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 Mémoires d'hommes

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MessageSujet: Mémoires d'hommes   Mémoires d'hommes Icon_minitimeSam Juil 23 2016, 10:43

Commandant C. Grégoire

Depuis notre arrivée nous cherchions à créer une réserve capable d'intervenir au profit des postes. Or, il nous était impossible de dégarnir Largeau avant d'avoir nettoyé les palmeraies du Borkou proches de la ville. Malgré les réticences de l'état-major qui craignait un pépin, le colonel obtint de faire une opération sur Kirdimi Bedo, cent kilomètres à l'ouest. Il fallut racler les fonds de tiroirs et les moyens disparates furent réunis en une petite compagnie d'une centaine d'hommes.
Le Peloton de Reconnaissance Découverte et Combat (PRDC), aux ordres d'un officier tchadien, possédait surtout des armes d'appui, mortiers, canons sans recul, mitrailleuses. Composé de soldats du sud dont le moral n'était pas fameux, il valait mieux ne pas compter sur eux en cas de combat difficile. La section de gardes nomades n'avait aucune envie de se battre. La seule troupe cohérente était la section d'intervention récemment formée par l'adjudant-chef Renzi et deux sous-officiers français. Parachu­tiste et saharien, Renzi avait vite communiqué aux autres son ardeur. C'est un fonceur, entraînant ses hommes par l'exemple, hurlant les ordres d'une voix de stentor. Il va droit au but et ses subordonnés ne peuvent s'empêcher de le suivre.

La colonne hétéroclite quitta Largeau le 4 septembre. Le jour même, un Nord 2501, et une patrouille de deux AD-4 se posè­rent au terrain et prirent l'alerte. Le lendemain à six heures, un premier accrochage eut lieu à Elleboye, là où Chipot était tombé dans une embuscade. La SI (section d'intervention) atteignit la palmeraie mais les rebelles y revinrent. Appuyé par le PRDC, Renzi contre-attaqua mais dut se replier avec deux blessés. Les Skyraiders intervinrent deux fois. A la tombée de la nuit, les éléments se regroupèrent à l'extérieur d'Elleboye. Cette première journée fut assez décevante ; les rebelles avaient bien perdu quelques hommes mais faisaient preuve d'un acharnement inattendu.

Le 6 septembre le combat reprit à Ayanga, palmeraie suivante. Les rebelles fermement installés repoussèrent toutes les attaques. Au cours de la nuit, ils se replièrent sur N'Gourma dernier village avant Kirdimi. Ils avaient plus de deux cents fusils et la colonne de l'ANT était dans une situation dangereuse. Des renforts furent demandés à Fort-Lamy. Soixante-douze para­chutistes de la CPIMa arrivèrent à Largeau par avion et furent envoyés aussitôt vers les troupes au contact.
Longeant une cou­lée de dunes au sud de N'Gourma, la CPIMa en véhicules tom­ba dans une embuscade. D'instinct les paras surpris à bout portant donnèrent l'assaut, ce qui les sauva ; ils n'eurent qu'un tué et trois blessés. Les rebelles contre-attaquèrent et réoccupèrent les positions un instant abandonnées. Ils échappaient au tir des AD-4 grâce à leur camouflage parfait. Enterrés dans des trous de sable recouverts de palmes séchées, ils étaient invisibles aux pilotes défilant à trois cents à l'heure. Le soir, ils n'avaient pas cédé un pouce de terrain.

Les blessés furent évacués au début de la matinée du 8. Un Nord parachuta vivres et munitions. Quatre-vingt-dix légion­naires du 2° REP étaient prêts à sauter à l'ouest de N'Gourma mais le vent de sable empêcha le parachutage. Ils furent mis en route par camions et n'arrivèrent que le lendemain. Les rebelles rompirent le combat devant ces renforts successifs. Ils se retirèrent au nord vers Bedo et Tigui. Pas un coup de feu ne fut tiré lors de l'occupation de N'Gourma et Kirdimi. Le 10, la compagnie de Légion surprit les rebelles de Bedo-Tigui, en tua treize et revint à Kirdimi. L'opération était terminée ; tous les élé­ments rejoignirent Largeau le 11 au soir. Les Français venaient de subir leurs premières pertes au BET, un tué et quatre blessés. L'affaire avait coûté trente-six morts à la bande du Borkou éclatée en petits groupes.


Mémoires d'hommes Tchad-jeep-2-rep



[justify]Parmi les documents saisis, il y avait un tract imprimé à Paris. Il émane d'une association des étudiants et stagiaires tchadiens en France. La phraséologie employée montre de qui viennent conseils et littérature :

" Nouvelle vague de répression au Tchad. Les intellectuels durement frappés."

