dant ce conflit interminable de 14/18, les Poilus furent souvent saisis par un sentiment de mal être et de tristesse.Deux expressions métaphoriques se répandent alors dans les tranchées pour caractériser cet état mélancolique : « avoir le cafard » et « avoir le bourdon ».C’est Charles Baudelaire qui le premier a introduit cette expression dans son poème Destruction dans le recueil Les fleurs du mal, en 1857.
Par analogie avec l’insecte de couleur noire qui se complaît dans l’obscurité, Baudelaire utilise le mot cafard pour décrire un état de tristesse, une mélancolie persistante qui affecte profondément le moral. Ce terme fut ensuite utilisé par les soldats de l’armée d’Afrique, et notamment les légionnaires pour décrire leur sentiment d’isolement en raison de leur déracinement.
Les Poilus furent donc eux aussi saisis de cafard au plus dur moment de la guerre. Dans son dictionnaire humoristique l’Argot des poilus, François Déchelette nous explique que : « le cafard des poilus n’a rien de commun avec le cafard domestique.
C’est un animal parasitaire bizarre qui se loge dans la tête du soldat. Malgré les nombreuses demandes des ménageries et instituts zoologiques des deux mondes, on n'a jamais pu en capturer de spécimen : on ne connaît cet animal que par ses effets terribles et déconcertants sur le cerveau humain ».
Un autre insecte fut utilisé par les soldats pour imager leur spleen : le bourdon. L’expression « avoir le bourdon » serait ainsi apparue en 1915. Elle proviendrait du rapprochement avec l’insecte, en référence à sa couleur sombre et au son lourd et grave qu’il émet lorsqu’il vole.
Selon d’autres sources, la référence au bourdon serait associée à une cloche qui porte ce nom, et qui produit des sons très graves.