Louis de Cazenave, l'un des deux derniers poilus, s'est éteint
— Louis de Cazenave, l'un des deux derniers poilus de la Première Guerre mondiale, s'est éteint dimanche au petit matin, à l'âge de 110 ans, faisant de Lazare Ponticelli le dernier combattant français de la "Der des der" encore vivant.
Louis de Cazenave est mort "paisiblement" entre cinq et sept heures du matin, a annoncé à l'AFP son fils de 76 ans, qui porte le même nom et avec lequel il vivait à Brioude (Haute-Loire), dans le centre de la France.
"Il est mort comme il le désirait, chez lui; il s'est éteint comme une chandelle", a-t-il ajouté, soulignant qu'il avait encore été, la veille, "très entouré de beaucoup de personnes".
Les obsèques de l'ancien combattant, qui avait fêté le 16 octobre ses 110 ans, auront lieu mardi dans un lieu qui reste encore à déterminer, a indiqué la préfecture de Haute-Loire.
La disparition de Louis de Cazenave, qui avait reçu à 98 ans, en 1995, la légion d'honneur, fait de Lazare Ponticelli, né comme lui en 1897, le dernier des 8,5 millions de jeunes français mobilisés entre 1914 et 1918.
Le président Nicolas Sarkozy a fait part dans un communiqué de sa "grande émotion" et a "adressé à sa famille les condoléances attristées de la Nation".
"Sa disparition est l'occasion pour chacun d'entre nous d'avoir une pensée particulière pour les 1,4 million de combattants français qui ont fait le sacrifice de leur vie durant ce conflit, pour les 4,5 millions de blessés, pour les 8,5 millions de mobilisés", a ajouté le chef de l'Etat.
Le secrétaire d'Etat à la Défense chargé des anciens combattants, Alain Marleix, a lui exprimé "sa grande tristesse", rappelant qu'il s'était rendu "au nom du président de la République" le 21 décembre auprès de Louis de Cazenave pour lui "réaffirmer la reconnaissance de la France".
Lazare Ponticelli, qui habite chez sa fille Janine Desbaucheron au Kremlin-Bicêtre, dans le Val-de-Marne, a appris la nouvelle en fin d'après-midi. "Mais il n'a pas réagi", a précisé sa fille, expliquant, que compte tenu de son grand âge, il lui fallait du temps pour le faire.
"Je me demande s'il va réaliser qu'il est le dernier des poilus", a-t-elle encore dit.
Parti en décembre 1916, à 19 ans, de Saint-Georges-d'Aurac (centre), son village natal, Louis de Cazenave avait intégré le 22e régiment d'infanterie coloniale, avant de se battre au Chemin des Dames avec le 5e bataillon de tirailleurs sénégalais.
Au printemps 1917, plus de 100.000 de ces combattants ont été tués sur les coteaux et plateaux dominant cette vallée de l'est de la France.
Louis de Cazenave a survécu, sans jamais oublier ses compagnons tués et blessés, comme il l'a écrit plus tard. Il était devenu un "pacifiste forcené", selon sa petite fille Alex.
Après la guerre, il s'était marié, était devenu cheminot et avait eu trois enfants. Sous le régime de Vichy, la police l'avait jeté quelques semaines en prison. Selon son fils Robert, il n'approuvait pas le régime de Pétain. Révoqué des Chemins de fer, il resta ensuite chez lui, jusqu'à sa mort.
En mars 2007, Louis de Cazenave avait déclaré au quotidien auvergnat La Montagne vouloir que ses obsèques se déroulent dans "la simplicité", après que l'ancien président Jacques Chirac eut promis des "obsèques solennelles de portée nationale" au denier poilu qui disparaîtrait.
Lazare Ponticelli, ancien du 1er régiment de marche de Sidi-Bel-Abbes, a également fait savoir qu'il ne tenait pas à une telle cérémonie.
Dim 20 Jan 2008 - 20:16
Respect pour cet ancien.