1er Bataillon de Parachutistes Coloniaux : 3 au 6 mai 1954 DBP
Le jour se lève sur DBP, il pleut.
Langlais et Bigeard dressent le bilan des combats des dernières nuits.
Il es terrible, sur les six positions attaquées, trois sont perdues..ELIANE 1,
DOMINIQUE 3, HUGUETTE 5....la valeur d'un bataillon complet.
Cette nuit, le 02 mai, une seule Cie a été parachuté, la 2ème du Lt Marcel Edme du 1er BPC.
Langlais l'a aussitôt envoyée sur Eliane 2, qui une fois encore a été attaqué. Cette " 5ème colline "semble exercer chez les bo-doîs une étrange fascination mêlée de crainte, au sein du corps viêt-minh, elle possède une sinistre réputation. D'ailleurs, au lendemain de leur victoire
les viêts érigeront leur monument aux morts sur cette colline, et ce ne sera pas dû au hasard.
Le Cdt Coutant explique au Lt Edme, qui vient d'arriver sur la position, que les viêts creusent une galerie de mine. Cette galerie inquiète Coutant, nous sommes contents quand le jour arrive et que les viêts creusent encore. Quand les coups de pioche s'arrêteront, la charge de TNT sautera. Dans la soirée du 3 mai, parachutage de la 3ème Cie aux ordres du Cne Pouget ( ancien aide de camp de Navarre )
Au petit jour le Cne Pouget se dirige vers Eliane 2 . Il ya maintenant deux compagnies sur Eliane 2, celles de Pouget et Edme.
La sape d'Eliane2 :
Deux jours, deux nuits durant, les viêts marquent le pas.
Dans la nuit du 5 au 6 mai, une troisième Cie du 1er BPC réussit à se poser. Un seul blessé, le patron du bataillon, le Cne de Bazins, à peine au sol un obus ennemi lui a fracassé la cuisse.
Lo 06 mai 1954 cette journée est employée à renforcer les points d'appui restants. Sur Eliane 4 la partie sud-est est confiée à la 1ère Cie du 1er BPC du Cne Trehiou. Eliane 2 est aux mains des deux Cies de Pouget et d'Edme. Eliane 3 est tenue par deux grosses sections du 6ème BPC.
Vers 05 heures du soir la pluie recommence à noyer la vallée ainsi que résonne le premier coup de canon de la préparation d'artillerie.
Deux heures plus tard, la bataille est générale. Les viêts attaquent partout. Les français se battent à un contre cent. Et puis soudain, un hurlement emplit l'air...ce sont les "orgues de Staline", l'effet est dévastateur sur les abris déjà ébranlés par les 105... c'est l'Apocalypse...DBP, s'engloutit dans le fer et les flammes, et cette nuit qui ne finit pas. Sur Eliane 2 Pouget et Edme contiennent la poussée ennemie. A 2 heures du matin Edme fait passer un communiqué laconique : " les Viêts ne creusent plus dans la sape. Soudain un grondement s'amplifie, la terre tremble et se soulève...les viêts viennent de faire exploser la charge amassée dans la sape... 2 tonnes de TNT.
Le sommet d'Eliane 2 disparaît soufflé par un volcan. La terre en paquets, les débris humains retombent mais Edme ne les entend pas. Il se retrouve projetté à quelques mètres, sonné. Dans le cratère noir qui s'ouvre sous ses pieds il ne reste que quelques rescapés de sa compagnie. A quelques mètres Pouget est lui aussi ébranlé par l'explosion de la sape et comprend qu'Eliane 2 n'est plus défendable. Il s'adresse à Vadot et lui demande une compagnie de renfort : je peux reprendre latotalité de la position. Il est 4 heures du matin et Pouget espère toujours l'arrivée de Lecour-Grandmaison lequel au dernier moment est retenu sur Eliane 4.
Pouget insiste, je ne pourrai pas me maintenir sur ma position sans renforts...
-Nous n'avons plus rien
-Dans ce cas autorisez-moi à me replier sur Eliane 3.
-Ah! non, s'écrit Vadot vous êtes parachutistes et vous devez résister jusqu'à la mort.
-Bien compris, terminé pour moi, je détruis mon poste. Quelques minutes plus tard une grenade roule dans son trou, quand il se réveille, il fait jour et il a les bras liés dans le dos.
Le courage est un embrasement de l'être qui trempe les armées. Il est la première des vertues, quelle que soit la beauté des noms dont elles se parent. Un soldat sans courage est un chrétien sans foi. Le courage est ce qu'il y a de plus sacré dans une armée; nul n'a le droit de troubler ses sources limpides et fécondes.
Ernst JUNGER
la guerre, notre mère.
Source Erwan Bergot