Paras, bérets bleus, verts et rouges, tous unis !
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Paras, bérets bleus, verts et rouges, tous unis !

Forum pour Parachutistes et Sympathisants de par le Monde
 
AccueilPortailDernières imagesS'enregistrerConnexion

 

 La géographie de l'Algérie

Aller en bas 
AuteurMessage
Invité
Invité
Anonymous



La géographie de l'Algérie Empty
MessageSujet: La géographie de l'Algérie   La géographie de l'Algérie Icon_minitimeSam Aoû 01 2015, 15:53

 La géographie de l'Algérie



Le hasard me fit un jour assister à une conversation

 entre un métropolitain qui rentrait d'Algérie où l'avion lui avait permis,

 en 48 heures d'absence de Paris, de passer une dermi-journée à Alger,

puis une journée à Hassi-Messaoud, et, d'autre part,

un marin qui, pendant des années, avait bourlingué dans toute la Méditerranée

 et notamment de Tunis à Alger et Gibraltar en touchant tous les ports intermédiaires.

 Le premier avait rapporté de son bref voyage des idées aussi précises

 que définitives et affirmait péremptoirement:

 en Algérie il n'y a pas de montagnes, tout au plus des rochers,

des cailloux, des montagnettes, mais pas de vraies montagnes.

Et son interlocuteur de répliquer:

comment, des montagnes en Algérie on ne voit que cela;

de la frontière tunisienne à Bône, Philippeville, Alger, Oran,

 Nemours et jusqu'au Maroc on ne voit rien d'autre;

les ports sont au pied de montagnes que les villes escaladent,

 comme Alger, et même le fond des baies, comme celle de Bougie,

 est entièrement bordé de montagnes qui lui constituent un prestigieux décor de pics

et de monts escarpés.

Et cette dernière opinion n'était pas nouvelle puisque Tite-Live racontait déjà que,

 lorsque en 205 avant Jésus-Christ, Publius Cornelius Scipion,

après avoir conquis au cours de la 2ème guerre punique tout le centre

et le sud de l'Espagne enlevés à Carthage, envisageait de porter la guerre en Afrique,

 il lui fut donné l'avertissement: "Quand de la Haute-mer tu apercevras l'Afrique,

ta conquête de l'Espagne ne te semblera plus qu'un jeu et un badinage".

 (Tite-Live -Rist. XXVIII, 42, cité par A. Berthier).

 Car le vieil historien latin savait déjà que la péninsule ibérique,

 malgré l'existence au Nord comme au Sud, de sommets de plus de 3000 mètres,

 s'ouvrait sur la Méditerranée par des plaines accueillantes; au contraire en Algérie,

quand le rivage n'est pas formé par des montagnes,

si des plaines viennent presque jusqu'à la côte, elles se terminent,

 au dessus de la mer par des falaises par exemple près d'Oran.

 Les points où les plaines de l'intérieur de l'Algérie,

 que les géographes appellent sublittorrales,

 s'abaissent en pente douce vers la mer sont très rares,

 on ne peut guère citer qu'une dizaine de kilomètres où la Mitidija s'abaisse lentement

 vers la mer près de Maison-Carrée à l'Est d'Alger et de même

 quelques kilomètres à l'Est de Bône;

ces deux points exceptionnels ayant permis l'accès vers les deux grands ports.


Revenant aux deux opinions exprimées ci-dessus :

 l'Algérie pays sans montagnes, l'Algérie pays tout en montagnes,

 elles contiennent toutes deux une part de vérité.

Il est exact que sauf dans l'extrême sud saharien où le Hoggar atteint 3000 mètres,

l'Algérie du Nord, la seule dont il sera question ici,

ne comporte pas de hautes montagnes comparables aux Pyrénées et aux Alpes.


Mais, en même temps,

 il faut avoir présent à l'esprit le fait que des sommets de 1500 mètres ou 2000 mètres

et plus, il y a en a partout, ou presque, au Nord comme au Sud,

 et qu'en même temps ces régions sculptées dans le détail par l'érosion,

 burinées peut-on dire, coupées de milliers de ravins ou de ravinaux,

 séparés par des crêtes aux flancs abrupts, sont très difficiles à parcourir,

 et les grandes voies de communication doivent les contourner.

 Les pistes ou chemins des régions montagneuses défient même le cheval,

 et c'est ainsi que,

 si dans bien des zones on installa au XIXème siècle des brigades

 de gendarmerie à cheval, comme naguère en France,

on put voir, ce qui n'exista jamais en métropole,

 des brigades de gendarmerie à mulet, comme celle d'Arris,

 car la fatigue imposée aux montures dans la région était telle

qu'elle défiait les forces des chevaux! En effet,

 les vallées se rétrécissent souvent en gorges aux parois verticales,

 et force est alors d'escalader les hauteurs.

