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 Que s'est-il passé dans cette période de ma vie ??

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Que s'est-il passé dans cette période de ma vie ?? Empty
MessageSujet: Que s'est-il passé dans cette période de ma vie ??   Que s'est-il passé dans cette période de ma vie ?? Icon_minitimeVen Juin 23 2017, 16:10

G12

















Promenade dans le Djebel Fagous










19 juin 1956




Enfin, nous voici à notre base avancée de TEBESSA, à la frontière algéro-tunisienne dernier rempart du Grand Erg Orientale.


  En slip,  et bronzé comme un vacancier au soleil, étendu, jambes écartées dans une décontraction complète, je rêve de bains glacé et surtout, d'une bonne bière fraîche. J'ai la chance aujourd'hui, de ne pas avoir une occupation ingrate. Dégagé de corvées et autres servitudes de la compagnie de l'Escadron de Jeeps Armées du capitaine Le Boudec. Je complète les écritures de mon carnet de route(1), c'est un format de 17x11 de 50 feuilles, un peu grand pour emmener en opération, c'est le carnet du lieutenant Michel, mon futur chef de section, qui n'en ayant plus utilité, me l'a donné. Je note donc sur des feuilles détachées que je retranscris sur ce carnet.




jeudi 21.




Au réveil, à sept heures, il me semble avoir fait la grasse matinée tellement j'ai perdu la notion d'un sommeil régulier.

Je suis cantonné dans la petite caserne de la Légion  en plein Tebessa, juste aux abords des enceintes fortifiées, avec l'escadron au complet. Le lieutenant Rhoer(2) notre chef de peloton, nous laisse en paix. Après le petit déjeuner composé d'un bon quart de café et de deux tartines de pain beurré, j'emmène ma jeep au lavage suivi des autres chauffeurs du peloton. Elle en a besoin la pauvre avec le parcours de Bône -Tebessa la poussière et la boue l'ayant transformée au point de ne pas distinguer sa couleur réelle. Je prends mon temps pour la bichonner et rentre à onze heures juste pour le repas de 11h30.



Cet après-midi, je suis chauffeur de service et transporte les officiers vers le PC Bigeard, sous les ordres du commandant Lenoir dit la vieille (3), étant l'adjoint du colonel Bigeard, il l'imite d'ailleurs parfaitement: il fume la pipe et la bourre de tabac en déchirant une cigarette de troupe qu'il tasse avec le pousse tout comme «Bruno».



Le colonel Bigeard blessé assez gravement le 16 juin 1956, a rejoint la métropole pour une convalescence dans sa famille, il va sans dire que l'évènement de sa blessure a fait la une des journaux et les interviews des reporters photos.  Le tas de courrier reçu auquel il faut réponde, ne lui laisse pas une minute de repos, le sergent-chef Martial Chevalier(4) son fidèle secrétaire-dactylo est venu le rejoindre à Toul, pour l'aider dans sa tâche, ouvrir le courrier classer les dossiers faire les comptes rendus pour les responsables de l'état-major de la 10e DP (5).




En attendant que le régiment tourne à cent à l'heure. Il se refait une santé. Comme je suis libre de mon temps pour reprendre en jeep mes deux officiers, j'ai deux heures de libre ce qui me permet de visiter Tebessa.(6) 30000 habitants dont 80% de musulmans, cité pittoresque à seize kilomètres de la frontière tunisienne, qui a connu la civilisation romaine, j'admire les quatre portes de son enceinte Byzantine, son Arc de triomphe, et le temple dédié à Minerve datant du IIIe siècle, la garnison de la IIIe Légion Auguste veillait à la sécurité de la ville. Pendant la 2e guerre mondiale ce lieu fut un point de ravitaillement Alliés lors de la bataille de Kasserine.




Vendredi 22 juin




 Je dors et je mange comme un vacancier !
Cela repos nous manque beaucoup. Je le ressens dans toute les fibres de mon corps. Je suis vraiment privilégié comme chauffeur. Toute la journée je conduis les officiers en ville, eux aussi ayant besoin de décompresser. La fin de soirée se termine par une revue des véhicules par un capitaine du matériel très cool avec les gars Bigeard.

