LES « COMMANDOS » FRANÇAIS
Un mois avant le raid de Dieppe, la Cie Française est rattachée au 10 Commando. Puis fin Août 1942, ses hommes sont autorisés à porter le béret vert et l'insigne de bras des opérations combinées. En janvier 1942, le recrutement est étendu aux étrangers. Regroupés au sein u N° 10 (Inter-Allied) commando, ils servent tout naturellement de guides et d’interprètes lors des raids sur le continent.
Parmi eux figurent les Français du 1er bataillon de fusiliers marins commandos qui participent au débarquement de Normandie (
Effectif : 180 Hommes, cinq citations à l’ordre de l’armée de mer).
Au Moyen-Orient, le commando 62 crée par le lieutenant-colonel david Stirling devient, après quelques avatars et un renfort substantiel, le Spécial Air Service spécialisé dans les coups de main contre les terrains d’aviation ennemis. Des Français y figurent qui, au début de 1944, forment deux régiments parachutés en Bretagne et au nord de la Loire dans le cadre du débarquement (
Effectif 1 000 Hommes, six citations à l’ordre de l’armée de l’air au 2ème et 3ème RCP).
En Afrique du Nord, la campagne de Tunisie terminée, des transfuges du corps franc d’Afrique constituent le « groupe commando d’Afrique »(
Effectif : 1 100 hommes, une citation à l’ordre de l’armée), instruit par les commandos britannique et spécialisés dans les opérations amphibies. Doté d’armes lourdes et composé en majorité de Nord-Africains, c’est en fait un bataillon d’infanterie légère s’apparentant plutôt aux Rangers Américains.
Après avoir brillament participé aux débarquements de l'île d'Elbe et de Provence, le groupe commando d'Afrique est utilisé comme infanterie légère lors de l'attaque de Belfort, puis dans les Vosges et en Fôter-Noire. Tout autre est le « Bataillon de Choc » (
Effectif : 800 hommes, trois citations à l’ordre de l’armée), formé sous l’égide des services spéciaux avec de nombreux jeunes évadés de France instruits dans l’esprit des commandos britanniques, les chasseurs du Choc doivent apporter aux maquis de France une assistance comparable à celles des Opérational Groups de l’OSS, les services secrets Américains. Ce sont bien des parachutistes, mais qui, du fait des circonstances, seront débarqués par mer ou s’infiltreront à travers les lignes comme les commandos d’Afrique.
Une fois le Choc parti en Corse et absorbé dans l’armée classique du débarquement sud, le « groupe de commando de France » (
Effectif : 465 hommes, deux citations à l’ordre de l’armée) prend le relais dans les mêmes conditions. Mais comme son prédécesseur, il ne sera pas engagé au profit de la résistance intérieure et combattra comme infanterie légère.
Enfin dans le Sud-est asiatique, également instruits par les Britanniques, trois commandos de l’aéronavale et de la coloniale, réunis sous l’appellation de bataillon parachutiste SAS B, puis groupement Ponchardier, participent aux premières opérations d’Indochine en 1945.
LES COMMANDOS D’NDOCHINE
La situation particulière créée par l’occupation de la France a ainsi suscité la création de formations de circonstance ((y compris missions de liaison maquis ou interalliées, équipe Jedbourgh, Sussex, de contre-sabotage, groupe naval d’assaut de Corse, etc), ne pouvant intervenir que par les airs ou la mer et remplir derrière les lignes ennemis, des missions spécifiques : action, renseignement, liaison, assistance aux maquis….
La guerre terminée, l’on revient à plus de classicisme. Une division aéroportée est constituée avec les parachutistes de toutes provenances et les Chocs de la 1ère armée, tandis que les commandos de la marine disparaissent. Mais la guerre d’Indochine remet tous les projets en question.
L’Indochine où les parachutistes, mobiles par essence, garantissent au commandement une certaine liberté d’action, exige toujours plus de troupes. Aussi à la demande du Général Leclerc, est formé un groupe de bataillons dont le lieutenant-colonel de Bollardière prend le commandement :
«
Volontaire pour cette mission qui correspond tout à fait à ses conceptions d’emploi des parachutistes, il y voit également l’occasion de préserver l’héritage technique et moral des régiments SAS.
Dans son esprit, les commandos parachutistes, unités légère « après à tout faire » dont les structures internes se modifient au grès des missions qui leur sont demandées, non seulement ne font pas double emploi avec la grande unité qu’est la 25ème division, mais sont au contraire extrêmement utiles au commandement parce que particulièrement souples d’emploi et de mise en œuvre. » (Paul Gaujac, Histoire des parachutistes Français)
Mais la réalisation d’une telle expérience exige une riche dotation en cadres et spécialistes de valeur et des moyens aériens qui feront toujours défaut.
La demi-brigade SAS à deux bataillons arrive donc en Cochinchine en Janvier 1946. Les hommes portent le béret rouge, même les anciens du 1er RCP ou des Chocs.