 En outre, le dessin général des reliefs ne s'organise pas en massifs montagneux

groupés et séparés par de vastes ensembles de plaines,

mais des hauteurs s'élèvent un peu partout sans s'ordonner régulièrement,

 se succèdent, les unes après les autres sans se prolonger,

 dans un espèce de chaos où l'esprit cherche vainement une ordonnance.

Des bassins intérieurs se succèdent souvent allongés sans non plus se prolonger,

 et sont séparés par des seuils que les rivières

franchissent dans des défilés souvent étroits.

 L'irrégularité de ce relief est une de ses caractéristiques,

 et c'est ainsi que le voyageur qui,

d'Alger s'en va vers l'Est en direction de la Tunisie, franchira à travers l'Algérie,

 700 km environ, sans suivre aucune rivière pendant plus de quelques dizaines

 de kilomètres, mais s'élevant pour passer d'un bassin à l'autre et redescendre,

 peu après, en un trajet qui évoque un profil de montagnes russes:

 la grande voie ferrée qui unit Alger à Tunis monte et descend irrégulièrement

pour s'élever à 700 m d'altitude vers Bouira,

 à environ 120 km d'Alger,

 redescend ensuite vers 100 m d'altitude vers la vallée de la Soumam

 puis remonte à plus de 1000 mètres sur le plateau sétifien

à moins de trois cents kilomètres d'Alger

 et ainsi de suite tout au long de dénivellations qu'il serait fastidieux d'énumérer.


Dans un dédale de massifs montagneux et de plaines

 on ne voit guère de lignes directrices et,

c'est d'une manière qui semble théorique,

que les géographes ont parlé d'un Atlas tellien groupant tous les reliefs

de la zone humide du nord du pays, de ce que les autochtones appellent le Tell,

tandis que les reliefs du sud recevaient le nom, purement livresque,

 d'Atlas Saharien. Les massifs de l'Atlas tellien,

sont en général de moyenne altitude, 1000 à 2000 mètres,

 formés d'un lacis de petites crêtes et de ravines couvertes de forêts

 lorsqu'elles n'ont pas été détruites par l'homme.

Un seul d'entre eux a un aspect de hautes montagnes,

c'est à l'est d'Alger , le massif dit de grande Kabylie,

dominé par les crêtes de Djurdjura, crêtes calcaires très escarpées,

 où la roche est souvent à nu, et s'élève souvent au dessus de 2000 mètres,

 atteignant 2306 mètres au Lalla Khedidja. Par temps clair, l'hiver,

on voit ces sommets enneigés depuis Alger.

Entre ces hauteurs se trouvent des plaines basses,

 zones affaissées entre les massifs au cours des périodes géologiques les plus récentes.

 Et, là encore, on cherche des lignes directrices sans les trouver:

 le moindre coup d'oeil sur le paysage montre des dispositions

 d'ensemble inhabituelles:

 ainsi la Mitidja est une plaine qui s'allonge d'Ouest

 en Est sans le moindre accident topographique notable dans cette orientation;

 au contraire, elle est régulièrement séparée de la mer

par le bourrelet du Sahel qui s'allonge à l'Ouest d'Alger parallèlement à l'axe de la plaine.

 Et, paradoxalement, le réseau des rivières n'est pas parallèle aux lignes du relief,

 mais le recoupe presque perpendiculairement:

 ainsi l'Oued Chiffa qui descend des hauteurs de Médéa et coule vers le nord,

 lorsqu'il arrive dans la plaine, ne suit pas l'orientation de celle-ci,

 mais continue droit vers la mer et entaille le Sahel dans le défilé

dit du Mazafran pour rejoindre le rivage et se jeter dans la mer.


Ces curieuses dispositions du relief s'expliquent

par l'étude de l'histoire géologique du pays.

 Des mouvements verticaux du sol,

 affaissements et exhaussements,

se sont poursuivis pendant les périodes les plus récentes de l'histoire de la région.

 Ainsi l'oued Chiffa descendait des montagnes,

 traversait le bas-pays et se jetait tout naturellement dans la mer

en traversant une plaine qui s'étendait sans obstacle jusqu'au rivage.

 Et c'est récemment que le sol s'est élevé entre ce qui est

aujourd'hui la Mitidja et la mer,

formant le bourrelet du Sahel;

comme ce mouvement a été lent,

 de l'ordre d'un dixième de millimètre par an,

 la rivière a pu creuser son lit au fur et à mesure que le sol s'élevait.