Vie de caserne ! Debout en tenue de sport, en short et torse nu, nous faisons un parcours des plus faciles, l'esprit est à la rigolade, les camarades sont aux anges malgré les corvées inévitables de pluches et de nettoyage du cantonnement. Après le café du matin, une revue d'armes et de munitions, aussitôt je reprend ma place de chauffeur, donc au calme, pas de garde ni de pluches, tranquillement assis dans ma jeep, j'ai le temps d'améliorer mon carnet et mon cahier de chansons et comme je suis bon en dessin j'orne mon cahier de belles reproductions de jolies femmes sexy pour le plaisir des copains..!!!




lundi 25 juin




Le farniente ne se prolonge pas.  Le départ en opération, après une préparation la veille de tous notre matériel de combat soigneusement vérifié. En short beige clair, pataugas, veste camouflée et casquette Bigeard qui existait en Indochine et que notre grand patron a innové ici en Algérie, bien plus pratique que le casque lourd véritable handicap pour une unité légère et rapide.



Il est quatorze heures, après un café vite avalé, nous grimpons dans les camions qui nous déposent cinquante kilomètres plus loin sur une piste ou la dispersion de l'Escadron s'effectue au bout de quelques kilomètres de marche relativement faciles. Nous nous positionnons en embuscade sur un passage parait-il de rebelles ? Rien vu ni entendu. Nous démontons notre piège et revenons dans l'après-midi avec le même moyen de transport pour notre base de Tébessa.




Mardi 26 juin




Préparation de tout le régiment pour une opération de grande envergure dans le djebel Fagous. Nous embarquons dans les GMC du groupe de transport, les chauffeurs aiment bien travailler avec nous, c'est un peu l'aventure.

Le départ s'effectue vers 17 heures et roulons jusqu'à 21 heures en direction de la frontière tunisienne, en limite du Grand Erg Oriental(7). Arrêt aux abords d'un fort de la Coloniale. Nous préparons nos emplacements de combat, et après un frugal repas, nous dormons devant les camions.




Mercredi 27 juin




Le départ de minuit nous surprend en plein sommeil; péniblement avec un regard encore embrumé, nous reprenons les bahuts en direction de Bir El Ater(8), piste sablonneuse, nous longeons la frontière tunisienne et passons devant un autre Fort de la Légion en limite du Sahara et des Nementchas. Il est quatre heures quand nous débarquons et à pied prenons la piste en direction du djebel tout proche, la montée est raisonnable pour mes petites jambes. J'ai la forme et les douze kilomètres effectués nous amènent après dislocation de la compagnie sur un point d'eau qui nous permet de faire un plein des trois bidons, deux à la ceinture et un autre dans la musette TAP. Toute l'équipe est en forme. L'endroit se nomme djebel Fagous.




Jeudi 28 juin




Nous avons dormi dans des trous creusés à même la roche, elle est friable et brûlée par la chaleur, éclatée à cause du froid qui sévit l'hiver dans le djebel des Nementchas. En m'asseyant sur des pierres plates, René Cadet (9) mon copain du début et faisant parti du groupe voltige me dit

«tu es peut-être assis sur des scorpions ?»

J'en ris mais avant de partir je soulève les pierres plates; quel frisson ! Je découvre toute une famille de scorpions qui s'agitent levant la queue faisant jouer le dard acéré, je laisse retomber les pierres avec dégout sur les bestioles. Dorénavant je bougerai les pierres à chaque arrêt du soir.

Nous trouvons d'autres points d'eau plus ou moins propre mais faute de mieux, avec des cachets de chlore dans l'eau nous éviterons les problèmes de dysenterie ou de paludisme.

Pour dormir, nous avons eu au départ un sac de couchage US, très pratique et chaud pour les nuits glaciales sur ces pitons désolés à plus de mille mètres d'altitude. Pierre Martignon traîne la jambe, il a des coups de pompe à répétition avec la charge qu'il a sur le dos et la chaleur, il souffre.




vendredi 29 juin




Nous sommes toujours à la recherche d'un indice qui donnerait une indication sur un passage éventuel de rebelles, mais ce n'est plus la technique Bruno, que nous employons.

Le soleil nous frappe de ses rayons implacables. Nous marchons sans discontinuer sur une piste que l'on devine plus par instinct comme un animal, nous ressemblons à des extra-terrestre; Certains ont mis un genre de turban sous la casquette fait de foulard ou d'un bout de chèche humecté d'eau, çà tient le crâne au frais quelques minutes. Les gars soufflent comme des forges, la bouche sèche les lèvres fendues, l'évaporation laisse des trainées de sel sur le visage et les vêtements, avec la poussière et la barbe qui a l'air de pousser plus vite, le para Bigeard n'a plus rien d'humain, on ne voit que les yeux qui brillent mangés par la fatigue. La chaleur avoisine les 50° c'est l'enfer !!.




samedi 30 juin




Nous partons à quatre heures, le démarrage à froid est difficile. Grâce à la fraicheur de la nuit, la marche est moins pénible, nous filons bon train pour accéder au sommet d'un djebel de 1200 mètres. Il est huit heures. Ordre de nous installer pour la journée. L'escadron s'éparpille dans les rochers, bien abrité de la chaleur sous des éboulis de roches . J'apprends que nous rentrons demain au fort de la Légion.

Les camarades reprennent de la vigueur, Fusée fait le fier à bras maintenant, je tire une photo de René Cadet avec le FM. Je n'ai à manger qu'un reste de pain et de l'eau pour faire une soupe et un café.

Comme nous devons repasser au point d'eau, je vais tenter de me faire un rasage et un lavage rapide.




Dimanche 1er juillet




Le départ se fait en douceur, environ dix kilomètres pour rejoindre le point d'eau et une dizaine pour apercevoir la file de camions vers Bir El Ater. J'embarque rapidement pour avoir la place au fond du bahut, bien calé, pour faire un somme malgré les secousses, quatre vingt kilomètres plus loin nous arrivons à Tébessa et déménageons de la caserne vers l'école indigène.




Lundi 2 juillet




Je monte la garde devant le PC de l'Escadron. Mario Piacenza. (10) mon caporal, me pose des problèmes, car j'ai caché ma bière pour qu'il ne me la boive pas, comme il n'a pas de sous il me met la pression pour savoir ou je l'ai planquée, il attend sa paye avec impatience, il boit trop en base arrière, et aura des problèmes bientôt à cause de çà. Je vient de recevoir ma solde de huit mille francs ancien.







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      1. J'écrirais ainsi durant mes 28 mois d'Algérie toutes mes opérations avec le 3e RPC sur des petits carnets. Rares sont ceux qui ont pensé à noter les lieux, et les noms de nos camarades ainsi que le résumé d'une opération vu par lui même, ce qui fait l'authenticité du récit.

      2. Le lieutenant Rhoer mourut dans les sables de Timimoun

      3. Commandant Lenoir, adjoint au colonel Bigeard celui-ci l'appela «la vieille» surnom qui lui était resté depuis l'Indochine.

      4. Sergent-chef Martial Chevalier, fidèle secrétaire et dactylo de Bigeard , tapait tout les ordres de service et les résumés d'opérations ainsi que le journal du régiment. Il terminera sa carrière Lieutenant-colonel.

      5. La ville de Tebessa, qui en 1956 était peuplée de 30 000 habitants est aujourd'hui une ville de 200 000 habitants.

      6. 10e DP: Division Parachutiste.

      7. Grand Erg Oriental: dans le désert du Sahara 120 000km², composé de deux-tiers de sable.

      8. Bir El Ater petite ville en 1956 peuplée en 2012 de 80 000 habitants.

      9. René Cadet, un charmant garçon marié en Algérie, devint chauffeur de poids-lourd, décédé d'un cancer, peut-être irradié par les nombreux trajets sur Régane?





(10) Mario Piacenza, caporal ancien volontaire de

Corée, avec un sacré placard de médailles.
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Commandoair40
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MessageSujet: Re: Que s'est-il passé dans cette période de ma vie ??   Que s'est-il passé dans cette période de ma vie ?? Icon_minitimeVen Juin 23 2017, 22:01

Merci Gus Que s'est-il passé dans cette période de ma vie ?? 926774 Que s'est-il passé dans cette période de ma vie ?? 373769

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Sicut-Aquila

Que s'est-il passé dans cette période de ma vie ?? 908920120 Que s'est-il passé dans cette période de ma vie ?? Cocoye10 Que s'est-il passé dans cette période de ma vie ?? 908920120

« Je ne suis pas abattu, je n'ai pas perdu courage.
La vie est en nous et non dans ce qui nous entoure.
Être un homme et le demeurer toujours,
Quelles que soient les circonstances,
Ne pas faiblir, ne pas tomber,
Voilà le véritable sens de la vie ».

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