiane, l'Histoire est toujours vivante. Il m'est arrivé de voir des vieilles dames changer de trottoir sur Canal Street pour ne pas passer sous le drapeau américain.
La ségrégation est devenue mondaine: certaines femmes se mettent des mousselines pour éviter de bronzer (ce qui pourrait alors laisser penser qu'elles ont des origines noires)... Malgré tout, dans les cimetières de La Nouvelle-Orléans dorment côte à côte les Fernandez, les Marigny, les Segura...


et les Champagne, ancêtres de l'un de mes amis noirs (sans doute ainsi baptisés parce qu'ils servaient dans les réceptions).
Ce riche passé colonial, ambigu et très romanesque, c'est le nôtre, celui de la vieille Europe.
C'est la raison pour laquelle il séduit toujour
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