Commando du FLN dans les grottes de MILIANA

 Commando du FLN dans les grottes de MILIANA    


- T'entends ce bruit de branches ? Chuchote Martignon, allongé à mes côtés.

Il est 5 heures, dans cette forêt boisée du djebel au pied du massif du Zaccar. L'Escadron au complet c'est à dire les quatre pelotons, échelonné sur un passage possible de rebelles, est en embuscade dans cet immense zone boisée à 150 kilomètres d'Alger.

Pas un bruit, sinon la respiration saccadée du groupe qui vient d'effectuer une montée de deux heures sur une piste a peine visible, après 15 kilomètres à marche forcée dans la plaine d'où nous sommes partis depuis minuit.

La localisation d'une bande sévissant dans la région de Miliana nous ésoufflent. A sa tête un chef; Si Abdelazis, natif du coin, connaissant dans les moindres détails, la configuration de ce massif montagneux et très boisé. Depuis le 8 octobre 1957, le 3e RPC, stationné dans la ville, quadrille la région de fouilles et d'embuscades incessantes, mais en vain

La bande de fells semble être volatilisée. Comme dit Cadet: «  c'est pas de la tarte ! ».

Pourvoyeur du fusil Mitrailleur 24/29, déjà un ancien, avec plus de deux ans de combat, il connait toute les ficelles du baroudeur. Le 3e Régiment de Parachutistes coloniaux du célèbre colonel Bigeard n'en est plus à son premier coup d'essai. Le capitaine Le Boudec, ancien lieutenant de ''Bruno'' à Diên Biên Phu, à la tête de notre Escadron a su insuffler à ses hommes l'endurance, la cohésion par l'aura entourant son chef prestigieux.

Le ciel couvert d'étoiles scintillantes projette des ombres incertaines, la lune est en demi quartier mais éclaire suffisamment le découvert de la piste.

Les membres engourdis, j'étire doucement mes jambes, le froid nous a saisi vers trois heures du ma tin. A 800 mètres d'altitude, la température chute très vite. Malgré la veste molletonnée enfilée sur la tenue camouflée je frissonne.

« Je me caille les meules ! » ronchonne le grand Fleurat en se massant les fesses.

L'aube doucement, laisse distinguer de plus en plus nettement les lieux. Le décor de la forêt se dévoile, l'air est envahi d'émanations odorantes de cèdres et de pins. Il est dix heures, l'embuscade est démontée, retour direction les camions. La fatigue de cette nuit sans sommeil se fait sentir. Les gars sont déçus comme à chaque retour bredouille. L'équipe traine les pieds, sans action le moral en prend un coup, çà râle dans le groupe FM où les gars sont lourdement chargés. Un pourvoyeur de groupe FM doit porter en plus de son équipement, deux sacoches de boites chargeur, un ensemble de dix boites représentant presque dix kilos de poids supplémentaire, avec 150 cartouches en vrac dans la musette TAP et parfois un ou de VB, pour le tireur au MAS 49 lance grenade qui ne peut porter toutes ses grenades à fusil.

Les camion nous ramènent dans cette caserne désaffectée qui nous abrite le temps de cette mission dont nous attaquons le 4ème jours de fouilles et d'embuscades sans résultat. Et pourtant les Rebelles sont là puisque des témoignages indique que cette bande se permet d'arraisonner les véhicules et les personnes circulant sur cette unique route menant à Miliana. Ou sont donc ces pillards qui ce disent du FLN, ils apparaissent et disparaissent aussi vite que le vent.