La seconde guerre mondiale vue depuis Cheratte
Il y a maintenant 70 ans, l'Europe était en guerre... une guerre qui allait dégénérer en conflit mondial. Le second du 20e siècle, et heureusement le dernier que Cheratte ait eu à subir. Quel était le contexte de l'époque ? Bon nombre d'excellents ouvrages, de films ou de site internet traitent de la seconde guerre mondiale à différents niveaux. Nous ne nous intéresserons ici qu'aux évènements ayant eu lieu à Cheratte, ou ayant eu une incidence directe sur la vie du village ou de ses habitants. La plupart des cherattois ayant connu cette période difficile de notre histoire ne sont plus parmi nous aujourd'hui. Certains reposent dans un des cimetière du village, alors que d'autres en sont partis pour ne jamais plus y revenir. Nous avons cependant voulu retrouver les quelques derniers témoins de cette époque, afin de tenter de vous faire revivre les tristes évènements de ces années là; pour que leur histoire et celle de notre village durant cette guerre ne soient pas oubliés. A ces témoignages sont venus s'ajouter les résultats de mes recherches dans divers ouvrages et sites internet, et l'appui de bon nombre de documents et archives d'époque que j'ai en ma possession ou qui m'ont été généreusement prêtés.
Notre site présentera cette période sous différents articles, dont voici la liste :
- L'avant-guerre
- Cheratte dans la position fortifiée de Liège
- La mobilisation
- L'invasion
- L'évacuation
- Les prisonniers de guerre (1e partie : 1940)
- L'occupation (1e partie : 1940-1942)
- L'occupation (2e partie : 1943-1944)
- La libération
Ces articles ne vous seront pas présentés d'un bloc, mais petit à petit, tout au long de cet été 2010. Ajouter un commentaire Mis à jour (Jeudi, 09 Septembre 2010 09:24)
L'avant-guerre Mardi, 04 Mai 2010 17:33 | Author: Van Ass JF | Note des utilisateurs: / 22 MauvaisTrès bien
Histoire - Seconde Guerre Mondiale (1939-1945) |
A cette époque Cheratte était un village paisible, dominé par l'activité du charbonnage.
Le charbonnage du Hasard employait plus de 1500 ouvriers. La direction avait également mis en chantier plusieurs travaux importants sur le site de Cheratte (les puits n°2, la cité Henry et le port dans les années 20, et le puits n° 3 fin des années 30), ce qui semblait assurer un avenir radieux. Malheureusement la crise de 1929 brouilla quelque peu ce tableau optimiste, et dans les années 30, deux grèves générales touchèrent la Belgique. La grève sauvage de 1932 dégénérant en émeutes essentiellement dans le borinage, et celle de juin 1936 paralysant le bassin charbonnier liégeois pendant près de deux semaines. Cette grève permit cependant d'obtenir divers acquis sociaux tels que les congés payés et la semaine de 40h.
Le charbonnage n'était pas la seule opportunité de travail pour les cherattois à l'époque. Certains travaillaient aux Aciéries de la Meuse, à la FN ou dans d'autres entreprises de la région. La politique de grands travaux du gouvernement a également permis à bon nombre de cherattois de trouver facilement du travail, notamment dans les travaux du canal Albert, de la rectification de la Meuse, ou encore lors de la modernisation des fortifications de Liège. Tout cela sans oublier les petits artisans et les commerçants qui étaient très nombreux à Cheratte. Quelques évènements particuliers émaillèrent la vie des cherattois : En 1930, début des travaux de creusement du canal Albert. Le Canal sera inauguré le 30 juillet 1939 par le Roi Léopold III. La première ligne d'autobus régulière traverse Cheratte-Bas. En 1933, destruction de l'ancienne maison communale (construite en 1846), après que la commune ait fait l'achat de la maison de Mr. Buschgens, directeur du chantier naval pour en faire la nouvelle maison communale (actuelle Justice de Paix). En 1935, la rive droite de la Meuse est endiguée, suite aux inondations de 1926. Le "coude" de la Meuse à Cheratte devra également être rectifié. Les travaux d'endiguement dureront trois ans, tandis que ceux de la rectification ne seront terminés qu'après la guerre. Ces travaux sonneront le glas des activités du passage d’eau. En 1938, on remet en état la route Liège-Maastricht. Les pavés font place à l'asphalte sur la grand route traversant le village. C'est également cette année là que Cheratte verra arriver un des premiers grands groupes de travailleurs immigrés, environ 800 polonais. En 1939, une entreprise liégeoise (Travhydro) est chargée de travaux auprès des forts de Liège. Les surveillants des chantiers sont installés dans des baraquements à Cheratte. Durant l'été 39, lors de l'exposition internationale de l'eau à Liège, la Reine Wilhelmine des Pays-Bas visite le port de Cheratte à bord du yacht du directeur du charbonnage, monsieur Henry.
