Entre "humiliation" et "acte désespéré", les confidences de Hollande agacent
Le livre de confidences de François Hollande ne passe pas inaperçu. Footballeurs, magistrats, politiques de droite, depuis quelques jours, les critiques pleuvent pour dénoncer les propos du chef de l'Etat. "Humiliation", "naufrage", "acte désespéré". Le livre de confidences de François Hollande à deux journalistes du Monde suscite une cascade de réactions depuis quelques jours.
Entre perplexité, agacement et indignation, les 700 pages de Un président ne devrait pas dire ça ne passent pas, malgré les rares encouragements venus de son propre camp.
Le SMS à Valérie Trierweiler Dans ses confidences, François Hollande qualifie de "trahison" la révélation du terme "sans-dents" par son ex-compagne, Valérie Trierweiler, dans son livre Merci pour ce moment.
"Je lui ai dit: je vois les gens qui viennent vers moi dans les manifestations, ce sont des pauvres, ils sont sans dents", explique le chef de l'Etat.
En guise de réponse, Valérie Trierweiler s'est fendu mercredi de deux tweets dans lesquels elle publie un SMS attribué au chef de l'Etat et datant de 2008 dans lequel il utilise cette expression.
Les footballeurs "vous ont aidé à remonter la pente" Des "gosses mal éduqués" qui auraient besoin "d'une musculation du cerveau". Voilà la vision qu'a le chef de l'Etat du foot professionnel. Ces mots auraient été prononcés après l'Euro 2012 quand Ben Arfa, Nasri, Ménez et Mvila étaient jugés pour leur mauvais comportement en Ukraine.
L'ancien joueur Emmanuel Petit est le premier a avoir fustigé cette phrase: "C'est vrai que nous, on n'a pas la chance de faire l'ENA".
Pour le syndicat des joueurs professionnels (UNFP), François Hollande adapte son discours aux circonstances, qualifiant les footballeurs de "vedettes richissimes, sans préparation" en certaines occasions, mais heureux de convier les joueurs de l'équipe de France à l'Elysée après l'Euro 2016 :
"Ils vous ont aidé à remonter la pente l'été dernier".L'"humiliation" des magistrats Du côté de la justice, les critiques pleuvent.
Il aura même fallu à François Hollande éteindre un début d'incendie en recevant mercredi soir les deux plus hauts magistrats de France.
Ce qui ne les a pas empêché d'estimer jeudi que ses propos sur la "lâcheté" des magistrats étaient
une "humiliation".
Lors d'une audience solennelle, le premier président Bertrand Louvel a déclaré que ces commentaires posaient "un problème institutionnel" et a reproché au chef de l'Etat de "diffuser parmi les Français une vision (...) dégradante de leur justice".
Autre réaction, celle des présidents de tribunaux et procureurs de France.
Selon eux, ces propos "portent gravement atteinte au crédit et à la confiance que doivent avoir les citoyens dans leur justice".
61 entretiens: "Quand est-ce qu'il travaille?" A droite, c'est un lot de commentaires qui s'abat, notamment sur le temps passé par François Hollande avec les deux journalistes du Monde qui ont réalisé 61 entretiens.
Nathalie Kosciusko-Morizet, a brocardé mercredi les confessions du chef de l'Etat: "On a envie de demander quand est-ce qu'il arrête de se confesser.
Et puis quand est-ce qu'il travaille surtout?", a déclaré Marine Le Pen.
"Ce qui m'a le plus surpris c'est quand j'ai appris qu'il avait passé (...) 61 rendez-vous, 10 dîners" avec les journalistes, a dénoncé de son côté Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France.
"La femme voilée" fait le régal de la droite Dans ses confidences, François Hollande parle assez librement des questions d'identité et de la place de l'islam dans la société.
Sa citation, "la femme voilée d'aujourd'hui sera la Marianne de demain", fait le régal de la droite.
Laurent Wauquiez, président par intérim des Républicains, l'a accusé de vouloir "troquer" les "symboles les plus forts de la République" contre "l'islam politique".
"Hier comme demain, Marianne ne sera jamais voilée", a tweeté Bruno Le Maire.
"Irrationnel, inintelligent", "acte désespéré", "désespérant". Jean-Pierre Raffarin a résumé sur BFMTV tout ce qu'il pensait de ce livre.
"Un exercice de transparence" à gauche Côté socialiste, quelques voix se sont élevées pour défendre François Hollande.
Le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll a défendu "un exercice de transparence".
"Lorsque les livres sortent, ça peut être quelque fois hors contexte, ça peut effectivement susciter des débats, irriter, mais ça permet dans une démocratie à chacun de pouvoir avoir la lecture des événements qui se déroulent, des sujets qui peuvent être à un moment ou à un autre posés", a-t-il plaidé.
Le premier secrétaire du parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, y a vu de son côté l'occasion de "se débarrasser" de la phase "complexe" du bilan avant une possible candidature.
Faut-il encore que ses confidences ne parasitent pas son bilan.