Treize mois plus tard, c’est le tour au Tonkin de la demi-brigade de marche composée du 1er Choc et de deux bataillons du 1er RCP. Deux conception s’opposent dès lors au sein des TAP : celle révolutionnaire des SAS pérennisée par les coloniaux et celle plus classique des métropolitains.
Toujours à l’instigation de Leclerc, une « demi-brigade coloniale de commandos parachutiste » est créée en Bretagne, en Décembre 1947, pour assurer la relève des bataillons d’Indochine. De nombreux rapatriés des SAS, peu soucieux de leur congé de fin de campagne, rejoignent Meucon pour aider à créer l’école des commandos, tandis qu’une « école de jungle » fonctionne déjà à Fréjus.
Les bataillons----- Cinq métropolitains et douze coloniaux ---- qui se succèdent jusqu’en 1954 en Indochine (
trente citations à l’ordre de l’armée, dont un tiers pour les BCCP et BPC), font le même travail sur le terrain, mais chacun garde son caractère propre, lié le plus souvent à la personnalité du chef de cops généralement issu des Jedburghs ou des missions maquis. Mais, signe des temps et de l’uniformisation, les bataillons coloniaux ont perdu leur appellation de « commando », et de BCCP sont devenus simplement BPC en Mars 1951.
Une particularité toutefois ; en Septembre 1952 le 8ème bataillon de parachutistes coloniaux devient unité « commando » dans le cadre du GCMA. Le groupement de commandos mixtes aéroportés est une émanation du service action du SDECE qui dans le style des Jedburghs ou des groupes opérationnels, anime les maquis autochtones agissant sur les arrières.
De son côté la marine, qui a décidé de recréer ses commandos en 1946, engage cinq sur six en Indochine.
Enfin, de nombreuses unités, composés de partisans indigènes et assimilables à des groupes francs, opèrent au niveau des secteurs sous des appellations diverses : commandos d’Extrême-Orient, du Nord-Vietnam ou du Centre-Annam, commandos de choc du Sud-Vietnam.
Le capitaine Bichelot, ici lors d'une action de sabotage en Centre-Annam. LES COMMANDOS D’ALGERIE ET D’APRES
Alors qu’une guerre se termine, une autre commence et ceux qui combattaient en Indochine se retrouvent en Algérie : parachutistes, commandos-marine et commandos Vietnamien.
Là, mais non sans lenteur, les choses prennent quelques cohérence. Deux divisions parachutistes mènent pourrait-on dire, un combat classique, même si certains régiments opèrent selon la technique des commandos.
Il y a ensuite les « vrais » commandos : ceux dit « de réserve générale » issus des deux DP, les commandos de l’air et les fusiliers marins commandos. L’armée de l’air et la marine ont compris l’intérêt du binôme commando-hélicoptère et l’emploient avec efficacité pour repérer puis traquer et neutraliser l’adversaire.
En revanche, faute de moyens, le groupe d’hélicoptères de l’armée de terre n’a pu réaliser ce que son chef, ancien du Choc et « inventeur » de l’héliportage, appelait de ses vœux.
Ensuite, à partir de 1959, des commandos de chasse « marquent » les bandes rebelles ou opèrent dans le sillage des grandes opérations. Constitués à partir des éléments de secteur souvent complétés par des fellaghas ralliés, ils ont reçu une instruction ad hoc dans des centres spécialisés. Ils s’apparentent cependant aux groupes francs et aux Jagd-kommando allemand.
A l’opposé, on trouve les parachutistes de la demi-brigade de choc qui se rapprochent le plus du modèle britannique : lien étroit avec les services spéciaux, religion du secret, mission stratégique, mode d’action, techniques et organisation particulirs.
En 1963, il ne reste plus rien de tout cela. Seul demeure à Mont-Louis le Centre National d’Entrainement Commando qui, par le truchement des CEC régionaux ou divisionnaires, continue d’enseigner aux unités classiques les rudiments de la technique commando : formation technique mais aussi morale, comme le font depuis longtemps les Rangers aux Etats-Unis. Ne reste qu’un petit noyau de nageurs de combat dans la marine et les services spéciaux.
Il existe encore aujourd’hui le groupement de fusiliers marins commandos, le 13ème RDP, le 1er RPIMa et quelques autres qui sont parvenus à tirer leur épingle du jeu au fil des années.
Mais peut-on encore parler de « commando » ?
e mot aux réminiscences britannique ne fait plus recette et on lui préfère maintenant « forces spéciales » au ton nettement américain.
Pourtant « les Français ont un style bien à eux.
Et si l’on demande à quoi devraient ressembler en ce début de siécle, les hommes des unités spéciales, nous répondrions sans hésiter : « Aux chasseurs du bataillon de choc et à leur successeurs de la demi-brigade, avec un zeste de SAS et de commando Hubert. »
Le lieutenat de vaisseau Kieffer, créateur des fusiliers marins commandos