Retrouvez une collection de documents cherattois datant d'avant-guerre ici
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Carte de la PFL Mercredi, 05 Mai 2010 14:57 | Author: Van Ass JF | Note des utilisateurs: / 17 MauvaisTrès bien
Histoire - Seconde Guerre Mondiale (1939-1945) |
Carte montrant les différentes fortifications du secteur Barchon-Meuse de la Position Fortifiée de Liège en 1940.
Afficher PFL Barchon Meuse sur une carte plus grande Ajouter un commentaire Mis à jour (Mercredi, 05 Mai 2010 15:36)
Cheratte dans la position fortifiée de Liège Mercredi, 05 Mai 2010 15:04 | Author: Van Ass JF | Note des utilisateurs: / 15 MauvaisTrès bien
Histoire - Seconde Guerre Mondiale (1939-1945) |
Durant la seconde guerre mondiale, Cheratte n'a jamais été un objectif militaire. Notre village présentait, fort heureusement, peu d'intérêt pour les belligérants. Il faisait néanmoins partie de la Position Fortifiée de Liège (PFL), une zone composée d'un ensemble d'ouvrages défensifs, destinée à protéger notre pays d'une éventuelle invasion venant de l'est ou du nord-est. La PFL était divisée en différents secteurs, prenant en général pour repère les différents forts belges. Ainsi, Cheratte faisait partie du secteur "Barchon-Meuse" (BM).
- Carte du secteur Barchon-Meuse
Dans les années 30, notre gouvernement ordonna la construction (ou la transformation) de différents abris bétonnés sur toute la PFL. Certains se trouvaient sur le territoire de Cheratte. En voici une courte présentation :
- AC 1, un abri bétonné, situé dans le quartier des communes, entre la cité et la rue des crètes. En 1940, il possédait une cloche d'observation et une liaison téléphonique avec le fort de Barchon. A cette époque, la rue des crètes n'était qu'un chemin sans aucune construction, offrant aux observateurs de l'abri une vue imprenable sur la Meuse. Son rôle principal était de renseigner le fort pour les tirs d'artillerie, et de surveiller l'accès à la Voie Mélard.
- BM 2, un abri bétonné pour mitrailleuses, situé le long du chemin reliant Hoignée à Housse, avec vue vers Cheratte. Il est encore visible aujourd'hui. En 1940, il interdisait le passage par la Rue Hoignée, et était capable de couvrir BM 3 et BM 4.
- BM 3, un abri bétonné pour 2 mitrailleuses, situé en haut du thier Herkay, avec vue vers Housse. En 1940, il possédait une cloche d'observation et une liaison téléphonique avec le fort de Barchon. Son rôle était d'interdire l'accès est de Cheratte, par le Thier Herkay et la traversée de la Julienne. Une de ses mitrailleuse pouvait également couvrir l'abri BM 2.
- BM 4, un abri bétonné pour mitrailleuses, situé à Sabaré. Cet abri n'est plus visible aujourd'hui, ayant été transformé en garage en 1988. En 1940, il était chargé de surveiller le carrefour de Hoignée et l'accès sud de Cheratte.
- BM 5, un abri bétonné pour mitrailleuses, situé à Hoignée en face de la rue des Trixhes. Cet abri existe toujours aujourd'hui et se trouve dans un jardin privé. Il est encore visible, bien que recouvert de fleurs et d'arbustres par les propriétaires. En 1940, son rôle était de surveiller les deux thiers menant à Cheratte-Bas, en prenant en enfilade la Vieille Voie et la rue des Trixhes.
- BM 6, un abri bétonné pour mitrailleuses, situé à l'entrée du village, entre la Rue de Visé et la Rue entre les Maisons. Il est encore bien visible aujourd'hui. En 1940, son rôle était d'interdire l'accès nord de Cheratte, en couvrant la route venant d'Argenteau et la Voie Mélard.
- BM 7, un abri prévu initialement le long de la Meuse, mais dont la construction a été retardée puis annulée, suite aux travaux de rectification du cours du fleuve.
En plus de ces abris, il existe d'autres témoins du système de défense belge de l'époque. A plusieurs endroits du village, nous pouvons encore voir des "Bornes Cointet" dont le but était d'interdire le passage de véhicules.
Bornes Cointet en bas de la Voie Mélard et du Thier Noël
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