« Les arrestations se succèdent à Fort-Lamy... Ces mesures interviennent au moment même où les troupes mercenaires dépê­chées de France, entreprennent le massacre systématique des masses révoltées. Au moment aussi où d'anciens colons de sinistre mé­moire, prêtés par la France au traître Tombalbaye, s'efforcent, sous le couvert d'une simple réforme administrative, de colmater les ca­dres (?) de répression, battus partout en brèche par le flot irrésisti­ble des masses en colère...
Mais les masses tchadiennes, de plus en plus conscientes de la trahison de leurs intérêts fondamentaux par la clique dirigeante, se dressent partout... Les étudiants et stagiaires tchadiens réaffirment leur détermination inébranlable de soutenir fermement tous les patriotes et les masses révolutionnaires dans leur juste lutte. Ils exigent le retrait immédiat des troupes mercenaires... Ils demandent à l'opinion publique démocratique de condamner les mesures répressives décidées par la clique réaction­naire soumise aux monopoles impérialistes français. »

Les intellectuels tchadiens jettent de l'huile sur le feu mais se tiennent prudemment à distance afin de ne pas se brûler. Tu entendras souvent cette phrase à la mode prononcée par les ins­truits : « Ah non mon vieux ! Trop dangereux même ! »

C'est sans doute ce que pensait le sous-officier tchadien commandant le poste d'Ounianga Kébir qui nous lançait un appel de détresse avant la fin de l'opération de Kirdimi. La position est pourtant imprenable ; le fort est taillé dans le roc en haut d'une falaise surplombant le lac. Blockhaus et tranchées à l'épreuve des bombes permettent de soutenir un siège aisément. Les assauts éventuels seraient brisés devant le profond fossé moyenâgeux ceinturant le poste à l'opposé du lac. Mais la garnison se sentait isolée à deux cents kilomètres au nord-est de Largeau. Le 9 septembre, deux soldats furent tués dans le vil­lage tout proche. Le chef de poste menaça de se rendre si on ne venait pas le secourir. Nous ne pouvions renforcer le détachement et l'évacuation fut décidée. Du 14 au 17 septembre, une colonne péniblement formée à Largeau, exécuta un raid sur Gou­ro, tuant neuf rebelles, puis recueillit la garnison d'Ounianga. Le départ avait dû être retardé de vingt-quatre heures. Le géné­ral Arnaud, délégué militaire, intervenant lui-même n'avait pu obtenir que les Tchadiens partent aider leurs camarades encer­clés. Il avait fallu une journée entière pour les convaincre.

La bande rebelle d'Ounianga resta maîtresse du terrain. Les rebelles occupant la palmeraie avaient asphyxié le poste. Leur menace constante avait sapé le moral des soldats qui supportaient déjà mal leur isolement. Cette bande est la plus dure du BET. En octobre, trois frères de gardes nomades avaient été fusillés à titre d'exemple. Nous reparlerons de Gouro. L'héritier du fondateur de la Sénoussiya y avait habité, ce qui explique peut-être la violence particulière des locaux devant tout étran­ger. La plupart des


hommes ont pris "le caillou" (le maquis) dès le début de la rébellion.

Les minces succès militaires commencèrent à porter leurs fruits. Le commandant Fasseur, officier de renseignement, renoua le contact avec certains rebelles de l'Ennedi, ses anciens administrés. Il mena une active campagne de ralliement mais l'administration se désintéressait de la question. Les prisonniers étaient maltraités et auraient été fusillés si nous n'avions pas été là. Le préfet Djonouma accusait le commandant Fasseur de mener des tractations secrètes en vue d'un règlement dont le gouvernement tchadien ferait les frais. Il ne lui pardonnait surtout pas de jouir d'une plus grande audience que lui auprès de la population. Il préférait l'échec plutôt qu'une solution ne venant pas de lui. Les ralliés étaient mal accueillis ; un groupe de six rebelles armés venu se rendre à la préfecture n'a été reçu par personne. Après cinq jours de vaine attente, il reprit le caillou.

Nous étions écoeurés de voir nos efforts contrariés systématiquement. Mais les cadres tchadiens n'avaient pu empêcher que les stocks soient reconstitués. La troupe mangeait à sa faim ; les unités n'étaient plus entièrement passives. Elles sortaient sans beaucoup d'allant mais sortaient quand même. Il manquait toujours une centaine d'armes ; les services fonctionnaient à peu près mais le coulage n'avait pas cessé. 80 % des lieutenants et capitaines tchadiens et 50 % des sous-officiers, n'acceptaient pas de se voir enseigner un métier qu'ils estimaient connaître. Il était devenu impossible de continuer à travailler dans ces conditions. Le président Tombalbaye fit pression sur le général Doumro qui fut obligé de relever les cadres incapables et de nous confier enfin le commandement. Les sous-officiers tcha­diens et quelques rares officiers jugés les moins mauvais restè­rent avec nous. Une nouvelle période commençait.

Commandant C.Grégoire[
Mémoires d'Hommes - Tchad-Borkou - Ennedi - Tibesti - 1970 - 1972
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