C'est dire que ce relief du Sahel est dû à un mouvement lent qui a duré

-approximativement- 2 millions d'années,

 ce qui est bref eu égard à la durée des ères géologiques.

 Ce processus a joué dans toute l'Algérie de façon analogue,


 et c'est ainsi que l'on voit fréquemment des rivières ne coulant pas dans les plaines,

 mais s'élançant contre des reliefs qu'elles traversent dans des gorges plus ou moins

étroites.

Le propos de ce livre n'étant pas de faire un cours de géologie

ni même de géographie, je me contenterai de dire que la complexité du relief algérien

s'explique très bien par le fait que le pays entier est,

 surtout dans les parties proches de la Méditerranée,

 une mosaïque de régions qui, les unes ont tendance à s'affaisser,

 les autres à s'élever. Comme ces régions sont chacune de faibles dimensions,

le résultat est le relief chaotique,

désordonné, sans voies de communications faciles qui caractérise le Nord de l'Algérie.


Lorsqu'on s'éloigne de la Méditerranée,

d'une ou deux centaines de kilomètres vers le sud,

 un nouveau type de paysage apparaît contrastant avec le relief tourmenté du nord:

 tout d'un coup la vue n'est plus bornée par un horizon de montagnes,

mais au contraire s'étend à l'infini, on voit des plaines ou plateaux,

 généralement élevés,

 et que les géographes ont qualifiés de Hautes-Plaines ou Hauts-Plateaux.

 Se situant à plusieurs centaines de mètres au-dessus du niveau de la mer,

 ils s'étendent sur des centaines de kilomètres du Nord au Sud,

 et sur plus de mille kilomètres d'Est en Ouest, du Maroc à la Tunisie.

Ils forment une grande unité géographique qui n'est pas totalement uniforme:

 à l'Ouest les reliefs qui interrompent la monotonie du paysage sont rares,

 et les sommets peu fréquents,

 élevés de quelques centaines de mètres au dessus de la plaine environnante;

au contraire,

 ces reliefs sont plus nombreux à l'Est Constantinois.

Mais comme ce qui fait la plus grande différence entre l'Ouest et l'Est,

 c'est la pluviométrie qui conditionne l'aspect du pays et la végétation,

 je ne reparlerai de ces régions qu'après avoir .dit quelques mots du climat.


Au Sud des Hautes-Plaines,

 de longues crêtes rectilignes,

 s'élevant parfois à 1800 ou 2000 mètres s'élèvent au-dessus de l'horizon:

monts des Amour -la grande confédération de tribus du Sud-Oranais-

et monts des Ouled Naïl dans le sud Algérois.

 Ces crêtes constituent le grand ensemble que les géographes

 appellent Atlas Saharien car il borde le grand désert.

Vers l'Est, cet ensemble est continué par l'Aurès,

le plus haut massif de l'Algérie avec ses sommets de 2321 mètres

 (Mahmel) et 2329 mètres (Chellia).

 Enfin, au sud de ces reliefs vient le Sahara,

plateau rocheux à l'Ouest et au Centre, plaine basse dans l'Est.

Rien qu'à lire les lignes ci-dessus où l'on aurait voulu ne parler que du relief,

 on sent immédiatement que la question de climat joue un grand rôle dans l'allure du

paysage, quel que soit le substratum géologique du lieu:

au nord c'est un pays où il y a des rivières, où il pleut,

 qui par beaucoup de côtés se rapproche de nos pays d'Europe,

 au sud ce sont des paysages de plus en plus arides où la pluie devient rare,

 puis rarissime,

 et cela modifie du tout au tout le paysage et la vie que les hommes peuvent y mener.

Les historiens ont cherché les raisons pour lesquelles,

 au cours des trois derniers millénaires

jamais un état centralisé n'a pu se constituer en Algérie,

sauf au cours des derniers siècles,

 mais alors ce fut sous des influences extérieures au pays:

turques ou françaises.

 Ils ont beaucoup trop cherché la raison de ce fait

 dans le relief et pas assez dans les faits climatiques qui conditionnent

 à peu près seuls les modes de vie dans un pays où,

en l'absence constante au cours de l'histoire,

 d'industrie ou d'un artisanat autre que local l'agriculture et l'élevage

 étaient les seules ressources,

 et celles-ci étaient conditionnées par le climat,

 facteur primordial du développement humain.
Revenir en haut Aller en bas
 
La géographie de l'Algérie
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Paras, bérets bleus, verts et rouges, tous unis ! :: HISTOIRE DE NOTRE PATRIE :: La petite et la grande histoire :: Algérie-
Sauter vers: