Paras, bérets bleus, verts et rouges, tous unis !
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 OVERLORD

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Aokas
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MessageSujet: OVERLORD   OVERLORD Icon_minitimeMar Déc 11 2007, 15:47

Les paras français sautent sur la Bretagne
Leur mission? Saboter les voies de communication pour immobiliser dix régiments allemands et les empêcher de faire mouvement vers les plages normandes où doit avoir lieu le débarquement. Les quelques centaines de paras français du SAS la réussiront. Mais la répression sera terrible

il fait clair, cette nuit du 5 juin l944, sur la lande bretonne. Sous la pleine lune, les rails de chemin de fer brillent, l'eau d'une rivière miroite et on distingue même, dans la lumière blanche, les taches pâles des genêts en fleur. L'avion tourne, bas, de plus en plus bas. Le pilote se penche: c'est bien l'endroit qui lui a été indiqué sur photo aérienne. Il lève la main. Derrière lui, dans le fuselage étroit et sombre, sept hommes lourdement harnachés sont placés en ligne devant la porte fermée. Un officier crie: «Vérification équipement! Rendez compte!» L'homme le plus éloigné répond: «Numéro 7 OK» et tape sur l'épaule de celui qui le précède, jusqu'au premier qui annonce: «Stick OK!» (1).
Une lumière rouge s'allume au-dessus de la porte qu'ouvre le chef de ligne
Un courant d'air froid s'engouffre. On voit le paysage défiler sous l'avion. Les hommes avancent d'un pas et leur file se resserre, comme une grosse chenille rétractée. La lumière rouge tout à coup devient verte. Alors éclate l'ordre que tous attendent: «Go!» Le chef de stick lance la jambe droite en avant et disparaît dans le vide. Les autres le suivent, à cadence rapide. Un trou, un choc, le parachute qui s'ouvre et qu'il faut vérifier pour garder l'alignement. Le sol s'approche à grande vitesse. On ne pense plus qu'à déclencher vite le «kit bag», qui, accroché à la jambe droite, vous tirera tout à l'heure vers le bas, et à réussir le roulé-boulé qui vous projettera sur une terre inconnue, sombre, terre de tous les dangers. Mais une terre depuis longtemps attendue, espérée. La terre de France.

Dès qu'il touche le sol, le lieutenant Marienne se retourne pour voir si ses six coéquipiers le suivent ou si le vent les a trop déportés. Ils ont été largués à l'aveugle, «blind», comme disent les Anglais, sans savoir où ils sont, sans personne pour les accueillir. Au camp secret de Fairford, en Grande-Bretagne, trois jours avant le départ, les officiers anglais ont prévenu les 150 paras français du 4e SAS (2) qu'ils seraient largués les premiers, en avant-garde, sur les Côtes-du-Nord et sur le Morbihan. Ils ont ajouté: «La Résistance en Bretagne vient d'être décapitée. Ne comptez pas sur elle... N'acceptez d'aide de personne et débrouillez-vous seuls pour remplir votre mission.» Une mission essentielle: saboter les voies de communication pour immobiliser en Bretagne les dix divisions allemandes qui s'y trouvent, et les empêcher de fairemouvement vers les plages normandes où s'effectuera, quelques heures plus tard, le débarquement. Un travail pour lequel les parachutistes français du Special Air Service sont particulièrement entraînés. Ils l'ont déjà prouvé dans desopérations risquées en Crète, en Libye, en Tunisie, partout où il fallait du courage et un grainde folie. Leurs exploits ne se comptent plus.Ce n'est pas par hasard que le commandement allié a choisi les SAS français pour frapper en Bretagne les trois coups de l'opération Overlord. Marienne se relève et regarde sa montre: 23h30. Il replie son parachute, détache les lourds sacs, les pelles, remonte en direction des autres qui attendent leur chef de stick. Sur les casques, des boules phosphorescentes qu'on pourrait prendre pour des lucioles indiquent leurs positions. En silence, le petit groupe se rassemble dans la nuit.

Il faut enterrerles parachutes,faire le point…
Retrouver les containers, largués derrière eux, où sont les armes et les vivres. Un container manque C'est celui où se trouvent le matériel sanitaire et l'argent: 75 millions en argent français! On ne peut pas s'en passer. Marienne, Krysik et Raufast partent à sa recherche, laissant sur place les trois radios: Sauvé, Heitrich et Jourdan, sous le commandement du caporal Bouëtard.
Le moulin de Plumelec, qui au fil du temps a perdu ses ailes et son toit, se dresse au-dessus des bois et des landes comme une sentinelle décapitée. Cette nuit-là, le moulin est occupé par trois Allemands rescapés de Russie, versés pour déficience physique dans un bataillon spécial de la Wehrmacht: il s'agit des soldats Alois, Meiners et Frammier. L'un a un ulcère à l'estomac, l'autre est sourd à 80%. En principe, le moulin est un observatoire qui doit être tenu jour et nuit. En fait, les trois Allemands dorment, aidés par un solide calva. A 23h25 pourtant, un chat réveille Alois. Qui se lève, sort et ajuste machinalement ses jumelles. Il ne se passe jamais rien par ici. Soudain le bruit de l'avion l’alerte. Il se tourne vers la vallée et voit, éberlué, sept corolles de parachutes se balancer, presque sous ses yeux, puis se poser dans un creux de vallon. Il court, réveille les deux autres, crie: «Les parachutistes anglais arrivent!» Meiners grommelle, Frammier sort et regarde: rien. «Tu as rêvé!» Alois, furieux, insiste. Il a vu des parachutistes! Après une courte discussion, les deux Allemands décident de téléphoner au camp allemand, voisin de moins de 2kilomètres, où sont installés les Géorgiens et les Ukrainiens du 25e corps d'armée de la Wehrmacht. Le sous-lieutenant Hermann Hass se met aussitôt en route vers l'endroit indiqué.
Bouëtard et les trois opérateurs radio, retranchés dans un petit verger, entendent des craquements, voient luire des armes et se profiler des silhouettes en uniforme. Des Allemands? Sûrement. Mais quelle est cette langue bizarre qu'ils parlent entre eux? Pas le temps de se poser trop de questions. Les premiers coups de feu claquent. Les Français, encerclés, se savent perdus, mais ils se préparent au combat pour donner à Marienne et aux autres le temps de s'échapper. Les Allemands tirent, Bouëtard est atteint d'une rafale dans les cuisses et d'une balle à l'épaule. Ses camarades lancent leurs dernières grenades et sont faits prisonniers. Un des Géorgiens s'approche de Bouëtard blessé, vise, le tue à bout portant. Nous sommes le 6 juin 1944 à 0h25. Le caporal Emile Bouëtard est le premier mort de l'opération Overlord. Sa mort aurait-elle pu être évitée? Oui, si le parachutage avait été effectué à l'endroit prévu et non 2kilomètres plus loin, trop près du moulin de Plumelec – ce qui, en pleine nuit et sans balises au sol, n'était pas évident. Mais surtout, les services de renseignements anglais et français ont complètement manqué de coordination.
En effet, la Résistance bretonne avait été décapitée en mai par un coup de filet de la Gestapo, mais elle s'était aussitôt reconstituée. Quand, le 4 juin, la BBC lance le message «Les dés sont sur le tapis» puis, le 5, «Il fait chaud à Suez», les résistants bretons captent le signal qui leur est destiné.
Ils savent que le débarquement est imminent, qu'ils doivent se regrouper...
… et exécuter les missions prévues – essentiellement des sabotages car ils n'ont pas reçu beaucoup d'armes. Le 5 juin au soir, chez les demoiselles Malard à Saint-Aubin, où il a établi son PC, le colonel Morice, chef des FFI du Morbihan, lance donc un ordre de mobilisation générale aux maquis de Josselin, Vannes, Auray et Guémené, qui rassemblent environ 3500 hommes. Point de ralliement: la ferme de la Nouette, près de Saint-Marcel, qui jouxte un terrain d'atterrissage connu des Alliés sous le nom de «Baleine». Par petits groupes, les FFI se dirigent donc vers Baleine, sans savoir qu'au même moment des paras français sous uniforme anglais se cachent dans la campagne bretonne, isolés, poursuivis, en alerte, avec des missions précises à effectuer coûte que coûte.
Quand ils se rencontreront, la surprise sera totale, et on frôlera parfois l'accident. «J'ai été parachuté à l'aveugle près de Saint-Marcel le l0 juin, dit Alain Papazow. La nuit était noire. Avant d'avoir pu enterrer mon parachute j'ai entendu des voix, tout près de moi. J'ai sorti mon colt... Heureusement pour moi, c'était des FFI. Je me demandais d'où ils sortaient... J'aurais pu les tuer.» Les résistants eux aussi sont totalement surpris. La nuit du 5 juin, pendant que le colonel Morice réunit son état-major FFI chez les demoiselles Malard, Joseph Jégo est de garde sur la route entre Saint-Aubin et Plumelec: «J’ai vu un avion passer près du moulin et lâcher quelque chose. Des parachutistes? Impossible d'aller voir, je devais rester à mon poste. Et puis personne ne nous avait prévenus. J'ai entendu des rafales du côté de Plumelec. Puis des roulements de véhicules. Denoual, tout content, est venu m'annoncer que le débarquement aurait lieu dans la nuit, ils avaient reçu les messages de Londres. Il était aux environs de 2 heures du matin. J'ai su seulement le 7 juin qu'un groupe de parachutistes que nous croyions anglais avait été attaqué à Plumelec et avait subi des pertes. Nous aurions pu isoler le moulin en coupant le téléphone, aider les SAS...»Pour l'instant les paras, pris en chasse par les Allemands, s'enfoncent dans les chemins creux, se terrent dans les taillis qui à cette époque quadrillaient les champs, et, entre deux sabotages, se glissent pour la nuit dans les granges. Ils ont une hantise: les chiens. Et un recours inespéré: les fermiers bretons qui partout les recueillent, les cachent, les nourrissent. Marienne trouve un refuge à la ferme Gillet, où il aura un premier contact avec Morizur, responsable FFI, et où il apprendra l'existence du camp de Baleine, près de Saint-Marcel. Il était temps. Le deuxième stick de SAS, celui du lieutenant Déplante, largué la même nuit du 5, est tombé à 12 kilomètres de l'endroit prévu. Se dirigeant à la boussole.
Ils passent tout prèsde l'endroit où Bouëtarda été tué…
… tombent sur des bergères qui crient et sur des hommes qui leur disent: «Faites gaffe: les Allemands qui vous pourchassent sont des cosaques à cheval...» Finalement, quand Marienne et Déplante arrivent à la Nouette, une grande ferme grise en pierre d'ardoise typiquement bretonne, ce qu'ils voient les suffoque. Dans une atmosphère de kermesse, des centaines d'hommes sont rassemblés et d'autres centaines arrivent chaque jour, à pied, à vélo, en charrette et même en gazogène. On a installé un abattoir, une boucherie, un atelier d'habillement et un atelier de réparation mécanique. Deux boulangers cuisent du pain sans discontinuer. On perce des barriques de cidre. Un groupe électrogène fournit la lumière. Des civils se promènent. Les chefs de maquis campent sous la tente avec leurs radios et des armes sorties de caches tenues longtemps secrètes. Deux aumôniers disent même la messe sous un parachute!
Pour les paras, habitués au secret et aux actions individuelles, tout ce remue-menage est extrêmement déroutant. En principe, ils doivent opérer des missions de sabotage très précises, puis établir deux bases d'accueil, l'une dans les Côtes-du-Nord («Samwest») l'autre dans le Morbihan(«Dingson»), pour les parachutages suivants. Ensuite seulement, les SAS – qui au début ne font même pas la différence entre FFI et FTP – ont pour instruction de prendre contact avec les maquis, de les équiper et de les encadrer jusqu'au moment où les troupes américaines sont supposées entrer en Bretagne, c'est-à-dire le 25 juin. Mais face à l'afflux de résistants avertis par la rumeur qui court sur la lande, ne faudrait-il pas inverser les priorités? Le soir du 7 juin, Marienne envoie un message à Londres au commandant des SAS français, le commandant Bourgoin. Il le renouvellera le 9: «Pierre I, indicatif 101. Ai pris contact avec Résistance. Suis au QG. 3500 hommes en formation régulière vous attendent. Votre présence ici indispensable. Vous donnerai détails. Confirme Dropping Zone gardée par 500 hommes la nuit de votre arrivée. Urgence matériel et hommes.» Bourgoin, surnommé le Manchot parce qu'il a perdu un bras en opération, décide de se faire parachuter avec son adjoint Puech-Samson et 150 hommes sur la base Dingson, la seule qui reste opérationnelle: dans les Côtes-du-Nord, au cœur de la forêt de Duault, la base de Samwest, repérée, est tombée aux mains des Allemands. Dans la nuit du l0, quand le Manchot atterrit, sous un parachute bleu blanc rouge, sur le terrain de Baleine, il a en poche un ordre de Londres: ce rassemblement en plein dispositif ennemi est beaucoup trop dangereux. Les Allemands l'ont sûrement repéré, et ils peuvent, s'ils le veulent, se livrer à un carnage. Il faut donc se disperser, se préparer à évacuer au plus vite la base de Saint-Marcel qui a pris en quelques jours des dimensions inattendues.
En même temps se déroule, comme prévu, le second volet de l'opération, baptisé Cooney Parties. Il s'agit de semer l'inquiétude et le désordre parmi les troupes allemandes, en réalisant dans toute la Bretagne centrale des sabotages et des attaques impromptues, en jouant sur l'effet de surprise, comme les parachutistes des SAS savent si bien le faire. A partir de J+2, dix-huit sticks SAS à effectif réduit – de trois à cinq hommes au lieu de dix – sont largués sur les objectifs désignés et ils y accomplissent leurs tâches. Dans la nuit du 7 au 8, un groupe de cinq est dropé à proximité du tunnel de la Corbinière, qu'ils doivent boucher en y faisant sauter un train. Le tunnel est le passage obligé, entre Messac et Redon, de la grande voie ferrée Paris-Brest qu'empruntent les transports de troupes allemands. Denys Cochin, Michel de Camaret, le sergent Detroit et deux autres bérets rouges se posent sans encombre.
Ils regardent les panneaux sur la route: ils sont loin, à 10 kilomètres du tunnel

à suivre

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MessageSujet: Re: OVERLORD   OVERLORD Icon_minitimeMar Déc 11 2007, 15:48

suite :

Ils enterrent les parachutes, cachent une partie des munitions dans une carrière proche et se mettent en route à travers champs, en uniforme, à la tombée de la nuit. «Nous avons eu de la chance. Un paysan nous a indiqué un chemin où nous n'avons pas rencontré d'Allemands, dit Denys Cochin. Nous arrivons en vue du tunnel, enfoncés dans un ravin d'une quarantaine de mètres, et nous nous concertons. Pour faire sauter un train, il faut que des trains passent. Or la voie était vide: d'autres types, en amont, avaient déjà saboté les rails! La radio nous appelle: "Que faites-vous? – Il n'y a plus de train, on va en trouver un." En remontant les voies, nous arrivons dans une petite gare, Malansac. Le chef de gare nous dit:"J'ai bien ici une grosse loco Pacific, je peux vous la donner, le conducteur et le chauffeur acceptent de la lancer dans le tunnel. Mais ils veulent des vélos pour rentrer chez eux ensuite..." Bon. On avait de l'argent, on a été acheter deux vélos. Ensuite, il fallait neutraliser un des postes allemands qui gardaient les entrées du tunnel. On choisit une heure au hasard, midi. Un coup de chance, parce qu'à midi, quand nous avançons pour attaquer, nous voyons les trois Allemands de garde s'en aller pour la relève du déjeuner! Cela nous donnait quelques minutes. Nous descendons en rappel dans le ravin, nous déposons les explosifs sur les rails. Trois minutes plus tard, la relève allemande arrive. Nous avions l'avantage de l'attaque. Nous les avons tous tués. La loco, lancée à grande vitesse, explose comme prévu en creusant au milieu du tunnel un énorme cratère. Il a fallu aux Allemands des jours et des jours pour la découper au chalumeau et l'enlever. Les mécanos avaient sauté à temps, enfourché leurs vélos et pédalaient vers la Bretagne Nord. Je les ai souvent cherchés, sans jamais les retrouver. On peut dire que dans cette opération tout s'est admirablement enchaîné, un coup de veine!»
Mission accomplie, les cinq se dirigent versDingson, leur point de ralliement
Ils ne savent pas qu'il y a des maquis dans la région. Leur arrivée en uniforme à la sortie de la messe, un dimanche à 11 heures, provoque un certain effet sur la place d'un village. Le maire, leur dit-on, s'appelle Du Halgouët. Denys Cochin se souvient qu'ils ont des amis communs et lui fait dire que des paras français sont dans le coin et qu'ils ont faim. Rendez-vous donné à 9 heures du soir, au bout du parc. Un superbe buffet les attend, servi par un domestique en gants blancs. La folle cavale s'achèvera à Dingson, où notre stick découvre avec effarement l'ampleur du camp de Saint-Marcel. «On aurait dit une sorte de croisade, se souvient Cochin. Ils sont maintenant des milliers qui passent parle camp pour y prendre des armes. Chaque nuit, les parachutages se mul-tiplient. Comment lesAllemands, qui sont à5 kilomètres, ne sont-ils pas encore intervenus?
Deux incidents vont précipiter les choses. Dans la nuit du 17 au 18 juin, une unité de la Wehrmacht attend, à la gare de Roc-Saint-André, un train qui ne vient pas. Les pilotes anglais, voyant des lumières, croient qu'il s'agit de Baleine et lâchent sur les Allemands 120 containers remplis d'armes, de munitions et de cigarettes anglaises. Quelques heures plus tard, deux tractions noires de la feld-gendarmerie de Ploërmel traversent Malestroit, prennent la route de Saint-Marcel et entrent; par hasard, semble-t-il ; dans le camp retranché. Une fusillade nourrie les y attend. Mais un des feld-gendarmes a réussi à s'enfuir. Il donnera l'alerte à la garnisonallemande de Malestroit. Désormais l'attaqueest imminente, pense le commandant Bour-goin. Qu'est-ce que Londres attend pour donner l'ordre de se battre,ou de décrocher?
Tard dans la nuit,le général Mac Leod envoie l'ordre définitif:
«Eviter à tout prix bataille rangée. Continuer guérilla à outrance et armement FFI.» Le commandement interallié a décidé d'annuler le projet de débarquement entre Port-Navalo et l'estuaire de la Vilaine. La Bretagne attendra. Le commandement Bourgoin programme l'évacuation de la base pour le 18 au soir.
Trop tard. Les Allemands attaquent le 18 à 8 heures du matin. Un premier assaut est repoussé, suivi de trois autres, avec des assaillants plus nombreux. Ce sera une journée d'enfer. Ils sont 200 SAS, épaulés par de jeunes maquisards inexpérimentés, pour tenir coûte que coûte les positions face aux parachutistes allemands de la division Kreta, qui avancent et tentent de les encercler. Réussiront-ils à tenir jusqu'à la nuit, afin de permettre l'évacuation progressive des 3000 résistants bretons avant qu'ils ne soient pris dans la nasse? La disproportion des forces est considérable. Les munitions s'épuisent. Le commandant Bourgoin envoie en Angleterre trois télégrammes qui résument bien la situation: «18 juin, 9h20. Sommes attaqués par puissantes formations allemandes parachutistes et SS appuyés de mortiers. Les maintenons. Signé: le Manchot»; «18 juin, 10h30. Avons repoussé forte attaque allemande mais ne pourrons pas tenir si n'envoyez pas ce soir avion de munitions. Annulez tout envoi matériel. Le Manchot»; «18juin, 11heures. Renseignements sûrs. Colonne de chars et d'artillerie se dirige sur nous par route. Demandons secours urgent de RAF. Manquons de munitions de 303. Le Manchot.» Et enfin, un dernier:«18 juin, 19h10. Impossible tenir plus longtemps. Tentons décrochage. Annulez avion de munitions. Le Manchot.»
«Il faisait un temps de chien, une pluie glaciale tombait et on n'y voyait rien», se souvient Alain Papazow. «Nous avons décroché les derniers, on tenait l'épaule du type devant pour ne pas se perdre.» Le SAS Gilbert Lolo, au côté de son officier Puech-Samson, mettra le feu aux trois tonnes d'explosifs stockées dans un chemin creux. «Pas question de les laisser derrière nous. Quel raffut! On a entendu le bruit jusqu'à Vannes. Ensuite Puech nous a dit: "Eclatez-vous." On est partis dans tous les sens.» La bataille de Saint-Marcel est terminée. Furieux, les Allemands brûlent le lendemain le village de Saint-Marcel et les fermes avoisinantes, ils quadrillent le secteur et cherchent les «terroristes». La répression est féroce. Une grande traque commence. Pendant deux mois, résistants et paras vivront continuellement en cavale sans pouvoir sortir de ce qu'ils appellent le «triangle de la mort» entre Trédion, Kérihuel et Saint-Marcel. Le matin du 11 juillet 1944, Joseph Jégo et un para français, Jean Gray, sont arrêtés sur la route de Lizio. Gray sera torturé et tué par une petite équipe de miliciens français. L'un des miliciens, Munoz, revêtu de l'uniforme de Gray, utilisant ses papiers, se fera ensuite passer pour un SAS en fuite afin de retrouver la trace de Marienne. Car c'est Marienne et Bourgoin que désormais la Gestapo et la Milice recherchent. Marienne, dont la tête est mise à prix, a trouvé refuge avec son groupe dans un hameau si isolé, Kérihuel, que les Allemands n'y sont jamais entrés. Le mercredi 12 juillet à 4 heures du matin, trois tractions avant sans portières s'engagent dans le chemin encaissé bordé de hauts talus qui conduit à la ferme des Gicquello. Dedans, deux Allemands en uniforme et huit miliciens en civil, conduits par Zeller, un ancien officier de marine français passé au service de la Gestapo. Ils tuent les FFI de garde, encerclent la ferme, découvrent Marienne et Martin couchés dans un abri proche. «Nous on dormait là, en contrebas, cachés sous des fagots, raconte Gilbert Lolo. Quand on a entendu des cris du côté de la ferme, j'ai tout de suite compris qu'on avait été donnés. Je suis sorti en courant comme un dingue vers le fond du vallon, j'ai traversé la rivière sans même m'apercevoir que j'étais mouillé, avant de me retrouver grelottant dans un champ sur l'autre rive.» Là-haut, à Kérihuel, les miliciens font un carnage. Ils alignent contre le mur de la ferme tous les FFI, les fermiers et les SAS qu'ils ont pu surprendre, ils les font coucher à terre et déchargent sur eux leurs mitraillettes. Un des paras, le sergent Judet, miraculeusement épargné, réussit à s'enfuir. Poursuivi par deux miliciens, il saute haies et talus et court sans s'arrêter jusqu'à Lezourdan, en caleçon et nu-pieds. C'est lui qui donnera l'alerte et racontera la tragédie de Kérihuel. «Marienne est pris, Marienne est mort...» La phrase court à travers la lande. La répression s'abat encore plus durement sur le pays breton: les miliciens ont trouvé dans la ferme de Kérihuel les plans et les documents indiquant les caches d'armes, les points de contact entre les SAS et les FFI, des cartes et le détail des préparatifs d'action de sabotages. Aussitôt, Zeller et ses hommes battent la campagne, torturant, fusillant, massacrant tout sur leur passage, avec la fureur de ceux qui livrent leur dernier combat. La poursuite durera deux mois, jusqu'à l'arrivée des premiers chars américains venant du Cotentin.
Les SAS ont eu 77 tués et l92 blessés…
…ou disparus sur 430 hommes engagés dans toute la Bretagne. Mais ils auront contribué, avec les FFI, à immobiliserl50000 Allemands, faisant ainsi pencher le sort de la bataille qui se déroulait en Normandie. Au moment crucial, quand le commandement allemand du front de Normandie demandait d'urgence des renforts, le commandement de Bretagne répondit: «On ne peut pas bouger, ici il y a des parachutistes partout.» Quatre cents paras bloquant dix divisions, ce fut un bel exploit, resté longtemps ignoré, ou à peu près (3). Aujourd'hui, cinquante ans plus tard, Gilbert Lolo et Alain Papazow regardent, au pied de la croix des parachutistes, se dérouler les vallons vert sombre où éclatent les bouquets jaunes des genêts en fleur. «Tu te souviens, on avait sauté là... Heureusement il y avait plus de haies qu'aujourd'hui. On n'aurait pas tenu huit jours...» Ensemble, ils se taisent. On n'entend plus, dans le silence, que le pépiement strident des oiseaux et le bruissement du vent sur la lande.JOSETTE ALIA

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MessageSujet: Re: OVERLORD   OVERLORD Icon_minitimeMar Déc 11 2007, 15:50

c'est une autre version des combats autour de St Marcel, que nous a fait découvrir Charognard33

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MessageSujet: Re: OVERLORD   OVERLORD Icon_minitimeMar Déc 11 2007, 15:56

MERCI , AOKAS !!!

Et pour ces HOMMES !!!!!

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MessageSujet: Re: OVERLORD   OVERLORD Icon_minitimeMar Déc 11 2007, 16:35

Merci Aokas,

je l'imprimerais tout à l'heure, pour pouvoir le lire tranquille cette nuit.
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MessageSujet: Re: OVERLORD   OVERLORD Icon_minitimeMar Déc 11 2007, 17:21

merci aokas pour ce travail de recherche

et grand respect pour nos Anciens!!! OVERLORD 247322 OVERLORD 247322 OVERLORD 247322
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MessageSujet: Re: OVERLORD   OVERLORD Icon_minitimeVen Oct 03 2008, 22:34

Des héros Des modeles pour moi qui ne suis rien par rapport a ces hommes
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MessageSujet: Overlord   OVERLORD Icon_minitimeVen Oct 03 2008, 23:14

Le premier mort du débarquement, tué à l'aube du 5 juin 1944 faisait parti du groupe Marienne! (j'ai oublié le nom OVERLORD 310541 )

amitiés OVERLORD 367768
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MessageSujet: Mort de Overlord   OVERLORD Icon_minitimeVen Oct 03 2008, 23:17

Retrouvé, c'est la caporal Bouétard, mentionné par Aokas! pardon OVERLORD 717653
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MessageSujet: Re: OVERLORD   OVERLORD Icon_minitimeVen Oct 03 2008, 23:24

Merci pour ce compte rendu OVERLORD 926774
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MessageSujet: Re: OVERLORD   OVERLORD Icon_minitime

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